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divisé les évêques de Montalto et les habitants de cette ville. En 1645, Innocent X le nomma à l'évêché de Nocera; l'année suivante il fut promu à la dignité de cardinal au titre de Saint-Onuphre. Le pape le choisit peu après pour son grand-pénitencier. Giustiniani redevint enfin premier bibliothécaire de la bibliothèque du Vatican. On a de lui une Histoire des Conciles de Flo rence; Rome, 1638, in-fol.: beaucoup de pièces inédites sont recueillies dans cet ouvrage. Il a encore écrit: Confessio fidei pro Orientalibus; De Sacramentis Græcorum. E. G. Ughelli, Italia sacra, t. I et II.

GIUSTINIANI (Michele), historien et bibliographe italien, né à Gênes, le 10 avril 1612, mort vers 1680. Destiné dès sa première jeunesse à l'état ecclésiastique, il étudia assidûment la théologie; ensuite il se rendit à Rome, pour suivre les cours de droit. Son cousin Decio Giustiniani, évêque d'Aleria (Corse), le nomma son grandvicaire. Après la mort de son cousin, Giustiniani n'accepta aucune des fonctions dont on voulut l'honorer. Il se rendit à Rome, où il consacra tous ses loisirs aux lettres. Ses principaux oùvrages sont Constitutioni Giustiniane ecclesiastiche, istruttive e precettive; Avellino, 1658, in-4°. Ce recueil contient les règlements publiés par les prélats de la famille Giustiniani; La Scio sacra del rito latino; ibid., 1658, in-4°; De' Vescovi e de' Governatori di Tivoli, imprimé à la suite de l'Histoire de cette ville par Fr. Marzi; Rome, 1665, in-4o; — Gli Scrittori Liguri, parte prima; Rome, 1667, in-4° la seconde partie n'a pas été publiée; Lettere memorabili; Rome, 1675, 3 vol. in-12. Giustiniani a laissé quarante-quatre ouvrages en manuscrit. Toppi en donne la liste dans la Bibliothèque napolitaine; la majeure partie de ces ouvrages a trait à l'histoire des familles nobles de la Ligurie. E. G.

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Oldoini, Athenæum Ligusticum. Liguri.

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Soprani, Scrittori

Litta, Familles nobles de l'Ital. GIUSTINIANI (Marcantonio), cent-huitième doge de Venise, mort le 24 mars 1688. Il fut élu le 25 janvier 1684, à la mort de Luigi Contareno. La même année, il se ligua avec l'empereur Léopold, le pape Innocent XI, la Pologne et plusieurs princes allemands contre le sultan Mahomet IV; Francesco Morosini fut chargé du commandement de l'armée vénitienne. On trouvera à ce nom les détails des opérations, qui donnèrent aux Vénitiens l'ile de Sainte-Maure, le Peloponnèse et une grande partie de la Dalmatie. Giustiniani mourut au milieu des triomphes de sa patrie; l'illustre Francesco Morosini lui succéda. A. DE L.

Vettor Sandi, Storia civile Veneziana, lib. XII. c. 1v. -Muratori, Storia d'Ital. -J. L., Histoire des Conquêtes des Vénitiens depuis 1684 jusqu'à présent (1688). Daru, Histoire de Venise, t. V, p. 106 à 112.

GIUSTINIANI (Bernardo) vivait en 1692. Il prit encore jeune l'habit monastique, devint abbé et grand-croix de l'ordre impérial de Saint

Georges. On a de lui: Historie cronologiche dell' Origine degl' Ordini Militari; Venise, 1692, 2 vol. in-fol. Cet ouvrage a été réimprimé à Amsterdam, 1721, 4 vol. in-8°. Il est surtout curieux par les costumes et le détail des cérémonies, qu'il reproduit très-fidèlement.

Istoria generale della Monarchia Spagnuola; 1847. in-4°. Biografia universale (édit. de Venise).

