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première instruction. Mais la nature plutôt que
l'étude fut son principal maître. Les beaux-arts,
la poésie l'attirèrent tout d'abord. Ses paysages
respirent le sentiment de la nature vraie; ses
gravures sur cuivre ne sont pas non plus dé-
pourvues de mérite: on y trouve un goût bien
senti de l'antiquité, uni à beaucoup de simpli-
cité. Quant à son talent poétique, c'est dans
Théocrite que Gesner trouva sa première source
d'inspiration. « C'était mon poëte favori, dit-il;
quand je sus assez de grec pour le lire dans le
texte, j'éprouvai le plaisir que procure une con-
naissance plus intime de l'homme dont on est bien
aise de faire un ami. Je ne pouvais plus me sé-
parer de Théocrite; quand j'écrivis Daphnis, c'est
le poëte grec que j'avais devant les yeux. » Son
père voulait faire de lui un libraire : le jeune homme
dut, pour obéir, se rendre à Berlin. Il eut bien
voulu s'en tenir aux lettres, et pendant quelque
temps, voyant la volonté paternelle opposée à sa
vocation, il chercha des moyens d'existence dans
son talent de peintre paysagiste. Il avait soumis
quelques essais poétiques à Ramler, en qui il avait
trouvé un juge si rigoureux qu'il n'osa plus écrire
en vers. Il résolut alors de ne traduire sa pensée
qu'en prose. De Berlin il se rendit à Hambourg, où
il se lia avec Hagedorn; enfin, il revint à Zurich,
et s'y livra avec ardeur à la composition de ses
(euvres poétiques. On a de lui: Lied eines
Schweizers an sein bewaffnetes Maedchen
(Le Chant d'un Suisse à sa bien-aimée armée);
1751;
Daphnis; 1754. Ce poëme, un de
ses titres les plus solides à la renommée, lui
fut inspiré par la lecture de la traduction de
Longus par Amyot; - Inkle und Parico; 1756.
C'est une continuation de l'œuvre de Bodmer;
Idyllen (Idylles); 1758 et 1762; · Tod Abels
(La Mort d'Abel); 1758 : une sorte d'épopée en
prose. Le succès de cette production fut consi-
dérable, supérieur même à l'attente de l'auteur,
qui la jugeait (à tort évidemment) la plus faible
de ses œuvres; Der erste Schiffer (Le pre-
mier Navigateur): Gesner aimait cette petite et
gracieuse composition, ainsi qu'il l'écrit lui-
même à l'abbé Bertola; - Gedichte (Poésies);
1762, 4 vol. C'est un recueil de ses œuvres di-
verses; - Briefe ueber die Landschaftmalerei
(Lettres sur la peinture de paysage); 1772. Coinme
peintre, Gesner s'est acquis une juste renommée;
seulement il ne sut pas donner à ses toiles une
forte durée, en y employant l'huile de lin au lieu de
l'huile d'olive. Quant à la gravure, on ne connut
d'abord de lui que des vignettes, des illustrations
d'ouvrages, parus en 1756, et celles qu'il exécuta
pour la collection de ses œuvres, 1770-1772;-des
Vues suisses, exécutées pour l'Almanach helvé-
tique, dont il était l'éditeur, 1780-1788. V. R.
Hirsching, Literar. Handb.-S. Hottinger, S. Gessner;
(Zurich, 1796, in-8°). L. Meister, Les Zurichois illustres
(en allemand), t. II, p. 130. — G. Bertola, Elogio do
S. Gessner; Padoue, 1789, in-8°. J. Mordani, Elogio
storico di Sal. Gessner (Bologne, 1840, in-8°).

