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les acides minéraux, et surtout des aliments sains, nourrissants et de facile digestion, et l'éloignement de toutes les causes, sont les meilleurs de ces moyens. On peut y joindre l'emploi des lotions alcooliques ou acidules sur toute la surface de la peau. Pour combattre les hémorrhagies, on a recours à tous les moyens que nous avons fait connaître en traitant de chacune de ces affections en particulier, et principalement à ceux qui jouissent de propriétés styptiques et astringentes. On doit même s'abstenir, en général, des antiphlogistiques, qui ne feraient probablement qu'aggraver le mal. Si cependant des inflammations d'organes importants accompagnaient l'hémacélinose, il ne faudrait pas hésiter à les combattre par les moyens ordinaires, et l'on ne devrait s'occuper de celle-ci que d'une manière tout-à-fait secondaire.

ORDRE DEUXIÈME.

Altérations de la lymphe.

Considérations générales.

La composition chimique de la lymphe diffère à peine de celle du sang; pour quelques chimistes même ce n'est que du sang moins la matière colorante: c'est du sang blanc; comme ce liquide, elle contient de l'eau, de la fibrine, de l'albumine, de l'hydrochlorate et du carbonate de soude, des phosphates de magnésie et de chaux; comme lui elle se partage par le repos en deux parties, un sérum et un caillot.

On ne sait presque rien sur les altérations de la lymphe. Sur les cadavres on a trouvé dans les vaisseaux lymphatiques un liquide semblable à du sang, on y a trouvé du pus, de la matière tuberculeuse, de la bile, du phosphate de chaux; mais ces matières provenaient-elles d'une altération de la lymphe, ou bien avaient-elles été puisées par l'absorption dans des parties éloignées? D'abord, pour le liquide semblable à du sang, il y a peut-être erreur d'observation, attendu que la lymphe a quelquefois une teinte rosée : cela arrive toujours chez les animaux soumis à un long jeûne, cela doit donc arriver, dans la même circonstance, chez l'homme. Quant au pus, à la matière tuberculeuse, et à la bile, dans tous les cas où on les a observés ils

avaient évidemment été absorbés. La présence du phosphate de chaux seule appartient peut-être à une altération de la lymphe; puisqu'elle en contient naturellement, on conçoit un état morbide dans lequel il s'en sépare et se solidifie. A aucune de ces altérations il n'a été possible de rattacher encore des symptômes.

Il n'est pas douteux cependant que la lymphe soit susceptible de s'altérer; elle le peut d'abord par l'effet d'une mauvaise alimentation, comme le sang et tous les organes; ensuite elle le peut encore par l'introduction de substances nuisibles, si, comme tout porte à le croire, le système lymphatique concourt à l'absorption; les faits d'anatomie pathologique que nous venons de rapporter en sont d'ailleurs des preuves. Mais ici nous manquons de ces expériences physiologiques qui ont jeté un si grand jour sur les altérations du sang; et l'obscurité des fonctions de ce système, l'ignorance presque absolue dans laquelle nous sommes du rôle que joue la lymphe dans le mécanisme de la vie, couvrent d'un voile épais tout ce qui concerne ses maladies; la physiologie pathologique ne peut plus nous prêtèr ici les lumières qu'elle nous a prodiguées dans l'étude des altérations du sang.

Nous en sommes donc réduits aux conjectures sur les maladies qui peuvent se rattacher aux altérations de ce liquide. Ainsi les tubercules sous-cutanés, pulmonaires, mésentériques et autres, étant formés par une matière jaunâtre, friable, etc., dont la composition chimique paraît être la même que celle de la lymphe, il paraîtrait tout naturel d'en conclure que ces produits morbides sont, en effet, formés par de la lymphe concrétée. Mais il se présente une objection sérieuse, c'est qu'il se forme des tubercules dans le cerveau, organe dans lequel on n'a pas découvert de vaisseaux lymphatiques. En supposant d'ailleurs que ces vaisseaux y existent, que de difficultés encore à résoudre! La lymphe étaitelle altérée dans ses conduits avant de former des tubercules, ou bien ne se concrète-t-elle en petites masses que parce que, par une cause quelconque, elle s'échappe de ses vaisseaux? N'est-il pas probable qu'ainsi que nous l'avons admis, elle n'éprouve aucun changement dans sa composition avant son épanchement par gouttelettes au sein des organes, puisque l'analyse chimique retrouve les mêmes principes dans les tubercules que dans la lymphe? L'issue de ce liquide hors de ces vaisseaux n'est-il pas

un phénomène analogue à celui de l'hémorrhagie, et par conséquent ne se fait-elle pas sans qu'il y ait altération nécessaire de sa composition? Ce problème est, dans l'état actuel de la science, difficile à résoudre. Tout ce que l'on peut dire, c'est que la plupart des tuberculeux ayant une constitution particulière, caractérisée surtout par la prédominance des fluides blancs et une moins grande quantité de globules rouges dans le sang, toutes les causes de tubercules agissant lentement, et toutes en exagérant cette fâcheuse disposition organique, il est possible que la lymphe joue un rôle important dans la maladie tuberculeuse.

Quelques probabilités tendent aussi à établir que la syphilis appartient aux altérations de ce liquide. Produite par un virus qui est nécessairement absorbé, cette maladie doit avoir son siége dans le sang ou dans la lymphe, puisque ces fluides sont les seuls véhicules des substances absorbées. Or, son expression symptomatique, si peu analogue avec les maladies du système sanguin, et la participation fréquente des ganglions lymphatiques aux désordres qu'elle entraîne, rendent probable une altération de la lymphe dans cette maladie.

