entendre et voir, classica jamque sonant, it bello tessera signum, nous voyons les guerriers armés : quelle violence, quelle rapidité, hic galeam trepidus..., ille frementes...! La variété de l'action se peint dans chaque verbe, rapit, cogit, induitur, accingitur. Observez combien les petites phrases et les coupes variées donnent de mouvement au tableau tout entier. Virgile arrive au dénombrement. Les morceaux de ce genre, que l'on retrouve dans la plupart des poëmes épiques, sont un moyen de consacrer la gloire et les traditions nationales; de rappeler les caractères distinctifs des villes et des provinces, de célébrer les héros et les grands hommes qu'elles ont produits. Mais celui-ci est loin d'exciter aujourd'hui l'intérêt qu'il devait inspirer aux anciens. Les villes, les rivières, les montagnes, les vallées, tous ces lieux pour la plupart voisins de Rome, et que le poëte désigne presque toujours par une image frappante ou par un souvenir national, offraient au lecteur romain une réalité, qui n'existe plus pour les modernes. Aussi devons-nous regretter que Virgile n'ait pas insisté davantage sur les personnages eux-mêmes: car ce qui inspire un intérêt constant chez tous les peuples et dans tous les âges, ce sont les traits caractéristiques de l'homme. Mais excepté Mézence, Turnus et Camille, la plupart des guerriers qui vont passer sous nos yeux ne sont nommés que pour donner au poëte l'occasion de peindre les pays et les peuples qu'ils commandent; et c'est si bien son intention, que, dans la suite de l'action, nous en verrons à peine reparaître quelques-uns. L'invocation relève l'importance du morceau qu'elle annonce, pandite nunc..., deæ..., qui reges...; et les deux derniers vers justifient le recours du poëte à la divinité, divæ, memorare potestis, ad nos vix tenuis famæ perlabitur aura. Contemptor Divúm, ce surnom, que nous retrouverons ailleurs, caractérise profondément Mézence. C'est une heureuse idée d'a Classica jamque sonant; it bello tessera signum. Pandite nunc Helicona, Deæ, cantusque movete : Primus init bellum Tyrrhenis asper ab oris voir fait ressortir sa physionomie par la beauté et les vertus de son fils, de l'infortuné Lausus, quo pulchrior alter non fuit..., dignus..., cui pater haud Mezentius esset. Nequidquàm nous fait pressentir son destin. Le nom d'Aventin rappelant une des sept collines de Rome, Virgile se plaît à embellir le tableau. L'image d'Hercule y domine presque partout..., clypeo insigne paternum, centum angues..., hydram. Les détails sur la naissance d'Aventin rappellent le dieu et ses exploits; mais la partie la plus remarquable est la peau de lion, que porte le héros, à l'exemple de son père, tegmen..... immane leonis: l'énergie de torquens, et ces images successives, terribili impexum sætâ, cum dentibus albis, indutus capiti, lui donnent un aspect terrible, que l'idée de sa marche et de son entrée dans le palais rend encore plus poétique, sic regia tecta subibat horridus. On ne peut représenter l'impétuosité des cavaliers de Tibur par une image plus frappante que cette comparaison, primam ante aciem..., ceu duo nubigenæ... montis ab alto... centauri, dat euntibus ingens sylva locum... Les armes, la coiffure et la chaussure des soldats de Préneste Filius huic juxtà Lausus, quo pulchrior alter Post hos insignem palmà per gramina currum Tum gemini fratres Tiburtia monia linquunt, donnent au tableau un caractère particulier, pars... glandes... spargit, pars spicula gestat..., fulvos lupi de pelle galeros... vestigia nuda sinistri... pedis... Dans le tableau de Messape, dont le poëte Ennius prétendait descendre, l'idée des chants guerriers doit plaire au lecteur. Remarquez la beauté de la poésie, et surtout de cette image, longa canoros dant per colla modos. La famille des Claudius avait amené cinq mille clients du pays des Sabins à Rome. C'est par allusion à ce fait mémorable, que Virgile donne à Clausus cette armée nombreuse, magnum agmen agens..., magni ipse agminis instar. L'idée du nombre domine dans les premiers détails, unà ingens Amiterna cohors, Ereti manus omnis, et mieux encore dans la longue énumération des lieux qui ont fourni les soldats. Les images hyperboliques des deux Nec Prænestinæ fundator defuit urbis, Vulcano genitum pecora inter agrestia regem At Messapus, equûm domitor, Neptunia proles, Nec quisquam æratas acies ex agmine tanto Urgeri volucrem raucarum ad littora nubem. Ecce, Sabinorum prisco de sanguine, magnum comparaisons la présentent vivement à l'imagination, quàm... multi... fluctus..., vel quàm... dense arista. Enfin la réunion des soldats retrace la même idée dans le dernier vers, dont la cadence semble peindre la marche des rangs épais et serrés, scuta sonant, pulsuque pedum..... On voit l'attention de Virgile à célébrer, par l'image de son antique puissance, une des plus nobles familles de Rome, alliée même à celle d'Auguste. La haine naturelle d'Halésus contre les Troyens, Agamemnonius, Trojani nominis hostis, amène cette expression frappante de son ardeur guerrière, Turno feroces mille rapit populos. Les détails sur la naissance et les conquêtes d'OEbalus mettent quelque variété dans la manière d'amener les noms des villes et des contrées. Le tableau suivant est un des plus remarquables. Chaque trait des quatre derniers vers caractérise la vie presque sauvage des montagnes, horrida gens, assuetaque multo venatu nemorum, armati terram exercent..., convectare juvat prædas... Qui Tetricæ horrentes rupes, montemque Severum, Nec tu carminibus nostris indictus abibis, Tegmina quis capitum raptus de subere cortex; Les deux dernières apostrophes, nec tu..., OEbale..., et te, Ufens..., feraient croire que le poëte sent le besoin d'exciter l'attention. Aussi désormais, pour la soutenir, verrons-nous l'intérêt aller croissant jusqu'à la fin. Tel est déjà l'effet produit par les détails individuels sur ce prêtre guerrier, fronde super galeam et... olivá..., sur son art merveilleux, vipereo generi... spargere... somnos..., sur le présage de sa mort élégamment exprimé par ce rapport avec son art, neque enim juvére in vulnera cantus... Les noms des lieux sont amenés d'une manière neuve et touchante, te nemus Anguitiæ, vitreâ te Fucinus undâ, te... flevere lacus. La mort d'Hippolyte et sa vie nouvelle inspirent encore plus d'intérêt. Remarquons la manière précise, claire et poétique, dont les détails présentent son malheur, les auteurs et le genre de sa mort, postquàm arte novercæ occiderit, patriasque explérit sanguine pœnas, turbatis distractus equis.... L'expression énergique de la colère et de la vengeance de Jupiter contre le mortel qui l'a rappelé à la vie, fait ressortir l'élégance des quatre vers suivants, at Trivia... secretis..., solus ubi...; et dans les détails Et te montosæ misêre in prælia Nersæ, Quin et Marrubià venit de gente sacerdos, Ibat et Hippolyti proles pulcherrima bello Namque ferunt famà Hippolytum,postquam arte noverca Occiderit, patriasque explêrit sanguine poenas, Turbatis distractus equis, ad sidera rursus Etherea et superas cœli venisse sub auras, Pæoniis revocatum herbis et amore Dianæ. Tum pater omnipotens, aliquem indignatus ab umbris Ipse repertorem medicinæ talis et artis Fulmine Phoebigenam Stygias detrusit ad undas. |