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Or, plutôt (écrit jadis plus tost) est identique par le sens à devant, ce qui prouve que préférer... plutôt est une expression parfaitement conforme à la syntaxe primitive de notre parler.

3° Quoique préférer signifie, par sa composition (præ, avant, ferre, porter) mettre avant, cela ne fait pas de la phrase où il figure une phrase comparative; pour qu'une telle phrase existe, il faut qu'il y ait après le verbe un adverbe de comparaison (plus, mieux, moins, autant), qui alors requiert que après lui, et que de devant un infinitif.

Or, comme que de devant l'infinitif qui suit préférer implique une phrase comparative, il faut qu'un adverbe de comparaison prenne place dans cette phrase, et cet adverbe ne peut être ici que plutôt.

Mais si l'usage actuel de la langue autorise plutôt après le verbe préférer, si la construction ancienne justifie pleinement cet usage, et si la théorie de la phrase comparative en montre la nécessité, n'est-il pas démontré par cette triple raison que préférer doit toujours avoir pour compagnon plutôt quand les mots que de et un infinitif le suivent?

C'est pour moi de la plus grande évidence.

Il y a des personnes qui ne mettent pas plutôt dans les phrases où l'on peut remplacer préférer par aimer mieux; d'autres qui croient que préférer doit nécessairement, comme le veut l'auteur de la lettre à laquelle je réponds, être remplacé par cette dernière expression. Ce que j'ai dit plus haut me semble prouver que les unes et les autres sont dans l'erreur préférer a sa construction propre qui demande plutôt après lui, et il n'y a aucune obligation, quand ce verbe peut se remplacer par aimer mieux, de recourir à cette tournure.

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(Romancero, p. 34.)

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D'un autre côté, Diez, dit M. Littré, le tire (assouvir) du gothique ga-sóthian, rassasier, par substitution du v au t, comme dans pouvoir du bas latin potere; mais, si cela était, on trouverait dans l'ancien français, assoir, comme on trouve pooir. Or, la persistance du v dans assouvir prouve qu'il n'est pas assimilable au v de pouvoir.

Le mot assouvir ne vient pas des sources précédemment indiquées; d'où vient-il?

Les exemples cités plus haut font voir que, dans l'ancienne langue française, le verbe assouvir s'employait dans deux sens différents, ou plutôt que cette langue avait deux verbes différents sous une même orthographe, savoir :

1° Assouvir, signifiant rassasier, satisfaire, approvisionner (sens étendu des précédents);

2o Assouvir, signifiant achever, accomplir.

:

Dans ce dernier sens (que nous n'avons pas conservé) assouvir vient de ad et de chef, et veut dire achever, mettre à chef, à fin rien d'étonnant à ce qu'en préposant ad au mot chef, qui avait formé le verbe jouir (chefir, chevir, jouir), on ait fait assouvir (adchefir, achefir, assevir, assouvir).

dit en espagnol satisfacer, satisfaire, hartar (de harto, Quant à assouvir, dans le premier sens, comme il se suffisant, assez), et en italien saziare, rassasier, satollare (de satollo, satoro, rassasié, qui en a assez), il faut évidemment qu'il vienne ou d'un verbe assaficere, faire, donner assez, ou de assuficere, donner le suffisant, la suffisance.

Mais assaficere ne me semble guère propre à former, par corruption, le vocable assouvir; tandis que assuficere se change naturellement en assufire, as soufire, terme qui se trouve justement en picard (assoufi,

Une heureuse rencontre, qui puisse assouvir vos longs assufi) dans la même signification, et qui, par un

desirs.

(Des Periers, Contes, CXXVIII.)

changement de f en v, a pu donner non moins naturellement assouvir.

Autrefois, on disait en français souffire pour suffire [ 15 octobre courant, page 938: « Ces événements NE (contenter), comme le prouve la citation suivante, empruntée à Du Cange (mot sufficiens) :

Une cotele ou piece de robe... laquelle ne souffisoit point audit Thibault, pource qu'elle lui sembloit mal faite.

