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Idaspe, Gange, Eufrate, Istro derivi:
Onde esca pria la Tana: e non asconde
Gli occulti suoi principi il Nilo quivi

Il dit, et il ordonne aux flots de se diviser: soudain l'onde obéit et des deux côtés s'élève une montagne humide.

Le vieillard prend les deux guerriers par la main, et les conduit sous le lit du fleuve, dans une grotte profonde : là ne pénètre qu'une lumière pâle et tremblante: cependant, à cette faible lueur, ils voient d'immenses réservoirs, d'où sortent les eaux qui jaillissent en fontaines, qui forment les fleuves, les étangs et les lacs.

Ils y découvrent les canaux secrets par lesquels filtrent les ondes de l'Eridan, du Gange, de l'Euphrate; les sources du Tanaïs, et les veines inconnues qui portent au Nil ses liquides trésors 2. »

Voltaire, cet infatigable ennemi des préjugés, signale encore au sujet des fleuves une autre erreur assez facile à constater pourtant, c'est qu'ils coulent pour la plupart vers l'occident. En avançant ce fait, « on a plus consulté, ditil, l'esprit systématique que la nature. . Les fleuves coulent en tous sens selon la disposition des terrains.

« Le Guadalquivir va droit au sud depuis Villanueva jusqu'à San-Lucar; la Guadiana de même juqu'à Badajoz. Toutes les rivières dans le golfe de Venise, excepté le Pô, se jettent dans la mer vers le midi. C'est la direction du Rhône de Lyon à son embouchure. Celle de la Seine est au nord nord-ouest. Le Rhin, depuis Bale court droit au septentrion. La Meuse de même depuis sa source jusqu'aux terres inondées. L'Escaut de même. »

Tasso, il Goffredo, canto decimo quarto, st. 56-8.

2 Traduction de Lebrun, si cela peut s'appeler une trdauction.

Et le Danube, pour ne citer que des fleuves d'Europe, est le seul fleuve qui coule, à ce que dit M. Victor Hugo, de l'occident à l'orient.

Ce système au sujet du cours des fleuves, on l'appliquait à la direction des grandes chaînes de montagnes, on voulait qu'elles s'étendissent aussi d'orient en occident. Pour le réfuter, il ne fallait que consulter la carte. « Débarquez, disait Voltaire, au cap de Bonne-Espérance. vous trouverez une chaîne de montagnes qui règne du midi au nord jusqu'au Monomotapa. Peu de gens se sont donné le plaisir de voir ce pays et de voyager sous la ligne en Afrique. Mais Calpé et Abyla regardent directement le nord et le midi. De Gibraltar au fleuve de la Guadiana, en tirant droit au nord, ce sont des montagnes continues. La Nouvelle-Castille et la Vieille en sont couvertes, toutes les directions sont du sud au nord, comme celle des montagnes de toute l'Amérique.

Et les Alpes, sans aller chercher si loin! Disons donc avec le grand redresseur d'erreurs, pourquoi chercher à se tromper, pour avoir le plaisir de faire des systèmes et de tromper quelques ignorants?

C'est une opinion accréditée depuis longtemps à Marseille, que de cette ville on peut voir le mont Canigou qui est à 500 kilomètres dans les Pyrénées. Le baron Zach, auteur de la Correspondance astronomique, raconte que, comme la chose n'était pas mathématiquement impossible, puisqu'à cette distance la courbure de la terre n'est point suffisante pour cacher un sommet de 2,785 mètres, il voulut vérifier le fait. La difficulté était de déterminer les circonstances propices à cette expérience. Voici comme il y parvint:

Tous les voyageurs qui ont monté sur le Canigou as surent que l'air y est très-sec et très-pur, et que son som

met est généralement au-dessus des brouillards et des nuages. Comme le climat du midi de la France est presque toujours beau et serein, et que néanmoins il est fort rare de voir cette montagne, j'ai pensé que la cause en devait être toute autre que l'obscurité, les vapeurs et l'opacité de l'air. Cette réflexion m'a conduit à l'idée que peut-être la montagne ne se montrait bien que lorsque le soleil se couchait derrière elle, et qu'alors elle se projetait, pour ainsi dire, en silhouette sur le fond doré du ciel crépusculaire. Il fallait donc calculer à quelle époque le soleil vu de Marseille se coucherait précisément derrière le Canigou. Le résultat me montra que ce phénomène devait avoir lieu vers le commencement du mois de février, et vers la fin du mois de novembre.

