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Peut-on admettre, en effet, que dans un espace aussi étroit que celui que présentent les vésicules séminales, une lésion, quelle qu'elle soit, respecte telle propriété, alors que les autres sont troublées et même anéanties? Voyez ce qui se passe pour la plus simple de ces lésions, la phlegmasie. Elle détermine la spermatorrhée, tout en activant, d'une manière morbide, le travail sécrétoire des vésicules séminales, car comment expliquer, sans cette sursécrétion, la quantité énorme de liquide que perdent les tabescents?

Cependant, n'exagérons pas ces prémices jusqu'à établir comme une loi que toute affection des vésicules séminales est fatalement suivie de spermatorrhée; les faits nous donneraient un éclatant démenti: on a trouvé sur le cadavre d'individus dont rien, pendant la vie, ne faisait pressentir une lésion du côté des voies génitales, des vésicules tuberculeuses, cancé reuses, purulentes, etc., etc.; rien, je le répète, ni douleur, ni pertes séminales, n'avait attiré l'attention du malade de ce côté, et, si la puissance virile avait peut-être perdu quelque chose de son énergie, cet affaiblissement était mis sur le compte de la diathèse générale ou sur celui de quelque affection concomitante.

Il semblerait, d'après ces faits, que les auteurs qui m'ont précédé ont eu raison de regarder comme très-difficile, sinon impossible, un diagnostic exact des maladies des vésicules séminales. Sans doute, avant l'intervention du microscope dans les études médicales, certaines lésions devaient passer inaperçues, ou leurs symptômes se confondre avec ceux d'autres lésions voisines ou éloignées; mais le microscope a jeté, sur le sujet qui nous occupe, une lumière si vive et si éclatante que l'on s'étonne de ne rencontrer les résultats qu'il fournit dans aucune partie de l'ouvrage de Civiale, qui se contente de cette simple note: « Quelques modernes comptent beaucoup sur un nouveau moyen de diagnostic qu'il ne faut pas négliger, mais

qui n'a peut-être pas toute la certitude qu'on lui suppose. Il s'agit de la présence des zoospermes, constatée au moyen du microscope dans les fluides expulsés naturellement ou trouvés dans les vésicules séminales et les conduits déférents. Sans vouloir atténuer la portée de ce moyen explorateur, je crois être en droit de faire remarquer que sa mise en œuvre réclame des soins et des précautions qu'on néglige trop souvent, et les divergences d'opinions sur ce sujet n'ont peut-être pas d'autre cause (1). »

La perte inutile et fâcheuse du sperme testiculaire, son mélange avec des matières morbides qui peuvent en altérer les propriétés, et sa déviation du chemin qu'il parcourt d'ordinaire, sont les résultats des lésions dont Civiale vient de nous dérouler le tableau.

J'ai dit ailleurs, l'influence des pertes séminales sur la puissance copulatrice, je ne reviendrai pas ici sur ce sujet.

Mais je dirai que, lorsque la spermatorrhée a quelque intensité, qu'elle dure depuis longtemps, il n'arrive plus de zoospermes dans les vésicules et que, par conséquent, on n'en trouve plus dans le produit des pertes séminales; il est probable que le testicule, pour réparer ses pertes incessantes, devient le siége d'une sursécrétion qui, après plus ou moins longtemps, finit par tarir la source même de la sécrétion, soit en épuisant la force dynamique de la glande, soit en appelant dans ses tissus une irritation morbide.

La disparition des spermatozoïdes, phénomène capital pour nous, peut dans quelques circonstances, être due au mélange du liquide séminal avec les matières morbides, quoique des micrographes, comme M. Donné (2), aient rencontré des

(1) Civiale, Traité pratique sur les maladies des organes génito-urinaires, t. II, p. 151.

(2) Donné, Cours de microscopie, Paris, 1844, p. 306.

spermatozoïdes vivants dans des liquides sanguins, purulents, etc., etc.

D'autres fois cette absence est due à l'obstruction du canal déférent par des matières morbides analogues à celles qui remplissent les vésicules séminales, car hâtons-nous de le dire, les affections de ces dernières retentissent sur presque toutes les parties de l'appareil génital (1).

En effet, dans le cours des maladies des vésicules, une vive irritabilité se communique d'une part aux testicules dont la sécrétion est augmentée, et d'autre part, au canal de l'urèthre qui devient le siége de rétrécissements spasmodiques qui forcent le sperme à rétrograder vers le réservoir urinaire.

