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paroît les Mardi, Jeudi et Samedi.

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SEPTIEME COnférence

DE

M. L'ABBÉ LACORDAIRE

A NOTRE-DAME.

Toute science s'apprend par l'étude des phénomènes qui résultent de son objet, et par conséquent la science religieuse s'apprend par l'étude des faits religieux. Cependant la science n'arrive jamais jusqu'à la substance; elle s'arrête aux phénomènes, et le reste est pour elle un secret. Encore ce secret de la science n'est-il pas pour nous le premier, car de plus il faut croire. Ainsi, le secret qui vous attend à l'issue de ces conférences, c'est celui de la foi. Après avoir été torturés par la science, il faut que vous vous reposiez dans la certitude de la foi divine.

il entendit une autre voix qui lui dit: Fils de l'homme, essuie tes larmes! car voici l'Agneau de Dieu qui brisera les sceaux du livre mystérieux, le lion de Juda qui a vaincu...... Oui, Jésus-Christ a vaincu, et par lui nous avons la foi. Examinons dans cette conférence comment se forme en nous la foi divine peut-être que ses grands mystères nous y seront dévoilés.

Il n'y a pas seulement dans les choses les phénomènes et la substance, il y a aussi des intermédiaires; ce sont les idées or ce sont ces idées que nous craignons. Dans l'ordre naturel, nous admettons aisément toutes les idées intermédiaires entre le phénomène et la substance; ces idées nous conviennent, elles nous semblent légitimement déduites; en un mot, tout ce qui constitue la science obtient notre assentiment. Il n'en va pas ainsi pour les choses divines; les phénomènes religieux, ou ne nous frappent que foiblement, ou bien se présen ment à nous sans leurs idées intermédiaires. Pourquoi cela? C'est que la science, après tout, ne dit rien à nos passions, et les laisse dans leur repos ou leur agitation; tandis que les idées qui mènent à la

Celui qui n'a pas la foi voit les phénomènes sans les comprendre, en sorte que pour connoître les faits religieux, il faut avoir la foi. Mais qu'est-ce qu'avoir la foi? c'est se mettre en rapport avec ce qui est caché derrière les phénomènes religieux; et cette pensée est celle de saint Paul, qui déclare que la foi est la substance des choses que l'on ne voit pas. Le dernier des prophètes, Jean l'Evangeliste, dans son exil de Path-substance des choses divines, nous mos, vit, dans cette vision sublime qui lui révéloit tous les âges futurs de l'Eglise, un livre mystérieux fermé de sept sceaux. Et il entendit une voix qui crioit : Qui est digne d'ouvrir le livre des sept sceaux? Et personne ne se trouva ni sur la terre, ni au ciel, ni dans les enfers, à qui fut accordé ce pouvoir. Alors le prophète se prit à pleurer, quand

imposent des obligations qui révoltent notre nature mauvaise.

Donc nous avons facilement la foi naturelle, et difficilement la fɔi divine. Cependant l'origine de l'une | cst identique à celle de l'autre. Vous allez comprendre, en effet, que de la même manière que se forme en nous la raison, ainsi se forme la foi. Il y a dans l'intelligence de l'homme

Tome LXXXIX. L'Ami de la Religion.

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comme deux fleuves qui en procè- | et le monde est devenu chrétien parce dent et constituent la vie spirituelle; qu'il a ouï la grande nouvelle,

Quand le prètre de l'Europe arrive au milieu des sauvages pour feur annoncer la foi, que fait-il? De longs discours dans une langue qu'il connoît à peine? Non; mais il plante d'a

et ces pauvres ignorans adorent avec lui l'Homme-Dieu qui va leur être prêché.

la raison et la foi. Or, comment s'est formée notre raison? qu'étions-nous par rapport à elle, au moment où nous fûmes conçus, et lorsque nous vinmes prendre part à la vie commune et extérieure? des êtres pure-bord une croix et s'agenouille devant, ment passifs. Il fallut que nos mè res, à force de patience et de soins tendres et intelligens, cherchassent à former notre sens, comme elles On dit souvent dans le monde,pour veilloient sur notre vie frêle et incer- excuser ou déguiser l'indifférence taine. De là leurs efforts à nous com- dans laquelle on vit: Moi, je n'ai que muniquer des idées simples d'abord, la foi du charbonnier. Eh bien! it puis générales ; et enfin l'instruction n'y a pas de foi du charbonnier, pas plus étendue venant achever leur plus qu'il n'y a de foi de Newton ou tâche, nous sommes parvenus à sai- de quelqu'autre génie chrétien. On sir tout ce qui exerce la raison grau- n'a qu'à parcourir les anuales de die. Si on nous eût laissés à nous-l'Eglise, et l'on verra si la foi au plus mêmes, nous serions restés des sourds haut degré ne s'est pas rencontrée et muets intellectuels. Nos mères dans les hommes les plus simples. nous ont donc mis en rapport avec tout ce qui existe, et nous avons dépuis admis toutes les idées intermédiaires entre les phénomènes qui ont frappé nos sens, et la substance sur Jaquelle ils reposent.

