Imagens das páginas
PDF
ePub

guent son empoisonnement de celui que produit l'opium. Elle donne lieu aux phénomènes suivants.

A faible dose, elle provoque une céphalalgie, légère d'abord, mais qui s'accroît par degrés; un goût pâteux avec blancheur de la langue, de la sécheresse et de la chaleur de la gorge, de la soif, des nausées légères, la chaleur et la moiteur de la peau, l'accélération du pouls, de la tendance au sommeil, des vertiges, la dilatation extrême des pupilles, un affaiblissement notable de la vue, et l'engourdissement des extrémités inférieures. A dose plus considérable, elle détermine des douleurs épigastriques, des coliques, de la diarrhée. Enfin à dose plus forte encore, elle produit du délire, des convulsions, une énorme dilatation des pupilles, la perte de la vue, un assoupissement profond, et finit par entraîner la mort (1),

On trouve à la suite de cet empoisonnement les mêmes lésions cadavériques qu'après l'empoisonnement par l'opium, Le traijement repose sur les mêmes indications et emploie les mêmes

moyens.

De l'empoisonnement par la belladone.

Ce poison se rapproche beaucoup des deux précédents par sa manière d'agir; il en diffère cependant en ce qu'il irrite plus fortement la membrane muqueuse des voies digestives lorsqu'il est ingéré; quelques particularités dans ces symptômes l'en distinguent encore.

Sous son influence, la bouche se dessèche d'abord; elle devient d'une aridité extrême; le malade ne ressent plus la saveur des aliments, il lui semble qu'il mâche de la terre; la déglutition se fait avec difficulté; de la chaleur et de la douleur se font sentir dans l'estomac et se propagent même dans l'intestin; la sécrétion de la membrane muqueuse de ces parties s'accroît, et souvent quelques déjections alvines se déclarent. Bientôt la tête devient lourde, pesante; un sentiment de constriction des tempes se manifeste; le pouls varie considérablement ; il est tantôt vif, accéléré, impétueux, et devient presque subitement lent et irrégulier; la sécrétion de l'urine et celle de la sueur sont ordinairement

(1) Fouquier et Ratier, Archives de médecine.

accrues; il existe des éblouissements, des vertiges, les pupilles sont dilatées et restent immobiles; la vision est affaiblie. Enfin à ces symptômes succèdent une grande faiblesse musculaire, de la somnolence; et si la dose du poison a été considérable, de la paralysie, des convulsions et la mort. Dans un cas, observé par nous, d'empoisonnement produit par un lavement de décoction de belladone, il existait une grande sécheresse de la peau, avec démangeaison extrême, des envies fréquentes d'uriner; la vue n'était pas troublée, bien que les pupilles fussent dilatées; tous les autres symptômes étaient semblables à ceux que nous venons de décrire, à l'exception des accidents gastriques, qui n'existaient pas.

Mêmes lésions que dans les empoisonnements précédents; même traitement.

De l'empoisonnement par le datura stramonium.

Les premiers symptômes que produit le datura stramonium sont les suivants; sécheresse dans la gorge, soif, coliques, diarrhée; puis le pouls devient irrégulier, la face rougit, les yeux deviennent brillants, la céphalalgie se déclare, il se manifeste des étourdissements, la vue se trouble, les muscles sont engourdis, l'ouïe s'affaiblit; bientôt la soif devient ardente, le ventre se gonfle et se tend; le malade éprouve un sentiment de strangulation et des douleurs cardialgiques assez vives; il est en proie à une sorte d'ivresse et à un délire souvent furieux, toujours agité, et parfois accompagné de gesticulations bizarres; enfin le coma entrecoupé de convulsions et quelquefois la paralysie des membres se déclarent, et la mort survient. Chez les malades qui guérissent après ces graves symptômes, il reste quelquefois une perte absolue de la mémoire, quelquefois même un véritable. état d'aliénation mentale avec débilité extrême et tremblement des membres, qui ne se dissipent qu'à la longue,

Les lésions cadavériques et le traitement n'offrent rien de particulier.

De l'empoisonnement par l'aconit.

A dose médicamenteuse, l'aconit excite la sueur et la sécrétion urinaire; il provoque quelquefois aussi une éruption pustu

leuse à la peau. Mais, à haute dose, il détermine des accidents fort graves, tels sont une anxiété considérable, de l'agitation, des inquiétudes dans les membres, des vomissements, de la diarrhée, des vertiges, des éblouissements, des défaillances, le ralentissement de la circulation et de la respiration, l'intumescence du bas-ventre, du délire, de la somnolence, la prostration des forces, des convulsions, des sueurs froides ; et ces accidents ne tardent pas à être suivis de la mort.

On a quelquefois trouvé des traces d'inflammation dans l'estomac des animaux empoisonnés par l'aconit; mais le plus ordinairement on ne rencontre que les traces d'injection des méninges et des vaisseaux cérébraux communes à tous les poisons narcotiques. Le traitement ne diffère pas de celui des empoisonnements qui précèdent.

De l'empoisonnement par la ciguë.

La ciguë offre une grande analogie d'action toxique avec l'aconit. D'abord elle irrite l'estomac, et détermine de la soif, la sécheresse et la chaleur de la gorge, et l'accélération du pouls; puis, absorbée et portée sur le système nerveux, elle provoque la pesanteur de tête, la céphalalgie, de la douleur dans les yeux, des vertiges, des éblouissements, des tintements d'oreilles, l'affaiblissement de la vue, du délire, le tremblement des membres, de la somnolence, des mouvements convulsifs et la mort. Elle n'a rien de spécial dans les désordres cadavériques qu'elle détermine, ni dans le traitement que l'empoisonnement produit par elle réclame.

