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fonction génésiaque, tant au point de vue procréateur qu'au point de vue de la copulation.

Négrier, dont les travaux ont élucidé beaucoup de points de l'anatomie et de la physiologie des ovaires, subordonne complétement la durée de la vie menstruelle et l'abondance du flux à l'activité fonctionnelle de l'ovaire. D'après ses observations, une menstruation hâtive est toujours suivie d'une ménopause tardive, parce que l'ovaire est doué d'une vitalité qui hâte au début et retarde à la fin son fonctionnement. Cet excès de vitalité se traduit tout à la fois par une augmentation de volume de l'organe, par une hémorrhagie cataméniale plus abondante et par un ensemble de phénomènes généraux et particuliers qui constitue le tempérament génital que Négrier propose d'appeler désormais tempérament ovarien (1).

Je n'ai pas à revenir ici sur ce que j'ai dit ailleurs relativement à l'influence des ovaires sur le sens génital; je dois en cette place n'envisager que les relations existantes entre les ovaires et la menstruation, pour savoir si les altérations de cette dernière sont un signe certain des altérations des premiers. Les troubles de la menstruation sont:

1o L'absence des règles, dite aménorrhée;

2o La difficulté de l'écoulement des règles, avec douleurs, nommée dysmenorrhée;

3o L'abondance excessive des règles, appelée ménorrhagie; 4o La déviation des règles ou les règles supplémentaires que Raciborski propose de nommer ataxie menstruelle.

Ni la dysmenorrhée, ni la ménorrhagie, ni l'ataxie menstruelle ne doivent nous arrêter, puisqu'aucun de ces états pathologiques de la femme ne met obstacle soit à la copulation, soit à la fécondation.

(1) Négrier, Recueil de faits pour servir à l'histoire des ovaires, etc. Angers, 1858.

Il nous reste l'aménorrhée, qui doit un instant fixer notre attention.

Raciborski, dont les travaux sur la menstruation font autorité (1), place le point de départ de l'aménorrhée quelquefois dans l'utérus, mais le plus souvent dans l'ovaire.

Dans l'aménorrhée utérine la conception est possible, car l'ovulation n'est pas suspendue : « Dans cette variété, dit Raciborski, l'ovulation est en exercice, elle s'annonce même souvent par des symptômes périodiques de molimen menstruel, mais l'utérus ne répond pas à cet appel et ne se congestionne pas. Cet état peut durer toute la vie, comme aussi la menstruation peut finir par s'établir, surtout à la suite du mariage, ou après des couches, etc., etc., car une semblable disposition de l'utérus n'est pas du tout incompatible avec la conception (2). »

Il ne faudrait pas croire qu'une diminution de vitalité de la muqueuse utérine empêche seule la chute de l'épithélium; le même résultat est produit par l'excès contraire, par une exaltation de la sensibilité génitale; les jeunes filles ou les jeunes femmes dont l'impressionnabilité est extrême, sont aussi mal réglées que les jeunes filles ou les jeunes femmes chlorotiques ou anémiques; mais chez les unes comme chez les autres il se manifeste à chaque époque menstruelle des phénomènes généraux et locaux qui ne laissent aucun doute sur le travail, et qui distinguent toujours les aménorrhées dont il me reste à parler.

L'absence ou l'atrophie des ovaires, congénitales ou acquises, sont toujours et fatalement accompagnées de l'absence du flux menstruel et en même temps, comme je l'ai dit plus haut,

(1) Raciborski, Du rôle de la menstruation dans la pathologie et la thérapeutique. 1856, 1 vol. in-8. Traité de la menstruation, 1868,

1 vol. in-8.

(2) Raciborski, Traité de la menstruation, p. 571.

d'une stérilité radicale et absolue. Les observations, confirmées par l'autopsie, sont aujourd'hui trop nombreuses pour que le doute puisse être permis. J'ai rappelé plus haut (1) le fait de Parcival Pott dans lequel, les deux ovaires ayant été enlevés, la femme non-seulement ne revit plus ses règles, mais prit quelques caractères de masculinité; cependant Storer rapporte deux cas de persistance des menstrues après l'ablation des deux ovaires; dans un de ces cas même, l'utérus avait été enlevé en même temps; il ne restait que la portion vaginale du col sous forme de bouton charnu, de laquelle provenait l'hémorrhagie (2).