Je me crois donc autorisé à dire que notre assouvir ne vient ni du latin assopire, assoupir, ni encore moins du gothique ga-sóthian, mais qu'il a été tout simplement formé de ad et de suffire.

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Cette expression populaire, qui tire son origine de l'Eglise, a été expliquée, comme il suit, par M. Charles Nisard dans ses Curiosités de l'étymologie française : « L'emploi de cette singulière métaphore est un exemple vivant, pour ainsi dire, de l'influence des vieux sermonnaires sur l'imagination et le langage familier des peuples. On sait avec quel luxe d'images tour à tour horribles et dégoûtantes, avec quelle cruelle obstination ils ont peint les tourments de l'enfer. Leur but étant moins de convaincre que de frapper de terreur, ils offrent, dans leurs sermons, un résumé complet des lugubres visions qui, au temps où les supplices les plus affreux étaient au service des vengeances humaines, faisaient partie des croyances de nos aïeux épouvantės. Mais ils se plaisent surtout, et ils y excellent, à peindre la friture des corps et des âmes. Je dis des âmes, parce qu'ils ne font aucune distinction entre cet élément et l'autre, et semblent croire au contraire qu'il est également combustible.

« La Fleur des commandements de Dieu (1525, in-f") recueil, de sermons prêchés au moyer-âge, cite ce fait tiré de Pierre de Cluny, et qui regarde un mauvais prêtre transporté en enfer, pour y voir ce qui l'y attendait.

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» Ayant été rapporté un instant sur la terre, ce prêtre racompta les choses qu'il avoit veües et ouyes et dist:

. Vecy deux dyables qui portent une poëlle, afin que je soye frit dedans en perdurableté. Et comme il disoit la ‣ dicte parolle, une goutte de la dicte friture cheut sur sa main qui le devora jusques aux os devant les presens, ⚫ et ce dont il dist: Croyez maintenant que vecy les dyables » qui me jetteront dans la poëlle. Et en disant ces parolles, D il trespassa. »

« Le même recueil (f CXV) contient un fragment de l'effroyable légende de Tongdalus. Cet homme étant mort, un ange le mena veoir les tourmens de l'enfert, et après le rapporta et remist en son corps. » Dans son voyage, il avait vu une vallée très profonde et pleine de charbons ardans. Et dessus cette vallée avoit ung couvercle de fer en feu ardant, espès comme six coudées... Dessoubs le dict couvercle descendoient plusieurs ames, lesquelles y estoient frites, comme on frit le lart à la poëlle. »

• Figurez-vous ces tableaux mis chaque jour, dans les mêmes termes et pendant des siècles, sous les yeux des populations ignorantes, superstitieuses et crédules, et vous comprendrez pourquoi elles ont retenu ce langage, et comment il est resté le leur propre, quand elles eurent cessé de croire aux faits qu'il exprimait avec une naïveté si sombre et si désespérante. »

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LAISSENT PAS D'AVOIR une certaine importance. » Je crois la phrase correcte mais j'ai vu bien des écrivains écrire en pareil cas: « Ces événements NE LAISSENT PAS QUE D'AVOIR une certaine importance. » Qu'en pensez-vous? Moi, je suis pour le QUE retranché; mais j'avoue que je n'ai pour cela qu'une préférence empirique et sans raison grammaticale.

Les expressions ne pas laisser de et ne pas laisser que de sont toutes deux dans le dictionnaire de l'Académie, et, quoique la dernière n'y figure, comme le remarque M. Littré, qu'à partir de l'édition de 1835, elle n'en est pas moins très-usitée aujourd'hui.

Or, cette modification dans la construction de laisser repose-t-elle sur des raisons assez solides pour qu'on puisse l'accueillir?

Cela peut être; mais, quant à moi, je n'en vois que pour la repousser, et ce sont les suivantes :

1° En même temps que de, l'ancienne langue admettait aussi à devant l'infinitif qui suivait laisser : Car, quoique né de Paris je ne sois, Point je ne laisse à estre bon François, (Marot, II, 175.)

