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Mais, je le répète, la règle est de ne pas obéir aux caprices des malades, et de s'abstenir de la fécondation artificielle tant qu'il reste une ressource à tenter.

Ces considérations s'adressent à tous les états, congénitaux ou acquis, qui mettent obstacle à la génération, et qui peuvent disparaître au moyen d'une opération : telles sont les empê chements à la copulation déjà signalés plus haut, et du côté du col utérin, sa conicité, son hypertrophie totale ou partielle, l'étroitesse de son ouverture vaginale, etc., etc.

Dans le tableau statistique des fécondations artificielles que, dans la seconde édition de ce livre, j'avais dressé par rapport aux causes de la stérilité, les écoulements divers de l'utérus et du vagin figurent pour deux fois; je ne puis admettre une aussi grande fréquence de ces motifs.

L'écoulement vaginal est doué d'une acidité contraire à l'existence des spermatozoïdes; mais son abondance et son excès d'acidité sont les résultats d'affections qui ne sont pas au-dessus des ressources de notre art les vaginites simples, contagieuses ou diathésiques sont guérissables, et au besoin même, l'excès d'acidité de leurs produits peut être neutralisé par des lavages, des injections ou des applications alcalines.

L'écoulement utérin est un motif de stérilité, moins à cause d'un excès d'alcalinité, que pour l'obstruction qu'il détermine dans le canal cervical; nous connaissons tous ces bourrelets glaireux, collants et qu'on arrache avec la plus grande peine; on comprend très-bien que de pareils écoulements soient un obstacle au passage du sperme; mais nous savons aussi que cet écoulement est toujours le produit d'une affection catarrhale, simple ou diathésique, de la muqueuse utérine, et que cette affection est guérissable, malgré les difficultés qu'on rencontre parfois; au besoin même, on peut, une heure avant le coït, nettoyer le canal cervical, et permettre ainsi le passage des spermatozoïdes.

En résumé et pour clore ce long chapitre des indications et des contre-indications de la fécondation artificielle, celle-ci ne doit être mise en usage que dans les vices de conformation et les états morbides, tant chez l'homme que chez la femme, qui déjouent toute thérapeutique, médicale et chirurgicale, et qui seuls empêchent la rencontre du produit mâle et du produit fernelle.

Cependant si, par suite de l'étroitesse du bassin, par l'existence d'une tumeur ou par tout autre motif, la parturition ne pouvait avoir lieu sans compromettre la vie de l'enfant et celle de la mère, l'abstention est de rigueur, puisque l'opération serait tout à la fois inutile et nuisible.

L'abstention est-elle également commandée dans les cas où l'un des deux époux, sinon tous les deux, est atteint d'une diathèse maligne, telles que la tuberculose et le cancer? La question est grave; sans parler de la loi qui ne défend pas le mariage aux phthisiques et aux cancéreux, la naissance d'ur enfant, quel qu'il soit, est souvent liée au maintien et au bonheur de la famille, et quelquefois à l'honneur et à la fortune des parents, comme dans l'exemple que j'ai cité plus haut; il n'y a pas de règle absolue à poser, et ici, comme en beaucoup d'occasions, le médecin ne doit prendre conseil que de sa conscience.

IV.

Méthodes et procédés opératoires.

La fécondation artificielle se fait par la méthode vaginale, -ou par la méthode utérine.

A. Méthode vaginale. -Elle consiste à porter tout simplement le sperme dans le vagin, soit au moyen d'une injection, soit avec le secours d'un tampon de ouate.

L'observation de Hunter et celle de M. Lesueur se rapportent à cette méthode.

J'ai déjà fait remarquer qu'aucune garantie scientifique ne s'attachait à ces faits, et qu'il fallait les laisser dans l'ombre.

La méthode dont ils sont l'expression ne mérite pas davantage d'être conservée; elle est insuffisante dans beaucoup de cas, et trop aléatoire dans tous; elle blesse la pudeur de la femme sans compensation, et compromet l'honneur de la profession; à tous les points de vue elle doit être abandonnée.

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B. Méthode utérine. Par cette méthode on se propose de porter directement le sperme dans la cavité de l'utérus, ou tout au moins dans l'intérieur du canal cervical.

Pour atteindre ce but deux procédés ont été mis en usage: 1° l'insufflation, 2o l'injection.