Ces faits sont trop exceptionnels pour infirmer la règle; il faut dire avec Storer que ce phénomène est semblable à la dernière oscillation d'un pendule, quand la force impulsive qui le mettait en mouvement a cessé d'exister.

L'altération profonde des follicules à la suite ou d'une affection directe des ovaires, ou de quelque grave atteinte de l'économie, comme, par exemple, dans la période avancée de la phthisie tuberculeuse, a sur l'existence du flux menstruel la même influence que l'absence ou l'atrophie des ovaires; on comprend qu'il en doit être ainsi, puisque l'organe de l'ovulation a disparu.

Dans ces cas l'aménorrhée est au-dessus des ressources de l'art, et la fécondation radicalement impossible.

Heureusement toutes les suspensions de règles n'ont pas cette gravité, et il faut reconnaître que le plus grand nombre est sous la dépendance d'un affaiblissement de l'activité fonctionnelle des ovaires.

Assez généralement cet affaiblissement est lié aux conditions générales de l'économie, comme pendant les maladies

(1) Voyez la page 655.

(2) Storer, De la menstruation sans ovaires (Archives générales de physiologie, mai-juin 1868).

ROUBAUD.

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aiguës et leur convalescence, dans les anémies, la chlorose, en un mot dans tous les états caractérisés par l'appauvrissement du sang et l'asthénie.

Ces états, qui portent leur influence déprimante sur la fonction desovaires, se font également sentir sur l'utérus, et empèchent la chute de l'épithélium à la suite de laquelle se produit l'hémorrhagie. L'aménorrhée utérine est donc alors une complication de l'aménorrhée ovarique fonctionnelle, mais complication heureusement peu redoutable, puisque le traitement de l'une se confond avec le traitement de l'autre.

Dans quelques circonstances, d'après Raciborski, cette dépression vitale ne serait plus consécutive à des états morbides généraux, mais serait locale et primitive, c'est-à-dire idiopathique. «C'est une espèce de torpeur, dit-il, qui frappe plus ou moins directement l'ovulation, sans aucune maladie prealable. L'aménorrhée qui en résulte peut être plus ou moins longue; lorsqu'elle n'est que commençante et que tout porte à croire qu'elle ne doit pas être de longue durée, elle constitue ce qu'on appelle vulgairement des retards (1). »

Dans toutes ces circonstances l'établissement ou le rétablissement des menstrues est possible, et avec leur retour apparaît l'aptitude à la fécondation.

L'attention du praticien se portera donc sur les moyens capables de relever les forces générales, et de rendre par elles assez d'énergie à la fonction ovarienne, pour qu'une vésicule arrive à maturité, se rompe et émette un ovule, conditions indispensables pour la menstruation et la fécondité.

Je ne dois pas m'étendre davantage ici sur un sujet qui forcément revient si souvent sous la plume, quand on traite de la stérilité chez la femme ; je n'ai dû, en cette place, qu'indiquer les traitsgénéraux des troubles de la fonction cataméniale, dont

(1) Raciborski, Traité de la menstruation, Paris, 1868, p. 573.

les détails se trouvent dans l'histoire des troubles de la fonction ovarienne, et dans celle des troubles de la fonction utérine. Je renvoie le lecteur à l'une et à l'autre.

CHAPITRE II

TROUBLES DE LA RÉCEPTION SPERMATIQUE.

Je n'examinerai dans ce chapitre que les affections du col de l'utérus. Pour être logique jusqu'au bout, je devrais aussi passer en revue celles du corps de cet organe, car le sperme ne fait que traverser le col, et est réellement reçu dans la cavité de la matrice.

Mais outre que, dans cet acte de réception, le rôle le plus difficile est dévolu au col, le corps de l'utérus accomplit plusieurs autres missions sur lesquelles je dois m'arrêter plus loin, de telle sorte que je crois préférable, et pour le lecteur et pour moi, de réserver pour un seul cadre, qui sera le chapitre suivant, toutes les affections du corps et du fond de la matrice, et de n'admettre dans celui-ci que les lésions seules du col.

Vices de conformation du col de l'uterus.

Absence du col de l'utérus. Ce vice de conformation se présente toujours avec l'absence du corps de la matrice; on ne comprend pas qu'il en soit autrement, puisque le col n'est qu'une partie de l'organe gestateur, et que l'un et l'autre sont formés par les canaux de Muller.

Cependant quelques auteurs citent des exemples d'absence du col avec développement normal du corps de la matrice; mais quand on les lit avec quelque attention, on se prend à

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