* GIUSTINIANI (Laurent), bibliographe italien, né en 1761, mort en 1824. La carrière des armes l'attira d'abord; il se distingua à l'école militaire de Naples. Mais, sur les instances de sa mère, il abandonna ses rêves de gloire, et se mit à étudier avec ardeur la jurisprudence. Pendant quelque temps il pratiqua comme avocat. Tout à coup il quitta le barreau, pour se consacrer exclusivement aux lettres. En 1803 il fut nommé bibliothécaire à la bibliothèque royale de Naples, pour compléter les catalogues de Baffi; ses travaux consciencieux furent récompensés en 1815, par sa nomination comme premier bibliothécaire. Bientôt après on le choisit pour professer la diplomatique à l'université de Naples. Les connaissances de Giustiniani étaient des plus étendues. Ses principaux ouvrages sont : Memorie istoriche degli Scrittori Legali del Regno di Napoli; Naples, 3 vol. in-4°, 1787 : selon Savigny, cet ouvrage est fait avec soin, mais il pèche par l'absence de critique.. - La Bibliotheca storica e topografica del Regno di Napoli; Naples, 1793, in-4°; - Saggio storico-critico sulla tipografia del Regno di Na poli; Naples, 1793, in-4°; édition augmentée en 1822; Le Memorie storico-critiche della real Bibliotheca Borbonica di Napoli ; Naples,

1818, in-8°; Dizionario geografico-ragio

nato del regno di Napoli; Naples, 1797-1816, 13 vol. in-8°. Enfin, il a publié beaucoup de mémoires concernant plusieurs points des antiquités de Naples. E. G. Biografa degli Uomini illustri del Regno di Napoli, t. XIII.

GIUSTINIANI ( Laurent). Voy. LAURENT-JUSTINIEN (Saint).

GIVRE. Voy. Le Givre.

GIVRI. Voy. AVAUX (Jean-Antoine DE MESMES).

* GIVRY (Anne D'ANGLURE DE), célèbre capitaine français, né vers 1560, de René d'Anglure, seigneur de Givry, et de Jeanne Chabot, mort au mois de juillet 1594. Henri IV le comptait au nombre de ses plus fidèles partisans, et lui dut, au dire de L'Estoile, ses premiers succès contre la Ligue. Par ordre de ce roi, Givry occupait, au printemps de 1590, quelques-unes des hauteurs environnant Paris, et de là surveillait les faubourgs. Cependant il laissait parvenir aux assiégés des rafraîchissements et des vivres, et invitait secrètement le chef des troupes royales à montrer la même facilité. L'ambition n'avait point part à cette inconséquence de conduite. C'était générosité naturelle ou politesse et galanterie «< à

l'intention des grandes dames qui se trouvaient dans la capitale ». Au mois de novembre, une nuit, il surprit Corbeil, « et en moins d'une heure enleva les trophées du duc de Parme et une bonne partie de la gloire de l'Hespagnol ». C'était Henri IV qui lui avait fait tenter l'entreprise en lui écrivant que « Castillon fut repris avec quatre échelles ». Givry se porta ensuite sur Lagny, et s'en rendit maître. Les ligueurs désiraient fort le gagner à leur cause, et le cardinal Gaétan, dans une entrevue avec le maréchal de Biron, qu'avait | accompagné Givry, mit tout en œuvre, flatteries et promesses, pour le détacher du parti royaliste. Voyant ses efforts inutiles, il l'engagea du moins à demander grâce au pape pour sa conduite antérieure, et lui offrit en sa qualité de légat d'agréer ses repentirs. Mais Givry se débarrassa de nouveau du trop généreux confesseur par une saillie que de Thou nous a plaisamment racontée. Au mois de février 1592, les armées réunies de Mayenne et du duc de Parme vinrent « battre avec furie » la ville de Neufchâtel, que défendait Givry avec quatre cents cuirassiers et huit cents hommes de pied. Après un essai de résistance, il se vit contraint d'entrer en composition, et quitta la place, non sans avoir assuré le salut des siens. Il se distinguait au siége de Laon (juillet 1594) lorsqu'il fut emporté par un coup d'arquebuse dans une tranchée où il faisait une aventureuse reconnaissance. Tallemant des Réaux prétend que, désespérant de toucher le cœur de mademoiselle de Guise, depuis princesse de Conti, qu'il aimait, il cherchait la mort. S'il faut en croire un autre bruit qui courait Paris, on aurait prédit à Givry, peu de mois avant son trépas, qu'il périrait « devant l'an; et cela se pouvoit entendre devant l'année ou devant la ville de Laon», dit encore Tallemant. Quoi qu'il en soit, sa mort excita les plus vifs regrets.