Ce nonobstant Dionysius ne laissa point pour cela à faire autant d'honneur à Dion comme il faisoit auparavant. (Amyot, Dion., 7.)

Si l'usage avait été favorable à la préposition à plutôt qu'à la préposition de, nous dirions encore ne pas laisser à, et l'idée ne serait jamais venue à personne de mettre un que après cette expression. Pourquoi alors le mettre après de, qui a remplacé à ?

2o Le dictionnaire de Littré enregistre, je crois, une vingtaine d'exemples de ne pas laisser de, et ne mentionne que les deux ci-après de ne pas laisser que de:

Il ne faut pas laisser que de s'écrire de temps en temps. (Sévigné, 31 décembre 1684.) La constance d'Alcibiade ne laissa pas que d'être ébranlée par ce coup.

(Rollin, Hist. anc., p. 630.) Quand ne pas laisser que de circule si difficilement malgré le passe-port qu'il a reçu de l'Académie, ne faut-il pas en conclure que cette expression nouvelle est bien peu goûtée?

3o D'après tous les dictionnaires, l'expression ne pas laisser signifie ne pas cesser, ne pas s'abstenir, ne pas discontinuer, ce qui est, au reste, prouvé par les exemples suivants, pris tant dans le français ancien que dans le français moderne :

Par la mauvaistié d'ung ou de deux ne se doit laisser de faire plaisir à plusieurs, quant on a le temps et l'opportunité.

(Commines, II, 3.)

Hannibal premierement se mit au plus honorable lieu : ce que Scipion endura patiemment, et ne laissa pas pour cela de se promener.

(Amyot, Flam., 43.)

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Il me semble que toutes les causes secondes sont autant de mains qui exécutent les volontés de Dieu; nous ne laissons pas d'agir, nous voulons faire ce que nous faisons. (Sévigné, dans Littré.)

Il faut se laisser aller à la destinée, et consentir à une chose qu'on ne laisserait pas de faire sans moi.

(Molière, Préc. Préface.)

Comme tous ces équivalents ne requièrent, devant un infinitif, que la préposition de et jamais que de, c'est un nouvel argument contre la locution ne pas laisser que de.

4o Le verbe laisser vient du latin laxare, lequel est aussi la source d'où dérive lâcher; ce dernier s'emploie par les habitants du Berry et ceux des environs de Paris, dans des exemples analogues à ceux qui suivent, et sans se construire jamais avec que de :

Il n'a pas Ces jeunes chiens

Quel bagou! elle ne lâche pas de parler; lâché de pleuvoir depuis deux jours ; ne lâchent pas de courir, etc.

Preuve de plus que l'admission de que à la suite de ne pas laisser est une faute manifeste, puisqu'elle répugne en quelque sorte au bas-langage lui-même.

A mon avis donc, l'écrivain de la Revue des DeuxMondes qui a dit, à l'endroit que vous me signalez : « Ces événements ne laissent pas d'avoir une certaine importance » a employé la seule expression correcte, et vous avez à vous féliciter d'avoir toujours eu, dans ce cas, selon votre heureuse allusion au langage classique, une préférence pour le « que retranché. »

ÉTRANGER

Première Question.

Pourquoi la messe solennelle qui se dit à la rentrée des Cours et des Tribunaux porte-t-elle le nom de MESSE ROUGE?

-

M. Albert de la Fizelière a répondu d'avance à votre question dans un article de l'Opinion nationale du 8 novembre dernier :

« Dans le principe, cette messe avait été fondée vers l'an 1200 par le corps des procureurs.

» En 1406, le chancelier Arnoud de Corbie, désirant donner plus d'éclat à cette solennité, proposa d'établir une retenue de deux écus d'or sur la réception de chaque avocat et d'un écu sur celle de chaque procureur, pour former un fonds applicable à la célébration des messes de rentrée.

