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L'opinion de mes contradicteurs est que « la beauté du diable est la beauté qui tente. »>

Or, pour que cette proposition puisse être vraie, il faut que la beauté qui n'est pas celle du diable, c'est-àdire la beauté réelle, ne tente pas, car sans cela, l'épithète du diable ne serait pas justifiée.

En est-il ainsi? Non, et la preuve c'est que le diable, lorsqu'il veut séduire le sexe fort au moyen du sexe faible, ne manque jamais, lui, le tentateur par excellence, de prêter les traits d'une parfaite beauté à la femme qu'il choisit pour ministre.

Partant, la beauté du diable ne peut être définie la beauté qui tente.

II.

J'avais donné (2e année, page 4) une origine du mot

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Quoique répétée dans plusieurs ouvrages, celle origine n'en est pas moins fausse. Il est évident que si, avant Renaudot, l'expression conter des fagots n'avait pas été employée, personne ne se serait avisé de faire le moindre rapprochement lorsque le colporteur et le marchand criaient, l'un sa gazette et l'autre ses fagots. Ce n'est donc point la Gazette de Renaudot quí a donné lieu à l'expression dont il s'agit.

2o Ceux qui font des fagots, dit le Dictionnaire éty

feux appliqué à la somme qu'un acteur reçoit en plus mologique de Noël et Carpentier, ont soin de mettre

de ses appointements chaque fois qu'il joue; une autre explication, que je reproduis ci-dessous, m'a été adressée par M. Loubens, chef d'institution honoraire à Paris: Louis XIV avait mis à exécution un règlement qui stipulait que les chanteurs, les acteurs, les danseurs et les symphonistes de la chambre, de la chapelle et de l'Académie royale de musique toucheraient, en sus de leurs appointements, du pain, du vin, de notables morceaux de viande, ce qui leur donnait la qualité de commensaux du château, dans six bonnes fêtes de l'année. Mais les jours de la Saint-Louis ou de la Saint-Martin, à la place du vin et de la viande, celle-ci étant supprimée parce que ces fêtes pouvaient tomber un jour de maigre, on en évaluait le prix à 170 fr., et chaque pensionnaire recevait en argent le montant de ces vivres.

Lulli maintint avec grand soin cet arrangement. Vers la

en évidence les meilleurs morceaux de bois qui entourent de mauvaises broutilles, et les cachent aux yeux des acheteurs. Cet exemple est soigneusement suivi par les marchands d'asperges, de carottes, etc. C'est ce qu'on appelle parer la marchandise. Ces fagots ont excité la méfiance des acheteurs, d'où l'on a dit: cela sent le fagot, pour dire : cela est trompeur; et tout débiteur de mensonges a été appelé débiteur ou compteur de fagots, d'où compter des fagots, pour débiter, dire des mensonges.

L'expression sentir le fagot, qui a pris naissance avec le brûlement des hérétiques en France, ne signifie pas tromper; cette expression, qui s'appliquait le plus souvent aux personnes, voulait dire être entaché d'hé

fin du xvir siècle, on ajouta un supplément de traitement résie, et, par conséquent, mériter le supplice du feu

pour payer les bougies que les premiers sujets avaient eu tant de peine à obtenir à la place des chandelles qui éclairaient leurs loges. Dès lors, la somme allouée pour le pain, le vin, la viande et les bougies prit le nom de feux, qui est encore en usage.

(Bulletin de la Société acad. de Poitiers, 1871.)

La première explication porte que « Molière trouva la demande juste, et leur accorda (à ses acteurs) 2 fr. par soirée pour acheter du bois », et que « de là vient le nom de feux. » Avec cette explication, on ne voit pas la nécessité de mettre feu au pluriel, chaque acteur ayant dû dire je touche tant pour mon feu; aussi lui préféré-je celle qu'on vient de lire, qui justifie beaucoup mieux l'x il y avait une somme allouée pour des bougies, chaque acteur dut dire mes feux. Mes sincères remerciements à M. Loubens.

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Première Question.

Comment expliquez-vous que CONTER DES FAGOTS ait pu prendre le sens de conter des fadaises, des bourdes, des choses de peu d'importance?

A ma connaissance, on a expliqué cette expression de trois manières différentes :

4° C'est la Gazette de Renaudot (le premier journal qui ait paru en France) qui a donné lieu à cette expression. On criait et on vendait cette feuille dans les rues. Il arriva un jour qu'un marchand de fagots criait sa marchandise en même temps que le vendeur de gazette

(allumé à des fagots). C'est faire fausse route que de chercher à expliquer conter des fagots par cela sent le fagot.

