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vue de la famille et de la médecine légale, sera pour moi le sujet d'un examen sérieux, alors que j'étudierai l'étiologie de la stérilité chez l'homme; pour le moment, je n'ai voulu qu'expliquer l'exception que je fais ici en faveur de la spermatorrhée, et montrer qu'elle entraîne plus constamment l'impuissance que la stérilité.

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Les pertes séminales ne

POLLUTIONS. SPERMATORRHÉE. sont pas exclusivement produites par les excès vénériens; des causes nombreuses président à leur naissance, et comme elles sont souvent réunies en plus ou moins grand nombre sur le même individu, il est quelquefois difficile d'assigner à chacune d'elles l'influence qui lui revient en propre. Cependant les excès de masturbation et de coït tiennent une des premières places dans la production de ces phénomènes morbides, et c'est à leur action seulement que je vais limiter l'espace que je puis consacrer ici aux pertes séminales involontaires.

Celles-ci admettent divers degrés que tous les auteurs se sont attachés à séparer avec soin; cette distinction était, en effet, nécessaire, non-seulement au point de vue du pronostic, mais encore sous le rapport du traitement, ainsi que nous le verrons tout à l'heure.

En ne considérant que les conditions physiologiques qui, dans l'état normal, accompagnent la sortie du sperme, c'est-à-dire désirs vénériens, érection de la verge et sensation voluptueuse, nous devons nous demander, avant toute chose, si ces conditions sont ou non conservées. Dans le premier cas, la perte séminale ne rentre plus qu'indirectement dans notre cadre, ou tout au moins ne peut plus être considérée que comme une cause éloignée et plus ou moins certaine d'impuissance; dans le second cas, au contraire, l'affection est complétement de notre domaine, puisqu'elle est suivie de l'abolition d'une ou de plusieurs circonstances nécessaires à l'acte copulateur.

Ces deux états se rencontrent en effet, et il existe entre eux un tel lien de parenté que, assez généralement, l'un est amené par l'autre.

J'appelle pollution la perte de semence qui s'accompagne de l'orgasme vénérien; et je réserve le nom de spermatorrhée aux pertes séminales qui ne sont sollicitées par aucun désir vénérien, qui ne sont pas précédées de l'érection de la verge, et qui ne provoquent aucune sensation voluptueuse.

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L'impuissance ne coexiste pas toujours avec la pollution; elle est, au contraire, un attribut constant de la spermatorrhée. Pollutions. La pollution, que je vais d'abord examiner pour revenir tout à l'heure à la spermatorrhée, doit nécessairement, pour constituer un état pathologique, se produire en dehors de la volonté et des excitations naturelles du génésique.

Eu égard à cette double condition, les pollutions ont été distinguées en nocturnes et diurnes, comme s'il était possible de limiter exactement ce qui appartient aux excitants internes, et ce qui revient aux excitants physiques.

Je m'explique.

Pendant le sommeil et précédant la pollution nocturne, tantôt il se produit des rêves lascifs, des tableaux hideux mais toujours obscènes, et tantôt il ne se fait aucune excitation interne. Du côté du corps, la chaleur du lit, la position horizontale, et surtout le coucher sur le dos, qui appelle une sorte de fluxion sur la moelle épinière, sont, sans compter la plénitude de la vessie, des causes externes d'excitation génitale. Or, laquelle de ces causes amène la pollution? Est-ce le rêve lascif? Est-ce le rêve hideux, mais cependant toujours lubrique? Est-ce la chaleur du lit? Est-ce la position couchée? Est-ce enfin le contact ou le frottement de la chemise ou des draps sur la verge? Comme on le voit, la distinction n'est pas facile à faire, et je la crois, sinon nuisible à la clarté du discours, du moins entièrement

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inutile, alors que l'on a séparé, comme je l'ai fait, la pollution de la spermatorrhée.

Sans doute, la pollution est bien plus fréquente pendant la nuit que pendant le jour, précisément à cause de la réunion des excitants internes et externes qui n'existe pas toujours à l'état de veille.

Tous les auteurs n'admettent pas la pollution diurne telle que je l'entends ici les uns, empiétant sur le domaine de l'acte physiologique, regardent comme un état pathologique, et nomment perte séminale convulsive, une éjaculation trop rapide, l'émission du sperme avant l'introduction de la verge dans le vagin; et les autres la nient et la contestent tout simplement.

Les premiers poussent évidemment trop loin l'amour de la pathologie: la rapidité de l'éjaculation, que l'on observe fréquemment, loin d'être toujours le résultat d'un état morbide, est souvent l'attribut de la jeunesse et de désirs ardents, ou la conséquence d'une passion violente et comprimée, ou celle d'attouchements prolongés, d'excitations amoureuses trop longues.