Mais il s'en faut que toutes ces conjectures approchent de la vérité. Ce n'est pas une raison cependant pour les repousser; car, par cela même qu'on s'y livre, il est évident qu'il reste encore à éclairer beaucoup de points de la pathogénie des maladies sur lesquelles elles portent, et la vérité peut bien être dans cette voie.

ORDRE TROISIÈME.

Altérations de la bile.

Considérations générales.

De tout temps on a fait jouer un grand rôle à la bile dans la production des maladies. Nous n'entreprendrons pas cependant l'histoire des nombreuses théories qui, depuis Galien jusqu'à Stoll, ont placé dans les altérations de ce liquide, sa surabondance, ou son transport métastatique sur les organes, les causes principales de la plupart des maladies qui affligent l'espèce humaine. Rien d'instructif pour le lecteur ne ressortirait du récit de cette longue suite d'hypothèses. Nous passerons immédiate

ment à la discussion des questions de physiologie pathologique auxquelles ces hypothèses se rattachent toutes; questions importantes, à chaque instant soulevées, toujours tranchées, mais jamais résolues; questions vieillies et usées, disait-on naguère, mais auxquelles la tendance humorale des travaux de l'époque rend en quelque sorte tous les attraits de la nouveauté.

La première que nous avons à examiner est celle-ci : la bile non altérée peut-elle produire des maladies, soit par sa surabondance, soit par sa métastase sur les organes?

Quand on voit un malade ayant la bouche amère, la langue recouverte d'un enduit jaunâtre, du dégoût pour les aliments, des nausées continuelles, etc., être débarrassé de ces symptômes par le vomissement spontané ou provoqué d'une plus ou moins grande quantité de bile jaune, il paraît tout naturel d'en conclure qu'il avait trop de bile. C'est aussi la conséquence que l'on a tirée dès la plus haute antiquité de l'observation de ce fait, dont la pratique de la médecine offre d'assez fréquents exemples. Les gens du monde, et avec eux quelques observateurs superficiels, en tirent tous les jours encore la même conclusion. Cependant, en analysant toutes les circonstances de ce fait, le plus favorable de tous peut-être à la théorie de la pléthore bilieuse, on s'aperçoit bientôt que cette conclusion est fausse. En effet, si l'on voit fréquemment disparaître les symptômes que nous avons indiqués, à la suite d'une évacuation plus ou moins considérable de bile, on les voit tout aussi souvent peut-être persister et même s'accroître après cette évacuation, ou bien céder à quelques jours de diète et de boissons acidules ou à des émissions sanguines, sans qu'aucune évacuation bilieuse ait lieu. Ni dans l'un ni dans l'autre cas, il n'est possible d'admettre que la présence de la bile soit la cause des accidents, puisque, dans le premier, l'expulsion de ce liquide ne les fait pas cesser, et que, dans le second, ils se dissipent sans que cette prétendue cause soit enlevée. Or, des symptômes semblables ne sauraient dépendre de causes différentes, et celle qui n'en rend pas raison dans tous les cas n'est pas la véritable; ce n'est donc pas à la surabondance de la bile qu'il faut les attribuer. La physiologie pathologique vient d'ailleurs nous donner une explication plus large et plus vraie de ces phénomènes morbides. Elle nous enseigne que

la sécrétion de la bile ne peut être accrue que sous l'influence d'une surexcitation directe ou sympathique du foie, et que c'est par conséquent à cette cause qu'il faut toujours remonter, au lieu de s'arrêter superficiellement à l'un de ses effets. Ce n'est donc pas au rejet d'une certaine quantité de bile que cette surexcitation hépatique cède quelquefois, mais à une sécrétion rapide et abondante de ce liquide, ainsi qu'aux autres sécrétions que les efforts du vomissement provoquent, comme dans d'autres cas elle cède à la sédation directe ou sympathique de l'organe par les antiphlogistiques. Enfin l'anatomie pathologique, en nous montrant les traces de cette surexcitation, lorsque les accidents se sont accrus et ont entraîné la mort, achève de prouver que la bile n'est pour rien dans la production des phénomènes morbides.

Jusqu'ici nous avons raisonné dans l'hypothèse que la bile surabondante et non altérée existait dans l'estomac, et nous avons prouvé, ce nous semble, que sa présence dans cet organe ne peut pas produire les accidents qu'on lui attribue. Mais on nous objectera que les partisans éclairés des théories bilienses conçoivent aujourd'hui la surabondance de la bile, la pléthore bilieuse, la polycholie, comme ils l'appellent, d'une autre manière que nous venons de l'indiquer: ils pensent que les éléments de la bile préexistent dans le sang à la sécrétion du foie, et que la polycholie consiste dans la surabondance de ces éléments. Silvius (de le Boë), si mal jugé par le partial Sprengel dans son Histoire de la Médecine, est l'auteur de cette théorie, reproduite par Stoll, un siècle plus tard, avec quelques modifications. Cette opinion soutient encore moins l'examen que la précédente. Elle repose d'abord sur une supposition gratuite; car aucune analyse chimique digne de quelque confiance n'a pu signaler encore dans le sang la présence des éléments de la bile. Mais on les y rencontrerait, que cela ne prouverait rien encore. Il faudrait démontrer que cette bile n'a pas été préparée par le foie, puis absorbée comme dans l'ictère, et transportée de la sorte dans le torrent circulatoire. Or, il n'est aucun moyen de prouver une pareille assertion; car, quel que soit l'instant qu'on choisisse pour tirer du sang et l'analyser, cet instant a toujours été précédé par un travail de sécrétion de la part du foie, et il sera toujours plus

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