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tout en ayant sur les os et les muscles des idées très-inexactes. Il croyait, en effet, que tous les os proviennent de l'épine, qu'il y a trois sutures à la tête masculine et une seule au crâne de la femme, etc., etc. Quant aux muscles, ils n'ont été étudiés ni par Hippocrate, ni par Aristote, ni par les auteurs hippocratiques, et dans Galien même la myologie est extrêmement incomplète.

Cette direction particulière de l'anatomie préparatoire est des plus caractéristiques: on y voit la généralité des organes de la vie végétative instinctivement consacrée, malgré la plus grande facilité qu'il y avait à étudier les organes de la vie de relation, dont les formes plus spéciales et mieux déterminées se prêtent davantage à une étude élémentaire. Nous voyons même, à la fin du moyen âge, l'anatomie consister encore essentiellement dans l'étude des viscères; et dans l'ouvrage de Mondini (1), qui servit de modèle jusqu'à Vesale, les viscères sont les organes que l'auteur décrit avec le plus de soin, tandis que les organes de la vie de relation y sont encore très-peu étudiés. Si, à partir de Vesale, l'étude des appareils de la vie animale prend tout à coup

(1) Anatomia Mundini, in-folio. Ven., 1495.

une grande extension, c'est par un résultat naturel de la marche que devait suivre l'anatomie, qui, arrivant à l'exploration d'organes plus spéciaux, y acquiert bientôt une grande précision; et la facilité de l'étude d'une part, d'autre part les besoins d'une chirurgie florissante ont, malheureusement pour la philosophie anatomique, entretenu jusqu'à nos jours une désastreuse prépondérance des organes de la vie de relation, assez marquée pour que des anatomistes en grande faveur aient méconnu entièrement la subordination si réelle des organes de la vie animale à ceux de la vie végétative.

Ces premiers résultats de l'élaboration normale de l'anatomie seraient déjà d'une grande valeur pour la méthode qu'il s'agit d'y employer, mais nous devons principalement recourir aux grandes tentatives de coordinations émanées des types historiques de cette science, afin d'arriver à la fondation inébranlable du meilleur système.

Les sources principales auxquelles on peut puiser la connaissance précise de la première méthode anatomique, fondée par le grand Aristote, sont les quatre livres de ce philosophe sur les PARTIES DES ANIMAUX, et surtout les neuf livres de

vrage

l'HISTOIRE DES ANIMAUX. Quant aux huit livres de DESCRIPTIONS ANATOMIQUES indiqués par Diogène Laërce, ils devaient consister en études particulières d'anatomie, et leur perte ne saurait rendre impraticable une telle appréciation. Comme l'ouDE PARTIBUS ANIMALIUM Contient surtout des généralités relatives aux causes, tandis que les organes y sont indiqués très-sommairement, on peut borner l'examen à l'histoire des animaux. Ce dernier traité, au point de vue de la constitution finale de la biologie, peut être considéré comme la conception scientifique la plus hardie des temps anciens. Ce jugement n'est pas une simple répétition des justes éloges fournis par les admirateurs d'Aristote : il résulte d'une appréciation particulière dirigée par les principes exposés au commencement de mon travail. On trouve, en effet, dans la série des neuf livres de l'HISTOIRE DES ANIMAUX, un sentiment profond de l'ensemble de la biologie. Dans les trois premiers livres et une partie du quatrième, les animaux sont considérés au point de vue statique; dans les trois suivants, les animaux sont comparés au point de vue dynamique. Enfin, dans les deux derniers, on trouve véritablement l'étude des

milieux dans une série d'observations comparées relatives à la nourriture, à l'habitation et aux mœurs des animaux. Evidemment les faits manquaient à Aristote pour accomplir cette vaste élaboration; mais il en a parfaitement senti le plan général, et l'on ne peut bien juger l'immense mérite de cette œuvre qu'en prenant pour base, comme je viens de le faire, les perfectionnements modernes de la classification particulière de la biologie. J'arrive actuellement à ne considérer que les premiers livres, dans lesquels Aristote fait préalablement l'examen des parties du corps avant d'étudier les fonctions. Le premier paragraphe du premier livre contient en quelque sorte le résumé de l'ouvrage (1); Aristote y expose des généralités sur les caractères distinctifs des animaux, tirés de la composition de l'organisme, des fonctions, de la manière de vivre et du caractère. Dès le second paragraphe, on trouve une appréciation générale de l'être vivant dans laquelle les organes sont indiqués spontanément dans l'ordre de généralité et d'indépendance réciproque. Cette remarque est si importante, qu'il devient indispensable de recourir

(1) Loc. cit. de la page 1 à la page 13.

à des citations. « L'organe par lequel se prend la << nourriture, et le lieu où elle se rassemble en<«< suite, sont des parties communes à tous les «< animaux, mais susceptibles des ressemblances, « des différences qui viennent ou de la forme, ou << de la grandeur, ou de l'analogie, ou de la po<«<sition. Après ces parties, celles qui sont corn<«<munes au plus grand nombre des animaux, « quoiqu'elles ne se trouvent pas dans tous, sont <«<les organes par lesquels ils se déchargent << du superflu des nourritures. L'organe par lequel se prennent les aliments s'appelle bouche; <«< celui où ils se rassemblent, ventricule et intes<< tins. Les autres parties ont plusieurs dé<«< nominations. Le superflu des aliments étant de << deux espèces, les animaux qui ont des parties «< destinées à recevoir le superflu des nourritures <<< liquides en ont d'autres pour le superflu des << nourritures sèches; mais cela n'est pas réci<«< proque. Ainsi tous ceux qui ont une vessie ont <«< des intestins; mais on ne peut pas dire que <«< tous ceux qui ont des intestins aient une « vessie (1). » Aristote saisit donc avec précision le fait primordial dans l'organisation des ani(1) Livre I, S2, t. I, p. 13.

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