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Quels sont encore les animaux qui peuvent produire entre eux des métis 1?

On n'a pas fait, sur ce sujet, assez d'expériences. Nous savons que le zèbre peut produire avec le cheval et l'âne; l'âne avec l'hémione. Je suis convaincu que tous les solipèdes pourraient produire ensemble. Nous savons qu'il peut naître un métis de l'union de la brebis et du bouc, ou de l'union du bélier et de la chèvre. Parmi les oiseaux, le serin peut produire avec le chardonneret, le faisan avec la poule; on a obtenu rẻcemment un produit de l'union du coq avec la pintade.

Je reviens aux produits de l'espèce de l'âne unie à celle du cheval, ou de l'espèce du bouc unie à celle du bélier. Assurément, si la fécondité continue appartenait à ces produits, les preuves en seraient partout. Depuis des siècles, on obtient le métis du cheval et de l'âne; mais, pour avoir le mulet, il faut toujours en revenir à accoupler le cheval avec l'ânesse, où l'âne avec la

1. Je préfère le mot métis au mot mulet. Je prouverai, par la suite, que le métis est composé moitié d'une espèce et moitié d'une autre; c'est un animal, pour ainsi dire, mi-parti. Le mot métis a donc un sens physiologique.

jument. Jamais on n'a pu obtenir une série directe de mules et de mulets.

J'en dis autant des métis du bouc avec la brebis ou du bélier avec la chèvre.

Je le répète : Jamais le croisement des espèces n'a donné d'espèce intermédiaire.

Il en aurait donné si les métis pouvaient produire ensemble autre chose qu'un petit nombre de générations. Enfin, et comme je l'ai déjà annoncé, si l'on unit les métis avec l'une ou l'autre des deux espèces dont ils proviennent, au bout d'e quelques générations le type primitif reparaît. Peut-on arriver par plus de chemins divers à la même conclusion: la fixité de l'espèce?

CINQUIÈME LEÇON

De la variabilité dans l'espèce. De la race.

Il y a deux tendances dans l'organisation : 1o tendance à varier; 2o tendance à transmettre les variations. La variation est totale ou partielle. Causes extérieures du développement des variations: 1° le climat; 2o la nourriture; 3o la domesticité.

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J'ai traité de l'espèce : l'espèce est la famille. Nous concevons maintenant le sens, et, j'ose le dire, le sens profond de ces mots : parenté, consanguinité. Nous savons que l'espèce est invariable, éternelle. Elle est toujours jeune. Ces deux idées corrélatives : jeunesse, vieillesse, ne sont applicables qu'aux individus. Par rapport aux espèces, il n'y a pas de temps. Le cheval d'aujourd'hui est aussi jeune que le premier cheval qui ait paru sur le globe.

Les espèces étant d'institution primitive,

l'homme ne peut rien quant à leur production. Il peut tout, au contraire, quant à la production des races. Sa puissance, à cet égard, tient du prodige.

Nous allons encore demander à Buffon une bonne définition de la race. « L'empreinte de chaque espèce, dit-il, est un type dont les principaux traits sont gravés en caractères ineffaçables et permanents à jamais 1. » Voilà pour l'espèce. Voici pour la race: «mais toutes les touches accessoires varient; aucun individu ne ressemble parfaitement à un autre, aucune espèce n'existe sans un grand nombre de variétés 2. >>

Je trouve, dans l'organisation, deux tendances très-manifestes: 1° une tendance à varier dans de certaines limites : c'est ce qui fait la variabilité de l'espèce; 2o une tendance à la transmissibilité, à l'hérédité de ces variations.

La tendance à varier est incontestable : nous voyons deux frères différer par la taille, par la coloration des cheveux, etc. Ce sont là des touches accessoires, comme dit Buffon.

Parmi ces variations, qui surviennent et, si je

1. De la nature. Seconde vue, t. VII, p. 418. 2. Ibid., p. 418.

puis ainsi dire, se génèrent spontanément, toutes ne périssent pas avec l'individu. Quelques-unes se transmettent de génération en génération : d'individuelles, elles deviennent héréditaires; et voilà la race.

L'homme s'est emparé de cette tendance à l'hérédité pour créer les races d'animaux domestiques. Un exemple va nous initier au procédé qu'il emploie.

Veut-il avoir une race de chiens de grande taille; il prend, dans une portée, les deux chiens les plus grands, un mâle et une femelle. Puis il les accouple les petits, nés de cet accouplement, seront plus grands que leurs parents; cette progression est un fait prouvé, constant. Dans la nouvelle portée, l'homme choisit de nouveau, pour les accoupler, les deux individus les plus grands. Ils produisent, à leur tour, des individus plus grands qu'eux. Dans cette troisième portée sont encore choisis, pour la reproduction, les deux chiens les plus grands; et c'est ainsi que, successivement, progressivement, l'homme arrive à créer des races de chiens énormes, les dogues, les mâtins.

A côté de ces mâtins, de ces dogues, plaçons les petits chiens d'appartement, les épagneuls,

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