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LA LITTÉRATURE FRANÇAISE

DEPUIS LA FORMATION DE LA LANGUE JUSQU'A NOS JOURS.

LECTURR

CHOISIE

Par le lieutenant-colonel STAAFF, officier de la Légion d'honneur et de l'Instruction publique en France.

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Ouvrage désigné comme prix aux Concours généraux de 1870-1872; distribué aux instituteurs de France par son Exc. M. le Ministre de l'Instruction publique; adopté et recommandé par la Commission des bibliothèques, ainsi que pour les prix et les bibliothèques de quartier ; — honoré des souscriptions des ministères de l'Instruction publique, de la Guerre, de la Marine, etc; décerné en prix dans les lycées, les colléges municipaux et les écoles communales de la Seine, du Loiret, de l'Aube, de l'Aveyron, etc., etc.

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Recevant des Étrangers pour les perfectionner dans la Conversation.

Une dame parfaitement élevée et qui s'occupe exclusivement de l'éducation d'un fils de douze ans et d'une fille de quatorze, recevrait comme pensionnaire une jeune étrangère de l'âge de ses enfants, pour lui enseigner à fond la langue française. Les meilleures références peuvent être fournies.

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Dans un grand pensionnat de Demoiselles, situé dans une des localités les plus salubres ae la banlieue de Paris, on reçoit de jeunes étrangères pour les perfectionner dans la langue française. Chambres particulières. Table de la Directrice. Prix modérés.

Une Maison d'éducation qui n'est point une pension, prend des étrangers à demeure pour leur enseigner la langue et la littérature française. Près du Collège de France et de la Sorbonne.

(Les adresses sont indiquées à la rédaction du Journal.)

RENSEIGNEMENTS

--

Pour les Professeurs français qui désirent trouver des places à l'étranger.

AGENCES AUXQUELLES ON PEUT S'ADRESSER :

A PARIS : M. Pelletier, 116, rue de Rivoli; Mme veuve Simonnot, 33, rue de la Chaussée-d'Antin. A LONDRES: Miss Gray, 35, Baker Street, Portman Square; - A NEW-YORK: M. Schermerhorn, 430, Broom Street.

JOURNAUX POUR DES ANNONCES :

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L'American Register, destiné aux Américains qui sont en Europe; le Galignani's Messenger, reçu par nombre d'Anglais qui habitent la France; le Wekker, connu par toute la Hollande: le Journal de St-Pétersbourg, très-répandu en Russie; le Times, lu dans le monde entier. (M. Hartwick, 390, rue Saint-Honoré, à Paris, se charge des insertions.)

On demande une demoiselle française pour enseigner sa langue dans une petite école anglaise de la haute classe. En retour, on offre des leçons d'anglais, la nourriture, le logement et le blanchissage. Adresse: J. I. L., 17, CrescentBedfort (Angleterre).

CONCOURS LITTÉRAIRES.
Appel aux Poètes.

Le onzième Concours poétique ouvrira à Bordeaux le 15 août prochain, et sera clos le 1er décembre 1873. Deux médailles d'argent et deux médailles de bronze seront décernées. Demander le programme, qui sera adressé franco, à M. EVARISTE CARRANCE, Président du Comité, 92, route d'Espagne, à Bordeaux (Gironde). — Affranchir.

Les noms des lauréats et les titres des pièces couronnées seront insérés à cette place.

Le rédacteur du Courrier de Vaugelas est visible à son bureau de midi à une heure et demie.
Nogent-le-Rotrou, imprimerie de A. GOUVERNEUR.

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COURRIER DE VAUGELAS

Journal Semi-Mensuel

CONSACRÉ A LA PROPAGATION UNIVERSEL LE DE LA LANGUE FRANÇAISE

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Paraissant le 1er et le 15 de chaque mois

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Est-ce que le mot PRIME se confond maintenant avec PRIX? J'ai assisté souvent autrefois à des comices agricoles; on donnait des prix pour les animaux, pour la culture, etc. J'entendais bien quelquefois des paysans dire que leur taureau avait la PRIME, mais je considérais cela comme une faute. Maintenant je trouve les deux mots dans les affiches officielles. Le programme (vu et approuvé par M. le sous-préfet) renferme ceci : Taureaux, 1er prix, 2o prix... puis plus loin: Race ovine, une PRIME de 50 fr. au plus beau bélier, etc.

