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CHAPITRE III

LÉSIONS VITALES DE L'APPAREIL COPULATEUR

Les affections qui remplissent ce nouveau chapitre de l'histoire des obstacles apportés aux conditions physiologiques du coït chez la femme sont les névroses vulvo-vaginales, depuis la simple hyperesthésie qui rend l'union sexuelle pénible et douloureuse jusqu'au vaginisme qui, outre les souffrances qu'il impose à la femme, est un empêchement à l'intromission de la verge dans le vagin.

Je vais donc dire ce que nous savons sur les causes et le traitement de ces névroses douloureuses et spasmodiques.

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HYPERESTHÉSIE VULVO-VAGINALE. Sans arriver à cet état douloureux et spasmodique dont je parlerai tout à l'heure sous le nom de vaginisme, l'appareil copulateur est souvent le siége d'une hyperesthésie qui rend toujours pénibles et quelquefois impossibles les rapports conjugaux.

L'hystérie est incontestablement la cause prédisposante la plus commune de cet état douloureux; Landry, qui avait fait une étude particulière de l'hyperesthésie vulvo-vaginale, admettait si bien cette cause qu'il cautérisait, avec le nitrate d'argent, les points hyperesthésiés, dans l'intention non-seulement de calmer la névralgie vulvo-vaginale, mais encore les autres manifestations de l'hystérie.

L'arthritisme, l'herpétisme, sont aussi des causes fréquentes de cette hyperesthésie qui, bien souvent encore, se fixe sur la cicatrice d'une lésion produite par l'accouchement.

M. Noël Gueneau de Mussy pense que, dans beaucoup de cas, le point douloureux rencontré dans le cul-de-sac utérin est un retentissement de l'hyperesthésie ovarienne, et que c'est à elle seule qu'il faut rapporter la douleur que les femmes éprouvent pendant le coït lorsque la verge porte sur ce point.

L'hyperesthésie ovarienne, selon M. Noël Gueneau de Mussy, est toujours reconnaissable: « elle est souvent accompagnée, dit-il, de névralgies dans les nerfs lombaires, sciatiques, quelquefois même intercostaux.. Leur coincidence avec la névralgie lombaire me paraît sous la dépendance d'une loi que j'ai eu souvent l'occasion de vérifier : c'est que les névralgies viscérales sont presque toujours compliquées de névralgies de nerfs spinaux; ainsi j'ai presque toujours vu la névralgie intercostale compliquer la gastralgie, etc. (1). »

Quoi qu'il en soit et pour en revenir à l'hypéresthésie soit vulvaire, soit vaginale, je dirai que, si d'une manière absolue elle n'empêche pas la copulation, elle rend les approches si douloureuses pour la femme, que le coït physiologique n'existe plus et que les conditions les plus douces sont détruites.

A tous les points de vue, il importe donc de remédier à cet

état.

La cause qui le tient sous sa dépendance sera d'abord combattue; dans un cas où l'hypéresthésie vulvaire semblait liée à l'herpétisme, M. Gueneau de Mussy associa au traitement local dont je vais parler une solution d'arseniate de soude dont il n'eut qu'à se louer.

Avec le traitement général approprié à la cause qui produit l'hyperesthésie, on fait, sous différentes formes, des applications locales émollientes, calmantes, sédatives ou narcotiques, telles que les suppositoires suivants, dont la formule appartient à M. Gueneau de Mussy :

Beurre de cacao..
Bromure de potassium..
Extrait de belladone..

2 grammes.

30 centigrammes.

10

La thérapeutique de la névrose vulvo-vaginale comprend encore des moyens chirurgicaux, comme la dilatation, le mas

(1) Gazette des hôpitaux, août 1871.

sage, etc., dont je vais parler à l'article suivant, consacré au vaginisme qui n'est en quelque sorte qu'une exagération de l'hyperesthésie vulvo-vaginale.

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VAGINISME. Ce mot a été proposé, en 1861, par M. Marion Sims dans un mémoire qu'il présentait à la Société obstétricale de Londres, pour désigner l'hyperesthésie excessive de l'hymen et de la vulve, associée à cette contraction spasmodique et involontaire du sphincter vaginal qui s'oppose au coït » (1). Sans doute ce sujet avait été entrevu par les observateurs qui nous avaient précédé, et, pour ne parler que des travaux parus en France, depuis Guillemot qui, en 1828, publia dans le Journal universel des sciences médicales, la première observation authentique de coarctation vulvo-vaginale, la question avait été préparée par les travaux de Dupuytren, de Lisfranc, de Tanchou, d'Hervez de Chégoin et surtout de Huguier.