Plusieurs traits de la vie privée de Givry forment avec les mœurs désolantes de l'époque un honorable contraste. Une dame qu'il aima dans sa jeunesse, et dont il se savait aimé, lui dit, un jour qu'il la pressait de s'abandonner à ses désirs: Prenez pitié de mon angoisse: je crains de vous perdre si je résiste, et si je me donne je mourrai de déplaisir. » Ému des pleurs qu'il voyait couler, Givry n'insista plus, et jura que désormais il l'aimerait comme une sœur. (Tallemant.)

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Dans l'année 1595, Givry avait épousé Marguerite Hurault, fille du chancelier de Chiverny, qu'il laissa enceinte d'un fils, mort en bas âge. Une amitié profonde les unissait, et l'on dut prendre les précautions les plus minutieuses pour annoncer à la jeune femme le coup qui la frappait. zarre (1): Consolation à madame de Givry;

(1) « Ce qui est passé n'est plus, lui dit-il. Qui a beu a beu. Ne reveillons point le chat qui dort; ne cherchons point de troux en nos robes; et puisque la tristesse est

Paris, 1594, Robert Estienne, in-12. Gilles Durant, Passerat, spirituels collaborateurs de la Satire Menippée, Richelet, du Peyrat et d'autres hommes célèbres ont signé les pièces du recueil intitulé: Tombeau de feu monsieur de Givry, dédié à madame de Givry; Paris, 1594, in-12. Citons en outre : Oraison funèbre d'Anne d'Anglure, par François Dinet, 1594, in-8°, et Enæi Anglurii cognomento Givrii, nobilissimi fortissimique equitis, Elogium; Papirio. Le château d'Anglure, situé en Champagne, à trois lieues de Sezanne, est encore debout et bien conservé. Louis LACOUR.

L'Estoile, coll, Pelitot, tre série, XLVI, p. 54, 106, 239; XLVII, p. 69. — Mémoires du chancel. de Chiverny, ibid., XXXVI, p. 154, 183, 206, 281. - Palma Cayet, Chron, noven., ibid., XL, p. 134; XLI, p. 40. — Tallemant des Réaux, Historiettes, éd. Paulin, Paris, 1854, in-8°, vol. I, p. 86, et dans l'Hist. de Mme de Conti. D'Aubigné, Hist. univ., 1. IV, ch. iv. De Thou, Hist. univ. (Londres, 1734, in-4°), XI, p. 140, 141, 153, 201; XII, 287-288.

* GISE ( Frédéric-Auguste, baron DE), homme d'État allemand, né en 1783. Il fit ses études sous les deux célèbres publicistes Kluber et Kock. En 1807 il entra au service de la Bavière comme attaché d'ambassade à Paris. Il avança rapidement; après avoir pris part au congrès de Vienne, il fut nommé ambassadeur d'abord auprès de la cour des Pays-Bas, puis auprès de celle de Russie. Au milieu de ces occupations, il sut encore trouver le temps de suivre avec attention les progrès des sciences et de l'industrie. En 1830, l'Académie des Sciences de Munich se l'associa comme membre honoraire. Le roi Louis de Bavière l'appela en 1832, au ministère des affaires étrangères. Quoique protestant, Gise sut se maintenir sans bassesse, par le simple effet de sa droiture naturelle, dans la confiance d'un roi ardent propagateur du catholicisme. Les trois principaux événements qui ont marqué dans sa carrière ministérielle sont l'établissement du roi Othon sur le trône de la Grèce, l'extension du Zollverein allemand, et le projet d'introduction d'une monnaie commune pour toute l'Allemagne. Depuis 1846, M. de Gise est rentré dans la vie privée. E. G.