Dans le langage administratif, les mots prix et prime s'emploient tous deux comme synonymes de récompense; voici des citations qui ne laissent subsister aucun doute à cet égard :

Le ministre et quelquefois les préfets fixent la destination de ces allocations, qui sont généralement employées en primes pour l'amélioration du bétail, etc.

(Bloch, Dict. de l'Admin. franç., p. 426.)

ON S'ABONNE
En envoyant un mandat sur la poste
soit au Rédacteur, soit à l'Adm.
M. FISCHBACHER, 33, rue de Seine.

Quelques comices donnent des prix aux meilleurs laboureurs, aux bergers, aux valets de ferme les plus laborieux et les plus honnêtes.

(Dict. de la Conversation.) Les inspecteurs de l'agriculture ont mission, dans leurs tournées, de s'assurer que les prix et les primes ont été judicieusement distribués.

(Idem.)

Mais ces mots n'ont pas une signification identique ; quelle peut bien être leur différence?

L'institution des comices agricoles tels qu'ils fonctionnent aujourd'hui par toute la France n'eut réellement lieu qu'après la révolution de 1830 (ceux que Berthier de Savigny avait orgnanisés en 1787 ne s'étendaient pas au-delà de la généralité de Paris); à cette époque, prix et son synonyme prime ont été employés dans ces réunions avec leurs significations respectives; il faut donc s'enquérir du sens qu'ils avaient avant l'avénement de Louis-Philippe.

Prix est un vieux mot dans notre langue, et il a toujours signifié, comme le dit l'Académie, ce qui est proposé pour être donné à celui qui réussira le mieux dans quelque exercice, dans quelque ouvrage; on a dit et l'on dit encore :

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Prime, du latin præmium, n'est pas dans le Trévoux de 1771; il parut, il me semble, pour la première fois dans la langue officielle (qui employait précédemment gratification) dans un arrêt du 16 septembre 1785 dont Voici le titre :

« Arrêt du Conseil qui accorde des primes d'encouragement aux négociants français qui transporteront des morues sèches et de pêche nationale dans les lles du Vent et Sous-le-Vent, ainsi que dans les ports de l'Europe, tels que ceux d'Italie, d'Espagne et de Portugal. »

Le vocable prime ne figure pas encore dans l'Académie de 1802; mais, quand furent créés les comices agricoles, il devint plus usité, et fit pour ainsi dire concurrence au mot prix, ce qui s'explique aisément.

En effet, quel est le but de ces associations libres appelées comices agricoles? Récompenser les améliorations de toute nature, comme l'emploi des charrues perfectionnées, l'élevage intelligent du bétail, le croisement des races indigènes, l'introduction de bonnes races étrangères, la pratique des assolements raisonnés, les prairies artificielles, les irrigations, la bonne tenue des fermes, etc.

Or, les récompenses, pour porter le nom de prix, doivent être en quelque sorte obtenues par concours, sous les yeux du jury, et l'on peut accorder une prime à quelqu'un qui n'a point concouru, mais qui, cependant, a rendu un service à l'agriculture. On donnera un prix au cheval qui aura franchi un certain espace plus rapidement que les autres; au laboureur qui, sur le champ d'épreuve, aura fait la meilleure besogne; tandis qu'on donnera la prime au propriétaire soit du boeuf le plus gras, soit du mouton à la plus belle laine; au charron qui aura confectionné un instrument aratoire supérieur à ceux que l'on emploie communément; au fermier qui aura créé une nouvelle prairie artificielle, qui aura établi un système d'irrigation préférable au système en usage, etc. En un mot, prix, qui peut s'appliquer à un objet qui n'est pas une somme d'argent, me semble devoir être employé toutes les fois qu'il y a récompense après compétition; et prime, qui signifie toujours une somme de..., quand la récompense vient plutôt encourager une tentative isolée.

Maintenant, a-t-on toujours parfaitement observé cette distinction dans les programmes des comices agricoles? Est-il toujours facile de le faire? Je ne sais; mais ce dont je crois être certain, c'est que, pour résoudre les cas particuliers que l'application peut offrir, il faut s'inspirer de la règle générale que je viens · d'exposer.

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Je prends Quicherat, je le consulte, et je trouve qu'il n'y a que ab et apud dans cette condition. Mais ab, qui exprime l'éloignement, ne peut avoir donné avec, qui, au contraire, exprime le rapprochement apud est donc le seul mot qui offre, dans le latin, une origine pour notre préposition avec.

C'est qu'en cffet, apud est bien cette origine, comme je vais vous le démontrer.