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Le pauvre bûcheron du parc de Versailles savoit peut-être mieux les choses divines que Bossuet le théologien, qui prêchoit Louis XIV dans la chapelle royale; et au jugement dernier on sera fort surpris de voir cette multitude de paysans en sabots et en sarraux qui auront eu la foi telle que Jésus-Christ la demande. Que cette foi des simples m'explique bien la parole du Sauveur : Siexaltatus fuero, omnia traham ad meipsum! Oui, la vérité élève toute intelligence, quelque bas qu'elle semble placée; elle nous saisit, nous élève jusqu'au sein de Dieu qu'elle nous montre face à face, comme l'aigle prend ses petits sur son dos et les emporte au soleil....

L'Eglise aussi est chargée de nous enfanter à la foi divine; cette mère universelle et féconde bégaye avec autant de tendre patience autour de nos jeunes intelligences, et à mesure que notre âge grandit dans la religion, elle augmente la grandeur de son enseignement. Elle imite et surpasse les moyens de la nature; sans cesse elle s'adresse à l'oreille de notre intelligence; et c'est encore la pensée de l'apôtre saint Paul que j'emprunte ici: Fides ex auditu. La foi ne nous vient point par un enchaînement de Mais, dites-vous, je voudrois bien raisons, par une suite de longs et in-croire, mais je ne puis avoir la foi; terminables discours. Elle nous vient par l'enseignement de l'Eglise, par l'effet de cette paro de Jésus-Christ à ses mâtres: Allez, enseignez; docete;

comment y arriver? Ecoutez : l'homme n'est pas seulement intelligent, il est libre. Or, de même que nous avons trouvé comme deux fleuves

dans l'intelligence, nous en trouvons | vient que cet ennemi triomphant et farouche qui s'étoit plu à traîner dans la poussière les restes d'un héros, cède maintenant cette dépouille, et se montre radouci et changé? C'est que la prière a vaincu ce farouche cœur. La prière, cette souveraine du monde, commande même à Dieu, et le force à s'incliner vers nous. Demandez donc ́ la foi, demandez - la, malgré vos doutes, et soyez surs que la lumière descendra d'en haut avec la douceur et l'éternelle paix.

deux aussi dans la volonté : ce sont, 1o l'amour naturel, 2o l'amour divin. Eh bien ! les deux origines sont aussi les mêmes. Vous aimez la beauté des formes, la bonté des choses physiques; pourquoi, sinon parce que Dieu y a répandu des marques de sa beauté, de sa justice, de sa bonté divines? Oh! si vous pouviez apercevoir ce que la foi recèle de bon, de juste, de parfait, que vous seriez bientôt à elle! Et voilà notre désespoir, à nous autres prédicateurs de l'Evangile, c'est de ne pouvoir vous communiquer ce que nous sentons; de ne pouvoir être compris lorsque nous vous parlons de ce que révèle la foi !

J'emporte, messieurs, cette espérance, en terminant ces instructions. Je laisse entre les mains de mon évêque la chaire de Notre-Dame fondée par lui, par vous, par le peuple. Un instant cette double auréole brilla sur mon front; permettez que je l'écarte pour quelque temps, et que je reste seul devant ma foiblesse et de vant Dieu.

Quand on vous parle science, aussitôt votre intelligence se rend; mais pour la foi, vous la traitez en étrangère, en ennemie quelquefois. Ne dites donc pas que vous n'avez pas la L'assemblée immense, composée foi; il n'y a personne ici qui n'en de jeunes gens et d'hommes de tous possède le principe; car cette incer- les rangs, a recueilli ces dernières titude, ce doute de bonne foi qui vous paroles de M. Lacordaire avec la travaillent, qu'est-ce autre chose que mème sympathie, le même enthoule commencement de la foi? Ces siasme concentré qu'elle avoit monpeut-être sur la divinité de Jésus-tré dans tous le cours de ces éloquenChrist, sur la vérité de l'Eglise, sur tes conférences. Tous ces jeunes estant d'autres vérités, sont des témoi-prits avoient saisi ce mode piquant gnages de la foi qui seroit entière audedans de vous, si votre volonté s'y prêtoit fortement.