chimiste et homme politique français, né à
Fougères, le 15 mai 1750, mort à Brest, le 24
février 1814. Il vint fort jeune à Paris, travailla
chez Cadet père et dans le laboratoire de La Ro-
chefoucauld-Liancourt. Il suivit surtout les tra-
vaux de Lavoisier, de Fourcroy, et plus tard ceux
de Vauquelin. L'appui du duc de Penthièvre,
dont son père régissait les domaines aux environs
de Fougères, le désigna à l'attention du gouverne-
ment qui le nomma apothicaire major à Brest,
le 1er mai 1777. En janvier 1793 il devint phar-
macien en chef. Après avoir été membre du con.
seil général de la commune de Brest (juillet
1789), il devint membre du conseil municipal.
Nommé au Conseil des Cinq Cents en germinal
an v (avril 1797), il concentra son activité dans
les travaux de commission qui avaient pour objet
l'organisation de la marine, et ne monta à la
tribune qu'une seule fois (18 avril 1799), lors de
la discussion du Code Pénal maritime. Il fut
compris dans les membres des anciens Conseils
désignés par le sénat, le 26 décembre 1799, pour
former le corps législatif. A l'expiration de son
mandat, il revint à Brest, et y reprit ses fonctions
de pharmacien en chef, qu'il remplit jusqu'à sa
mort. Comme chimiste, son nom est resté attaché
à une préparation pharmaceutique anti-véné-
rienne.
P. LEVOT.

Archives de la marine et de la mairie de Brest. -
Documents inedits.

*GESRIL DU PAPEU (Joseph - FrançoisAnne), marin français, né le 23 février 1767, à Saint-Malo, fusillé à Auray, en 1795. Il fut le compatriote et le compagnon d'études de Châteaubriand. Tous deux habitaient la même maison. Entré dans la marine comme garde, en 1781, Gesril du Papeu prit part à la guerre de l'indépendance américaine, et fut fait lieutenant de vaisseau en 1789. Ayant émigré, il fit la campagne des princes en 1792, et se rendit ensuite à Jersey. Entré dans le régiment du comte d'Hector, il fut nommé lieutenant de la compagnie noble des élèves de la marine, et prit part à l'expédition de Quiberon. Au combat de SainteBarbe, le 16 juillet 1795, cette compagnie fut presque entièrement détruite. Il n'en resta que dix-sept hommes non blessés. Gesril fut de ce nombre. Le 21, après s'être vaillamment montré à la défense du fort Penthièvre, quand le sort de la journée fut décidé, et que Sombreuil cut demandé un nageur intrépide qui se chargeat d'aller faire cesser le feu des Anglais, ce fut Gesril qui se présenta. Quoiqu'il fût depuis plusieurs jours malade de la fièvre, et que la mer, jonchée de cadavres, dût gêner ses mouvements, il ne prit que le temps de se déshabiller, se jeta à l'eau et atteignit heureusement l'une des corvettes anglaises dont le feu balayait la plage. Sa mission accomplie, il se disposa à regagner la terre. Le commandant et les officiers anglais firent tous leurs efforts pour le retenir : « Je

* GESNOUIN ( François-Jean-Baptiste ), | suis prisonnier de guerre, leur répondit-il; ma

parole est engagée, je ne puis y manquer. » Le commandant insiste, et lui refuse formellement un canot : Gesril, inébranlable, s'élance de nouveau à la nage. Dans la traversée, il rencontre son ami M. de Vossey, qui avait obtenu du commodore Warren une chaloupe dans laquelle il recueillit vingt royalistes. Vainement, à son tour, il conjura Gesril d'y entrer toutes ses instances ne purent le déterminer. Le généreux émissaire continua de lutter contre tous les obstacles. Le feu des Anglais ayant cessé, les soldats républicains se répandirent sur la côte. Quelques-uns visaient les malheureux qu'ils voyaient se débattre dans les flots. Vingt fusils se dirigèrent sur Gesril. Le capitaine Rottier, de la légion nantaise, défendit, mais trop tard, de tirer. Une balle atteignit Gesril à l'avant-bras gauche; il n'aborda qu'avec beaucoup de peine. Ses habits déposés sur le sable avaient été enlevés. Le capitaine Rottier fit donner à l'émigré, par quelques-uns de ses soldats, de quoi se couvrir, Sa blessure fut pansée. Gesril, satisfait d'avoir rejoint ses camarades, attendit le sort qu'il était venu chercher : il eût pu facilement se sauver dans le trajet du fort Penthièvre à Auray. Rottier lui pro. posa de l'y aider; mais Gesril avait prononcé au fort Penthièvre le serment de ne point se séparer de M. de Sombreuil, et quoi que pût lui dire Rottier, il resta fidèle à son serment. Cette fidélité causa sa perte; car, pen de jours après, il fut fusillé à Auray. Son dévouement, qui lui a fait donner le nom de Régulus vendéen, est retracé sur une des faces du monument de Quiberon, où on le voit s'élancer, pour regagner la terre, de la corvette où il avait porté son message.

