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Comment, avec les explications ordinaires, comprendre ces faits dont nous sommes tous les jours les témoins? De quelle manière concevoir que les fonctions spermatique et ovarienne qui s'accomplissent normalement aboutissent tantôt à un résultat négatif et tantôt à un résultat positif? Non, mille fois non, les résultats sont toujours positifs; seulement, les circonstances ultérieures, nécessaires au développement de ce résultat ne sont plus dans les conditions normales, et l'œuf fécondé, ne rencontrant pas les ressources indispensables à son accroissement, meurt et est expulsé à une époque toujours rapprochée de sa formation.

Je le répète donc, dans les cas qui nous occupent, c'est-àdire dans ceux où les actes séminal et ovarien sont réguliers, où aucune altération de position ou de tissu n'existe sur les organes génitaux de l'homme ou de la femme, si la génération ne se produit pas, il n'y a pas réellement stérilité, il y a avortement précoce.

La distinction que j'établis ici est de la plus haute importance en pratique. D'abord, quand le médecin sera bien convaincu qu'il a à prévenir un avortement, et non une prédisposition naturelle à la stérilité, il ne renverra pas sa malade comme incurable, et conservera un espoir qui bien souvent se réalise; ensuite, au lieu de demander à l'ovaire l'explication d'une infécondité où il n'a que faire, et de s'égarer dans un labyrinthe d'hypothèses sans issue pour se rendre compte d'une stérilité qui, en définitive, n'existe pas, l'homme de l'art n'aura plus qu'à rechercher les causes d'un avortement précoce, et, une fois mis sur la trace de cette cause, de recourir à une thérapeutique à laquelle probablement il n'eût jamais songé sans cette indication.

Comme on le voit, la question de la stérilité supposée est bien plutôt du domaine d'un traité d'accouchement qu'elle ne rentre dans les limites de ce livre, car notre rôle finit là

où l'embryon est fécondé; cependant j'ai dû l'aborder, mais j'ai dû aussi la ramener dans les bornes que l'observation m'a permis de lui assigner, à ce point que ce problème, déchu de son importance, se réduit, la plupart du temps, à un simple chapitre de pathologie utérine.

Je renvoie donc le lecteur, pour les détails pratiques, à la partie de cet ouvrage où j'examine les maladies des organes essentiels de la génération et celles de leurs produits.

SECTION PREMIÈRE

STÉRILITÉ CHEZ L'HOMME

Chez l'homme la puissance procréatrice s'exerce au moyen d'un liquide spécial que les testicules sécrétent, que les vésicules séminales reçoivent et qui s'échappe par le canal de l'urèthre, pour aller dans les organes de la femme, à la rencontre du produit générateur de celle-ci.

Elle exige donc l'exercice de trois fonctions dont chacune d'elles me sera comme une étape dans la longue route que j'ai à parcourir : dans la première, le sperme se forme, c'est la fonction de sécrétion; dans la seconde, le sperme formé est mis en réserve, c'est la fonction de conservation; dans la troisième, enfin, le sperme est projeté au dehors, c'est la fonction d'émission.

Dans chacune de ces trois étapes et dans le parcours de l'une à l'autre, le sperme est exposé à des altérations diverses qui portent tantôt sur sa constitution intime, et par conséquent sur ses propriétés fécondantes, et tantôt sur les conditions de sa marche depuis l'organe de sécrétion jusqu'à l'organe d'émission.

La pathologie offre donc au sujet qui m'occupe une division rationnelle, et je l'aurais sans doute adoptée si la division physiologique que je viens d'indiquer et que je me propose de suivre ne la contenait pas implicitement et n'était tout à la fois plus complète et plus simple qu'elle.

Mais pour comprendre les développements dans lesquels je vais entrer, il est nécessaire que le lecteur se reporte aux

considérations générales qui sont en tête de cet ouvrage et dans lesquelles il trouvera la description des organes spermatiques et le mécanisme de la fonction qu'ils remplissent (1). Ces notions anatomiques et physiologiques devaient être rappelées dans une introduction, mais ne pouvaient trouver place au milieu d'un livre consacré à la pathologie, où elles eussent, sans grand profit, ralenti la rapidité du discours.

CHAPITRE PREMIER

TROUBLES DE LA FONCTION DE SÉCRÉTION SPERMATIQUE.

Les causes qui peuvent jeter le trouble dans la sécrétion spermatique, en amenant pour résultat final soit l'absence complète de cette sécrétion, soit une altération dans la nature. intime du sperme, tiennent tantôt à un état général, soit physiologique, soit morbide, et tantôt à un état pathologique de l'appareil sécréteur lui-même.

Je vais les examiner sous ces deux chefs principaux.

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Les deux extrémités de la vie sont peu propres à la fécondité; la nature ne nous a dévolu la mission de perpétuer l'espèce qu'après le complet développement des organes et avant leur dépérissement, afin que nous puissions transmettre à nos descendants une plus grande somme de force et de vitalité.

L'établissement de la fonction génitale est, chez l'homme, le signal d'une transformation morale et physique dont je n'ai

(1) Voyez les pages 19 et suiv.

ROUBAUD.

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point ici à retracer les caractères, mais qui indique d'une manière certaine que l'individu a désormais acquis l'aptitude à la procréation.

En est-il de même lorsque cette aptitude disparaît? En d'autres termes, la nature a-t-elle assigné une limite à peu près constante à l'exercice de la fonction procréatrice et a-t-elle fourni des signes auxquels on puisse reconnaître l'anéantissement de cette fonction?

Les opinions les plus accréditées des physiologistes modernes relativement à la faculté fécondante des vieillards semblent en contradiction avec des faits authentiques et qui d'ailleurs se renouvellent tous les jours, et surtout avec les recherches de M. Duplay, sur lesquelles j'insisterai tout à l'heure.

Il est incontestable que dans l'ordre régulier des choses et dans la très-grande majorité des cas l'homme arrivé à un cer tain âge perd la faculté de se reproduire; en conséquence, comme dans les idées les plus généralement admises aujourd'hui on place toute la puissance fécondante dans les zoospermes, on en a conclu que les animalcules manquaient chez les vieillards. «Le développement des spermatozoaires, dit J. Müller, commence durant la jeunesse dans la classe des mammifères; il n'a lieu qu'à l'époque de la puberté dans l'espèce humaine, et cesse dans l'âge avancé (1). » Longet n'est pas moins explicite que Müller: « Kartzæker, dit-il, Geoffroy, Andry ont remarqué les premiers qu'il n'y a pas de spermatozoaires chez l'enfant; Baker n'en a pas rencontré davantage chez les hommes épuisés par les excès vénériens. Enfin ils disparaissent complétement chez l'homme par le progrès de l'âge, c'est-à-dire en même temps que la puissance virile (2). »

Cependant Wagner émet une opinion toute contraire :

(1) J. Müller, Manuel de physiologie, traduit de l'allemand, 2o édit. Paris, 1851, t. II, p. 626.

(2) Longet, Traité de physiologie, t. II, p. 54.

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