Vous me demandez comment on obtient la foi... Achille, après avoir traîné autour des remparts d'Ilion le cadavre sanglant de l'ennemi auquel il avoit enfin donné la mort, venoit sur le soir de rentrer dans sa tente, quand parut un vieillard suppliant et agenouillé devant lui. Ce front véné rable qui s'inclinoit devant le vainquenr, c'étoit Priam qui baisoit en ce moment la main meurtrière qui avoit abattu son fils Hector! D'où

d'enseigner la foi,dont l'orateur sembloit avoir écarté exprès pour eux tout ce qu'il y a de trop profond, de trop sérieux dans la doctrine proprement dite. Toujours est-il que ce résultat consolant répondoit à un début et à une carrière marqués par tant d'éclat, de talent et de succès. Aussi M. l'Archevêque a-t-il voulu sanctionner et bénir tout ce que son envoyé venoit d'opérer dans la chaire de Notre-Dame.

« Nous ne terminerons pas cette station quadragésimale, a dit le vénérable prélat, sans adresser au

Seigneur de solennelles actions de grâces. Nous le louerons d'abord de ce qu'il a suscité exprès pour vous un prophète nouveau, dont la parole encore plus amie qu'éloquente, a su émouvoir, jusqu'au plus profond de vous-mêmes, la fibre des sentimens chrétiens qui n'y étoit sans doute qu'émoussée. Il va bientôt nous quitter, ce cher prédicateur, malgré nos vives et réitérées instances. Il va

dans la ville éternelle, porter jusque sur le tombeau des saints apôtres, le témoignage de sa foi forte et fidèle; il portera aussi aux pieds du chef vénérable de toute l'Eglise, à notre Père commun, tout ce qu'il a fait de bien parmi vous.

>> Il nous reviendra, nous l'espérons, plus parfait encore, parce que c'est toujours dans la solitude et la retraite que se sont formés les grands hommes et les grands saints. Pour vous, vous ne déserterez pas cette chaire pendant son absence momentanée. La divine providence nous fournira sans doute d'autres ressources que nous serons empressé de vous communiqner. En attendant, louons Dieu, alleluia; c'est en particu

lier le cri de notre reconnoissance à la
vue de votre empressement, de votre
retour à la foi. Oui, le Seigneur a chan-
gé en triomphe les sujets de nos afflic-
tions, et c'est avec vérité que nous
dirons avec le prophète : Convertisti
planctum meum in gaudium. Eh bien!
Qui, la paix soit avec vous;
cette paix que le monde ignore, qu'il
ne peut donner, et qui est un avant-
goût de celle qui n'aura pas de terme
dans les cieux. »

que

mais

nion des orphelines du choiéra, dans
l'impasse des Vignes. Le prélat es
arrivé à huit heures et demie, et a
célébré la messe, assisté de MM. les
siastiques et quelques fidèles étoient
abbes Surat et Eglée. Plusieurs ecclé-
présens à la cérémonie. Douze jeunes
filles faisoient leur première commu-
nion, et vingt autres la renouveloient.
M. l'Archevêque leur a adressé avant
la communion une pieuse exhorta-
tion sur le bonheur qu'elles alloient
avoir. Il leur a montré la religion les
consolant des pertes qu'elles ont fai-
tes. Après la messe de communion
M. l'abbé Surat a célébré une messe
d'actions de grâces. En sortant de la
chapelle, les enfans ont été conduites
au réfectoire, où M. l'Archevêque et
les personnes présentes ont vonlu les
servir. Le soir, M. l'abbé Bach, qui
avoit instruit et préparé les jeunes
filles à la première communion, leur

a fait faire le renouvellement des
vœux,
les plus pressans à répondre aux grà-
et les a excitées par les motifs
ces qu'elles ont reçues et à persévérer
dans le bien.

