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Sur l'observation de M. Crampon, la Société décide qu'un tirage à part de la liste des membres qui paraîtra à la fin du volume sous presse, sera fait, et un exemplaire remis à chacun des membres résidants. Il est ensuite procédé à l'élection de M. Cappe, Georges, de Frévent, qui est nommé titulaire nonrésidant.

FUNÉRAILLES DE M. GÉDÉON DE FORCEVILLE.

La Société, convoquée par lettre de M. le Président, s'est réunie au Musée, le mardi 2 février, pour assister aux funérailles de M. Gédéon-Adolphe-Casimir de Forceville, membre titulaire résidant, décédé le samedi 30 janvier 1886, dans son domicile, rue Lamarck, 35.

Une foule nombreuse avait voulu témoigner par sa présence ses sympathies pour l'honorable défunt.

La magistrature, l'université, le barreau, l'armée, l'industrie, le commerce, les sociétés savantes, etc., étaient brillamment représenté.

Nous citerons: MM. Dauphin, Premier Président de la Cour d'Appel, Sénateur; Obry, Président du Tribunal civil; Anatole Hubault, Président du Tribunal de commerce; Labbé, Président de la Chambre de commerce; Leleu, Proviseur du Lycée; Deberly, Député; Béthouart, Conseiller général d'Abbeville; Dausse, Vice-Président du Conseil de préfecture; Gallet, Président de la Société industrielle; Janvier,

Président de l'Orphéon; Gontier, Président de l'Harmonie, etc., etc.

Le deuil était conduit par M. Gédéon de Forceville, ancien magistrat, fils du défunt, accompagné par M. le curé-doyen de Saint-Remy.

Après le service solennel chanté en l'église StRemy, le corps fut conduit au cimetière et placé au dépositoire où il doit demeurer jusqu'à l'achèvement des travaux qui s'exécutent à la sépulture de famille. M. Garnier a prononcé le discours suivant :

MESSIEURS,

La mort n'épargne point notre Société. Il y a moins d'un an elle nous enlevait M. Mennechet, que nous croyions longtemps conserver parmi nous. Elle frappe aujourd'hui notre doyen d'âge, et le doyen de la Compagnie est appelé au douloureux honneur de lui rendre un dernier hommage.

Ne semble-t-il point que lorsqu'un homme atteint l'âge avancé de notre collègue, que sa vie a été dignement remplie, et qu'on peut dire de lui qu'il a noblement accompli sa tâche, la douleur devrait être moins vive? Cette mort cependant est d'autant plus vivement ressentie par la Société, qu'elle le voyait encore avec toute son activité, toute son intelligence.

M. Gédéon de Forceville, né à Saint-Maulvis (Somme) le 12 février 1799, était, comme la plupart de ses parents, destiné à rester à la campagne pour y cultiver ses terres; aussi était-il venu à Amiens pour acquérir, dans une étude d'avoué et de notaire, les connaissances indispensables à la gestion de ses affaires. Son mariage changea ces projets.

En 1828, il épousait Mlle Duvette, fille d'un banquier, et devenait l'associé de son beau-père, position qu'il occupa jusqu'en

1846 et pendant laquelle il eut l'honneur d'être nommé juge au Tribunal de commerce.

Les loisirs qu'il s'était donnés ne furent point pour lui des jours d'oisiveté, mais des jours d'études sérieuses qu'il poursuivit avec l'ardeur et la persévérance qui était le fond de son caractère.

Artiste déjà, car il était bon musicien, très habile dans tous les exercices du corps et les travaux manuels, l'art du tourneur n'avait plus de secrets pour lui, il résolut, à la suite d'une discussion quelque peu paradoxale sur la sculpture, de s'occuper de cet art d'imitation positive, où rien n'est de convention, où le sujet doit se rendre tel qu'il est. M. De Forceville, dont c'était le rêve depuis longtemps, s'essaya donc, et la copie d'un buste de Victor Hugo, dont l'habile exécution lui attira les félicitations de quelques amis, l'encouragea dans cette voie et décida sa vocation.

C'est de cette époque que date, je ne dirai point son goût,mais sa passion pour la sculpture, passion qui ne fut point malheureuse, car, en 1845, son buste de Delambre, admis au salon, obtint une mention honorable.