» C'est alors que les procureurs adoptèrent l'usage d'y inviter les magistrats et les avocats. La messe était célébrée dans une petite chapelle située à l'intérieur du palais, sur la rue de la Barillerie. En 1512, le roi Louis XII logeant au Palais témoigna le désir d'assister à cette messe. Ce fut une occasion pour les magistrats d'y déployer une magnificence inaccoutumée.

» Tous les intéressés furent avertis par le Parlement de s'y trouver en grand costume robe écarlate et chapeau fourré.

» La cérémonie fut splendide, et on résolut de la renouveler désormais dans les mêmes conditions. Le peuple, très-friand de ces sortes de solennités, donna à cette messe le nom de rouge, de la couleur qui y dominait, et elle conserva jusqu'à ce jour le même caractère. »

Telle est l'explication de l'expression messe rouge, expression dont l'origine remonte, comme vous voyez, au commencement du XVIe siècle.

X Seconde Question.

Le mot PLURIEL doit-il se prononcer PLURIÉ OU PLURIÈLE? J'ai entendu dire l'un et l'autre à des personnes ayant la réputation de bien parler français.

Le latin pluralis a d'abord donné à notre vieille langue le mot plurel, comme singularis lui a donné singuler, et M. Littré en a trouvé cet exemple dans le

XIIe siècle :

Singuler e plurel aveit tut par igal.

(Th. le Martyr, 55.)

Puis, quand le premier prit la terminaison ier, le second prit la terminaison iel, qui, au pluriel, devenait

iex:

Quant letres sont fetes d'iretages, ou d'aucunes convenences, ou d'aucuns marciés qui toucent pluriex personnes (Beaumanoir, XXXV, 16.)

Mais, dans ces temps reculés, el se prononçait eu, et pluriel sonnant par conséquent plurieu, fort près de plurié; on lui donna, par analogie avec singulier, la terminaison er, et l'on écrivit plurier au masculin, et pluriere au féminin:

Or, prouveray par bons tesmoings

Que tous pluriers n'en font pas moins.

(Clém. Marot, p. 458, éd. de 1571.) Nos poetes parlent plus tost et de meilleure grace aux princes et autres en personne singuliere que pluriere. (Meigret, dans Ch. Livet, p. 85.1

Au XVIIe siècle, on se servait généralement de plurier, ce dont il serait aisé de vous donner une foule de preuves:

Les noms propres n'ont point d'eux-mêmes de plurier. (Arnault et Lancelot, Gram. génér., II, 4)

L'E de l'ablatif singulier prend um au génitif plurier. (Lancelot, Nouv. méth., règle 46.)

Ménage tenait pour plurier, qui s'éloignait moins de l'analogie ordinaire, et Bouhours trouvait que la raison était contraire à pluriel, parce que, dans aucun des mots de la langue ayant la même terminaison, la consonne n'était muette.

Cependant Vaugelas se servait toujours de pluriel (prononcé plurié, ne l'oubliez pas), et, grâce à l'influence du célèbre grammairien, ce mot prit place dans le dictionnaire de l'Académie, et fut conséquemment employé depuis par un grand nombre d'écrivains.

En 1727, date de la publication du dictionnaire de Furetière, plurier n'était plus en usage qu'au masculin, et bientôt, il disparaissait après avoir supplanté pendant plusieurs siècles le légitime descendant de pluralis.

Depuis plus de cent ans (il est déclaré hors d'usage par Trévoux, éd. de 1771), nous n'écrivons plus le mot plurier; mais en lisant pluriel, beaucoup de personnes prononcent encore plurié, tandis que d'autres prononcent plurièle.

De quel côté est la raison ?

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FEUILLETON.

BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS

PREMIÈRE MOITIÉ DU XVII SIÈCLE.

Charles MAUPAS.

(Suite.)

Quelques personnes prononcent indifféremment aigu ou agu, aiguiser ou aguiser.

Quand ai se trouve avant gn, comme dans Allemaigne, campaigne, compaignie, on ne prononce que l'a.