Ces phénomènes, contractions spasmodiques de l'urèthre, et présence, dans les urines, de zoospermes mêlés à des caillots semblables à du blanc d'œufs, sont, pour le chirurgien expérimenté, des signes qui l'amènent à explorer les vésicules séminales, par la palpation abdominale sur les côtés de la vessie, et surtout par le toucher anal, en portant le doigt aussi haut que possible.

On ne doit pas s'étonner de ces sympathies morbides de voisinage, car les vésicules séminales participent elles-mêmes aux altérations de tous les organes voisins: l'atrophie d'un testicule est toujours accompagnée de l'atrophie de la vésicule du même côté ; le sarcocèle tuberculeux indique presque invariablement, comme je l'ai dit plus haut, des tubercules dans les vésicules, etc., du côté du canal de l'urèthre les relations sont peut-être encore plus intimes, et la spermatorrhée, comme l'a démontré Lallemand, est due, dans la majorité des cas, à une phlegmasie dont la cause première est presque toujours dans le canal de l'urèthre.

M. Aug. Mercier dont la compétence en fait de maladies des

(1) Voyez la page 581, Oblitérations du canal déférent.

voies urinaires est si légitimement établie, m'a assuré que l'uréthrite chronique se propage assez souvent jusqu'aux vésicules dont la muqueuse et les tissus sous-jacents se durcissent et opposent ainsi un obstacle à la libre circulation du sperme testiculaire; réciproquement l'inflammation chronique des vésicules amène, en dehors des troubles que j'ai déjà signalés, une véritable phlegmasie chronique de l'urèthre qui, elle, d'ailleurs ne s'oppose ni à la sortie ni à la direction normale du sperme.

Quoi qu'il en soit, les altérations vitales ou organiques des vésicules séminales portent atteinte à la faculté procréatrice de l'homme :

1o En laissant échapper sans profit la liqueur prolifique que les testicules lui envoient;

2o En épuisant la sécrétion testiculaire;

3o En altérant la nature du liquide sécrété;

4° En communiquant ses altérations, vitales ou organiques, aux organes voisins, et en jetant ainsi un trouble général dans l'appareil de la génération.

Les deux premiers modes d'action des maladies des vésicules séminales amènent l'impuissance, comme je l'ai dit ailleurs; les deux derniers portent plus spécialement sur la faculté fécondante, soit en altérant la nature du sperme, soit en mettant des obstacles à sa marche.

La phlegmasie aiguë ou chronique, les dégénérescences, l'irritabilité nerveuse et l'atonie sont les causes les plus ordinaires de l'impuissance et de la stérilité qui se doivent rattacher aux maladies des vésicules séminales.

Entre temps, je dois compléter ici, au point de vue de la stérilité, le chapitre que j'ai consacré à l'impuissance dont la spermatorrhée est la cause.

Quand les pertes séminales tiennent à la phlegmasie aiguë ou chronique des vésicules, on doit recourir au traitement pré

conisé par Lallemand: antiphlogistiques, balsamiques et, dans quelques cas, cautérisation de la prostate avec le nitrate d'argent. Trousseau, dans ses leçons cliniques, recommandait le calorique appliqué sur les lombes, le périnée, les testicules et la verge. Je me suis trop bien trouvé de ce moyen pour que je ne le conseille pas à mon tour.

Quand la spermatorrhée est nocturne et qu'elle reconnaît pour cause le spasme des vésicules, on recourt encore à la chaleur sèche, et l'on donne, tous les soirs, une pilule de 1 à 5 centigrammes d'extrait de belladone.

Enfin quand l'atonie des vésicules est le point de départ de la spermatorrhée, on a recours aux toniques à l'intérieur, aux bains de mer, aux bains de siége froids et à l'hydrothérapie. Contre les spasmes et l'atonie des vésicules séminales, Trousseau avait imaginé un petit instrument qui, introduit par l'anus, allait comprimer les vésicules et s'opposait ainsi d'un côté aux spasmes, et de l'autre à la sortie du fluide prolifique; cet appareil qu'il appelait un bout compresseur, rend, en effet, de grand services dans les cas où son emploi est indiqué, et j'ai dû le rappeler à cette place.

CHAPITRE III

TROUBLES DE LA FONCTION D'EXCRETION.

En quittant les vésicules séminales et avant d'arriver au dehors, le sperme traverse deux nouveaux conduits les canaux éjaculateurs et le canal de l'urèthre, et n'est lancé, avec une certaine force, qu'à la condition de la rigidité de la

verge.

Il me reste donc à étudier les circonstances qui peuvent

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