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Le prix d'entrée a été fixé à 0,50 c. par personne de midi à 6 h., et à 1 fr. de 9 h. à 11 h. du matin.

- M. Durand donne lecture du programme arrêté par la Commission du Congrès pour l'emploi du temps. La journée du jeudi serait consacrée à une excursion à Abbeville et à Rambures, et terminée par un banquet offert aux étrangers.

Après une assez longue discussion à laquelle la plupart des membres prennent part, sur les difficultés de l'excursion proposée, et sur l'emploi des journées, ces questions sont renvoyées à la Commission.

Quant au banquet, il est convenu que les invités seront admis aux frais de la Société, mais que tous les membres résidants et non-résidants paieront chacun une cotisation de 10 fr.

OBSÈQUES DE M. L'ABBÉ CORBLET

Le mardi 4 mai 1886 ont été célébrées à Roye les funérailles de M. l'abbé Corblet.

Après le service solennel qui fut chanté dans l'Eglise S.Pierre, et auquel assistaient tous les prêtres du canton, M. le curédoyen (M. Decroix) monta en chaire et lut un éloquent panégyrique qui fut écouté, par une assistance nombreuse, avec toutes les marques de la plus vive sympathie.

Les parents du défunt qui habitent Amiens s'étaient rendus à Roye en compagnie de M. Garnier, Président de la Société des Antiquaires de Picardie, et de M. l'abbé Francqueville, Chancelier de l'Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens, qui tous deux, au nom de leur compagnie dont l'abbé Corblet était

membre, ont, au cimetière, rappelé ses titres aux regrets qu'inspirait sa mort.

Discours de M. Garnier

Pour la seconde fois, cette année, je suis appelé à la triste mission de dire, au nom de la Société des Antiquaires de Picardie, un dernier adieu à l'un de ses membres.

Permettez-moi d'exprimer ses regrets sur la perte que nous avons faite de l'un de nos collègues les plus anciens et les plus dévoués.

Louis-Achille-Jules Corblet, né à Roye le 16 juin 1819, alla, après d'excellentes études au collège de cette ville, au petit séminaire de Beauvais où le goût de l'archéologie lui fut inspiré, je le crois du moins, par les leçons d'un savant professeur, le chanoine Barreau, archéologue et liturgiste des plus estimés, dont il resta l'ami.

L'abbé Corblet acheva ses études au séminaire d'Amiens où il fut ordonné prêtre : il devint alors successivement professeur au collège de Juilly et aumônier de l'institution Jauffret, à Paris; il passa ensuite près de deux années chez les Bénédictins de Solesmes et revint dans son diocèse, pourvu d'un vicariat de la paroisse Saint-Germain d'Amiens.

Le 14 mars 1839, élève encore, il avait été admis dans notre Compagnie en qualité de membre non résidant. Après son installation à Amiens, il fut, le 14 novembre 1854, élu titulaire résidant. Sa place était parmi nous; les communications qu'il nous avait faites, les mémoires qu'il avait publiés, l'y avaient marquée. Il nous quitta le 8 décembre 1879, pour se fixer à Versailles, emportant avec l'estime et l'amitié de tous ses collègues son ancien titre de non résidant.

Pendant ces 46 années qu'il nous fut associé, il ne cessa de prendre part à nos travaux soit directement, soit en nous envoyant

le fruit des recherches auxquelles il se livrait avec une ardeur que le succès récompensa toujours. C'est qu'il avait non seulement l'amour du travail, la ténacité qui fait surmonter les obstacles, mais l'intelligence qui permet de saisir dans chaque question ce qu'il y a d'utile et d'important, et la facilité de style qui, sans effort et sans fatigue, exprimait clairement ce qu'il voulait dire et faire comprendre.

Je ne veux et ne pourrais pas rappeler ici, même sommairement, tout ce qu'il a écrit ; l'énumération en serait trop longue. Il a touché à tant de points! La linguistique, l'archéologie, l'his toire, la liturgie, les beaux arts lui ont successivement fourni des sujets d'étude.

Je veux m'arrêter seulement aux plus importants de ses

travaux.

