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vrai Nil, que nul Européen n'avait encore visitées, mais la source du Nil des Abyssins, qui est l'Astapus des anciens. Depuis, dans ces dix dernières années, l'on a été plus heureux, et l'on a pu sans faire d'erreurs ni de plagiats, parler sciemment des sources du Nil, et par suite mesurer l'étendue de son cours. Voici ce qu'un intrépide voyageur en Abyssinie, M Antoine d'Abbadie, écrivait d'Omokullus, le 6 août 1847, à M. Jomard:

« Je n'ose dire que j'ai des preuves (mathématiquement parlant) que la principale branche du Nil Blanc ne vient pas du Sud, mais tourne autour de Kafa; mais il me semble que les renseignements de M. d'Arnauld, parfaitement d'accord avec les miens et une suite d'analogies, empiriques peut-être, mais que je développerai plus tard, rendent ma conclusion très-probable, à savoir que la vraie source du Nil Blanc est située entre Inarya et Jumma-Kaka, par environ 7 degrés 49 minutes de latitude et 34 degrés 38 minutes longitude est de Paris. Mes informateurs Dogo m'ont toujours dit que la rivière principale est celle qui tourne autour de Kafa.

Je me suis amusé à calculer ainsi la longueur du Nil. » De la source, dans la forêt de

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» D'où le Nil serait la plus grande rivière du monde. Je dois néanmoins vous dire que ma longitude de Saka, déterminée par des azimuts qui relient ce point avec Gondar, ne différant que de quatre minutes de ma longitude par distances lunaires, ne s'accorde pas avec la position donnée par M. d'Arnauld au fleuve dans les environs de Wambek et de Niéva, seuls points qui me paraissent pouvoir coïncider avec la description de l'île de Lakka, ainsi nommée par les chasseurs d'éléphants du Walagga et ceux du Gudra. Or, tous ces chasseurs s'accordent à mettre entre Lakka et Saka une distance beaucoup moindre que celle qui résulte des longitudes de M. d'Arnauld comparées aux miennes.

Votre toujours devoué,

» Signé ANTOINE d'Abbadie. » D'après une autre lettre de M. d'Abbadie à la fin de novembre 1847 à M. Arago, communiquée à l'Académie des sciences, la prévision du savant voyageur au sujet du Nil Blanc s'est réalisée; il a pu enfin découvrir une des sources de ce grand fleuve.

ETHNOLOGIE.

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ETHNOLOGIE. La science de l'ethnologie ne date que du commencement du dix-neuvième siècle. Son nom, qui est composé de deux mots grecs, Evos, nation, et oyog, discours, signifie donc, à propreinent parler, traité sur les peuples, et son objet est de constater les similitudes et les dissemblances qui existent entre les diverses races.

La première idée qui s'est offerte à l'esprit des classificateurs a été de diviser l'humanité en deux races, la blanche et la noire. D'autres sont venus, qui y ont ajouté la jaune; d'autres encore qui en ont voulu quatre, pour correspondre aux quatre grands continents. Mais comme aujourd'hui le monde a été définitivement coupé en cinq parties, Blumenbach 1 n'a probablement cru pouvoir faire autrement que de partager aussi l'espèce humaine en cinq races, à savoir :

La race caucasienne ou blanche;

A De l'unité du genre humain et de ses variétés.

La race mongole ou jaune;

La race nègre;

La race américaine, qui tient de la caucasienne et de la mongole;

Et la race malaise, qui tient des races nègre et caucasienne.

Mais ce dernier système a soulevé de vives objections, car il s'accommode mal avec la tradition biblique qui veut que ce soient les fils de Noé qui aient repeuplé la terre. Or, comme chacun sait, ils étaient trois et non pas cinq.

Ce qui fera triompher la division en trois races,» dit l'auteur d'un article qui a paru sur cette matière dans le Magasin pittoresque 1, « c'est que, étant trinaire, elle correspond au triple aspect sous lequel peut être envisagée la nature des peuples, aussi bien que celle des individus. » A ce point de vue, la question s'élève et sort des langes du naturaliste. Ce ne sont plus seulement des Caucasiens, des Nègres et des Mongols, c'est-à-dire, en dernière analyse, des blancs, des noirs et des jaunes, qu'il faut voir dans la famille des hommes; ce sont trois grandes fractions de peuples, qui paraissent avoir chacune des facultés prédominantes et jouer un rôle particulier dans le drame général de la vie humaine.

>> Ces trois classes de nations, ces trois races, reçoivent maintenant (de Sem, Cham et Japhet) les noms de Sémites, de Hamites et de Japhétiques; dénomination qui sera peut-être remplacée elle-même par une autre, mais qui, dans tous les cas, est infiniment supérieure à celle de Caucasiens, de Négrés et de Mongols, toute physique et incomplète. Cependant il s'en faut qu'à cette heure l'ethnologie soit en

1 Tom. VIII, 146-148.

mesure de dire de toutes les nations: celle-ci est de race sémite, celle-là de race hamite, cette autre de race japhétique. On est d'accord sur quelques points généraux; mais il reste encore beaucoup de ténèbres à dissiper, surtout pour les temps anciens.

> Ce qu'on peut dire, c'est que, dans l'état actuel de la science, les Sémites représentent cette race d'hommes au teint basané, aux mœurs mercantiles, mais poétiques et religieuses, qui se sont fixés dans l'Arabie, la Syrie, la Judée, la Phénicie, l'Assyrie et la Chaldée. Les Hamites sont des peuples de couleur noire, mais sur le degré de civilisation et sur les émigrations desquels il règne une grande obscurité. Quant à la race japhétique, on la compose de toutes les nations dont la langue dérive du sanscrit; en sorte que ce groupe, à la fois le plus nombreux et le mieux connu, comprend, parmi les peuples de l'antiquité, les Hindous, les Perses, les Grecs, les Romains, les Gaulois, et, en général, toutes les familles celtes, germaines et slaves. Pour l'époque moderne, les peuples dont l'idiome a ses racines, soit dans le grec, soit dans le latin, comme les Français, les Italiens, les Espagnols (sauf l'élément ibérique), doivent être considéré, avec les Anglais, les Allemands, les Russes, les Polonais et tous les Slaves, comme faisant partie de la race japhétique que les érudits allemands appellent indo-germanique, et que plusieurs ethnologues français proposent de nommer indoeuropéenne, pour mieux faire sentir ce qu'elle a de général. Quelle que soit la qualification qu'on préfère, le groupe des peuples japhétiques se distingue par une intelligence très-développée, qui le rend apte aux décou vertes scientifiques, et par un caractère entreprenant que rien ne fait reculer, audax lapeti genus, la race auda cieuse de Japhet. Ses rangs se grossissent chaque jour de

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