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graphe à travers la carrière de ses héros; le récit du siège de Crépy, les nombreux faits d'armes dont la Picardie fut alors le théâtre; prises et reprises perpétuelles des mêmes places par les Anglais et par les Français tour à tour maîtres du terrain; aux environs de St-Riquier, dans le Vimeu, plus tard à Ham et dans le Santerre.

Bientôt nous quittons la Picardie pour suivre La Hire en Lorraine et en Champagne, puis avec Xaintrailles à la bataille de Verneuil, aux sièges de Montargis et d'Orléans, et plus tard en Normandie et à Chartres. La belle mais cruelle campagne que fit Lahire en 1433 nous ramène sous les bords de la Somme et en Artois. En août 1435, nouvelle expédition sur Doullens et Beauquesne, puis en Normandie, enfin nous suivons La Hire et Xaintrailles accompagnant Charles VII dans son entrée solennelle à Paris le 13 novembre 1437.

Jean, Charles, Louis, Hector, Raoul et Guillaume de Flavy ont chacun une biographie particulière. Le point le plus saillant de cette partie de l'ouvrage est le siège de Compiègne commandé alors par Guillaume de Flavy et où Jeanne d'Arc fut faite prisonnière. L'auteur défend énergiquement Flavy de l'accusation de trahison que plusieurs historiens avaient portée contre lui.

Comme il est aisé de s'en apercevoir, et malgré son titre, ce travail appartient plus à l'histoire générale qu'à l'histoire particulière de la Picardie. Toutefois, comme un grand nombre des faits rapportés se sont passés dans notre province, la commission n'a pas cru devoir l'écarter du concours.

Un autre reproche à lui faire, et qui tient au choix même du sujet, est qu'il n'y a rien de bien neuf. Cette partie de l'histoire de la guerre de Cent ans a été déjà bien exploitée, est bien connue, et M. le marquis de Beaucourt dans son récent et remarquable ouvrage sur Charles VII vient d'en dire à peu près le dernier mot.

L'auteur a puisé la plupart de ses renseignements dans Monstrelet, Chastellain, le bourgeois de Paris, Thomas Basin, l'Histoire de Charles VII de M. Vallet de Viriville, le récent volume de M. Siméon Luce sur Jeanne d'Arc à Domremy, les travaux de M. Quicherat et quelques autres ouvrages. Quant à l'inédit, il se borne à bien peu de chose les pièces justificatives tirées pour la plupart des archives des Deux-Sèvres et des archives municipales de Tours sont peu nombreuses et peu importantes.

Peut-être l'auteur se laisse-t-il un peu entrainer dans l'histoire romanesque et, il est vrai, séduisante de la licencieuse Blanche d'Aurebruche, femme de Guillaume de Flavy et de ses trois ou quatre mariages successifs et qui ne tient qu'à un côté de son sujet, d'autant qu'elle avait déjà été racontée tout au long par M. de Beaucourt dans le tome xix de nos Mémoires.

Bien que ce travail eût singulièrement gagné à une division un peu plus claire, il témoigne néanmoins d'une connaissance réelle de cette partie de notre histoire,de ses sources et des travaux dont elle a été l'objet ; il y a quelques bons passages: ainsi les arguments avancés contre l'accusation de trahison portée sur Guillaume de Flavy sont assez ingénieux. Aussi votre commission a-t-elle proposé de lui donner une mention très honorable avec une médaille d'argent.

Les monographies de communes ont une utilité qui n'échappera à personne. Deux nous ont été présentées cette année. La première est intitulée Histoire de Sainte-Segrée et porte la devise « Gy seray de Monsures. » Ecrire en 157 pages in-folio l'histoire d'une commune de 150 habitants au plus et qui n'a jamais joué dans l'histoire que le rôle d'une modeste et paisible aglomération de cultivateurs, c'est s'exposer à s'écarter souvent de son sujet et, au lieu d'une seule localité, à en em

brasser plusieurs et par suite en arriver à entreprendre sur l'histoire forcément incomplète de tout un pays. C'est un écueil dont n'a pu se défendre l'auteur du mémoire sur Ste-Segrée, qui, trop souvent, s'égare dans le pays de Poix tout entier, et dans des digressions parfois un peu longues sur les familles Tyrel de Poix, de Monsures, du Passage, qui tour à tour possédèrent la seigneurie dudit lieu.

Après quelques notions sur la situation topographique du village, et les diverses formes anciennes de son nom, l'auteur l'envisage successivement aux principales périodes de l'histoire : époques gauloise, romaine, mérovingienne et carlovingienne, féodale, révolutionnaire et contemporaine.

Il étudie ensuite les seigneurs qui l'ont successivement possédé, ses monuments, église et châteaux; ses institutions; le commerce et l'industrie; les mœurs et usages locaux et enfin la biographie de la patronne du pays.

Signalons tout d'abord un défaut de plan et d'ordre que l'au teur corrigera d'ailleurs aisément.