Cependant, et il m'a été donné d'en observer un grand nombre de cas, la rapidité de l'éjaculation peut tenir à une surexcitation de la sensibilité nerveuse, soit des vésicules séminales, soit des conduits éjaculateurs, soit même du col de la vessie, à ce point que la plus légère excitation détermine incontinent la sortie du sperme, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, - mais dans ces circonstances, qui tiennent évidemment à un état morbide local, la rapidité de l'éjaculation ne saurait constituer une pollution, puisque j'ai établi que cette dernière n'existait qu'en l'absence de la volonté.

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A ceux qui nient la réalité de la pollution diurne, il faut répondre par des faits. Le satyriasis est l'expression la plus haute de cet état, et malgré les restrictions que j'ai faites ail

leurs (1) sur cette maladie, on me permettra de citer l'exemple suivant: « Un jeune homme de vingt ans, d'une complexion primitivement forte, presque athlétique, mais affaibli par les excès dont je vais donner l'histoire, s'était, depuis l'âge de quinze à dix-huit ans, livré à cet acte destructeur dont Tissot a si bien décrit les dangers. Il s'y livrait de préférence dans le bain, et avait quelquefois porté le nombre des pollutions jusqu'à quinze dans un seul jour. Des excès aussi multipliés affaiblirent sa constitution, portèrent atteinte à la force de son intelligence et du trouble dans sa mémoire. D'après les avis de quelques personnes prudentes, ce jeune homme renonça à cette funeste habitude, et, depuis deux ans, il vivait dans la continence la plus exemplaire. Sa constitution s'était raffermie; la mémoire et les autres facultés mentales avaient repris leur ancienne vigueur. Ses parents, qui le destinaient au commerce, le placèrent chez un négociant il se livrait à ses nouvelles occupations avec tout le zèle et l'activité que comportaient et son âge et sa constitution robuste. Chéri de ce négociant et de sa femme, dont il recevait tous les jours des témoignages d'amitié, il s'abusa sur le genre d'attachement que la femme avait pour lui, et s'imagina d'en être tendrement aimé; de son côté, il la payait d'un tendre retour. Placé entre la crainte de violer les devoirs de la reconnaissance, et le désir de posséder cette femme qui n'était cependant ni jeune ni jolie, sa situation devint de jour en jour plus pénible et plus embarrassante. Quand par hasard elle jetait un coup d'œil sur lui, il entrait en érection et ne tardait pas à éjaculer; la nuit, il avait des pollutions fréquentes, etc., etc. (2). » J'ai connu un jeune homme à peu près dans la position de celui dont on vient de lire l'histoire. Après des excès de mas

(1) Voyez la page 192.

(2) Dictionnaire des sciences médicales, art. SATYRIASIS, t. L, p.

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turbation, qui avaient cessé depuis assez longtemps, dix-huit mois environ, ce jeune homme devint éperdument amoureux d'une jeune fille. Toutes les fois qu'il se trouvait en sa présence ou que son image se présentait à son esprit, il entrait en érection, et alors le moindre contact sur la verge déterminait l'éjaculation. Il était obligé de rester immobile pour empêcher le frottement de son pantalon ou de sa chemise; il lui est même arrivé d'avoir sa perte séminale en touchant seulement la main de la personne aimée.

Que cet état tienne à une surexcitation de tout le système nerveux ou simplement de celui des organes génitaux, il le faut admettre comme l'expression d'une situation anormale qui n'est certes pas l'impuissance, mais qui peut en être regardée comme une cause plus ou moins prochaine ou plus ou moins éloignée.

Cependant, il est à remarquer que les personnes atteintes de pollutions, soit nocturnes, soit diurnes, perdent une partie de leur empire sur le sens génital, c'est-à-dire que celui-ci se montre plus facilement réfractaire que dans l'état normal aux ordres de la volonté ; on dirait que l'organe générateur tend à perdre l'habitude de cette obéissance pour subir l'influence d'excitateurs anormaux. Ce commencement de révolte de l'appareil copulateur contre la volonté passe très-souvent inaperçu, ou est expliqué et justifié aux yeux du malade par les pollutions qui le fatiguent; c'est une nuance dans le degré de l'énergie virile dont le médecin doit tenir compte, car cet état est toujours l'indice d'un mal plus grave; s'il n'annonce pas constamment la spermatorrhée, il promet à coup sûr, si les passions se perpétuent, un affaiblissement génital plus ou moins prochain.

Il y a donc nécessité de combattre les pollutions, non pas tant pour le dommage dont elles chargent le présent, que pour les dangers dont elles menacent l'avenir.

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