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la fixation de la fête de Pâques. Sa mort arriva en 735 2.

La science du géographe n'a que fort peu à puiser dans les écrits de l'époque franco-gothique. Cependant, on peut citer l'ouvrage d'un évêque arménien, Moyse de Chorène, composé au v° siècle, et dans lequel on trouve quelques notions sur certaines régions de l'Asie '; puis celui de Jornandès, écrit un siècle plus tard, et qui contient de curieux détails sur la géographie du Nord.

Dès le vi° siècle, le génie du commerce avait fait entreprendre quelques voyages lointains. Un moine égyptien, nommé Cosmas, qui fut d'abord marchand à Alexandrie, explora l'Éthiopie et l'Inde; ses fréquentes excursions dans cette dernière région lui avaient même fait donner le surnom d'Indopleustes. Le seul ouvrage qu'il ait laissé est une Topographie, dans laquelle il s'occupe beaucoup de détails sur l'histoire naturelle, et où il émet son singulier système de cosmographie, consistant à considérer la terre comme une vaste surface plane entourée d'une haute muraille, qui soutient le firmament *.

Le zèle qui portait les regards des chrétiens vers la terre sainte, commença au vir siècle à donner lieu à quelques descriptions de Jérusalem et de ses environs; les pèlerins qui s'y rendaient écrivaient parfois

1. BEDE. Opera Bedæ. Coloniæ, 1610.

2. PICCIOLI. Almagest, t. I, p. 31.

3. MOYSE DE CHORENE OU KORENATZY. Historia armena, acced, ejusd. epist. geograph. edid. Whistonii. Lond., 1736.

4. JORNANDES. De rebus gothicis. Amst., 1665. 5. COSMAS. Topographie du monde chrétien.

Comp. MONTFaucon.

l'itinéraire qu'ils avaient suivi lorsqu'ils étaient de retour dans leur patrie. Au vIII° siècle, un Goth, dont on ignore le nom, et qui n'est connu que sous celui du géographe de Ravenne, a produit un ouvrage général embrassant la description de toutes les régions du globe que l'on connaissait à son époque 1.

Enfin, Adam de Brême mérite aussi d'être cité parmi les géographes de l'école franco-gothique. Il nous a laissé une description assez détaillée des contrées du Nord, qui est même devenue l'objet des commentaires de quelques érudits3.

Déjà aussi, vers cette époque reculée du Moyen âge, on exécuta quelques cartes géographiques, mais en petit nombre. Charlemagne en possédait trois, qui étaient formées d'autant de tables d'argent. Sur l'une d'elles, on avait représenté la terre dans son entier ; sur les deux autres, on voyait Rome et Constantinople'. On sait que la première, qui était la plus grande, fut brisée par les ordres de Lothaire, qui en fit distribuer les fragments à ses soldats *.

Quelques autres cartes géographiques produites par le Moyen âge, se retrouvent parfois aujourd'hui confondues sous la poussière qui recouvre encore tant de manuscrits. Toutes présentent des défauts inhérents à l'époque à laquelle elles furent exécutées.

1. Anonymi Ravennæ de geographia, lib. V, ex man. Paris, 1688. 2. MURRAY. Descriptio terrarum septentrionalium sæculis ix, x et xi ex idæa Adami Bremensis aliorumque script. germanicorum istius ævi. Gotting, t. I.

3. EGINHARD. Vita et gesta Caroli Magni. Cologne, 1521, p. 1.

4. DUCHESNE. Scriptor. rer. gallicar, t. III.

Manquant d'observations astronomiques pour fixer la circonscription des contrées, les auteurs y ont suppléé en s'abandonnant à tout le vague de leur imagination. Les uns se bornèrent à suivre les idées de Ptolémée; d'autres ajoutèrent à leur travail les terres nouvelles dont ils supposaient l'existence, et souvent firent dessiner sur certaines régions de leurs planisphères des productions étranges en fait d'animaux ou de monstres, qu'ils prétendaient qu'on y observait1.