3o D'après Quitard, cette locution est venue tout simplement d'une allusion à la mauvaise foi des marchands de bois, qui comptent les fagots qu'ils vendent de manière à tromper sur la quantité ou sur la qualité. Une phrase de la vieille farce intitulée: La querelle de Gaultier Garguille et de Périne, sa femme ne laisse aucun doute sur ce sujet. Tu me renvoies de Caïphe à Pilate; tu me contes des fagots pour des cotterets. » Conter est mis ici pour compter; la différence que l'œil remarque entre ces deux homonymes ne fait rien à la chose; dérivés l'un et l'autre, suivant Nicot, du verbe latin computare, ils étaient autrefois confondus sous le rapport de l'orthographe.

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-Si cette expression est venue « simplement » de la mauvaise foi de ceux qui vendent des fagots, mauvaise foi probablement aussi ancienne que leur profession elle-même, pourquoi M. Littré n'a-t-il donc trouvé le premier exemple de conter des fagots que dans la phrase suivante d'une lettre de Mme de Sévigné, écrite en 1684?

Je n'écrirai point aujourd'hui à mon ami, je ne l'en aime pas moins il me conte toujours des fagots fort jolis.

Puis encore, si l'explication précédente, qui donne à conter des fagots le sens de tromper, user d'artifice pour tromper, est la vraie, comment a-t-il pu se faire

que fagot en soit venu à signifier rien, fadaise, sornette, employer ordinairement; d'où, pour l'expression comme on le voit dans l'Académie? abrégée, la construction du verbe conter, au sens de

J'ai cherché, et peut-être non en vain, une autre dire, avec le substantif fagots figurant là, en dépit de origine à ce proverbe. la raison, comme régime de ce verbe.

L'expression conter des fagots ne remonte pas si haut que le prétend Quitard; elle vient, à mon avis, de la farce invoquée à l'appui de l'origine qu'il indique, la Querelle de Gaultier Garguille et de Perrine sa femme, où se trouve la phrase suivante prononcée par Perrine :

Le premier jour de nos nopces, quand je te demanday conseil comment je devois me gouverner, tu me dis à ma volonté; et maintenant tu me renvoye de Cayphe à Pilate, tu me conte des fagots pour des cotrets. Va, va, de par le diable! va-t'en au vin, tandis que je mangeray mon potage: tout ce que tu me contes, vois-tu, passe par une oreille et sort par l'autre.

Voici, en effet, sinon la démonstration rigoureuse de cette thèse, du moins une suite de remarques militant assez fortement en sa faveur pour lui faire accorder un certain degré de vraisemblance.

L'origine que je propose peut étre celle de l'expression.— Non-seulement la Querelle de Gaultier Garguille contient l'expression conter des fagots, comme le montre la citation que je viens de faire, mais encore elle la contient allongée de quelques mots, ce qui permet de croire qu'elle est la source d'où ladite expression a été

tirée.

Cette origine peut expliquer l'usage qui a été fait de l'expression. Le célèbre bouffon Gaultier Garguille mourut à la fin de 1623. Une expression créée par lui n'avalt guère chance d'étre adoptée tout de suite par les bien parlants; aussi, celle dont il s'agit n'est-elle pas dans Cotgrave (1660). Mais grâce au temps, on se familiarisa avec elle; Mme de Sévigné employait fagot pour niaiserie, bourde, en 1684, et dix ans plus tard, conter des fagots prenait place dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie, accompagné de cette note: «proverbial et bas » laquelle est comme une allusion au style du lieu où je le fais naître.

Cette origine peut expliquer le sens de l'expression. Dans la citation que j'ai faite, Perrine dit à son mari Gaultier Garguille que tout ce qu'il lui conte << passe par une oreille et sort par l'autre », et ce qu'il lui conte, elle l'a nommé deux lignes plus haut; ce sont des fagots et des cotrets. » Mais des choses auxquelles une femme accorde si peu 'd'attention ne peuvent être que des niaiseries, des riens, des fadaises, ce qui est justement le sens que l'Académie donne à fagots quand il se dit au figuré.