M. Crétineau-Joly a jeté des doutes sur les titres de Gesril du Papeu à l'honneur de ce beau trait, en mettant en avant le nom de M. Guerry de Beauregard. Mais M. Théod. Muret a prouvé, par des documents irrécusables, que le héros malouin accomplit seul cet acte d'admirable dévouement. P. LEVOT.

Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire, III, chap. VII. - Theod. Muret, Histoire des Guerres de l'Ouest, par Théod. Muret, IV, p. 169, 466-468.

GESSI (Giovanni-Francesco), peintre de l'école bolonaise, né en 1588, mort en 1625 ou 1649. Il apprit d'abord le dessin sous Denis Calvart, puis sous le Cremonici; mais ni l'un ni l'autre de ces maîtres ne parvint à le fixer. Il quitta leurs ateliers pour celui du Guide, et fit de tels progrès sous cet illustre maître, que bientôt il fut en état de l'aider dans ses travaux, ayant plus qu'aucun autre de ses élèves saisi sa manière, au point d'être surnommé le second Guide. Il ne put cependant jamais l'égaler pour la pureté du dessin, l'expression et le choix des figures; mais il rivalisa avec lui pour la franchise et la fermeté du pinceau et le moelleux du coloris, et l'emporta pour la facilité de l'exécution. Malheureusement, il voulut suivre son maître dans les transformations de son talent, et ayant

essayé d'imiter sa seconde manière, il ne réussit qu'à devenir faible et languissant. Dans les dernières années de sa vie, son talent baissa encore. Ruiné par des procès, livré à l'intempérance, Gessi ne produisit plus que des œuvres froides, à peine coloriées et manquant de noblesse et de correction.

Pendant qu'il était encore dans la vigueur de l'âge, Gessi avait osé accepter la périlleuse mission de peindre la chapelle de Saint-Janvier à Naples, à la place du Guide, qui, à peine arrivé dans cette ville, avait vu son domestique bâtonné par des gens masqués et avait dû s'enfuir pour sauver sa vie. Gessi ne fut pas plus heureux : il avait amené avec lui pour l'aider deux de ses élèves, G.-B. Ruggieri et Lorenzo Menini: on les attira à bord d'une galère, qui fit voile à l'instant et les entraîna loin de Naples. Aban donné ainsi, Gessi dut à son tour renoncer à l'entreprise, et quitta Naples avant d'avoir mis la main à l'œuvre. On sait que toutes ces tracasseries étaient l'œuvre de l'Espagnolet et de Belisario Lorenzio, dont la basse jalousie fit tant souffrir aussi l'immortel Dominiquin. Gessi a laissé d'innombrables tableaux, dont les principaux sont à Bologne, à la Nunziata : Saint François recevant les stigmates; à San-Giovanni-in-Monte, La Vocation de saint Jacques et saint Jean; à Saint-Philippe et Saint-Jac ques, La Descente du Saint-Esprit; à SainteCatherine, Le Martyre de cette sainte ; à SanMichele-de'-Leprosetti, Le Couronnement de la Vierge; à San-Salvator, Le Christ portant la croix, figure dessinée et retouchée par le Guide; au musée, un Miracle de saint Bonaventure; Saint François et deux anges ; une Sainte Famille; Le Christ au Jardin des Olives; La Vierge et deux saints; — A Naples, à SaintPhilippe-Neri, Saint Jérôme effrayé par la trompette du jugement dernier; A Lucques, à Saint-Augustin, L'Adoration des Mages; - à Pérouse, à San-Pietro, Le Christ succom bant sous la croix ; — A Modène, à la Madonnadelle-Grazie, Un Repos en Egypte; à la galerie ducale, Saint François ; — à Carpi, à SaintNicolas, la Conception de la Vierge; Dresde, Sainte Madeleine; au musée de Vienne, Morphée apparaissant à Alcyone sous les traits de Ceyx, Le Gessi a laissé peu de fresques; on voit cependant de lui quelques traits de la vie de saint Antoine de Padoue sous le portique de Saint-François. Il tint à Bologne une école très-fréquentée, d'où sortirent plusieurs élèves distingués, tels que Ercolino et Battista Ruggieri, Giacomo Cassettini, Francesco Coreggio et Giulio Trogli. E. B-N.