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EI Se prononce comme l'e masculin (fermé) excepté dans le mot treize, où il a le son très-ouvert. 10 Ce n'est une diphthongue que dans les premières personnes plurieres » des verbes aimions, aimassions; ailleurs, ces deux voyelles forment deux syllabes violent, fiole, religion.

OI ou OY - La « naïve et vraye prolation » de cette diphthongue devrait être presque comme ve ayant l'e ouvert; mais depuis quelques années (1620), on s'est mis à la prononcer comme ai dans mais, jamais, faire, plaisir, ce qui est survenu » à la cour du roi, grâce aux courtisans singes de nouveautez qui ont quitté l'ancienne prononciation pour contrefaire celle des étrangers. Les « doctes et bien disans ès Cours de Parlement >> et ailleurs n'ont point accueilli ce changement.

Toutefois l'erreur ne s'étend guère qu'aux imparfaits des verbes, comme j'aimoy, tu aimois, il aimoit et aux quelques mots suivants: droit, froid, estroit, croistre, connoistre, paroistre, prononcés drait, fraid, etc.

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AOU

AO Nous le prononçons a dans faon, paon, tahon; ses deux lettres sonnent dans faonner, paonner. Se prononce ou dans aoust, saoul, saouler. OUA Fait deux syllabes dans poudcre. Quant à la quantité des syllabes, une des choses les plus importantes qu'il faille se rappeler, c'est que la dernière syllabe est la plus « considerable » dans notre langue; car, si elle est brève, elle « preste sujet » d'allonger la précédente, et si elle est longue, la précédente est << abreviée » ou au moins communément » proférée. Or, toute « termination » en e féminin est brève, et toute autre « termination » est longue ou indifférente. DE L'APOSTROPHE ET AUTRES SIGNES.

Nous ne retranchons que l'e féminin des monosyllabes je, me, te, se, le, que, et l'a de l'article ou du pronom la, ainsi que l'i de la conjonction si devant il, ils: s'il pour si il. Quelquefois, dans les vers, on dit s'elle,

s'on, s'ainsi pour si elle, si on, si ainsi. Il en est de même pour les prépositions entre et contre, en composition principalement entr'ouvrir, contr'opposer, etc. Il y a encore quelques mots « syncopez » que l'on marque d'une apostrophe, ainsi on dit: A'vous pour avez-vous; sça'-vous pour sçavez-vous; grand' pour grande; ell' pour elle; m'amour, s'amie pour mon amour, mon amie.

Deux petits points (..) sur un u signifient que cette lettre est voyelle et non consonne; quand le même signe est placé sur une autre voyelle, il signifie qu'il faut la distinguer d'avec ses « proches voisines ».

On se sert de « subunion » entre les mots que l'on doit prononcer conjointement: porte-enseigne, choyezvous, que dit-on ?

Quant aux marques d'interrogation, de parenthèse, d'admiration, d'interjection, de périodes et de parties « d'icelles », nous suivons entièrement les Latins.

DES PARTIES DU DISCOURS.

Nous pouvons compter neuf parties d'oraison ». Quelques-uns mettent l'interjection avec l'adverbe, à la mode des Grecs, ce qui ne fait plus que huit.

DE L'ARTICLE.

parlons de quelque chose qui porte le nom d'un saint: l'église, la rue, le pont, l'enseigne Nostre-Dame.

Monsieur, madame et mademoiselle ne reçoivent que des articles indéfinis, excepté dans ces « langages »>: Vous faites du monsieur, voilà une gueuse qui tranche de la dame; mais on dit aussi : Faire le monsieur, faire la demoiselle (1620).

Par « l'article à, nous indiquons l'usage auquel une chose est destinée un tect à brebis, un pot à vin; la manière dont quelque chose est faite » : marcher à pas comptez. W s'emploie aussi pour avec, exemple: une montre à resveille matin; quelquefois il signifie pour, comme dans, un tel est tenu à homme de bien.

On dit employer son temps aux estudes ou ès estudes, quoiqu'il y ait une petite différence.