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Cette origine peut expliquer l'emploi des termes composant l'expression. Dans le style bouffon, les licences grammaticales sont sans bornes; on forge des mots à volonté, on les construit de même, et il s'en fait des associations plus ou moins singulières. Or, le fagot étant plus long que le cotret (il avait 3 pieds et celui-ci 2 seulement), il n'y a rien d'impossible à ce que conter des fagots pour des cotrets, ait eu, dans le langage de Gaultier Garguille, la signification de conter plus longuement, en plus de mots qu'il ne faut en

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Seconde Question.

Votre journal, qui paraît deux fois par mois, se dit SEMI-MENSUEL; la CHRONIQUE MUSICALE, qui se publie dans les mêmes conditions de périodicité, se dit, elle, BIMENSUELLE. Je voudrais bien savoir si SEMI-MENSUEL et BI-MENSUEL sont également français, et, dans la négative, pourquoi je suppose la raison de votre côté) vous préférez SEMI-MENSUEL à BI-MENSUEL. J'ose espérer, dans un de vos plus prochains numéros, une réponse à cette question qui n'est pas pour moi sans importance.

Comme cette question a déjà été résolue (2o année, numéro 2, page 4), je pourrais, restant fidèle à une règle que je me suis faite relativement aux questions qui peuvent se reproduire dans le cours de cette publication, vous donner simplement un résumé de mon article; mais un heureux hasard m'ayant mis entre les mains une appréciation de semi-mensuel et de bi-mensuel par quelqu'un qui conclut absolument comme moi, je vais vous la transcrire tout entière pour donner plus de poids à la mienne.

Voici comment s'exprime M. E. Mouillard, auteur de ladite appréciation, datée du 29 avril 1875:

La solution de cette difficulté est toute dans l'étude comparative des mots Bi ou Bis et Semi, que les grammairiens appellent des préfixes, et de la modification qu'ils font subir à la partie des mots au-devant desquels ils sont placés avec ou sans trait d'union.

Bi ou Bis (suivant que le mot auquel on joint le préfixe commence par une consonne ou une voyelle) ajoute à l'idée exprimée par le mot principal la pensée de la répétition du fait ou de l'extension de la situation exprimée dans la limite qui semble en doubler l'importance.

Ainsi Bi-mestre, d'après Littré, est un adjectif indiquant une durée de deux mois, comme trimestre et semestre indiquent trois ou six mois, et non pas le tiers ou le sixième d'un mois ou la moitié d'un mois.

Bis-annuel exprime une idée de deux ans, et non une demi-année; une plante his-annuelle est celle qui parcourt en deux années les phases et le terme assigné à son existence.

Biscuit signifie un pain qui a subi deux cuissons nécessaires à sa longue conservation.

Enfin Bisareul s'applique au vieillard père de l'aïeul et considéré à ce titre comme deux fois aïeul.

Ainsi, sans multiplier les exemples dans le sens qui vient d'être spécifié, reconnaissons que si la locution bi-mensuel est parfaitement admissible dans la langue française, c'est à la condition que cet adjectif voudra dire qui dure deux mois, et que dans le sens restreint à un demi-mois, que lui attribue la Chronique musicale, elle est évidemment

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sible dans la langue française, et qu'à cet égard, leur position est exactement la même.

Au fond, Semi signifie bien demi, et répond uniquement à la division en deux parties égales, ou indiquées arbitrairement comme telles.

C'est ainsi qu'on qualifie de Semi-annuel ce qui se reproduit tous les six mois;

Semi-diurne, ce qui dure la moitié du jour; Semi-nocturne, la portion de cercle astronomique qui forme la 2 moitié parcourue pendant la nuit;

Semi-périodique, la publication dont la périodicité n'est pas complète, mais, au contraire, sujette à des intermittences.

Tous ces exemples nous permettent de déclarer, d'accord avec le sens propre des termes, que Semi-mensuel indique bien une périodicité basée sur la division du mois en deux parties, et répond parfaitement aux intentions du journaliste qui a inscrit cette locution dans le titre même de sa feuille.

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Troisième Question.

Dans votre numéro du 15 février, à la partie BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS, Vous écrivez au pluriel : ARC-EN-CIELS. Je vous serais bien reconnaissant si vous vouliez donner la raison qui vous fait mettre le contraire de ce qu'enseignent toutes les grammaires que j'ai vues.

La partie de mon journal dont vous parlez est une espèce de revue rétrospective de la langue, où les faits et les doctrines ne peuvent être imputés qu'aux auteurs eux-mêmes dont j'analyse les ouvrages.

Je ne puis donc avoir à m'expliquer sur le pluriel du nom composé arc-en-ciels, donné par moi, non comme une orthographe que j'approuve, mais comme une curiosité recueillie dans Vaugelas.