Conversations-Lexikon der Gegenwart. GJŒRANSON ou GŒERANSAN (Jean), érudit suédois, né en 1712, dans la paroisse de Gilberga (diocèse de Carlstad), mort le 29 août 1769. Fils d'un paysan et destiné à l'agriculture, il ne se mit qu'assez tard aux études classiques. Après avoir reçu les leçons du pasteur de son village, il se rendit, en 1740, à l'université de Lund, prit en 1745 le grade de maître en philosophie, et fut nommé, en 1747, pasteur de Gilberga, où il devint prost (pasteur de canton), en 1764. Ses connaissances en antiquités le firent considérer des habitants du voisinage

du tout contraire à nostre repos, ne souffrons point qu'elle couche avec nous. Dès qu'un homme a passé le pas, c'en est fait: on ne gaigne rien à se tourmenter. Serait-ce pas une pure bétise à un homme s'il se faschoit de quoy la rivière coule ? »

comme un homme surnaturel. Leurs descendants | racontent encore de lui une foule d'anecdotes. On lui attribua le don de prophétie et celui des miracles. Au reste, Gjæranson fait preuve d'un manque de critique qui cadre fort bien avec cette crédulité; il fait remonter à Jupiter l'origine des rois de Suède, et il prétend que l'Edda fut écrite au temps de Moise. Ces puériles hypothèses ne jouissaient pourtant plus d'autant de faveur qu'au siècle précédent : les savants scandinaves avaient commencé à les dédaigner. On a de lui : Dissertatio de genealogia regum Sueoniæ; Upsal, 1746, in-4°; · Is Atlinga, det ær de forna Gætars, hær uti Svea Rike, Bokstæfver och Salighetslæra, 2200 för Chr. (Les Atlantides, c'est-à-dire les anciens Goths de Suède, leurs lettres et leurs idées sur le bonheur, en 2200 avant J.-Ch.); Stockholm, 1737, in-4°; Louisa Ulricas Langfædgar eller Færfæder (Les ancêtres de la reine Louise-Ulrique); Stockholm, 1748, in-8°; Svea Rikes konungars historia och Ettartal (Histoire et Généalogie des rois de Suède, de 2200 avant J.-Ch., jusqu'en 1749); Stockholm, 1749; Bautil, det ær alle Svea och Gotha Prikens Stenar (Pierres du royaume de Suède et de Gothie); Stockholm, 1750, in-fol. Ce recueil de dessins, représentant 1173 monuments runiques, a encore du prix. L'auteur l'aurait fait exécuter sur un plus vaste plan, si les subsides que les états du royaume lui avaient accordés à cet effet eussent été plus régulièrement payés. Il donna aussi le texte et la traduction suédoise de deux parties de l'Edda, d'après un manuscrit d'Upsal, qui diffère beaucoup des autres.

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GJŒRWELL (Charles-Christopherson ), littérateur et journaliste suédois, né le 10 février 1731, à Landskrona, mort le 26 août 1811. II commença ses études à Abo (Finlande), visita ensuite les universités de Lund et de Greifswald,

et il exécuta, en 1750, un voyage en France, en Hollande et en Danemark. A son retour, il

