« Sache tuer en toi la volonté de vivre; Nous t'écoutons! Nous te croyons! nous te suivons! Sur leurs grabats d'ordure et leurs couches de soie - Et voici qu'on entend le Temple épouvanté HIVER Quel supplice oublié de nouveau me réclame? Les baisers d'autrefois m'ont empoisonné l'âme. Comment croirais-je encore à l'amour simple et pur? Ma foi d'enfant est morte. Au fond d'un puits obscur Les vieilles trahisons lâchement l'ont noyée. O toi qui viens trop tard, ô douce fleur d'hiver, Où ce qui fut l'amour me ronge comme un ver! LA CHIMÈRE Nulle herbe sur le sol; nul oiseau dans le ciel; Où souffle, âcre et brûlant un simoun éternel, La flamme du soleil a calciné l'azur. L'air est tout poudroyant de cendre et de poussière. Sous les blocs sombres s'ouvre un gouffre ténébreux, C'est là qu'aux soirs maudits appelé par l'enfer, Le corps squammeux entr'ouvre au fond de sa prison Et tu n'es point venu de l'azur chaste et clair, Jeune homme éblouissant, lumière faite chair, Beau saint Georges, tueur des chimères immondes! L'AMOUR FOSSOYEUR La joue en fruit comme une pêche, Salut, divin adolescent! Sur ton épaule lisse et ronde Elle ondule et baigne tes ailes Pavoniennes, aux grands yeux fous, Dans leurs battements lents et doux Ouvrant des milliers de prunelles. |