ÉTRANGER

Première Question.

Dans un feuilleton de M. Louis Ulbach sur le nouvel Opéra, je lis cette phrase: « Déjà j'AVAIS JETÉ MON ANNEAU DANS LA PETITE RIVIÈRE que j'ai étanchée pour être sûr de jouir de ma gloire. » Ce sont des paroles prétées à

ressent un mélange de biens et de maux, car une divinité -jalouse ne souffre pas qu'un mortel jouisse d'une félicité inaltérable. Ménagez-vous des peines et des revers pour les opposer aux faveurs constantes de la fortune. >>

Mettant à profit ce conseil, le tyran voulut aller audevant de la fortune adverse; il jeta dans la mer un anneau d'un très-grand prix. Mais le destin n'accepta pas le sacrifice il lui renvoya son anneau, quelques jours après, par un officier qui l'avait retrouvé dans le gosier d'un poisson.

Or, les paroles que M. Louis Ulbach prête à M. Garnier sont une allusion au sacrifice de Polycrate.

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Avec le mot coup, dans le sens de fois, où il s'emploie encore, la langue française a formé l'expression à un coup, au coup, à coup signifiant à la fois, expression qui s'est employée depuis le xv siècle au moins jusqu'au xvine, comme ces exemples en sont la preuve : Le bateau n'estoit pas trop grand où nous passasmes, car il n'y pouvoit entrer que deux chevaux au coup. (Froissart, II, III, 7.) Disant que on faisoit ces dissimulations pour n'avoir point la guerre aux deux royaumes à ung coup.

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Or, en préposant à cette expression le modificatif tout, qui a commencé à s'employer de cette manière dès les premiers temps de notre langue (la Chanson de Roland présente une foule de cas de cet emploi), on a formé tout à coup pour signifier soudainement, instantanément.

C'est une expression composée d'une manière anaM. Garnier, l'architecte de l'édifice. Comment un archi-logue à tout à fait, dont j'ai parlé dans la 3o année, tecte peut-il tenir un tel langage?

L'île de Samos, jadis la plus puissante des îles Ionniennes, fut gouvernée, dans le sixième siècle avant J.-C., par un roi absolu qui s'était emparé du pouvoir après avoir fait mourir ses deux frères, et qui a pris place dans l'histoire sous le nom de Polycrate.

Tout ce qu'il avait tenté pour soumettre et asservir son peuple lui avait réussi. Non moins heureux dans ses conquêtes, il s'était rendu maître de plusieurs îles de la mer Egée et même des villes de la côte d'Asie. Enfin, il était parvenu à faire fleurir le commerce, les arts et les sciences, et jamais prospérité ne fut plus grande que celle des onze années de sa domination.

Le roi d'Egypte Amasys, son ami et son allié, effrayé d'un pareil bonheur, lui écrivit ces mots : « Vos prospérités m'épouvantent; je souhaite à ceux qui m'inté

page 173.

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D'où il suit que, si ancien que puisse être le proverbe en question, il est tout à fait impossible qu'avant y figure, et que, par conséquent, ce proverbe doit être énoncé comme il suit :

Mettre la charrue devant les bœufs.

Du reste, au raisonnement qui précède, je puis ajouter cet exemple du xme siècle, qui montre le complet accord qui règne ici entre le fait et la théorie:

Ce seroit certes grans eschars [faute];

Devant li buef iroit li chars.

disants libéraux de Belgique et de France nous contestent par des guet-apens en plein jour, la liberté consolante de croire en Dieu.

11. Nous avons eu occasion de signaler le mauvais effet qu'a produit la nomination à l'un des postes les plus élevés ressortissant du ministère de la justice d'un tout jeune magistrat du parquet de la Seine, M. Ribot. (Les corrections à quinzaine.)

FEUILLETON.

(Proverbe, dans Leroux de Lincy.)

PASSE-TEMPS GRAMMATICAL

Corrections du numéro précédent..

1o... à gorge déployée (on ne dit pas rire à gorges chaudes); 2o Etant données des lois; 3°... et malgré qu'il en eût (Voir Courrier de Vaugelas, 2 année, p. 43); -4°... dont les termes ne laissent pas de (sans que); 5o... que n'a jamais contrariée le génie; 6o... dit avec une voix de tonnerre le tuteur; -7°... et c'était à qui en penserait (c'est pour à celui qui avec celui sous-entendu); 8°... au lieu et place (comme dans au fur et à mesure); 90... qu'on ne le retire; toujours censé (ce qui signifie regardé comme); corps avant que les coupables (devant que ne se dit plus);" 12... perdaient leur latin à le vouloir guérir (ici latin veut dire science, et français ne s'emploie jamais dans cette signification); 13°... afin de créer (Voir Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 139).