Les Romains avaient légué à la postérité d'impor tants écrits pratiques sur l'agriculture; tels étaient principalement ceux de Columelle, de Varron et de Caton. Les œuvres du premier révèlent les plus excellents préceptes de culture, et celles du second sont une précieuse mine d'érudition'. Le mérite de ces ouvrages a passé inaperçu pour le Moyen âge. Que pouvait faire à ses mobiles populations l'étude, d'un art qui n'a d'attrait que pour ceux qui vivent attachés au sol de la patrie et qui y concentrent entièrement leurs affections? A cette époque barbare où tout était passager, le fer pour combattre, et des bras pour brandir une hache ou une framée, voilà tout ce qu'il leur fallait pour attaquer ou se défendre; les paisibles travaux agricoles étaient dédaignés.

Cependant quelques dispositions relatives à l'agri

1. Comp. HOMMAIRE DE HELL. Les steppes de la mer Caspienne. Paris 1844, atlas. MALTE BRUN. Géographie universelle. Paris, t. I, p. 219. 2. COLUMELLE. De re rustica.

3. VARRON. Traité d'agriculture. Rei rusticæ scriptores. Venise, 1470.

culture et au soin des vergers et des jardins se rencontrent dans les capitulaires de Charlemagne '. Et dès le 1x siècle, il parut même un petit traité sur l'horticulture, écrit en vers, qui ne sont parfois pas sans élégance, et dans lequel on rencontre un certain nombre de bons préceptes. Il est dû à la plume du célèbre chroniqueur de Saint-Gall, le bénédictin W. Strabon 2.

Karl était à peine descendu dans la tombe, que ses débiles successeurs ne songèrent plus qu'à se disputer les lambeaux de son vaste empire. Tout ce qui avait fait la gloire et la force de son règne s'anéantit dans leurs impuissantes mains. Les lettres et les sciences, que ce prince avait tant encouragées, furent de nouveau oubliées; les clercs déser tèrent les écoles, et l'Europe s'achemina vers son ancienne barbarie. Au xe siècle, nommé avec raison le siècle de fer, il ne restait plus parmi les Francs aucune trace des premiers efforts civilisateurs du grand monarque. Tout était à recommencer. La noblesse elle-même partageait l'ignorance du peuple : vivant isolés derrière les créneaux de leurs manoirs, les barons ne s'occupaient qu'à dominer les serfs nombreux qui s'agitaient à leurs pieds. Pendant le x et le xre siècle, les études étaient même tombées dans une telle décadence et l'ignorance était devenue si générale, que Cuvier pré

1. Capitulaires de Thionville.

2. WALAFRIDE STRABON OU STRABUS. Hortulus.

3. LAMY. Coup d'œil sur la marche de la physique, depuis son origine jusqu'à nos jours. Lille, 1847, p. 33.

tend qu'il n'y avait pas alors dans tout l'Occident, un seul moine qui fût capable d'écrire d'une manière supportable le récit des événements '.

Mais l'illustre naturaliste nous paraît avoir jugé trop sévèrement ces temps malheureux; car si l'humanité traversait alors une désastreuse époque, de temps à autre on voyait poindre à l'horizon quelque gerbe de lumière : Adam de Brême, Gerbert et quelques autres sont là pour l'attester; et selon Gibbon le x1° siècle peut être lui-même considéré comme l'aurore du rétablissement des sciences. Ce fut même durant ce siècle que l'Europe fit la conquête de la boussole, dont les Chinois se servaient déjà depuis deux mille ans, mais qui resta encore longtemps sans application parmi nous 3.

Pendant les premiers siècles du Moyen âge, dans la Gaule, l'Espagne et l'Italie la langue latine continua même d'être employée par la généralité des populations. Et comme la religion et la loi s'exprimaient en cet idiome, ce ne fut qu'assez tard qu'il disparut totalement. Au vir° siècle, la langue romane, formée de la corruption de la basse latinité, servit de transition au français. Mais l'usage du latin se continua cependant parmi les personnes d'un rang élevé; les femmes elles-mêmes étaient adonnées à

1. CUVIER. Histoire des sciences naturelles. Paris, 1841, t. I, p. 363. 2. GIBBON. Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, Paris, 1812, t. X, p. 523.

3. LAMY. Coup d'œil sur la marche de la physique, depuis son origine jusqu'à nos jours. Lille, 1847, p. 34.

4. VILLEMAIN. Tableau de la littérature du moyen âge. Paris, 1849, t. I,

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