A

Oretti, Memorie. Orlandi, Abbecedario. Lanzi, Storia della Pittura. - Ticozzi, Dizionario. - Winckelmann, Neues Mahlerlerikon.- Campori, Gli Artisti negli Stati Estensi. — Gualandi. Memorie originali di Belle Arti. Gambini, Guida di Perugia. – Mazzarosa, Guida di Lucca. - Gualandi, Tre Giorni in Bologna. Catalogues des musées de Bologne et de Dresde,

GESSIUS, médecin byzantin, né à Géa, près de Pétra (ArabieŊ), vivait sous le règne de l'empereur Zénon ('474-491 de l'ère chrétienne). Élève de Domnus, il éclipsa son maître, obtint les honneurs et les richesses. Il chercha aussi à acquérir la réputation d'un philosophe, mais il n'y parvint pas. On Ini a quelquefois attribué, mais sans motif suffisant, le petit traité médical qui porte le nom de Cassius Iatrosophista.

Étienne de Byzance, au mot Téa. - Suidas, au mot Téotos. Fabricius, Bibl. Græca, vol. XIII, p. 170, ed. vet.

GESSNER. Voy. GESNER.

sants motifs de se défaire d'un collègue dangereux. La rivalité des deux princes, qui remontait à leur première enfance, et que leurs familiers avaient soigneusement entretenue et envenimée, devait aboutir au fratricide. La pensée de ce crime régla tous leurs actes. Dans leur ras pide voyage à travers la Gaule et l'Italie, ils se tinrent mutuellement sur leurs gardes, ne mangeant jamais à la même table, ne couchant jamais dans la même maison. A leur arrivée à Rome ils se partagèrent aussitôt le palais impérial; et chacun d'eux se fortifia dans la partie

GESTEL (Corneille VAN), historien belge, qui lui était assignée comme dans une place de

né à Malines, le 8 décembre 1658, mort dans la même ville, le 19 janvier 1748. Après avoir fait ses études à Louvain et au séminaire de Malines, il entra dans les ordres, et obtint en 1685 la cure de Munte. Il fut pourvu en 1726 d'un canonicat à Malines, qu'il garda jusqu'à sa mort. On a de lui: Historia sacra et profana Archiepiscopatus Mechliniensis, sive descriptio archidiœcesis illius, item urbium, oppidorum, pagorum, dominiorum, monasteriorum, castellorumque sub ea, in XI decanatus divisa; La Haye, 1725, 2 vol. in-fol. D'après Paquot, cet ouvrage contient un grand nombre de faits intéressants; mais le style en est plat, et les erreurs de chronologie y sont très-fréquentes.

Paquot, Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des Pays-Bas.

GESVRES. Voy. POTIER (Louis).