Phrases à corriger

10°... étant 11°... le

trouvées dans la presse périodique et autres publications contemporaines.

1 Il était difficile de résister au plaisir d'initier ses contemporains aux mystères de ce monde étrange, mibohême, mi-artiste.

2o Quand il lui suffirait d'un trait de plume pour délivrer la langue d'une sottise que rien ne recommande et que tout condamne, elle la laisse se perpétuer avec la plus grande indifférence. Elle fait pire, elle l'explique.

3° De son côté, la comtesse n'a pas compris qu'en pareil cas, l'épouse négligée, blessée au cœur, atteinte cruellement dans son orgueil, n'avait rien de mieux à faire qu'à se renfermer dans la dignité du silence et de la résignation.

4° Un jour, à Saint-Germain, pendant la fête de la SaintLouis, nous étions entré dans la loge du Jeune Indien, capturé à la Nouvelle-Zélande.

5. Quoi de plus palpitant que l'esclave lâché dans une arène où y bondissent quelques sauvages panthères et où deux lions rugissent.

6. Dans certaines casernes, les soldats croiraient manquer à leurs devoirs en achetant le tripoli nécessaire à la propreté de leurs boutons à d'autres qu'à lui.

7. Seulement je crois bien que la mèche de la fusée est toujours humide, car jamais, jamais je ne l'ai vu s'enflam.

mer.

8 D'après la Gazette de Pékin, il serait faux que la veuve du dernier empereur se serait suicidée, après la mort de son époux.

9. Depuis hier matin, une quête est organisée au salon de l'exposition, dans la grande nef du Palais de l'Industrie, au profit de l'œuvre des petites-sœurs, gardes-malades des pauvres à domicile.

10° C'est en vertu du raisonnement que voici que les soi

BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS

SECONDE MOITIÉ DU XVII SIÈCLE.

Laurent CHIFFLET.

(Suite.)

L'auteur des Remarques (Vaugelas) trouve qui du bas style dans cette phrase: ils s'enfuyrent qui cà, qui là; qui d'un côté, qui d'un autre; mais l'un de ses censeurs le trouve bon et élégant.

Il a esprit et cœur pour dire de l'esprit et du cœur est un mauvais « langage. »

Cela fait est bien dit; cela dit n'est pas si bon, il vaut mieux employer ayant dit.

Que devant un verbe pour rien à est élégant, comme dans vous n'avez que faire icy, vous n'avez que repartir à ce juste reproche.

Quand le pronom « va devant » le verbe dont il est régi, il n'est pas nécessaire de le mettre toujours immédiatement avant; on peut dire à volonté il veut se justifier ou il se veut justifier.

DES VERBES ET DE LEUR CONJUGAISON.

Chifflet réduit à l'optatif, mode qui exprime l'action du verbe en manière de désir, le mode que les Latins appellent le conjonctif ou le subjonctif « parce qu'il a coustume d'estre mis apres certaines conjonctions »; mais il ne les distingue pas parce qu'ils n'ont point de différence dans leur conjugaison, et que la « multiplication » des modes ne servirait qu'à surcharger la mémoire.

?

La première conjugaison a l'infinitif en er, la seconde en ir, la troisième en oir, la quatrième en re (1659). Pour ce grammairien, le participe forme à lui seul un mode, qui est le cinquième.

Du temps de Chifflet, il y avait encore des provinces qui disaient je m'ay trompé, tu t'as trompé, il s'a trompé, etc., mais c'était fort mal parler.

CONJUGAISON DU VERBE AUXILIAIRE.

On prononce j'ay comme je ; il a comme il at, toutefois sans jamais faire entendre le t. Ils ont se prononce iz ont. Ils avoient sonne iz avet, car au pluriel de l'imparfait, l'n ne se prononce pas.

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Le verbe puyr (puer) n'est plus usité à l'infinitif; on dit sentir mauvais.

Querir n'a que le présent de l'infinitif.

Saillir n'est pas en usage, il faut se servir de sauller. On ne se sert plus de je vests ni de je me revests (4659).