Ainsi pourquoi rejette-t-il vers la fin plusieurs chapitres sur les voies de communication, la géologie, le climat, la culture, l'orographie, l'hydrographie, qui devaient naturellement trouver place au commencement dans le chapitre intitulé « Situation et description du village? De même la biographie de SainteSegrée, rejetée tout à la fin de l'ouvrage n'aurait-elle pas dû au contraire se trouver en tête, ou bien dans le chapitre consacré à l'époque mérovingienne et carlovingienne? Et à ce propos, que l'auteur nous permette de lui faire observer que la mode d'écrire Khildebert, Khlovigh, etc qu'Augustin Thierry avait essayé de faire passer n'a été suivie par personne, et qu'il vaut mieux s'en tenir aux formes francisées et moins barbares de Clovis, Childebert. Le chapitre consacré à l'occupation allemande en 1870-71 est d'une longueur un peu démesurée et s'étend à des détails un

peu trop circonstanciés; mais je passe, cette période, malgré son intérêt, ne rentrant pas dans le cercle d'études que la Société s'est tracé. Dans la description de l'église, faisons remarquer à l'auteur une grosse erreur archéologique, à savoir que « la forme rectangulaire des absides est essentiellement romane et que toutes les absides remaniées ou bâties à l'époque ogivale sont polygonales ou circulaires, erreur qu'il n'aurait certainement pas commise s'il avait seulement pensé à la jolie église voisine de Conty et à la superbe fenêtre en style flambloyant qui décore son chevet plat. Signalons en revanche un chapitre fort intéressant sur le commerce et l'industrie.

Il faut joindre à ce mémoire un autre intitulé Les anciens instituteurs de Sainte-Segrée sous la devise Ecce iterum Crispinus » 15 pages in-folio, évidemment du même auteur que le premier et une sorte d'appendice de celui-ci. A l'aide des archives du château de Monsures et des registres de l'état-civil, l'auteur donne une courte histoire de l'instruction publique à Ste-Segrée avec les noms de ses instituteurs depuis 1682, et quelques détails sur chacun d'eux.

Votre commission a pensé toutefois qu'en raison de l'aridité du sujet et des recherches considérables et consciencieuses dont l'auteur des deux mémoires a fait preuve, il était juste de lui accorder une mention honorable avec médaille de bronze.

L'auteur du mémoire intitulé Histoire de Boulogne-la-Grasse (Oise) et des paroisses érigées sur les terres de la Terrière données par Clovis III et Ste-Bathilde à l'abbaye de Corbie, avec l'épigraphe « Rerum ratio ordinem temporum desiderat, regionum descriptionem, a choisi un sujet plus intéressant et plus fécond, qu'il a traité en 186 pages in-folio d'une écriture serrée.

Ce travail comprend les monographies de cinq localités : Bou

logne-la-Grasse, Bains, Hainvillers, Bus, Fescamps. Il faut féliciter l'auteur de n'avoir jamais perdu de vue son sujet et de ne s'être pas laissé aller à des hors-d'œuvre comme celui du mémoire précédent. En voici l'analyse sommaire: La paroisse de Boulogne-la-Grasse appartenait jadis au pagus Ambianensis, en partie au bailliage de Montdidier, et en partie à celui de Roye, et au diocèse d'Amiens. S'il est à peu près impossible de dire à quelle époque Boulogne-la-Grasse et le pays environnant ont été habités il est certain que dès 662, lors de la donation par la reine Bathilde à l'abbaye de Corbie, la Terrière qui de nos jours n'est plus qu'un écart dépendant de Boulogne était déjà un centre important, et qu'à l'époque Romaine il y avait un camp au lieu dit la Montagne. Enfin au xi• siècle, le nom de Boulogne avait déjà prévalu En 661, lors de la fondation de l'abbaye de Corbie, Clotaire et Bathilde donnent à celle-ci une portion de terre dite la Terrière qu'ils avaient échangée avec un seigneur contre une autre terre dite la Montagne et où se trouve aujourd'hui Boulogne-la-Grasse, d'où deux grandes seigneuries: celle de la Terrière appartenant à l'abbaye de Corbie, et celle de la Montagne ou de Boulogne, jusqu'en 1413 époque où les deux seigneuries furent réunies en une seule par suite du legs que fit le dernier seigneur de Boulogne, de ladite seigneurie à l'abbaye de Corbie. Ce personnage joua un certain rôle dans la guerre de Cent ans sous le nom de Carados.

Vient ensuite un chapitre assez bien traité sur les voies romaines qui traversent le pays; la description fidèle avec plan à l'appui d'une espèce de motte de terre qui se trouve à Boulogne la-Grasse et vulgairement appelé le donjon, sur laquelle les textes sont absolument muets et les fouilles qui y ont été entreprises absolument infructueuses. Aussi approuverons-nous la sage réserve que l'auteur a cru devoir garder à cet égard.

Après la description des deux seigneuries, l'auteur nous ra

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