GETA (L. ou P. Septimius), empereur romain, second fils de Septime Sévère et de Julia Domna, né à Milan, le 27 mai 189 de l'ère chrétienne, assassiné à Rome, vers la fin de février 212. Tout enfant, il accompagna son père dans la guerre contre les Parthes. Lorsque Caracalla fut proclamé auguste, en 198, Géta reçut des soldats le titre de césar, qui lui fut confirmé par l'empereur et le sénat. Les médailles lui donnent les titres de cæsar, pontifex, princeps juventutis, avant 205, époque de son premier consulat. Il fut consul pour la seconde fois en 208, lorsqu'il partit pour l'expédition de Bretagne. L'année suivante, il reçut la puissance tribunitienne avec le titre d'auguste; dignités qui le désignaient comme co-héritier du trône impérial. Après la mort de Septime Sévère, à York, en 212, lui et son frère Caracalla se hàtèrent de retourner à Rome. Tous deux étaient d'un caractère violent; mais, sans être meilleur au fond que son frère, Géta possédait certaines qualités aimables qui lui avaient gagné le cœur des soldats et du peuple. Il avait le goût des lettres, qui adoucit les mœurs. Enfin, tous ceux que révoltait la cruauté bien connue de Caracalla fondaient leurs espérances sur le plus jeune fils de Septime Sévère, et le désiraient pour maître. Sa mère avait pour lui une préférence marquée. Ces sympathies étaient pour Caracalla autant de sujets, de haine et de pres

guerre. Quand ils se rencontraient dans quelque cérémonie publique, c'était toujours avec un nombreux entourage de soldats. La guerre ci vile était imminente. Pour conjurer ce danger, des ministres de Septime Sévère songèrent à un partage de l'empire. Caracalla aurait gardé l'Europe et l'Afrique occidentale, avec Rome pour capitale. Géta, souverain de l'Asie et de l'Égypte, aurait eu pour résidence Antioche ou Alexandrie. Les deux frères agréèrent cet arrangement; mais le sénat et le peuple le virent avec une profonde répugnance, et Julia Domna s'y opposa. Elle nourrissait l'espoir de rétablir la concorde entre ses deux fils. Caracalla se montra

disposé à une réconciliation, et en pressa le moment il fut convenu que les deux frères auraient une entrevue dans l'appartement de leur mère. Ils s'y rendirent sans suite; mais au milieu de l'entretien, des centurions, que Caracalla y avait introduits secrètement, se précipitèrent sur Géta, et l'égorgèrent dans les bras de sa mère, où il avait vainement cherché un refuge. Caracalla se fit pardonner son crime par les soldats en leur prodiguant les trésors de Septime Sévère. Il accorda à sa victime les honneurs d'une sépulture pompeuse et même d'une apothéose. Mais, en le plaçant au rang des dieux, il s'efforça de détruire tout ce qui rappelait son pouvoir sur la terre. Non content de faire périr ses amis, il ordonna de briser toutes ses statues, d'effacer toutes les inscriptions en son honneur, de fondre toutes les médailles qui portaient son effigie ou son nom. Ces rigueurs furent inutiles. Beaucoup de médailles de Géta sont venues jusqu'à nous (1), et l'effacement même d'une partie de la légende sur quelques grands monuments de cette époque, tels que l'arc de Septime Sévère, en attirant l'attention et les recherches des antiquaires, a contribué à maintenir vivant le souvenir de Géta. Un touchant intérêt s'attache à la mémoire de ce prince, assassiné dans sa vingt- troisième année. La

(1) Ces médailles, comme celles de Comwode, offrent une variation dans le prénom. Les médailles de sa jeunesse donnent indifféremment Lucius et Publius; mais le premier de ces surnoms disparaît de toutes les monnaies frappées à Rome après son premier consula, tandis que tous deux se trouvent sur quelques pièces frappées en Grèce et en Asie. On ignore tes causes de ces changements.

postérité, par pitié pour son infortune, a oublié
la corruption de ses mœurs et la violence de son
caractère.
Léo JOUBERT.

Dion Cassius, LXXVI, 2, 7, 11; LXXVII, 1, 3, 12.
Spartien, Severus, 8, 10, 14, 16, 21; Caracalla, Géta.
Hérodien, III, 33, 46; IV, 4-10. Aurelius Victor, Casa-
res, 20; Epit., 20, 21. Eutrope, VIII, 10. - Gibbon,
History of Decline and Fall of Roman Empire, 1. V.
C. VI. Tillemont, Histoire des Empereurs romains, t. II.
Eckhel, Doctrina Numorum.