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M. François-Antoine Arbaud,.évêque de Gap, qui est mort le 27 du mois dernier, étoit né le 2 juin 1768 à Manosque, alors diocèse de Sistéron I fit ses études théologiques au séminaire d'Aix, dirigé par MM. de Saint-Sulpice. Il n'étoit pas encore dans les ordres sacrés quand on lui confia une chaire de philosophie. A peine promu au diaconat, la tourmente révolutionnaire le força d'aller chercher un asile sur la terre étrangère. Il se rendit d'abord à Nice, on il fut ordonné prêtre; mais la plus grande partie de son exil se passa à PARIS. Dimanche dernier, M. l'Ar-Rome. Rentré en France avant même clrevêque a présidé, comme nous l'a- la fin des orages politiques, il prêtoit vons annoncé, la première commu-i son ministère en secret aux fidèles

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H.

nouvelles ECCLÉSIASTIQUES.

qui ne vouloient point prendre part | naire d'Embrun, et une maison de au schisme.

Le concordat ayant rendu le calme à l'Eglise, M. Arbaud occupa une modeste succursale; mais peu après M. l'évêque de Digne l'appela à la direction de son séminaire. En 1811, le prélat le nomma un de ses grandsvicaires. Les vertus et le savoir ecclésiastique de M. Arbaud le rendirent souvent utile à son diocèse et à son évèque.

religieuses du Coeur-de-Marie, qu'il fonda de ses propres deniers. La ville de Gap lui est encore redevable d'une salle d'asile pour les enfans, et il projetoit une institution de sourdsmuets.

C'est ainsi qu'aucune bonne cuvre ne lui étoit étrangère; mais ce qui l'occupoit principalement, c'étoit l'instruction et le bon esprit de son clergé. Il sut entretenir parmi ses En 1817, on avoit rétabli par un prêtres le goût de l'étude par l'étanouveau concordat l'évêché de Gap.blissement des conférences ecclésiasM. l'abbé de Sinéty, qui avoit ététiques qu'il dirigeoit et rédigeoit luinommé à ce siége, refusa, et M. l'abbé même. Dans ces conférences il donna de Villeneuve-Bargemont, curé de un des premiers l'éveil sur les inconLorgues, nommé à sa place, mourut véniens d'un système nouveau de le 21 mars 1818. Les négociations philosophie. Sa circulaire du 16 janpour l'exécution du concordat traî- vier 1828 provoquoit un examen du nèrent quelques années. Enfin, en système de la certitude par le sens 1822, un nouvel arrangement fut commun; on en trouve le résultat dans conclu, et l'évêché de Gap fut rétabli le Complément de la circulaire du 26 pour tout le département des Hautes-décembre 1828 sur les conférences ecAlpes. M. Arbaud fut nommé à ce siége le 13 janvier 1823. Cette nomination fut accueillie avec une grande Joie dans le pays. Le clergé connoissoit tout le mérite de l'évêque qui lui étoit destiné. Le prélat vint faire sa retraité au séminaire Saint-Sulpice à Paris, et fut sacré à Issy le 6 juil-ne soit de lui. Une autre circulaire sur let 1823.

clésiastiques. Ce complément, qui fut imprimé in-4o, de 36 pages, contient des observations sur le système du sens commun et sur le livre des Progres de la révolution. Le nom du prélat n'y paroît point, mais on ne doute pas que la plus grande partie du travail

les conférences de 1831 et de 1832 Il se rendit de suite dans son dio- contient d'excellentes réflexions sur cèse, dont son zèle aussi actif que sage les folies de l'Avenir. Nous avons parlé et éclairé changea bientôt la face. de ces différentes circulaires dans ce Jusque là le département des Hau-journal, Nos 1431,1555 et 1927. Nous tes-Alpes dépendoit de l'évêché de Digne, et la distance des lieux, la difficulté des communications dans un pays si âpre et si montueux n'avoient pas permis à M. l'évêque de Digne de donner les mêmes soins à cette partie de son troupeau. M. Arbaud s'occnpa sur-le-champ de former son and-séminaire. Aucun détail de l'administration ne lui étoit étranger; cependant il trouvoit du temps pour entendre les confessions des jeunes élèves du sanctuaire, et leur donnoit tous les quinze jours un entretien sur les matières ecclésiastiques. On lui doit l'établissement du petit-sémi

pourrions aussi remarquer le mandement de M. l'évêque de Gap sur le jubilé en 1830, et ce qu'il y disoit des projets d'une faction ennenie du trône et de l'autel. Un sieur Cézanne, avocat à Embrun, se moqua des frayeurs du prélat, dans une lettre adressée au Journal des Débats. Peu de mois après, il fut aisé de voir qui avoit eu plus de prévoyance et de bonne foi. Nous avons parlé du mandement et de la critique dans ce Journal, N° 1617.

M. l'évêque de Gap étoit fort exact à donner tous les ans une retraite pastorale, quelquefois même il en

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