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Mais c'est à partir de 1860 que les communications de Debout, Michon et Marion Sims donnèrent à cette question l'importance qu'elle méritait, et la marquèrent du sceau de la nouveauté par la physionomie, le traitement et le nom qu'ils imposèrent à l'affection.

Le vaginisme est caractérisé par deux phénomènes dont la présence simultanée constitue toute la maladie; ces deux phé nomènes sont la douleur et la contraction du sphincter vulvovaginal.

Dans le repos de l'organe copulateur, c'est-à-dire en dehors du coït et des investigations médicales, la douleur est assez généralement peu intense; quelquefois ce n'est qu'une sensation de sécheresse, de tension aux parties sexuelles; dans d'autres circonstances la douleur s'accentue par la marche, par l'émis

(1) Marion Sims, Notes cliniques sur la chirurgie uterine dans ses rapports avec la stérilité, traduit par Lhéritier. Paris, 1866, p. 384.

sion des urines ou des règles et surtout par le moindre frottement. Une dame à qui je donnais des soins ne pouvait s'asseoir un peu brusquement ni croiser les jambes sans éprouver une douleur vive qui lui arrachait un cri; dans quelques cas et chez les femmes éminemment nerveuses, le souvenir seul des souffrances endurées éveille une sensation pénible et souvent même douloureuse.

La douleur ne revêt pas, chez toutes les malades, le même degré d'acuité; il y a ici, comme dans tous les états pathologiques, des inégalités qui vont de la simple hyperesthésie à la souffrance la plus excessive.

Mais c'est surtout par le coït que la douleur devient intense; cet acte est pour la malade un véritable supplice qu'elle redoute d'abord et auquel elle finit par se refuser d'une manière absolue. Si par amour, par raison ou par tout autre motif elle s'arme d'assez de courage pour braver les tourments qui l'attendent, ses forces la trahissent souvent, et la malheureuse tombe, au milieu de cris et de mouvements désordonnés, dans un évanouissement qui la rend insensible à tout. Mais malgré la résignation de la femme, et malgré son insensibilité syncopale, le coït est même rendu presque toujours impossible par la contracture vaginale.

L'examen des malades permet d'établir tout à la fois le siége de la douleur et celui de la contracture.

L'hyperesthésie s'étend à toutes les parties de la vulve, depuis le méat urinaire jusqu'à la fourchette; mais il y a quelquefois des points plus douloureux les uns que les autres : tantôt la sensibilité la plus vive se remarque à l'orifice de la glande vulvo-vaginale, tantôt elle se trouve au point où l'hymen prend son origine, ou plus bas à la fourchette même, là où cette membrane s'épanouit.

Les grandes et les petites lèvres ne restent pas étrangères à cette hyperesthésie de toute la vulve, et sont elles-mêmes le

siége d'une sensibilité douloureuse que le moindre frottement exaspère.

Sous l'empire de cet état douloureux, le sphincter vaginal se contracte d'une manière spasmodique, entraînant presque toujours avec lui la contracture du sphincter anal et celle du muscle transverse du périnée.

Si la douleur fait repousser par la femme le rapprochement sexuel, celui-ci est rendu impossible par le resserrement de l'anneau vulvaire dont l'étroitesse permet à peine quelquefois le passage d'un simple stylet.

Dans ces conditions la femme est doublement inhabile au coït et par suite à la fécondation.

Aux motifs tirés de l'impossibilité d'introduire le pénis dans le vagin, Scanzoni croit devoir ajouter une autre explication pour rendre compte de la stérilité qui accompagne le vaginisme. Selon lui, les contractions du sphincter vaginal se communiquent non-seulement aux fibres du releveur de l'anus qui l'avoisinent, mais encore à celles qui arrivent au vagin sous les aponévroses pelvienne et recto-vaginale, de telle sorte que ces contractions, non-seul ment empêchent l'entrée du sperme dans le vagin, mais encore repoussent violemment la moindre quantité de liquide qui a pu s'y introduire.

Quelle que soit la réalité de cette explication, le vaginisme, arrivé à un certain degré, frappe la femme qui en est atteinte tout à la fois d'impuissance et de stérilité.

Heureusement, comme nous le dirons tout à l'heure, l'affection n'est pas au-dessus des ressources de l'art et cède ordinairement à de simples moyens médicaux, sans qu'il soit nécessaire, ainsi qu'on l'a préconisé, de recourir à des opérations sanglantes et qui, quelquefois même, ne sont pas sans danger.

Mais pour établir d'une manière rationnelle les bases de cette médication, il importe de se bien fixer sur les origines de

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