* GETA HOSIDIUS, poëte latin, vivait vers la fin du deuxième siècle de l'ère chrétienne. On a de lui une tragédie, intitulée Medea, formant 462 vers. Le dialogue est en hexamètres dactyliques, les parties chorales sont en anapestiques, dimètres, catalectiques; le tout, du commencement à la fin, est un centon de Virgile. C'est dans la littérature latine le plus ancien exemple de ce ridicule et laborieux genre d'ouvrages. Geta ne nous est connu que par le passage suivant de Tertullien : : « Vides hodie ex Virgilio fabulam in totum aliam componi, materia secundum versus, versibus secundum materiam concinnatis. Denique Hosidius Geta Medeam tragoediam ex Virgilio plenissime exsuxit. » Ces mots, sans nous autoriser précisément à faire de Geta un contemporain de Tertullien, nous permettent du moins de repousser comme erronée l'opinion qui identifie ce poëte avec un Hosidius Geta, dont les exploits en Mauritanie et en Bretagne, sous le règne de Claude, sont rapportés par Dion Cassius, et qui, d'après les inscriptions, fut un des consuls suffecti en 49 de J.-C. Cette tragédie, telle que nous l'avons aujourd'hui, provient de deux manuscrits, dont l'un a appartenu à Saumaise, et dont l'autre, aujourd'hui conservé à Leyde, est une simple transcription du second. Les 134 premiers vers furent publiés par Scriverius, dans ses Collectanea veterum tragicorum ; Leyde, 1620, in-8°. Cette pièce se trouve complète dans l'Anthologia Latina de Burmann, I, 178, au n° 235, éd. Meyer, et dans l'édition des Poetx Latini minores de Wernsdorf, réimprimé avec additions; Paris, 1826, vol. VII, p. 441.

Tertullien, De Præscript. Hæret., c. XXXIX. - Saumaise, Notes sur Capitolin, Macrin., II, sur Trébellius Pollion, Gallian., 8.

GETHIN (Lady Grace), dame moraliste anglaise, née à Abbots-Leigh, dans le comté de Somerset, en 1678, morte le 11 octobre 1697. Fille de sir Georges Norton, elle épousa Richard Gethin, de Gethin-Grott, en Irlande. Elle était douée des plus rares dons de l'esprit, fortifiés par une éducation brillante; mais une mort prématurée ne lui permit pas de les déployer. Elle laissa un certain nombre d'essais sur la morale et la littérature. Ces courtes et spirituelles productions furent mises en ordre et publiées sous le titre de Reliquiæ Gethinianæ, or some Remains of the most ingenious and excellent lady Grace Gethin, lately deceased; being a collection of choice discourses, pleasant apophthegms, and witty sentences, written by her, for the most part, by way

of essay, and at spare hours; Londres, 1700, in-4°, avec son portrait. Parmi les poésies de Congrève, on trouve une pièce de vers consacrée à la mémoire de lady Grace Gethin, et inspirée par la lecture de son livre. Lady Gethin fut ensevelie à Hollingbourne, dans le comté de Kent. Un beau monument lui fut élevé dans l'abbaye de Westminster, où l'on prononce chaque année, le mercredi des Cendres, un discours religieux destiné à perpétuer sa mémoire.