fut nominé bibliothécaire à la bibliothèque royale de Stockholm. Le peuple suédois avait subi un profond changement dans ses goûts et dans sa manière de voir. La manie d'imiter la littérature française s'était introduite à la cour, qui donnait le ton à la partie éclairée de la société. Gjorwell ne se joignit pas au mouvement; comme il persista à employer des formes vieillies, son style parut suranné, et ses jugements critiques perdirent leur autorité auprès de la nouvelle génération. C'est ce qui explique pourquoi Gustave III, dont il était pourtant l'adulateur le plus zélé, ne lui décerna aucune récompense, aucun honneur. Gjærwell était membre de l'Académie de Littérature scandinave de Copenhague et fondateur de la Société d'Éducation (Uppfostrings Sælskapet), qui publiait un journal et des ou

vrages. Le principal mérite de ce littérateur, c'est d'avoir introduit en Suède le journal critique et littéraire. Pendant toute sa longue car. rière, il fut presque toujours à la tête d'un ou de plusieurs journaux littéraires, historiques ou politiques. Le Svenska Mercurius (Mercure Suédois), commencé en 1755 et discontinué en 1789, est celui qui a eu le plus de durée, quoi. qu'il ait été quatre fois interrompu. Les autres journaux, au nombre de plus de vingt, ne vécurent que peu de temps, trois ans au plus. Gjærwell a aussi publié des recueils de pièces historiques: Færrad (Magazin); Stockholm, 17591760, 3 vol.; Historiska Færradet (Le Magazin historique); 1762; - Samlaren (Le Collectionneur); 1773-1777, 9 vol.; Historiska Extracter (Extraits historiques); 1791-1794, 4 vol.;- Svenska Archivum (Archives suédoises); 1790-1793, 2 vol., etc.; ses propres écrits se rapportent à la biographie, comme Biogra phia Sueo-Gothica; 1768; à l'histoire, comme Svea Rikes Krænika (Chronique du royaume de Suède), pour 1761, 1762, 1768 à 1771 et 1771, et à la bibliographie. Il a été l'éditeur de plusieurs ouvrages et notamment des Voyages de son ami Bjærnstahl, et d'une partie de la Bibliotheca Sueo-Gothica de Warmholtz. Il a publié le catalogue de sa propre bibliothèque, Collectio Gjærwelliana, qui a eu trois éditions, 1777, 1778, 1781; et sa Correspondance ( Brefvexling, 1798-1806, 6 vol.), avec Busching, Schlozer et plusieurs autres savants.

Biographiskt Lexicon afver namnkunnige Svenska Mæn, t. V. p. 164. Warmholtz, Bibliotheca Sueo-Gothica, t. VI à VIII, XI, XIII à XV. — Foerteckning pa alla de af tryeket utgifne arbeten som blifvit færfattade, utgifne och frælagde al Gjærwell; Stockholm., 2o édit, 1806 (Catal. de tous les ouvrages imprimés qui ont éle composés, publiés ou édités par Gjærwell).

GLABER (1) ( Rodulphe ou Raoul), chroniqueur français, du onzième siècle, né en Bourgogne, vers la fin du dixième siècle, selon les Bénédictins, mort au monastère de Cluny, vers rités de sa vie, par le soin qu'il a pris lui-même 1050. On connaît seulement quelques particulade les consigner dans sa Chronique. C'est ainsi traitable, et que sa conduite fut très-coupable. qu'il nous apprend qu'il était d'un caractère in« J'avais pour oncle, dit-il (liv. V, ch. Ier), un moine qui m'arracha de force aux vanités de cette vie mondaine, qui m'avait séduit plus que toute autre. J'avais à peu près vingt ans quand je revêtis l'habit de moine; je n'en pris que l'habit, sans que mon cœur fût changé. Toutes les fois que les pères ou mes frères spirituels me donnaient de sages conseils, un orgueil farouche enflait mon cœur, et semblait comme un bouclier qui s'opposait à leurs remontrances salutaires. Indocile avec nos vieillards, importun aux moines de mon âge, à charge à nos jeunes frères, j'étais toujours sûr que ma présence était pour

(1) C'est probablement un surnom qui signifie le chauve ou sans poil.

tous une gêne et mon absence une fête. Toutes ces raisons et d'autres encore déterminèrent les frères du monastère de Saint-Léger à m'expulser de leur communauté, bien assuré pourtant que mes connaissances littéraires me procureraient toujours aisément un autre refuge, car on avait déjà pu en faire souvent l'épreuve.