Il est dû au docteur Girault

1° Procédé par insufflation. et n'exige qu'une sonde. « Je préfère dans la généralité des cas, dit ce médecin, introduire le sperme dans la sonde, placer celle-ci dans le col de l'utérus et souffler avec la bouche, attendu que s'il y a peu de sperme, il peut rester dans la seringue; tandis que par l'insufflation, il faut que tout pénètre dans la matrice (1). »

Ce procédé a des inconvénients de plus d'un genre; le plus saillant est la possibilité de l'introduction de l'air dans la cavité utérine, et par suite de coliques qui rendraient peut-être l'opération inutile.

Cependant, il ne faut pas, d'une manière absolue, abandonner ce procédé qui a réussi à son auteur et qui peut réussir encore dans d'autres circonstances.

2o Procédés par injection. Il comporte cinq variétés : A, le procédé de M. Dehaut; B. le procédé de M. Gigon; C. le procédé de M. Marion Sims; D. le procédé de l'auteur; E. le procédé de M. le professeur Courty.

(1) Girault, Étude sur la génération artificielle dans l'espece humaine. Paris, in-12, p 11.

A. Procédé de M. Dehaut. - Pour exécuter la fécondation artificielle, M. Dehaut propose un instrument qu'il nomme injecteur et qu'il décrit de la manière suivante: « L'injecteur est un tube en cristal épais, long de 20 centimètres environ, à cavité capillaire; il présente à son extrémité utérine un renflement cylindrique, formant une cavité capable de contenir 1 gramme environ de liquide, suivi d'une partie assez effilée pour pouvoir être introduite dans la cavité du col utérin ; cette partie effilée peut conserver la direction du tube, ou bien recevoir une inclinaison appropriée à la conformation ou à la direction de la partie de l'utérus avec laquelle elle doit entrer en rapport. L'extrémité manuelle de ce tube présente un évasement circulaire, en forme de cuvette, laquelle est fermée par une lame élastique en caoutchouc bien tendue, et constitue une chambre à air, communiquant avec la cavité par l'intermédiaire du conduit capillaire; la capacité de cette chambre à air ne doit pas dépasser celle du réservoir (1). »

Le mécanisme de cet instrument est facile à saisir en appuyant sur la membrane en caoutchouc, on pousse l'air du réservoir dans le renflement cylindrique d'où le liquide qu'il contient est chassé et s'échappe par la canule. Malheureusement la canule est en verre et fait corps avec le tube, de telle façon qu'elle court risque de se briser, et qu'elle ne peut se prêter à toutes les positions qu'affecte l'utérus.

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B. Procédé de M. Gigon. Voici comment l'auteur le décrit lui-même : «Ayant introduit le doigt dans le vagin, je constatai que le col de l'utérus était long, effilé en forme de toupie, comme on dit; l'utérus était un peu rétroversé, et le museau de tanche était fort près du pubis; alors, le long du

(1) Dehaut, De la fécondation artificielle dans l'espèce humaine, comme moyen de remédier à certaines causes de stérilité chez l'homme et chez La femme. Paris, 1865, p. 26 et 27.

doigt, je glissai une longue canule en caoutchouc, comme celles que l'on met au bout des seringues, et, après quelques difficultés, je réussis à en introduire le bout assez mince dans l'orifice du museau de tanche; pendant ce temps, le mari, dans un cabinet de toilette à côté, avait empli de sperme une seringue en verre de moyen calibre, et, après avoir replacé le piston, venait lui-même injecter la liqueur fécondante dans le pavillon de la canule qui sortait du vagin, car la matrice était basse; l'injection fut faite doucement, lentement et pénétra très-bien dans l'utérus (1). »

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Ce procédé est l'enfance de l'art et ne peut réussir que par l'effet du hasard, comme dans l'observation de M. Gigon. C. Procédé de M. Marion Sims. L'instrument dont s'est servi le chirurgien américain, est de verre, et en tout semblable à la seringue de Pravaz, destinée aux injections hypodermiques. Il est ainsi facile de calculer la quantité de sperme que l'on injecte, puisqu'une révolution entière du piston correspond à une goutte, et une demi-révolution à une demigoutte. C'est à cette dernière dose que s'est arrêté M. Sims; mieux que personne, le chirurgien américain fixe tous les points indispensables à la réussite de l'opération, et sur lesquels je reviendrai tout à l'heure.

Mais la partie la plus saillante du procédé de M. Marion Sim3 est la manière dont il recueille le sperme il va le chercher directement dans le vagin, au moment même où cesse la copulation.

Sans aucun doute l'idée est essentiellement rationnelle et logique; mais je crains qu'elle ne soit difficilement acceptée, en France du moins, par l'homme aussi bien que par la femme. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que cette pratique blesse l'instinct et le sentiment de la pudeur dans l'un

(1) Gigon, Reforme médicale, 29 septembre 1867, no 37.

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