A l'époque de nos idiomes romans, cette préposition s'employait fort souvent dans le sens de cum, ainsi que Bignon en fait la remarque dans les formules de Marculfe (Rec. des Hist. de France, t. IV, p. 516), et comme Du Cange le démontre par les citations suivantes (Apud pour cum):

Apud proximiores parentes suos, apud nostrum signaculum, apud homines visores et cognitores, qui sont mises pour :

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Et quels sont les mots latins (parmi les invariables) | (qu'on écrivait aussi avecques) la préférence sur toutes qui commencent par ab, ap ou ag?

les autres formes de la préposition en question.

Telles sont l'origine et la formation du mot par Jequel nous traduisons le latin cum : l'italien, l'espagnol et le portugais ont tiré naturellement leur avec de ce terme; mais le français, grâce probablement à l'influence germanique (car le tudesque mit s'emploie à la fois dans le sens de auprès et dans celui de avec) l'a formé de apud, allongé de oc, comme je viens de vous l'expliquer.

X

Troisième Question.

Voltaire (lettre du 3 octobre 1752 à M. d'Argental) dit : « Je me suis sauvé de Postdam, mais je voudrais bien que ma petite barque pút faire un voyage JUSQUE CHEZ VOUS. » Ne vaudrait-il pas mieux jusqu's chez vous, CHEZ voulant dire cASA?

Quand jusque est suivi d'un substantif, il prend après lui la préposition à pour exprimer un rapport de direction (aller jusqu'à Rome; descendre jusqu'à la rivière, etc.); suivi de chez, qui vient de casa, peut-il admettre la même préposition?

D'après l'usage actuel de notre langue, la préposition chez se met pour la maison de quand elle est précédée des prépositions de, par, ou de l'un de leurs composés, hors de, loin de, par-dessus, etc.; et pour dans la maison de lorsqu'elle l'est d'autres termes.

Or, ici, chez est mis pour dans la maison de; de sorte que, pour que l'on pût dire jusqu'à chez, il faudrait qu'on pût dire également :

Jusqu'à dans la maison de.

Mais notre langue n'admet pas la succession immédiate des prépositions à et dans; d'où il suit que, jusqu'à dans la maison de étant impossible, sa traduction littérale jusqu'à chez doit l'être tout autant.

Dans la phrase que vous me citez, Voltaire a donc eu raison d'écrire « jusque chez vous », et il eût commis une faute en disant « jusqu'à chez vous ».

X

Quatrième Question.

Pourquoi, dans ÉTÉ, participe passé du verbe ETRE, doiton prononcer long le premier E? Il me semble qu'ayant le même accent que le second, il devrait, comme lui, se prononcer bref.

Jusqu'au XVIe siècle au moins, notre verbe étre eut, à cause de l'infinitif estre, son participe passé écrit esté; les exemples de ce fait abondent, en voici quelques

uns:

En cest païs avez estet asez, En France ad Ais devez bien repairer. (Roland, éd. Génin, p. 13.) Car la fierche [la reine] avoit esté prise Au gieu de la première assise.

(Rose, I, p. 223.)

Et en ce contemple, delivra le roy de ses prisonniers le captal qui prins avoit esté en la bataille de Cocherel. (Chro. de Du Guesclin, éd. Fr. Michel, p, 155.)

Les plus notables hommes que j'aye jugé par les apparences externes, ce ont esté, pour le faict de la guerre et suffisance militaire...

(Montaigne, III, p. 71.)

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Qu'est-ce qu'un verbe actif?

C'est un verbe qui a ou peut avoir un régime direct, disent toutes les grammaires.

Et qu'est-ce qu'un régime direct?

On appelle ainsi le mot qui répond à l'une des questions quoi? qui? ou quelle action? faites après le verbe; d'où il suit que le régime direct peut être, ou un nom de chose (chanter une romance), ou un nom de personne (connaître un ministre), ou un verbe à l'infinitif (vouloir partir), ou une proposition avec un verbe à un mode personnel (je désire qu'il réussisse).

Or, le verbe oser a-t-il de semblables régimes?
Oui, et en voici des exemples:

*1. Avec un nom de chose (tout et ce sont des noms généraux de choses):

Tous ces petits succez eschaufferent le prince de Condé, et lui firent oser le siége de Bruage.

(D'Aubigné, Hist., II, p. 437.)

Il connaissait, dans le parti, de ces fiers courages dont l'esprit extrême ose tout.

(Bossuet, le Tellier.)

Osez ce qu'ont osé tant d'autres conquérants.
(Rotrou, Antig. II, 4.)

