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Pousse de longs soupirs, rugit, grince les dents,

Puis il entre dans l'onde, effrayant de stature,
Et l'Océan à peine arrive à sa ceinture.

Pour nous, pâles d'effroi, nous fuyons sur les mers
Avec ce fils d'Ithaque absous par ses revers;

On rompt sans bruit le câble, et sur les verts abîmes Tombent à coups pressés nos rames unanimes.

Il nous devine; il marche où le guident nos voix; Mais sentant que ses bras sont trop courts cette fois, Que par les flots profonds sa course est retenue, D'une immense clameur il assiége la nue.

A ce cri l'Italie entière résonna,

Tous les flots de la mer tremblèrent, et l'Etna
Mugit dans les caveaux de sa base ébranlée.
Le peuple des géans accourt dans la vallée;
Il déserte ses monts, ses antres et ses bois,
Sur la rive et le port il bondit à la fois;

Là, nous voyons debout ces bandes fraternelles
Dresser leurs fronts, rouler leurs ardentes prunelles.
Effroyable conseil! Tels s'élancent dans l'air",
Dans les bois de Diane ou du grand Jupiter,

Des chênes dominant les arbustes timides

Missus adest vivo prætervehor ostia saxo

:

Pantagiæ, Megarosque sinus, Thapsumque jacentem.

Talia monstrabat relegens errata retrorsum
Littora Achemenides, comes infelicis Ulyxi.

Sicanio prætenta sinu jacet insula contra
Plemmyrium undosum : nomen dixere priores
Ortygiam. Alpheum fama est huc Elidis amnem
Occultas egisse vias subter mare; qui nunc
Ore, Arethusa, tuo Siculis confunditur undis.
Jussi numina magna loci veneramur; et inde

Ou de sombres cyprès taillés en pyramides.

D'abord pressés de fuir, par la peur aveuglés, Nous tendons au hasard les cordages mêlés ; Nous livrons tout au vent et volons dans l'espace; Mais Charybde et Scylla se révèlent en face: Hélénus a prédit cet écueil redouté;

Route étroite, où la mort est de chaque côté;

Tournons, tournons la voile, il en est temps encore;
Et voilà
que, soufflant du détroit de Pélore,
Borée a secondé nos courageux efforts.
Je franchis le Pantage aux rocailleux abords,
Mégare qui se perd dans une anse profonde,
Et Thapsus dont la terre est au niveau de l'onde.
Le compagnon d'Ulysse, en revoyant ces mers,
Indiquait et nommait tant de sites divers.

Là, dans son golfe bleu, Syracuse se mire;
Plus loin nous découvrons la houleuse Plemmyre;
En face est Ortygie aux rivages si frais.

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Belle Aréthuse! on dit qu'épris de tes attraits 15
Alphée, abandonnant l'Élide où naît sa source,
Et suivant sous la mer son amoureuse course,

Exsupero præpingue solum stagnantis Helori.
Hinc altas cautes projectaque saxa Pachyni
Radimus; et fatis numquam concessa moveri
Apparet Camarina procul, campique Geloi,
Immanisque Gela, fluvii cognomine dicta.

Arduus inde Acragas ostentat maxima longe
Moenia, magnanimum quondam generator equorum.
Teque datis linquo ventis, palmosa Selinus;
Et vada dura lego saxis Lilybeia cæcis.

Hinc Drepani me portus et illætabilis ora
Accipit. Hic, pelagi tot tempestatibus actus,
Heu! genitorem, omnis curæ casusque levamen,
Amitto Anchisen: hic me, pater optime, fessum
Deseris, heu, tantis nequidquam erepte periclis!
Nec vates Helenus, quum multa horrenda moneret,
Hos mihi prædixit luctus, non dira Celano.

Vient jusque sur ces bords et, d'un bras caressant, Dans les flots de Sicile arrive en t'embrassant.

De là, grâces aux Dieux que notre voix implore,

Nous cotoyons les champs fécondés par l'Hélore,
Le cap de Pachynum aux rochers orageux,

Camarine qui dort dans ses marais fangeux,
Et l'horrible Géla penchée au bord d'un fleuve,
Géla qui doit son nom à l'onde qui l'abreuve.
Je distingue de loin, à ses remparts altiers,
Agrigente, autrefois riche en nobles coursiers ;
Je t'abandonne aussi sur ces mers que j'affronte,
O terre des palmiers, heureuse Sélinonte!

Et le cap Lilybée a vu fuir mes vaisseaux
Libres de tant d'écueils qui parsèment ses eaux.

Drépane m'ouvre enfin ses funestes rivages,
J'arrive au port, brisé par de si longs orages;
Là, le sort me priva de l'auteur de mes jours;
O père bien-aimé! mon guide, mon secours,
Tu me laisses tout seul chargé de ma tristesse,
Toi, dont j'ai si long-temps protégé la vieillesse!
Hélas! quand Hélénus m'annonça l'avenir,

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