Devant le nom de l'instrument employé pour faire quelque chose, on se sert de à, exemple: un ouvrage duit au marteau, compassé au compas, etc.

Pour indiquer la possession d'un objet, on met à volonté de ou à devant le nom du possesseur : le logis de Jacques, ou à Jacques; le laquais de monsieur, ou à

monsieur.

On emploie encore à après le verbe faire ou après

Ch. Maupas y comprend les prépositions à et de, quelque verbe appartenant aux sens (voir, ouïr, sentir)

leurs contractions avec le, la, les, et ès,

Il y a plusieurs verbes, tels que remplir, garnir, pourvoir et leurs contraires désemplir, desgarnir, chommer, que les étrangers font suivre à tort de avec; ainsi ils disent un estuy garni avec de l'argent, une chambre parée avec de la tapisserie, tandis qu'il faut dire garni d'argent, parée de tapisserie.

Quand l'adverbe de quantité est placé après le subsntif, il faut l'article défini devant ce substantif; on dit: vous aurez de l'argent assez, il a du courage trop, mais il faut dire vous aurez assez d'argent, il a trop de courage.

Le mot force, pris pour quantité ou abondance, ne veut d'article ni avant ni après lui: Vous avez force biens, force ennemis; mais pris pour puissance, violence, contrainte, il veut à avant lui, et de après: On gangne plus les forteresses à force d'or qu'à force d'hommes.

Bien, mis pour beaucoup, veut l'article défini après lui il a bien du pouvoir; les guerres civiles ont bien apporté des calamitez en France (1620).

Le nom propre se « subjoint » à son appellatif au moyen de « l'article » de; on dit: la ville de Paris, la riviere de Seine, expressions où les Latins emploient l'apposition urbs Lutetia, fluvius Sequana. Nous imitons souvent celte construction avec mont, ainsi nous disons le mont Parnasse, le mont Taurus, etc.

Nous avons une phrase assez fréquente qui, le plus souvent, « emporte mépris et dédain. Elle commence par le démonstratif ce ou l'adjectif quelque, puis vient une épithète suivie d'un substantif au moyen de « l'article» de; exemple: Ce glouton de Thomas, un vaurien de laquais, etc.

Quelquefois nous omettons de, notamment devant les noms propres par « une maniere d'ecclipse » : les quatre fils Aimon, la place Maubert, et lorsque nous

ou bien signifiant permission (laisser, permettre, endurer, souffrir), et cela, pour signifier la personne par qui l'action est faite; alors il signifie par; ainsi on dit: Je vous feray tancer à madame; j'ay veu bastir aux maçons ce logis.

Le mot sire se dit entre marchands: Le sire Josse envoya de la marchandise au sire Martin qu'il avoit achetée du sire Léonard.

Les expressions à la Françoise, à la matelote sont employées pour à la mode françoise, etc.

Quand il y a doute si le « propos » est déterminé ou non, on met à volonté les articles définis ou indéfinis noblesse provient de vertu, ou noblesse provient de la vertu; à cœur vaillant, ou au cœur vaillant rien impossible (1620).

DU NOM.

Sous cette dénomination, Ch. Maupas, comme ses prédécesseurs, confond les adjectifs avec les substantifs.

DU GENRE DES NOMS.

Tout est du genre masculin, féminin ou commun, car nous avons remplacé le neutre par le masculin.

Les adjectifs en eau font leur féminin en-elle: beau, belle; gemeau, gemelle; mais on trouvera aussi écrit jumeau, jumelle.

L'adjectif nud fait au féminin nüe.

Dans les noms en on, le féminin se forme par la réduplication de l'n frelon, frelonne; mignon, mignonne; mais dans les autres, on peut se contenter d'ajouter une chrestien, chrestiene; certain, certaine; benin, benigne, etc.

Tous les noms en et doublent le t, exemple: net, nette; complet, complette; les autres terminaisons en t ne prennent de plus qu'un e simple: sote, subite, etc. (La suite au prochain numéro.)

LE RÉDACTEUR-GÉRANT, E. MARTIN.

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