Son Glossaire du patois picard dont la Société avait provoqué la composition en proposant ce sujet de prix, fut couronné en 1849. Cet ouvrage remarquable par la science et la sagacité dont l'auteur a fait preuve, n'était pas à l'abri de la critique. Le rapporteur, un linguiste consommé, n'a point hésité à relever les erreurs auxquelles l'abbé Corblet s'était laissé entraîner à la suite d'étymologistes chez qui l'imagination et les chimères de l'esprit remplaçaient souvent la raison et la vérité. N'oublions pas surtout qu'à l'époque où il écrivait, les études philologiques. naissaient à peine, et qu'il n'avait point à sa disposition les matériaux qui abondent aujourd'hui et à l'aide desquels il eût rendu moins imparfait ce Glossaire qu'il qualifie modestement d'ébauche. Et cependant la liste est longue des auteurs qu'il a consultés.

Le Manuel d'archéologie qu'il a fait paraître en 1852, eut en 1873 une seconde édition. C'est dire assez l'accueil fait à cette publication. Méthodique, concis sans sécheresse, c'est une

œuvre consciencieuse où l'on voit l'homme qui sait, qui a vu ce dont il parle, qui a comparé sérieusement avant de formuler une opinion.

En 1856,il fonda la Revue de l'Art chrétien et sut donner à ce recueil un intérêt des plus vifs par le choix et la variété des articles dont il l'a composé.24 années d'existence et 32 volumes ornés de planches sur les sujets les plus divers prouvent la valeur qu'on attachait à cette revue qui eut sa place dans toutes les bibliothèques publiques.

Nommé chanoine honoraire et historiographe du diocèse, il fut chargé de la direction du Dimanche, semaine religieuse du diocèse, qu'il rédigea avec autant de tact que de talent.

Comme historiographe il entreprit l'Hagiographie du diocèse d'Amiens, dont il avait tracé le programme dans le discours qu'il prononça, comme président de notre Compagnie, en 1856. Dans cet ouvrage qui ne compte pas moins de cinq volumes, il raconte la vie de nos saints, dit les vertus qu'ils ont manifestées, les miracles qu'ils ont accomplis, le culte dont ils sont l'objet et les monuments liturgiques et iconographiques qui leur sont consacrés. M. Corblet n'a point été effrayé des difficultés de critique et de chronologie qu'il a rencontrées, il les a résolument affrontées, et je crois pouvoir dire qu'il a dignement accompli la tâche qu'il s'était imposée. Cette opinion d'ailleurs est confirmée par l'Institut qui a décerné à cette histoire une mention honorable en 1879.

La ville de Roye n'a point été oubliée dans ses études. La description des églises de sa ville natale contient un excellent chapitre sur l'église Saint-Pierre qui n'a pas peu contribué, je crois ne pas me tromper, à lui faire attribuer les allocations accordées pour sa restauration. Dans sa notice sur le prétendu temple devenu l'église Saint-Georges, il réduit à néant les opinions erronées qui en ont fait un temple romain, voire

même un temple consacré à Mithra. Il reconnaît là les véritables caractères d'une église romane qu'il réclame pour le onzième siècle.

On lui doit encore des recherches sur les reliques de saint Florent, qui sont un document précieux pour l'histoire de cette collégiale célèbre, et sur les origines des Filles de la Croix instituées à Roye, le 4 août 1625, par le doyen de Saint-Florent, Christophe Bellot, Claude Buquet, curé de Saint-Jacques, Guérin, curé de Saint-Georges, l'auteur du règlement de ces institutions chrétiennes qui ont dirigé les écoles de filles jusqu'en 1793.

Nous ne saurions oublier le concours que l'abbé Corblet prêta à la commission du Musée, dont il était membre, le talent avec lequel il rédigea la revue critique des expositions rétrospectives que nous avons faites, son discours historique sur les loteries à l'occasion du tirage de celle de 1861. On sait que ces loteries ont fourni les fonds avec lesquels la société put élever ce monument dont elle a doté la ville et dont le Guide dé l'étranger au Musée par l'abbé Corblet, signale si bien la remarquable architecture,

C'est à l'inauguration du Musée que notre collègue fut nommé Chevalier de la Légion d'honneur; les palmes d'Officier d'Académie avaient devancé cette distinction et avaient été la première récompense de ses travaux historiques et archéologiques.

L'abbé Corblet laisse inachevé un grand ouvrage sur les sacrements dont il a fait paraître les deux premiers volumes, le Baptême, en 1882. Dans cette étude histortque et liturgique, il donne la mesure de son érudion, de sa critique et de son irréprochable orthodoxie.

Disons en terminant qu'à la droiture du jugement, à l'égalité du caractère, il joignait un esprit fin et délicat qui n'excluait

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