Ballard, Memoirs. Noble, Continuation of Granger. Chalmers, General biographical Dictionary. GEULINCX (Arnold), philosophe belge, né à Anvers, en 1625, mort à Leyde, en 1669. Il étudia à Louvain, et acquit une grande connaissance de la philosophie et des lettres anciennes. Il enseigna la philosophie à Louvain, pendant douze ans. On ne sait par quel événement il perdit sa place et sa fortune, ce qui l'obligea à se rendre à Leyde, où il abjura le catholicisme et donna des leçons particulières de philosophie. Il avait beaucoup d'ennemis, qui ne cessèrent de lui susciter des embarras, et qui le réduisirent à passer plusieurs années dans la misère. Heidanus et quelques autres savants l'en tirèrent en lui procurant la chaire de philosophie à l'université de Louvain. Il y enseigna jusqu'à sa mort les doctrines de Descartes, dont il fut, avant Spinosa et Malebranche, le disciple le plus remarquable. Les malheurs de sa vie influèrent sur les préceptes de sa morale, qui tient à la fois de la tranquillité stoïcienne et de la résignation chrétienne. Quant à sa métaphysique, en voici un résumé: « Ce que Geulinex nous recommande d'abord, dit M. Damiron, c'est de nous purger l'esprit du préjugé de l'efficace, en ce qui regarde les créatures: parce qu'il n'y a véritablement d'efficace qu'en Dieu. C'est Dieu qui fait en nous la pensée, comme le mouvement dans les corps; c'est lui pareillement qui agit par le corps; il est la cause unique et la cause immanente de tout ce qui existe. » Par toutes ces propositions Geulincx se rapproche beaucoup de Spinosa; en voici d'autres où le spinosisme est plus manifeste encore: « Il faut distinguer les corps particuliers du corps en soi; ceux-là peuvent être divisés, mais non celui-ci, qui est universel, qui est un, et le même toujours et partout. » La même distinction s'applique à l'esprit. « Les esprits particuliers peuvent être malheureux, mais non l'esprit lui-même; ou plutôt, il n'y a pas d'esprits particuliers; nous ne sommes pas réellement des esprits, car alors nous serions Dieu, mais des modes de l'esprit : ôtez ces modes, que reste-t-il? Dieu. » Ces propositions auraient pu conduire Geulinex jusqu'aux plus téméraires conclusions de Spinosa, si une piété sincère ne l'eût retenu dans des limites que Malebranche lui-même ne dépassa pas. On a de Geulincx: Quæstiones quodlibeticæ, in utramque partem disputatæ,habitæ Lovanii in schola artium, diebus saturnalium anno 1652; An

vers, 1653, in-fol.; réimprimé sous le titre de Saturnalia, seu quæstiones quodlibeticæ; Leyde, 1665, in-12; Logica, fundamentis suis, a quibus hactenus collapsa fuerat, restituta; Leyde, 1662, in-12; - Γνῶθι σεαυτόν, sive Ethica; Leyde, 1675, in-12; Compendium Physicæ, illustratum a Gasparo Langenhert; Franeker, 1688, in-12; Annotata præcurrentia ad Renati Cartesii Principia; Dordrecht, 1690, in-4°; - Annotata majora in Principia Philosophia Renati Descartes; accedunt ejusdem (Geulincx) Opuscula phi- | losophica; Dordrecht, 1691, in-4°; - Metaphysica vera, et ad mentem peripateticam; Amsterdam, 1691, in-16; - Collegium Oratorium, id est nova methodus omnis generis orationes per chreias facile ac solide componendi; Amsterdam, 1696, in-12.

Moreri, Grand Dictionnaire historique. Paquot, Mémoires pour servir à l'histoire littéraire des PaysBas, t. VI. - Damiron, article Geuliner, dans le Dictionnaire des Sciences philosophiques.

GEUNS (Étienne-Jean VAN ), médecin et botaniste néerlandais, né à Groningue, en 1767, mort à Utrecht, le 16 mai 1795. Fils de Matthieu van Geuns, l'un des professeurs les plus distingués de l'université d'Harderwyk, il montra dès sa jeunesse un goût prononcé pour l'histoire naturelle. Après avoir achevé rapidement ses études littéraires, il fit son cours de médecine. A l'âge de vingt ans il remporta le prix proposé par l'Académie de Harlem sur la question de savoir quelle utilité la Hollande peut retirer des recherches sur l'histoire naturelle. Il fit ensuite un voyage en Hollande, revint dans sa patrie se faire recevoir docteur, et s'établit à Amsterdam. Il accepta peu après la place de suppléant du professeur Nahuys, dans la chaire de médecine à Groningue. Une mort prématurée l'enleva à la science. On a de lui: Plantarum Belgii confœderati indigenarum Spicilegium, quo Davidis Gorteri Flora Septem Provinciarum locupletatur; Harderwyk, 1788, in-8°; Oratio de humanitate, virtute medici præstantissima; Harderwyk, 1789, in-8°; instaurando inter Batavos studio botanico; Utrecht, 1791, in-8°; De Physiologiæ corporis humani cum Chemia Conjunctione utili ac pernecessaria; Utrecht, 1794, in-8°.