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Glaber voyagea alors dans le nord de l'Italie, et reprit ensuite sa vie monastique, qui ne fut sans doute pas plus soumise aux règles de la discipline du cloître, car il résulte encore de plusieurs passages de ses écrits qu'il passa successivement dans diverses abbayes; après Saint-Léger de Champeaux, d'où il avait été expulsé, on le voit à Saint-Bénigne de Dijon, Notre-Dame du Moutier, Saint-Germain d'Auxerre, Bèze, et enfin Cluny. C'est là qu'il composa sa Chronique, ainsi que l'atteste la dédicace qu'il en a faite à Odilon, chef de cette communauté. Il était en ce moment revenu à des sentiments plus en rapport avec son état, si l'on en juge par l'esprit de son ouvrage, empreint de la foi la plus vive et d'une piété superstitieuse poussée à l'extrême limite de la croyance. Il se complaît à raconter des anecdotes où le merveilleux joue surtout un grand rôle; il s'arrête à chaque pas sur des prodiges, des miracles, des visions surnaturelles, des signes célestes. Malgré cette tendance dominante, la Chronique qu'il a laissée est un précieux monument historique pour cette époque; divisée en cinq livres, elle embrasse de l'an 900 à l'an 1046, et nous donne de curieux détails sur les Capétiens avant leur élévation au trône; si elle n'a pas toute l'exactitude d'une histoire, elle présente un tableau fidèle de l'état des mœurs et des esprits aux dixième et onzième siècles. Bien que Raoul Glaber traite des affaires ecclésiastiques et civiles sans ordre ni méthode, mêlant la métaphysique aux faits, la poésie à la prose, interrompant sa narration pour se livrer à de subtiles dissertations, à de bizarres hypothèses sur des phénomènes naturels, dans un style diffus, peu correct, il n'en est pas moins une des sources les plus utiles à consulter pour ces temps peu connus. Il ne se borna pas à composer des écrits, dont peut-être quelques-uns ne sont pas parvenus jusqu'à nous, car il semble avoir beaucoup écrit dans sa vie; mais il se livra aussi à des travaux d'esprit d'un autre genre, qui prouvent qu'il possédait des connaissances d'une certaine étendue pour ce temps si pen lettré. A Saint-Germain d'Auxerre, il fit pour les vingt-deux autels que renfermait la cathédrale autant d'inscriptions en vers hexamètres, avec assez de succès, dit-il lui-même ; il répara les épitaphes des saints, et en mit sur les tombeaux de religieux et de personnages illustres inhumés dans cette église. La Chronique de Raoul Glaber a été publiée pour la première fois, en 1596, par Pithou, dans ses Historia Francorum, et réimprimée par Duchesne, tome IV, et les Bénédictins, tome X. Elle a été traduite dans la

Collection des Mémoires relatifs à l'Histoire de France, publiée par M. Guizot, tome VI. On a encore de Glaber une Vie de saint Guillaume, abbé de Saint-Bénigne, sous ce titre: Wilhelmi, abbatis, Gestorum Liber, insérée dans plusieurs recueils, et entre autres dans les Bollandistes, au 1er janvier. M. CHAMPION.

Histoire littéraire de la France, tome VII, p. 399. Histoire de l'Académie des Inscriptions, tom. VIII', p. 553, mémoire de Sainte-Palaye sur Raoul Glaber. Guizot, Mémoires relatifs à l'Histoire de France, tom. VI, p. 165. Ph. Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France.

