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Hic labor extremus, longarum hæc meta viarum. Hinc me digressum vestris deus appulit oris.

Sic pater Æneas, intentis omnibus, unus
Fata renarrabat divum, cursusque docebat.
Conticuit tandem, factoque hic fine quievit.

FINIS LIBRI TERTII.

Quand l'affreuse Harpie osa m'entretenir,

Dans les futurs malheurs que comptait leur menace, Ils avaient oublié ma plus rude disgrâce.

Drépane fut le terme où me jeta le sort;

Et, c'est en m'éloignant de ce malheureux port
Que, poussé par un dieu, j'abordai votre rive.

Ainsi parlait Énée à la foule attentive,

Racontant ses destins, ses courses, ses travaux;
Pénible et long récit que suivit le repos.

FIN DU LIVRE TROISIÈME.

NOTES

DU LIVRE TROISIÈME.

Ce troisième livre est infiniment précieux par les détails qu'il contient sur la géographie primitive, sur les mœurs et les cérémonies religieuses des anciens. On peut même dire que des douze chants de l'Énéide aucun n'offre plus de variété que celui-ci; il renferme cinq épisodes : celui de Polydore, celui des Harpies, celui d'Andromaque, et celui d'Achéménide qui est double, puisqu'il est lié à celui de Polyphême. Ce dernier ainsi que celui de Polydore et des Harpies appartiennent au merveilleux et parlent à l'imagination; celui d'Andromaque s'adresse au cœur, et celui d'Achéménide à l'esprit. Virgile a eu le soin de les séparer par des descriptions de lieux, ou des accidens nautiques, toujours revêtus de la magnificence de sa poésie.

Les commentateurs qui ont poussé leur admiration jusqu'à la démence, ne se sont pas contentés de voir ici des créations de poète ; ils ont voulu trouver sous l'expression naturelle un ordre de choses supérieur, qui certainement n'a jamais été dans la pensée de Virgile. Ils ont commenté l'Énéide, comme la Bible, qui, sous un sens matériel, cache l'histoire figurée du Nouveau Testament. Ainsi, dans l'aventure des Harpies, ils ont trouvé une allégorie des mauvaises femmes, ou des remords qui suivent les méchantes actions; dans la fiction des Cyclopes, ils ont reconnu l'image des hommes que le carnage ou l'ivrognerie abrutit, et ont puisé des leçons pour se conduire dans les différens écueils où la condition humaine est exposée. (Voyez Segrais.) Ceci me rappelle ce que nous disait en rhétorique le bon et savant père Huret, notre professeur; il prétendait que dans le quatrième livre Virgile n'avait voulu exprimer que l'amour du beau, en peignant la passion de Didon et d'Énée.

Pour nous, sans prétendre nous élever jusqu'au sens mystique de notre modèle, nous nous contenterons de ses beautés matérielles, et nous continuerons à lui vouer notre admiration bien ardente, mais vraie, raisonnée et bien sentie.

Les notes de ce chant seront rares et courtes; car ainsi que je l'ai annoncé dans ma préface, je crois inutile ici, de copier pour les élèves ce qu'ils trouveront sans peine dans les dictionnaires de Mythologie ou de Géographie ancienne..

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