De l'empoisonnement par la noix vomique.

Ce poison irrite plus violemment les tissus avec lesquels il est mis en contact que les précédents; mais ce n'est pas par cette irritation directe qu'il tue; son action principale s'exerce sur la moelle épinière, sur la moelle allongée, suivant M. Flourens (1). La strychnine, qui en est le principe actif, la fausse angusture et la brucine, agissent de la même manière.

(1) Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux, 2o édition. Paris, 1842, in-8°.

L'empoisonnement par cette substance présente les symptômes suivants : malaise général, contraction générale de tous les muscles du corps, pendant laquelle la colonne vertébrale est redressée; à cette contraction, dont la durée est fort courte, succède un calme marqué, suivi lui-même d'un nouvel accès qui se prolonge plus que le premier, et pendant lequel la respiration est altérée. Tout-à-coup les accidents cessent, la respiration se ralentit, et l'individu paraît étonné; peu de temps après, nouvelle contraction générale, roidissement vigoureux de tous les muscles; le tronc et les membres sont dans une extension violente, les mâchoires sont fortement rapprochées; en un mot, le malade semble pris d'un violent tétanos; son agitation est extrême; il pousse des cris; la vue et l'ouïe acquièrent quelquefois une sensibilité exquise; le pouls, qui n'éprouve ordinairement aucun changement, s'accélère bientôt pendant les accès convulsifs; pendant ces accès aussi, le corps se couvre de sueur; enfin la respiration se ralentit, s'arrête; les muscles de la face sont agités de mouvements convulsifs; et le malade meurt asphyxié. Dans une observation rapportée par M. Orfila, le malade, après avoir échappé aux premiers accidents de l'empoisonnement, succombe à l'exaspération de l'inflammation gastro-intestinale que le contact du poison avait fait naître. Mais le phénomène le plus remarquable de cet empoisonnement, c'est que, lorsque les malades sont calmes, il suffit de les toucher ou de faire le plus léger bruit pour réveiller à l'instant même les secousses tétaniques; chez les chiens, la simple menace produit le même effet.

A l'autopsie cadavérique des individus qui succombent à cet empoisonnement, on trouve ordinairement des traces d'inflammation évidente dans l'estomac et les intestins, de la sérosité, quelquefois sanguinolente, infiltrée sous l'arachnoïde, épanchée dans les ventricules et dans la cavité de l'arachnoïde rachidienne. MM. Ollivier (d'Angers), Drogart et Orfila ont trouvé le renflement brachial de la moelle épinière notablement injecté; les poumons, chez le même sujet, étaient gorgés d'une abondante quantité de sang noir fluide, ainsi que le cœur et les gros troncs vasculaires.

Après avoir saigné le malade, administré des vomitifs, dont on a favorisé l'action en chatouillant la gorge avec la barbe

d'une plume, il faut, dans cet empoisonnement, se håter d'insuffler l'air dans les poumons aussitôt que l'on voit paraître les signes de l'asphyxie, car c'est par elle que la plupart des nalades succombent. On fait prendre en même temps, toutes les dix minutes, quelques cuillerées d'une potion préparée avec 60 grammes (2 onces) d'eau, 8 gram. (2 gros), d'éther, 60 gram, (2 onces) d'huile de térébenthine, et 16 gram. (1/2 once; de sucre. Si le poison avait été appliqué à la surface du corps, or devrait avant tout cautériser la plaie avec le fer rouge, et appliquer une ligature fortement serrée au-dessus de la blessure, Enfin, s'il se manifeste des symptômes d'inflammation des voies digestives, on les combat par les moyens convenables, (Voya Gastrite, tome I, pag. 447 et suiv.)

De l'empoisonnement par les champignons.

Les champignons possèdent une double action vénéneuse : d'une part, ils font naître dans les voies digestives des inflammations qui passent promptement à la gangrène, et de l'autre, ils vont exercer sur les principaux centres nerveux une action stupéfiante et irritante tout à la fois. Leurs effets ne se déclarent que six ou sept heures après qu'ils ont été mangés; quelquefois même il s'écoule jusqu'à vingt-quatre heures avant qu'aucun accident se manifeste. Les symptômes auxquels ils donnent lieu présentent des différences, suivant l'espèce à laquelle ils appar tiennent; on peut cependant tracer une description générale de ces symptômes; voici donc en quoi ils consistent.

D'abord les malades sont pris de douleurs d'estomac, de tranchées, de nausées, de vomissements et d'évacuations alvines. Bientôt les douleurs de l'estomac, le sentiment d'ardeur des entrailles et les tranchées ne laissent presque plus de relâche et deviennent atroces; il survient des crampes et des convulsions, tantôt générales et tantôt partielles; la soif est dévorante; le ventre se tend, se ballonne; il est d'une vive sensibilité au contact; le hoquet et un abattement extrême se manifestent; le pouls est petit, serré, dur et très fréquent; le corps se couvre parfois de taches violettes nombreuses et étendues. A ces accidents s'ajoutent incessamment des vertiges, un délire sourd et de l'assoupissement, qu'interrompent de temps en temps les

« AnteriorContinuar »