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GLABRIO (Acilius). Voy. Acilius. GLACAN (Neil-O'), médecin irlandais, plus connu sous le nom latinisé de Nellanius Glacanus, né dans le comté de Donegall, vivait dans la première moitié du dix-septième siècle. On n'a sur lui d'autres indications biographiques que quelques détails dispersés dans ses ouvrages. Lui-même nous apprend qu'il était premier professeur de médecine à Toulouse, lorsque la peste ravagea cette ville, au commencement du dix. septième siècle. Avant cette époque, il avait fait un voyage en Espagne et observé la peste à Valence et à Salamanque. Il se rendit ensuite en Italie, et enseigna quelque temps la médecine à Bologne, où il mourut. On a de lui Tractatus de Peste, seu brevis, facilis et experta methodus curandi pestem; Toulouse, 1629, in-12. Cet ouvrage n'a jamais eu une grande valeur médicale, mais il est encore important pour l'histoire de la peste; Cursus Medicus, libris tredecim propositus; Bologne, 1655, in-4°. Eloy, Dictionnaire hist. de la Medecine. - - Biographie médicale.

GLADBACH (Jean-Adolphe), médecin allemand, né à Francfort-sur-le-Mein, en 1715, mort en 1785, à la cour du prince d'Anhalt-Zerbst, dont il était conseiller. Il fit ses études à Hanovre, Halle et Helmstædt. Ses publications sont peu importantes; cependant, on peut citer : Dissertatio de mumiis in praxi medica non facile adhibendis; Helmstædt, 1735, in-4°; Dissertatio de herniis incarceratis, sæpe non lethalibus; Helmstædt, 1738, in-4°; Indicis in Swietenii Commentariorum tomos quinque Supplementum, continens res notatu dignas, realis indicis vices supplens et observationes indicans; Hildburghausen, 1775, in-4°.

Gladbach a, de plus, traduit en français le Traité de Denys Barbaret sur les Maladies épidémiques des Bestiaux; Wittemberg et Zerbst, 1770, in-8°; les Recherches de Champeauх et Faissole sur la cause de la Mort des Noyés ; Dantzig, 1772, in-8°; Additions; Zerbst, 1773, in-8°; le Mémoire de Maupin sur la

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fabrication du vin; Zerbst, 1773, in-8°; - le traité de l'abbé Rozier sur le même sujet; Zerbst, 1773, in-8°; enfin, le Traité des Vapeurs de Pomme; Breslau et Leipzig, 1775, in-8°. W. R.

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Biographie médicale.

GLADBACH (Georges-Jacques), médecin allemand, né à Francfort-sur-le-Mein, en 1736, mort en 1796. Il fut reçu docteur à léna en 1759, puis nommé médecin de sa ville natale. Ses principaux ouvrages ont pour titres : Dissertatio de scirrho in genere; léna, 1759, in-4°; - Commentatio de morbis a vestitu contra frigus insufficiente; Francfort-sur-le-Mein, 1761, in-4°; traduit en allemand; Francfort, 1763, in-8°; Disquisitio de medicamentorum absorbentium in febribus acutis præ- | stantia; Iéna, 1761, in-4°; Abbildungen von Schmetterlingen, nebst Text. (Planches de papillons, avec texte); Francfort-sur-leMein, în-4°, 4 cahiers; Namen und Preisvergeichniss sowohl der Schmetterlinge, oder der Tag-Dæmmerungs-und Nachtvægel, als auch der Insekten, oder der Erd-und Wasserkæfer, Heuschrecken, Grillen, Hummeln, Wespen, Muecken und Schnecken (Noms et prix des Papillons, ou des lépidoptères diurnes, crépusculaires et nocturnes, des insectes, des coléoptères de terre ou d'eau, des sauterelles, des grillons, des bourdons, des guêpes, des cousins et des escargots); Francfort-sur-le-Mein, 1778, in-8°. W. R.

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Hirsching, Hist. litt. Handbuch.

