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STÉRILITÉ CHEZ LA FEMME.

Je dois borner à la métrite et à la phlogose utérine les considérations que j'avais à présenter sur les lésions organiques de l'utérus, capables de déterminer l'avortement précoce, parce que ces états en sont les points de départ les plus communs, et que, dans leur histoire, sont comprises les métrorrhagies, les menorrhées et les dysmenorrhées, qui sont tout à la fois des causes prédisposantes et occasionnelles des fausses couches. D'ailleurs, pour me mettre à l'abri de tout reproche, je termine ce chapitre par la phrase que j'ai mise au début, c'est-àdire que je ne sais pas un seul état pathologique de l'organe gestateur qui ne soit capable d'amener le dépérissement et la chute anticipée de l'ovule.

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2° Lésions vitales. Quand l'innervation de l'utérus est atteinte, le désordre qui en résulte prend tantôt le caractère névralgique et tantôt le caractère spasmodique.

L'hystéralgie est rarement par elle-même un motif d'avor tement. Seulement, par son invasion brusque et violente, ou par sa continuité, elle peut éveiller des contractions utérines qui détachent l'œuf et l'expulsent.

J'ai vu un exemple de ce genre chez une jeune femme dont la menstruation avait un retard de trois semaines, et qui, sous l'influence d'un refroidissement subit, fut prise de douleurs névralgiques du côté de l'utérus, qui déterminèrent une fausse couche deux jours après l'accident. Cependant les douleurs avaient été promptement calmées par des applications chaudes, et surtout par une injection sous-cutanée de morphine. Pour moi, il s'est produit, dans ce cas, ou simultanément, ou consécutivement à l'hystéralgie, des contractions spasmodiques qui, seules, ont amené la fausse couche.

Ce sont, en effet, les spasmes de l'utérus qui, parmi les lésions vitales, déterminent seules la chute avant terme de l'œuf fécondé.

A côté de toutes les causes qui peuvent donner lieu à des

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spasmes utérins, tels que le refroidissement, le traumatisme, les maladies nerveuses de l'estomac, les affections diverses de l'utérus et de ses annexes, et surtout la dysmenorrhée, soit nerveuse, soit même mécanique, Il faut placer les circonstances dont j'ai déjà parlé à l'occasion de la phlogose utérine, c'est-à-dire les excès vénériens et le coït incomplet.

Quand les excès vénériens et le coït incomplet ne portent pas atteinte à la vitalité du col de la matrice, et ne sont pas une cause de stérilité, comme je l'ai indiqué plus haut (1), ils provoquent des états nerveux qui compromettent le fruit de la fécondation, et qui, en définitive, ont, au point de vue de la propagation, les mêmes résultats que l'inertie du col de l'utérus.

Heureusement la gravité n'est pas la même des deux côtés : tandis qu'il est souvent difficile de réveiller les contractions du col, on parvient assez facilement à calmer les spasmes utérins, soit avec des bains prolongés, soit avec des antispasmodiques, soit avec des stupéfiants. Les injections sous-cutanées de morphine, les lavements avec quelques gouttes de laudanum, les frictions sur le ventre avec du chloroforme, et des applications directes de tampons de ouate enduite de pommade belladonée, triomphent ordinairement des spasmes, et permettent l'évolution ultérieure de la gestation.

3° Conditions morbides générales. Je ne fais qu'écrire le titre de ce paragraphe, car tout le monde comprend qu'an organisme profondément délabré, qu'une constitution malingre, maladive, scrofuleuse, en un mot, que tous les états généraux où la vie languit et fait presque défaut, sont des conditions essentiellement défavorables à la nutrition et au développement d'un nouvel être.

Cette débilitation de l'économie se communique tout à la

(1) Voyez la page 709 et suiv.

fois à l'ovule et à l'utérus, et présente ainsi deux chances d'avortement.

Heureusement la même médication, en relevant les forces générales, rend tout à la fois une vitalité suffisante à l'ovule et à l'utérus.

Cette médication, tonique et reconstituante, trouve des ressources inespérées dans l'hygiène, le régime alimentaire, le quinquina, le fer, l'hydrothérapie, quelques eaux minérales et les bains de mer, quand l'innervation n'est pas trop irritable.

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Dans le courant du dernier siècle, Swammerdam et ensuite Roësel eurent l'idée de tenter la fécondation artificielle, pour apporter un argument nouveau et irréfutable à l'opinion qu'ils soutenaient relativement à la préexistence du germe des œufs dans la femelle.

Ces premiers expérimentateurs ne réussirent pas dans leurs tentatives; l'honneur en fut réservé, vers la fin du même siècle, à l'abbé Spallanzani qui, plus heureux que ses prédécesseurs, parvint à féconder artificiellement des amphibies, des ovipares et enfin des vivipares.

La fécondation artificielle d'une chienne fit grand bruit dans ce qu'on appelait alors la République des lettres, et C. Bonnet, l'auteur des Considérations sur les corps organisés et de la Palingénésie philosophique, ami de Spallanzani, se hâta de lui écrire : « Je ne sais même si ce que vous venez de découvrir n'aura pas quelque jour dans l'espèce humaine des applications auxquelles nous ne songeons point et dont les suites ne seront pas légères (1). »

Malgré ces encouragements, Spallanzani ne poursuivit pas ses tentatives sur la femme, et il nous faut arriver à ces der

(1) Spallanzani, Expériences pour servir à l'histoire de la génération des animaux et des plantes. Genève, 1786, p. 275.

nières années pour trouver les premiers essais relatifs à la réalisation de la prédiction de Bonnet.

. Nous ne parlons pas du cas de fécondation artificielle rapporté par Hunter dans les Transactions de 1799, parce que ce fait manque de toute authenticité et ne mérite que l'oubli.

Après un long temps de silence, M. Dehaut rappelle la question de la fécondation artificielle chez la femme, dans une petite brochure parue en 1865 (1).

Ce travail, qui ne s'appuie sur aucune expérience, parait être une pure conception de l'esprit, quoique l'auteur décrive les instruments dont on doit faire usage.

L'année suivante, en 1866, parut la Chirurgie utérine, de M. Marion Sims, qui contenait, avec tous les détails rationnels, une observation de fécondation artificielle suivie de succès. Nous reviendrons tout à l'heure sur ce fait qui mérite attention.

Dès ce moment l'éveil donné par M. Marion Sims est suivi par d'autres expérimentateurs qui se hâtent de faire connaître leurs tentatives, pour la plupart heureuses.

La Réforme médicale, rédigée alors par notre regretté confrère et ami, le docteur Marchal (de Calvi), inséra, en 1867, dans ses colonnes un premier fait sans grande importance, communiqué par M. Lesueur, et un second appartenant au docteur Gigon (d'Angoulême), dont l'opération remontait à

1846.

L'année suivante, en 1868, M. le docteur Girault énuméra, dans l'Abeille médicale, dix cas de fécondation artificielle chez la femme, dont le premier datait de 1838.

Enfin, en 1871, M. Fabien Gigon, probablement le fils ou

(1) Dehaut, De la fécondation artificielle dans l'espèce humaine comme moyen de remédier à certaines causes de stérilité chez l'homme et chez la femme.

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