La Société des Antiquaires de Picardie l'avait admis parmi ses membres le 8 janvier de cette même année 1845.

M. De Forceville, en prenant possession de son siège, avait simplement déclaré que, s'il recueillait des objets antiques, ce n'était point comme archéologue, mais au point de vue de l'art qu'il les étudiait, qu'il s'était plus occupé de la pratique de la sculpture que des questions historiques et littéraires, et qu'il ne pouvait acquitter son tribut envers la Compagnie qu'avec son ciseau qu'il mettait à sa disposition.

M. De Forceville a tenu parole, et ses bustes de S. Geoffroy,de Blasset, du docteur Rigollot, ses médaillons du chanoine De la Morlière, de Dom Bouquet, les statues de Pierre l'Ermite et de Robert de Luzarches qu'il lui a dédiés, en sont la preuve.

Je n'ai point à citer ici toutes ses œuvres, mais celles-lå seulement qu'il a exécutées pour nous. Quant aux autres, il nous invitait à les visiter au cours de ses travaux, et à lui donner les conseils que nous croirions utiles. C'est ainsi qu'il nous initiait à ses projets du monument des gloires picardes que beaucoup auraient désiré voir dans un cadre plus vaste, afin qu'on jugeât mieux de ce qu'il avait fallu de talent, d'énergie et de volonté à un seul homme pour ce gigantesque travail.

Pierre l'Hermite a les honneurs d'une place publique, et nous avons pu l'inaugurer solennellement, devant une assemblée de prélats qu'avait réunis à Amiens le sacre de Mgr Gerbet, en 1855.

J'en reviens au buste du Dr Rigollot que j'estime le meilleur de tous. Le Docteur, vous le savez, n'était ni peintre ni sculpteur; il joignait au goût le plus sûr en fait d'art une vaste érudition, et ne ménageait point les observations à l'artiste ; jamais cependant l'amitié qui les unissait ne souffrit la moindre atteinte des discussions qui s'élevaient entre eux. Permettez-moi de penser que M. De Forceville, en exécutant ce buste, a voulu se venger, et qu'il l'a fait avec autant de délicatesse que de bonheur. Il a reproduit en effet dans cette tête parfaitement modelée, la physionomie fine et spirituellement railleuse du savant critique. Si ma pensée est juste, la vengeance ne serait-elle point digne de l'artiste et du caractère des deux amis?

M. De Forceville n'a point seulement payé son tribut avec son ciseau, il a fait partie de toutes nos commissions où des questions d'art s'agitaient, celles par exemple des diverses restaurations de la cathédrale ; et nous avons pu juger là des connaissances spéciales qu'il possédait dans la sculpture et l'ornementation, et qui révelaient dans les discussions plutôt un artiste consommé qu'un simple amateur.

Le temps qui emporte avec lui la douleur nous laissera de M. De Forceville les meilleurs souvenirs, et son nom sera transmis par ses œuvres à nos successeurs qui le jugeront avec plus de sang-froid et par conséquent plus de justice.

Ajoutons qu'un cœur droit, un caractère honnête, une fermeté qui n'excluait point l'urbanité dans les relations du monde, lui avaient fait de nombreux amis.

Ces hommages que nous rendons aux morts ne sont-ils point pleins d'espérances heureuses et consolantes? Ne disent-ils point que Dieu, dans sa Providence, a des secrets auxquels il faut se confier, et que les liens sacrés et si doux qui unissent les membres d'une famille, aussi bien que ceux des sociétés comme la nôtre, ne sauraient être rompus sans retour.

Adieu donc, cher collègue, adieu.

Séance ordinaire du 9 février 1886.

Présidence de M. GARNIER, Président.

Répondent à l'appel et au contre-appel, MM. Antoine, Darsy, Bo de Calonne, Dubois, Duhamel, Duvette, Garnier, R. de Guyencourt, Janvier, Josse, Pinsard et Poujol de Fréchencourt.

MM. Gallet, l'abbé Hareux et Roux, membres titulaires non résidants, assistent à la séance.

Lecture est donnée du procès-verbal du 12 janvier auquel M. de Guyencourt demande à faire une rectification. Le travail qu'il a communiqué sur Mailly-Raineval ne concernait qu'une partie du château et non pas la totalité des constructions.

- M. Antoine fait remarquer que parmi les noms

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