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s'adressant au ministre, est portée à un degré qu'on n'était plus accoutumé de trouver chez les filles publiques; toutes ces malheureuses appartiennent aux vingt départements qui ont été occupés par les armées étrangères. Ne trouvant aucune ressource dans leur pays, dont elles sont repoussées, et parce que les hôpitaux qui y sont se trouvent encombrés de nos malades ou de ceux des alliés, elles affluent toutes à Paris et encombrent les environs. A ces détails, continue toujours M. Anglès, je pourrais en ajouter d'autres qui feraient frémir votre excellence : n'ayant à ma disposition que disposition que l'infirmerie de la Force où je puisse les faire traiter, j'ai tellement encombré cette maison qu'elles y ont été un moment entassées jusqu'à quatre dans un ht; plusieurs centaines sont restées sans traitement pendant un temps assez long et ont multiplié, tant qu'elles ont été libres, les maux les plus affreux. »

Tel est le résultat de la guerre et des invasions. étrangères; je cite cette pièce avec satisfaction, parce qu'elle nous fait connaître ce que sont les insoumises, et ce qu'était l'ordre des choses à une époque sur laquelle nous n'avons que très peu de renseignements.

Je répète encore ici ce que j'ai déjà dit, tant la question me paraît importante; les filles assujetties à la police n'ont que des bobos en comparaison de la gravité des maux que présentent les insoumises;

comme les faveurs de la plupart de ces malheureuses ne coûtent que quelques sous, et que la détresse où elles se trouvent les met souvent dans la nécessité de les accorder pour un morceau de pain, c'est par douzaines qu'elles reçoivent par jour les mendiants, les soldats et tous ceux qu'elles rencontrent dans leurs courses ou leurs misérables gîtes. Qu'on juge, d'après cela, du mal que font ces malheureuses partout où elles se trouvent, et si c'est avec raison que l'administration les recherche et tâche de les assujettir à une surveillance régulière.

S XI. Des prostituées qui exercent leur métier dans les départements, qui y ont été infectées, et qui viennent réclamer à Paris les secours sanitaires.

Beaucoup de prostituées qui ne trouvent pas de secours sanitaires dans leur pays viennent les chercher à Paris. pour se faire admettre dans les hôpitaux.

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Ruses qu'elles emploient Toutes les femmes qui ont

recours à ces moyens pour obtenir leur guérison ne sont pas des prostituées. Nombre de celles que le dispensaire reçoit dans le cours Les provinces devraient imiter Paris pour les secours indispensables aux individus affectés de syphilis.

d'une année.

La prostitution est partout, mais les moyens de combattre les maux qu'elle fait naître n'existent que dans un petit nombre de localités. De cet état de choses véritablement déplorable, il en résulte un autre plus déplorable encore une foule de prostituées, tourmentées par les maux qui les rongent, viennent à Paris, non seulement des départements

II.

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voisins et de toutes les frontières du nord, mais même des pays étrangers, particulièrement de la Belgique et de la Prusse Rhénane; les opulentes arrivent par les voitures publiques; quelques unes, sous un prétexte quelconque, se font donner des passeports et quelquefois même les secours de route; les autres vivent en chemin du produit de leur métier et de la mendicité.

Toutes ces femmes savent parfaitement, en arrivant à Paris, les démarches qu'elles ont à faire; elles ont dans cette ville quelques personnes de connais sance qui leur permettent d'établir chez elles d'une manière fictive leur domicile; elles se présentent, soit au Bureau central des hôpitaux, soit directement à l'hospice des Vénériens, et sont admises dans les divisions dites du civil; il arrive cependant qu'on leur refuse quelquefois l'entrée de cet hôpital; elles changent alors de tactique, et ont recours aux moyens suivants : elles reviennent au Bureau central, alléguant une maladie interne; on les admet sur cette allégation, et une fois entrées dans un hôpital quelconque, on les guérit de leur véritable maladie ou on les dirige d'office sur l'hospice des Vénériens, qui dans ce cas ne peut pas les refuser.

Celles qui ne réussissent par aucun de ces moyens s'adressent directement au dispensaire, ou se font arrêter par l'autorité. Comme l'expérience a prouvé à l'administration qu'on ne peut renvoyer ces femmes

de Paris; qu'elles trouvent toujours le moyen d'y rester, et que leur état peut causer des maux très grands, elle les fait traiter d'office dans les lits qu'elle possède dans l'hospice des Vénériens ou dans les infirmeries de la prison destinée aux filles publiques. J'ai vu dans ces infirmeries un très grand nombre de ces femmes, parmi lesquelles il s'en trouvait de mariées et de véritablement honnêtes.

Je n'ai pu recueillir de notions exactes sur la quantité des vénériennes admises de cette manière par le dispensaire, que pour un très petit nombre d'années. Il fut

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Ce nombre est resté à peu près le même depuis cinq ou six ans ; c'est du moins ce qui résulte des renseignements qui m'ont été donnés par plusieurs personnes, renseignements qui ont toujours coïncidé les uns avec les autres, et que je regarde comme

exacts.

Ce fait, que des femmes viennent de fort loin dans la capitale pour y réclamer des secours qu'on leur refuse dans leur pays, est, suivant moi, un fait fort grave; il mérite de fixer l'attention des autorités supérieures chargées de ce qui regarde la santé pu

blique, et doit les engager à prendre à cet égard quelques renseignements. Si des préjugés existent dans quelques localités contre les malades attaqués de la syphilis, pourquoi ne chercherait-on pas les moyens les plus efficaces pour les combattre? Si les secours manquent, n'est-il pas indispensable de les organiser sans retard? Nos provinces, qui admirent et qui cherchent à imiter tout ce qui se fait dans la capitale, refuseraient-elles donc de l'imiter dans ce qu'elle offre de plus efficace pour remédier à des maux dont elles ne sont pas exemptes et dont gémissent leurs populations?

S XII. Quelques prostituées sont-elles exemptes de la contagion vénérienne?

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Quelques femmes, en faisant le métier de prostituées, ne sont pas attaquées par la syphilis. — Elles ne diffèrent pas en cela des hommes. On ne sait rien sur le nombre de celles qui jouissent de cet avantage. l'utilité des résultats numériques les plus importants et les plus faciles à recueillir reste inaperçue par la plupart des médecins. Conjecture sur la proportion des femmes réfractaires à la contagion syphilitique. Série des recherches qui restent à faire pour éclaircir cette question.

.. C'est une vérité constatée depuis long-temps, que certaines prostituées ont la faculté bien précieuse pour elles de fréquenter les hommes les plus infectés sans courir aucun risque pour leur santé; en cela elles ne diffèrent pas de quelques hommes qui jouissent du même privilége.

Cet état, qu'on pourrait appeler réfractaire à la

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