» L'an 1848, j'étais à Marseille; le jour du 8 février fut remarquablement beau et serein. Je me transportai dans l'après-midi, avec mes instruments, sur la montagne de Notre-Dame-de-la-Garde. Plusieurs savants et des amateurs m'accompagnèrent pour être témoins de l'expérience. Après avoir pointé ma lunette sur le point de l'horizon où devait se trouver le Canigou, nous ne vîmes rien d'abord. Le soleil donnait droit dans la lunette, et devait par conséquent empêcher toute vision distincte des objets terrestres, soit avec des instruments d'optique, soit à la vue simple. Ce n'était qu'après le coucher du soleil que le spectacle devait avoir lieu.

» Cet astre s'approchant de l'horizon, nous attendîmes avec impatience son coucher. A peine le dernier rayon avait-il disparu, que, comme par un coup de baguette, nous vîmes, pour ainsi dire, tomber à l'instant le rideau, et une chaîne de montagnes noires comm.2 jais, avec deux pics élevés, vinrent au point nommé frapper nos regards avec tant d'évidence et de clarté, que plusieurs specta

teurs eurent peine à croire que ce fussent les Pyrénées. On les aurait prises pour des montagnes du voisinage, tant elles paraissaient distinctes et proches de nous; tandis que nos spectateurs s'émerveillaient, faisaient leurs ré flexions et étaient occupés à tracer le dessin des contours et des pics de ces montagnes, je me dépêchai d'observer ces pics; et balayant l'horizon avec ma lunette, je découvris au nord le sommet du Ventoux, près de Carpentras. lorsque la nuit tombante mit fin à mes observations. >>

Dans l'Inde se trouve une montagne sonnante. Le lieutenant Wellsted, qui constata ce phénomène en 1837, le décrit ainsi dans une lettre qu'il écrivait du Sinaï le 26 septembre et qui fut aussitôt insérée dans le journal de la Société asiatique du Bengale : « Vous m'avez exprimé le désir d'avoir quelques renseignements précis sur le Djib. bel Narcono ou montagne sonnante, qui a été le sujet de tant de discussions et de tant de doutes en Europe. Je l'ai visitée dans mon voyage ici, elle est située sur le côté de la mer à environ 8 milles de Tor. Une pente solide du plus fin sable s'étend sur le côté de la mer, de sa base au sommet (600 pieds), faisant un angle de 40 degrés environ avec l'horizon. Elle est cerclee ou plutôt demi-cerclée par une ceinture de rochers de grès s'élevant comme des créneaux pointus et ne présentant qu'une très-petite surface propre à renvoyer un écho. Elle est encore remarquable en ce que, quoiqu'il se trouve en cet endroit beaucoup de collines de la même forme, elle seule produit ce qu'on appelle le rugissement ou le son de la montagne sonnante. Nous descendîmes de nos chameaux et nous restàmes en bas, pendant qu'un Bédouin la gravissait; mais nous ne pûmes entendre le son que quand il fut arrivé à une hauteur considérable. Ce son roule en bas, et il commence par un accord assez semblable aux notes faibles d'une

harpe éolienne, ou à celui que l'on produit avec le doigt mouillé sur ur verre. Il augmente de force, à mesure que le sable roule jusqu'à la base, et il devient aussi fort que le tonnerre; de sorte qu'il faisait trembler le rocher sur lequel nous étions assis et que nos chameaux (animaux qui comme on sait ne s'effraient pas facilement) étaient épouvantés et se sauvèrent au loin. J'ai donc été convaincu, ainsi que le capitaine M.... et tous mes compagnons.» DÉCOUVERTES. Les chroniques du pays de Galles, dit Eyriès, rapportent qu'en l'an 1170 il y eut une guerre civile pour la succession au trône, et qu'un bâtard enleva l'héritage aux enfants légitimes du prince. Alors Madoc son fils légitime, quitta sa patrie avec une petite flotte. Après quelques semaines de navigation vers l'ouest, il découvrit une terre où il trouva toutes sortes de choses nécessaires à la vie, et de l'or. L'air y était frais et pur. Les habitants différaient totalement des Européens. Après un assez long séjour, Madoc y laissa 120 hommes et revint heureusement dans son pays, où il équipa une flotte de dix vaisseaux, montés par un nombreux équipage, et chargés de toutes sortes de provisions. Il retourna dans le pays qu'il avait découvert, promettant de revenir ou de donner de ses nouvelles; mais, depuis, l'on n'en entendit plus parler. Ceux qui adoptent ce récit croient que Madoc avait abordé sur les côtes de la Virginie ou de la Caroline, et citent à l'appui de leur opinion l'histoire d'un Gallois qui, voyageant dans l'intérieur de l'Amérique septentrionale, rencontra, entre l'Ohio et la mer, une peuplade indienne qui parlait la langue galloise.

Au xve siècle, plusieurs savants prétendirent que Martin Behaim, navigateur bohémien, avait vu, en 1460, l'Amérique et le détroit de Magellan, ce qui aurait fourni à Colomb l'idée de son voyage au Nouveau-Monde; mais,

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