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Plusieurs commentateurs supposent que, dans ce vers, la dernière syllabe de anima s'allonge à l'arsis. Mais cette licence est sans exemple dans Homère, et Virgile ne dépasse jamais les hardiesses de son modèle.

II. Une syllabe brève, terminée par une voyelle et finissant un mot, peut devenir longue à l'arsis, lorsque le mot suivant commence par l, m, n, r, s ou v. On prélude, pour ainsi dire, à ces consonnes initiales, en prononçant la syllabe finale du mot qui les précède. Exemple:

Liminaque laurusque dei, totusque moveri
Mons circum...

(Æn. III,

91.)

On prononce liminaquel laurusque.

Il est très régulier d'allonger la syllabe finale d'un mot, quand le mot suivant commence par une consonne double ou par deux consonnes. Exemple :

Eurique zephyrique sonat domus... (Georg. 1, 371.)
Astusque pluviasque et agentes frigora ventos.

(Georg. 1, 352.)

III. Les meilleurs poètes, après Homère, omettent quelquefois l'élision d'une finale longue à l'arsis, devant une voyelle. Cette finale conserve alors la quantité qui lui est propre. Exemple: Atque Getæ, atque Hebrus, et Actias Orithya. (Georg. iv, 463.)

Scandez:

Atquě Gě | tæ atqu' | Hēbrus ět | Actiăs | Orf-| thŷia.

IV. On peut omettre aussi l'élision à la thésis. En ce cas, la syllabe non élidée devient brève, si elle était longue de sa nature. Exemple:

Nomen et arma locum servant: tě, amice, nequivi

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Une fois seulement, Virgile conserve, à la thésis, la quantité longue d'une syllabe finale non élidée sur la voyelle suivante :

Glauco et Panopeæ et Inoo Melicertæ

(Georg. 1, 437.)

L

On trouve plusieurs fois dans Homère cette licence tout exceptionnelle. Ainsi, dans le vers suivant (Iliade, I, 145), la voyelle 1⁄2 de la seconde arsis demeure longue devant 'Idoμɛvɛúç.

*H_Aï- | as † | 'Idoμɛ- | veùç, ĥ | dios 'O- | duoœeúÇ.

V. La voyelle qui termine un vers peut s'élider sur la voyelle qui commence le vers suivant. Exemple :

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VI. Un embarras naît du terme césure, que nos prosodies ont employé dans un sens impropre consacré longtemps par l'usage. La vraie césure, la principale, essentielle à l'hexamètre grec et latin, n'est pas celle qui prend la dernière syllabe d'un mot pour commencer un pied, mais celle qui partage le vers en deux hémistiches. Quelquefois Homère et Virgile omettent heureusement la première, que nous sommes convenu d'appeler coupe syllabique; mais la seconde, la césure du vers, est indispensable.

La césure ou division du vers en deux hémistiches est tellement essentielle, dit le savant Godefroy Hermann, que, sans elle, tout le nombre et toute l'harmonie disparaît. Nous indiquons dans notre Prosodie latine les coupes les plus généralement usitées.

Il est rare que le vers soit partagé en deux hémistiches égaux dans ce cas, le troisième pied est toujours un dactyle formé d'une coupe syllabique et de deux brèves :

Aut ubi odor cœni gravis, aut ubi concava pulsu

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On objecte le vers 39 de l'Églogue X: ce vers, dit-on, est coupé par le sens après trois pieds, dont le troisième est un spondée.

Et nigræ violæ sunt et vaccinia nigra.

Nous répondrons que la syntaxe latine admet la règle suivante, observée par les écrivains les plus autorisés : quand un mot appartient à deux membres de phrase, on est libre de le sous

entendre dans le premier ou dans le second membre. Ainsi dans la belle ode d'Horace: Odi profanum, nous lisons:

Moribus hic meliorque fama.

Ce qu'il faut expliquer ainsi : moribus hic melior, meliorque fama. Autrement la conjonction que occuperait une place incorrecte. D'après cette règle, nous pouvons lire ainsi le vers de Virgile cité plus haut:

Et nigræ violæ, | sunt et vaccinia nigra.

La pensée se complète ainsi :

Et nigræ violæ sunt, sunt et vaccinia nigra.

VII. La coupe syllabique est légitimement remplacée par la césure du vers, si celle-ci partage le vers d'une manière harmonieuse, par exemple après le trochée du troisième pied. Exemple:

Falleret indeprensus | et irremeabilis error.

(Æn. v, 591.)

NOTICE

SUR VIRGILE ET SES EUVRES

Virgile (Publius Virgilius Maro) naquit l'an 70 avant J.-C., dans un petit village nommé Andes, aujourd'hui Pétiola, près de Mantoue. On croit généralement que son père était cultivateur et occupé du soin des troupeaux. Virgile reçut dès son enfance les douces impressions de la nature champêtre et les habitudes d'une vie simple et frugale; aussi l'on put dire que dans la suite il retraçait de délicieux souvenirs en décrivant les pénates de l'antique laboureur et le séjour du bon Évandre.

Lorsque le jeune Virgile revêtit la robe virile, en l'année 55, la langue oratoire, celles de la poésie et de la conversation s'étaient polies et enrichies par le commerce des Grecs. Le sage agriculteur, père de notre poète, devina dans son fils un génie plus qu'ordinaire, et il lui procura une éducation solide, brillante et variée. Celui-ci, de son côté, cultiva ses talents avec une noble ardeur. Il étudia d'abord à Crémone. Plus tard il fréquenta les célèbres écoles de Milan et de Naples, Naples, que l'on

pouvait appeler à bon droit l'Athènes de l'Italie méridionale. C'est ainsi qu'il devint, comme autrefois Homère, le plus savant homme de son temps pour en être ensuite le plus sublime écrivain. Il embrassa tous les genres de connaissances lettres grecques et latines, monuments historiques et mythologiques de la Grèce et de la vieille Ausonie, mathématiques et astronomie, lois civiles et religieuses, etc.

Les petits Poèmes.

Les esprits les plus précoces ne sont pas toujours ceux qui s'élèvent le plus haut et vont le plus loin. Virgile approchait de sa vingt-cinquième année qu'il n'avait encore rien produit de saillant. Les petits ouvrages intitulés Culex, Ciris, Moretum', etc., que nous possédons aujourd'hui, ne sont peut-être pas ceux que le poète de Mantoue composa sous ces mêmes titres. Quoi qu'il en soit, ces modestes essais ne firent paraître que l'aurore de son génie. L'imitation de Théocrite devait bientôt le faire briller d'un plus vif éclat.

Les Bucoliques.

Après la bataille de Philippes, le territoire de Crémone et de Mantoue avait été distribué par les triumvirs à leurs vétérans. Virgile dut à Pollion et à Mécène la restitution de sa terre. Pour leur témoigner sa reconnaissance, il composa, en prenant le chantre sicilien pour modèle, une série d'Églogues sous le nom général de Bucoliques.

1 Culex, « moucheron; » Ciris, « aigrette, oiseau du genre des hérons; » Moretum, « mets rafraîchissant, composé d'herbes, d'ail, de fromage et de vin, ragoût jadis aimé des laboureurs. »

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