GLADSTONE ( William-Ewart), homme d'État anglais, né à Liverpool, en 1809. Fils d'un très-riche commerçant, il fit ses études au collége d'Eton, et fut ensuite gradué à l'université d'Oxford. En 1832, le duc de New-Castle, du parti tory, le fit élire membre de la chambre des communes. Son origine, ses brillants succès d'université, son aptitude pour les affaires le faisaient comparer à sir Robert Peel lors de ses débuts. Ce dernier se sentit attiré vers le jeune Gladstone, dont le caractère avait tant de points de contact avec le sien; il le fit entrer en décembre 1834 dans son ministère, comme un des lords de la trésorerie, et lui confia peu après la charge de sous-secrétaire pour les affaires coloniales. En avril 1835, Gladstone résigna ses fonctions lors de la retraite de Robert Peel; les deux amis firent ensemble de l'opposition jusqu'en septembre 1841, époque où ils rentrèrent au pouvoir. Gladstone fut chargé de la vice-présidence du bureau du commerce; deux années après il en fut nommé président. Plusieurs questions commerciales avaient alors acquis une haute importance; Gladstone fut chargé de défendre à la chambre des communes les mesures prises à ce sujet par le ministère. Ille fit avec tant de talent, qu'on le nommait le bras droit de Peel. Le projet de loi qu'il présenta au parlement en 1842 sur la révision des tarifs fut adopté sans modifications notables; il est presque

tout entier l'œuvre de Gladstone. Au milieu des questions d'intérêt matériel, il n'oubliait pas celles qui tiennent à la religion; les idées du docteur Pusey trouvèrent en lui un défenseur éloquent. Dans deux ouvrages remarquables, il insista pour la séparation complète de l'Église et de l'État. Ses principes sur cette question étaient si arrêtés, qu'il se démit de ses fonctions en 1845, n'étant pas d'accord avec la majorité de ses collègues sur la dotation de Maynooth. A la fin de l'année, il rentra aux affaires comme secrétaire d'État pour les colonies. Il seconda activement sir Robert Peel dans la lutte ardente qui s'engagea à cette époque à propos des lois sur les céréales. En juillet 1846, il se retira de nouveau de l'administration en même temps que Peel; il résigna même son mandat au parlement, ne voulant pas tenir son siége de la bonne volonté du duc de New-Castle. Mais l'année suivante l'université d'Oxford le choisit pour son représentant à la chambre des communes. Gladstone se sépara de plus en plus du parti tory; en janvier 1852 il refusa péremptoirement de faire partie du ministère Derby. En 1850 il s'était rendu en Italie; il y publia sa fameuse lettre à lord Aberdeen sur le despotisme du roi de Naples. Traduite dans toutes les langues, répandue à profusion par ses amis ou collègues, cette lettre devint le commencement de complications politiques qui durent encore. En décembre 1852 il était de retour en Angleterre ; il contribua puissamment à renverser le ministère Derby. Le fruit de ses efforts fut sa nomination comme chancelier de l'échiquier, lors de l'entrée aux affaires de lord Aberdeen. Il sut faire adopter ses réformes financières concernant l'income-tax et les droits sur les successions. En janvier 1855, après le vote établissant une commission d'enquête sur la conduite de la guerre d'Orient, Gladstone se retira avec ses collègues. Pendant toute la durée de la guerre, ses discours tendaient constamment à hâter la conclusion de la paix.

Gladstone mérite les distinctions dont il a été l'objet dans son pays. Son coup d'œil est des plus sûrs dans les questions compliquées de commerce et de finances. Sa réputation comme orateur est établie depuis longtemps. Il met un grand soin à éviter les banalités; son langage est pur, sa phrase coulante et harmonieuse. En un mot il est tout à fait dans les traditions des grands orateurs. Malgré son talent, il n'a pu se faire pardonner par une grande partie du public ses tendances très-prononcées en faveur du puseysme. On a de lui: The State considered in its relations with the Church; 1840; — Church Principles considered in their results; 1841. Les idées exposées dans ces deux ouvrages furent critiquées en termes mordants par M. Macaulay, dans la Revue d'Édimbourg; Remarks on recent commercial Legislation; 1845; — Two Letters to the earl of Aberdeen on the stateprosecution of the Neapolitan government,

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