Le verbe choir n'a plus que deux temps, je cheu et je suis cheu; aux autres temps, il faut employer tomber à sa place.

cinquiesme estoit un grand zelateur pour le bien de l'Eglise.

Les Espagnols qui apprennent notre langue abusent facilement du prétérit défini parce que, dans la leur, on peut fort bien l'employer, en parlant du même jour auquel a été fait ce qu'on raconte, car ils disent : Io comiesta manána en casa de mi amigo, je disnay ce matin chez un de mes amis.

Quant à l'optatif (subjonctif), les Allemands et les

Ravoir n'a que l'infinitif; dans le reste de la conju- Flamands ont bien de la peine à prendre l'habitude gaison, on fail usage de recouvrer.

Seoir ne s'emploie plus guère; on peut dire cela vous sied bien, cela vous seyoit bien, cela vous seyera bien. Souloir, avoir coutume, est tombé en désuétude. Bruire n'a que l'infinitif et le participe présent, bruyant.

Frire n'a non plus que l'infinitif; on supplée aux autres temps en employant fricasser.

Vaincre fait au futur je vainqueray.

Vivre fait au passé défini je vesquis ou je vescus, mais je vesquis est le meilleur.

CONJUGAISON DES VERBES NEUTRES, RÉCIPROQUES
ET IMPERSONNELS.

Il y a des verbes neutres qui se conjuguent avec étre dans leurs temps composés. Quand il s'agit d'une femme, on met le participe au féminin: je suis allée, je suis renue; mais il y a une exception si le participe est suivi immédiatement d'un infinitif; dans ce cas le participe est invariablé ma mere est allé voir son beau fils.

Le verbe pronominal s'enfuyr se conjugue comme il suit dans les temps composés : je m'en suis fuy, ils s'en estoient fuys.

Les verbes impersonnels sont divisés par Chifflet en actifs et en passifs, selon qu'ils correspondent à des formes actives ou passives en latin il pleut, il faut sont actifs comme correspondant à pluit, à oportet; et on dit, on chante sont passifs parce qu'ils correspondent à dicitur, cantatur.

On ne doit jamais dire faut faire cela, faut prendre garde, sans y joindre il, comme font les Provençaux (4639).

REMARQUES SUR L'USAGE DES MODES ET DES TEMPS. Le prétérit défini n'est jamais employé quand on parle du méme jour, du même mois, de la même année, ou « en fin » du méme temps qui est encore en <«<course »; ne pas dire, par conséquent, aujourd'huy matin je fus bien en peine. Un tel langage est inconnu. à toute la France; il faut dire aujourd'huy j'ay esté bien en peine.

Le prétérit indéfini se peut dire de toute espèce de temps qui n'est plus.

Le prétérit défini sert à la narration des choses passées.

Le prétérit imparfait sert à signifier une action comme durant encore pendant que j'estois aux champs, on a rolé ma maison.

On s'en sert aussi quand on parle des qualités et des actions d'une personne «< trespassée»: le Pape Pie

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de s'en servir, parce que leur langue n'a point d'optatif, excepté le second imparfait je dirois, je ferois (notre conditionnel actuel).

Voici des règles que Chifflet donne comme fort claires pour l'emploi de ces formes subjonctives:

4° Les conjonctions bien que, quoique « tirent » après elles le subjonctif.

2o Les verbes qui signifient volonté, désir, commandement, permission ou crainte ont après eux que avec I'« optatif» je veux que vous fassiez cela, je desire que tout aille bien.

Toutefois ces mêmes verbes sont mis à l'infinitif, quand ce mode « porte » l'action de la même personne que celle qui désire ou qui craint : je veux sçavoir cela, je desire de vous satisfaire, etc.

3o Quand les verbes qui demandent le subjonctif sont au temps présent ou au futur, ils veulent le présent ou le futur du subjonctif: je veux qu'il aille chez lui; quand je commanderay qu'on se tienne prest à partir.

4° Quand ces mêmes verbes sont au passé, ils veulent après eux l'imparfait du subjonctif : il falloit que cela se fit.

5° Après quelque verbe que ce soit, accompagné de la particule négative ne, si la conjonction que suit ce verbe, ce dernier doit étre mis au subjonctif : je ne croy pas qu'il me veüille tromper; je ne sçavois pas que vous fussiez si sçavant.

Et si après ce second verbe il en vient encore un autre avec la conjonction que, il faut aussi le mettre au subjonctif : je ne croy pas que vous pensiez que je sois

si temeraire.

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