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N33 954 1863

A MES AUDITEURS

Au siècle dernier, un écrivain, son œuvre terminée, la jugeait hors de danger dès que, parmi les hauts et puissants du jour, il avait pu lui trouver un patron aussi connu dans le monde financier qu'obscur dans le monde de l'intelligence.

De notre temps, le public a succédé à ces anciens maîtres de l'opinion: c'est lui, lui seul dont on redoute, dont on s'efforce d'influencer les arrêts.

Votre bienveillance éprouvée, mes chers auditeurs, m'affranchit de toute contrainte semblable, pour ne m'imposer que le plus doux des devoirs, celui de la reconnaissance.

Ce n'est donc ni à ceux de qui j'espère, ni à ceux de qui je crains, que ce livre sera dédié; c'est à ceux envers qui je suis redevable. Que vos suffrages, que le souvenir de votre sympathique empressement lui servent d'appui dans la dernière épreuve qu'il va affronter. Ils sont pour l'œuvre sa meilleure recommandation, comme, pour l'auteur, ils ont été son plus puissant encouragement, et demeureront sa plus précieuse récom

pense.

P. DIDAY.

J'ai commencé ma pratique spéciale en prescrivant,

comme tous les médecins, le mercure à tous les syphilitiques. Après avoir passé douze années à observer les récidives qui se produisaient malgré tous mes efforts, je voulus essayer si, en ne donnant le mercure que dans quelques cas déterminés, je n'aurais pas d'aussi bons résultats. L'étude que je publie aujourd'hui est le résultat de cette seconde pratique, qui dure depuis plus de huit ans. En assistant au développement de la syphilis sans l'influencer par l'action de son prétendu spécifique, j'ai pu obtenir ce qu'on avait négligé jusqu'à présent, c'est-à-dire connaître les lois de son évolution naturelle et les règles de sa curabilité spontanée.

C'est ce dernier point qui m'a surtout préoccupé. Prouver par des faits irrécusables qu'on peut guérir la syphilis sans mercure; apprendre à discerner de bonne

heure les cas qui se prêtent à cette méthode d'avec ceux où le mercure devient nécessaire; démontrer le pouvoir et enseigner l'usage de tous les agents que la pharmacie et l'hygiène fournissent, indépendamment des spécifiques, pour réaliser l'élimination du virus, tel a été mon principal but. Il me paraît digne de fixer l'attention de mes confrères, de susciter leurs efforts dans le même

sens.

La faveur publique ne s'attache guère aujourd'hui à cet ordre de recherches; je le reconnais. Mais je le reconnais sans découragement; et je m'estimerais heureux si la publication de cet essai pouvait marquer le moment où, après s'être si longtemps passionnés pour la chute et le triomphe des systèmes doctrinaux, les syphiligraphes commenceront enfin à se préoccuper aussi des systèmes thérapeutiques.

Lyon, 30 avril 1863.

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