2o Avec un infinitif exprimé :

Vous l'osátes bannir, vous n'osez l'éviter.

Mais, heureusement, cette condamnation n'a pas prévalu, et le siècle suivant en a également fait usage, ce que prouvent ces exemples:

Mme Clot, bonne femme au demeurant, était bien la vieille la plus grognon que je connus de ma vie.

(J.-J. Rousseau, Confess., I.) Au demeurant, c'est un oiseau assez familier qui semble aimer l'homme, s'approcher des habitations.

(Buffon, le Moqueur.)

Je sais au demeurant que M. le marquis vous aime.
(Marivaux, le Legs, sc. 14.)

Et, comme je suis persuadé qu'il ne serait nullement impossible de trouver la même expression chez plus d'un écrivain de notre temps, je crois pouvoir vous répondre que au demeurant, en tenant compte toutefois d'une certaine nuance de familiarité, ainsi que le fait fort premiers de nos chimistes qui aient commencé à parler judicieusement remarquer M. Littré, peut très-bien se français.

(Racine, Phèdre, III, 1.)

J'ose dire que M. Macquer et M. de Morveau sont les

(Buffon, Hist. min. Int. VI, p. 105.)

Il n'osait plus parler à la reine avec cette douce liberté qui avait eu tant de charmes pour tous deux.

(Voltaire, Zadig, VIII.)

mettre pour au reste, du reste.

Si l'on en croit Régnier-Desmarais (Grammaire française, p. 732) c'est peut-être aux vers suivants de Clément 3o Avec un infinitif sous-entendu, ce qui constitue Marot, dont le dernier est devenu proverbe, que nous comme un sens neutre accidentel :

Il faut savoir oser; la philosophie mérite bien qu'on ait du courage.

(Voltaire, Lett. Helvetius, 16 juillet 1760.)

D'où cette conclusion inévitable que oser est un verbe actif, et presque doublement actif, puisqu'il admet ce que beaucoup de verbes appelés ainsi n'admettent pas, je veux dire un régime direct exprimé par un nom, et un régime direct exprimé par un verbe.

Le dictionnaire de Sachs, m'apprenez-vous, prétend qu'on ne saurait dire : il a osé un coup ». J'ai déjà cité un exemple qui contredit cette assertion, et je vais ajouter une raison qui la battra en brèche bien mieux encore. C'est tout simplement ceci : Notre verbe oser vient du latin audere (probablement par le participe passé ausus). Or, dans cette langue, audere, pris au sens de tenter, se construisait parfaitement avec un nom à l'accusatif, car je trouve dès les premières lignes, dans Quicherat :

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devrions d'avoir conservé au demeurant :

J'avois un jour un valet de Gascogne,
Gourmand, ivrogne et assuré menteur,
Pipeur, larron, jureur, blasphémateur,
Sentant la hart de cent pas à la ronde,
Au demeurant le meilleur fils du monde.

X
Troisième Question.

Dans mon dictionnaire de Noël et Chapsal (édit. de 1841) je trouve ceci : « MONS, abréviation de MONSIEUR, dont le roi faisait usage en parlant ou en écrivant aux évéques. » Ce terme ne s'emploie-t-il pas aussi dans le style familier? Il me semble l'avoir entendu quelquefois ?

Le mot mons, expression qui provient sans doute de ce que, dans les anciens actes, on trouve souvent mons. (avec un point), abrégé de monsieur et de monseigneur, s'employait, en effet, comme le dit votre dictionnaire quand les rois parlaient aux évêques et aux archevêques, monsieur et monseigneur étant alors réservés aux saints:

Auprès d'icelle eglise, au dessous du rocher, sur lequel est assis le chasteau, est l'hospital des malades, fondė par monsieur Saint Loys, roy de France.

(Taillepied, Hist. de Rouen, feuillet 17, verso.) ... Selon ce que trouvé est en ses faiz, qui sont escriptz ès faiz des roys de France, en l'esglise de monseigneur sainct Denis, en France.

(Chron. de Berl. Du Guesclin, p. 35.)

Mais depuis le xvin siècle, le mot mons est d'usage dans le discours familier, comme en voici la preuve multiple :

Le fils de Sommery n'avait pas honte de dire devant des gens qui avaient au moins le sens commun, le pauvre mons Turenne me disait...

(Saint-Simon, 71, 171.)

Nous n'avons rien à nous dire, mons de Lépine; j'ai affaire et je vous laisse.

(Marivaux, le Legs, sc. III.)

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