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tions sur les diverses régions de la surface extérieure du corps. L'ancienneté de ces premières observations se manifeste par les nombreuses dénominations que nous retrouvons dans les poëmes d'Homère (1), et surtout dans les livres d'Hippocrate (2). Cette observation s'étendit bientôt aux organes correspondant à chaque partie externe, et elle permit même de distinguer grossièrement les tissus composants de l'organisme des animaux. Enfin, dans le grand Aristote, outre les caractères différentiels des animaux, l'observation commence à développer le sentiment des analogies, qui ne devait avoir que plus tard son entier développement par l'usage systématique du procédé comparatif.

La séparation des organes, très-imparfaite dans Aristote, se perfectionne dans Galien; mais c'est dans l'évolution moderne, par suite de la liberté ouverte aux dissections humaines, que s'organise l'anatomie descriptive. Le mouvement préparé par Benedetti, Bérenger, Massa, Sylvius, Guinther, prend un caractère définitivement progres

(1) Malgaigne, Études sur l'anatomie et la physiologie d'Homère. Paris, 1842.

(2) OEuvres complètes d'Hippocrate, nouvel'e traduction avec le texte grec en regard, par E. Littré. Paris, 1840.

sif, par les tentatives hardies de Vésale et de son école; et depuis, le perfectionnement des descriptions d'organes a assez outre-passé le besoin du détail pour que de bons esprits n'aient pas craint de protester contre un tel abus (1). L'analyse anatomique en était néanmoins réduite à la séparation minutieuse des organes, lorsque enfin l'éminent Bichat vint la poursuivre dans les systèmes et les tissus, tandis qu'il prévoyait même les éléments anatomiques dont la distinction exacte ne pouvait s'opérer que de nos jours, sous l'influence des derniers perfectionnements des instruments d'observation. A l'égard de ces moyens artificiels, par lesquels l'observation directe reçoit une si grande extension, je signalerai comme devant m'épargner ici toute appréciation particulière, l'intéressant Traité sur le Microscope et les Injections de M. Ch. Robin (2), dans lequel tout ce qui est relatif aux moyens artificiels d'observation se trouve judicieusement exposé, de manière à faire nettement sentir tout ce que les observateurs doivent attendre de ces procédés techniques.

(1) Bichat, Anatomie descriptive. Paris, 1814, t. I, p. lj. (2) Du Microscope et des Injections dans leurs applications à l'anatomie et à la pathologie. Paris, 1849.

L'observation directe ne devait pas seulement conduire à l'analyse complète de l'organisme, elle devait dès l'origine introduire dans la détermination d'un organe la considération de son usage. Bien que les grandes notions positives de physiologie soient résultées de l'application du procédé expérimental, cependant bien des relations d'organe à fonction ont dû être spontanément saisies par la seule observation directe. Aussi dans Aristote et surtout dans Galien trouve-t-on les parties du corps caractérisées par l'indication de leur usage. Le mémorable traité DE USU PARTIUM représente à cet égard une tendance remarquable, aussi manifeste qu'elle pouvait l'être du temps de Galien. Mais, pour admirer cet ouvrage, il faut bien se garder de le considérer comme un traité de physiologie; car ce serait exiger de Galien une conception qui n'a pu se réaliser que dans la dernière phase de l'évolution moderne, sous l'influence du procédé expérimental; il faut voir dans le traité DE USU PARTIUM un ouvrage d'anatomie, dans lequel l'observation directe surtout et quelques expériences, faites par hasard et sans direction, ont permis d'introduire, très-imparfaitement, il est vrai, la considération de l'usage

à propos de chaque organe. Cet heureux perfectionnement, ultérieurement rectifié par les découvertes de physiologie, constitue un des principaux mérites de nos ouvrages actuels d'anatomie, bien qu'il y soit malheureusement subordonné à des points de vue plus spéciaux. L'anatomie des rapports, dans laquelle la chirurgie a finalement provoqué tant de perfection, a primitivement résulté de la simple observation directe. C'est également à ce procédé que répondent les premières observations d'anatomie anormale, dont nous trouvons déjà une assez riche collection à la fin du TRAITÉ D'ANATOMIE de Colombo, mais qui s'étendit principalement sous l'impulsion caractéristique des travaux de Morgagni.

Toutes ces données, fruits de la simple observation, doivent désormais être rigoureusement coordonnées dans chaque démonstration d'après les principes déjà posés. Les documents relatifs à la forme, au volume, à la consistance, à la couleur, à l'odeur, à la saveur, à la composition, aux propriétés alimentaires, à la situation, à l'usage, devront être mis tour à tour à profit suivant les cas.

Malgré cette variété de moyens d'investigation,

on ne doit pas s'attendre à triompher toujours de la complexité des phénomènes observés, et ce n'est que par l'emploi judicieux et méthodique de l'ensemble de ces premiers moyens élémentaires qu'on peut ébaucher l'ensemble des notions relatives à chaque phénomène, notions qui se développent ensuite par l'application de moyens démonstratifs plus énergiques, l'expérimentation et la comparaison.

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La biologie, réduite aux procédés de l'observation directe, n'aurait jamais pu atteindre les questions complexes de la physiologie ou de la théorie des milieux, et eût été réduite à des notions de statique ou de physiologie élémentaire, si l'expérimentation et la comparaison n'étaient venues lui prêter leur énergique secours.

En établissant théoriquement les principaux modes de l'expérimentation, j'ai particulièrement insisté sur la grande importance de l'exploration pathologique; c'est donc à cette partie du procédé que je vais surtout appliquer ici la méthode historique, et même on conçoit qu'elle portera de

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