Biographie médicale.

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- De

GEVAERTS, en latin GEVARTIUS (Jean-Gaspard), littérateur et jurisconsulte belge, né à Anvers, le 6 août 1593, mort dans la même ville, le 23 mars 1666. Fils d'un professeur à l'université de Louvain, qui avait rempli les fonctions d'ambassadeur, il étudia le droit, d'abord à Louvain, où il obtint un grade scientifique honoris causa, puis à Douay. Il résida ensuite à Paris, où il se lia d'amitié avec Henri de Mesmes, qui fut plus tard conseiller d'État. Il se fixa enfin dans sa ville natale, dont il devint secrétaire. L'empereur Ferdinand III le nomma, ca 1611, conseiller d'État et historiographe. NOUV. BIOGK, GÉNÉR.

F. XX.

Les principaux ouvrages de Gevaerts ont pour titres : Papinianarum Lectionum Commentarius, imprimné à la suite de son édition des œuvres de Stace; Leyde, 1616, in-8° (dédié à Aubery du Maurier, alors ambassadeur en Hollande); Electorum Libri 111, in quibus plurima veterum scriptorum loca obscura et controversa explicantur, illustrantur et emendantur; Paris, 1619, in-4°; Pompa Introitus Ferdinandi Austriaci..., cum Inscriptionibus et Commentario; Anvers, 1642, in-fol., rare, même en Belgique : c'est un commentaire sur la loi fondamentale du Brabant, avec une description de la Joyeuse-Entrée de l'archiduc Ferdinand à Anvers, au mois de mai 1639. Gevaerts a publié comme éditeur: Icones Imperatorum Romanorum, e priscis numismatibus ad vivum delineatæ, et brevi narratione historica illustratæ, per Hubertum Goltzium; Anvers, 1645, in-fol. L'éditeur y a joint la suite des empereurs d'Autriche depuis Albert II jusqu'à Ferdinand III. Enfin, il a laissé des Mémoires manuscrits sur l'histoire des PaysBas. E. REGNARD. Foppens, Bibliotheca Belgica. - J. Britz, Code de l'ancien Droit belgique.

GÉVAUDAN. Voy. THÉVENIN.

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GEVRY DE LAUNAY (Jacques), littérateur français, né à Sainte-Gemme (Berry), en 1649, mort à Baunay, en 1709. Après avoir fait de bonnes études à Paris, il acheta la charge de trésorier de France, et succéda à son père dans celle de commissaire des guerres. Il épousa une demoiselle Cahouet de Senneville, d'Orléans, dont il eut beaucoup d'enfants. Il s'est occupé de littérature, et a publié quelques ouvrages, tant en prose qu'en vers, parmi lesquels il faut citer: Le Triomphe de l'Amour sur la Mort, ou la mort et passion de N.-S. Jésus-Christ, en vers français; Paris, 1667, in-8°. H. BOYER.

Documents inédits.

GEYER, ou plutôt, selon l'orthographe suédoise, GEIJER (Eric-Gustave), célèbre historien et poëte suédois, né à Ransaetter (Werme. land), le 12 janvier 1783, mort à Upsal, le 24 avril 1847. Fils d'un maître de forges, qui jouissait d'une assez grande aisance, Geyer n'annonça pas d'abord ce qu'il devait être un jour. Sa jeunesse fut assez dissipée; il devint bon danseur et habile musicien, mais il ne brilla pas à ses examens académiques. La réputation d'homme léger, qu'il s'était faite à l'université, lui nuisit lors de son entrée dans le monde, et il se vit éconduit par un grand seigneur dans la maison duquel il désirait entrer comme précepteur. Affligé de cet échec, il chercha à se réhabiliter dans l'opinion publique par quelque brillant succès. Il écrivit l'Éloge de l'administrateur Sten Sture l'ancien, Aereminne oefver Riksfocrestandaren Sten Sture den aeldre, que l'Académie avait mis au concours pour 1803. Ce travail, composé d'après de fort maigres documents, fut

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