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drais toute frisure et tout arrangement particulier de la coiffure que je rendrais encore uniforme; je les assujettirais à un régime pour ainsi dire militaire, les faisant marcher deux à deux au pas et en cadence pour aller d'un atelier à l'autre, de leurs chambres aux réfectoires, et vice versá; le besoin qu'elles ont de s'agiter, d'aller et venir sans cesse, leur rendrait, j'en suis sûr, cet assujettissement très pénible; elles n'en seraient dispensées qu'aux heures de récréation.

Ces différents moyens de punition et d'autres analogues, sans rendre la détention plus nuisible à la santé, frapperaient l'esprit des prostituées ; ils leur feraient considérer la prison, non comme un lieu d'asile, où elles viennent se refaire et se reposer, mais comme un lieu de punition. Elles ne se laisseraient plus séduire par les promesses de secours que leur font les dames de maisons pour contrevenir aux règlements, et mettraient dans toute leur conduite beaucoup plus de prudence et de circonspection.

Pour rendre plus efficace cette série de moyens, j'accorderais une libre entrée dans l'hôpital et dans les infirmeries à toutes les douceurs et à toutes les futilités, car les malheureuses qu'on y renferme ne sont pas coupables d'un mal qui, pour être la suite de leur métier, n'est pas le résultat de leur volonté; j'attacherais une haute importance à ce qu'on fût

mal dans la prison, et aussi bien que possible dans l'hôpital; qu'on trouvât tous les genres de privations dans celle-là, et toutes les douceurs possibles dans celle-ci; enfin qu'on redoutât d'entrer dans la première, et qu'on désirât d'être admis dans la seconde.

Dieu me garde de faire l'éloge des châtiments et des punitions corporels, employés contre des prisonniers, et surtout contre des prisonniers du sexe féminin ! Dans tout moyen de correction, on me verra toujours pencher pour les mesures les plus douces ; mais si, dans le but d'abréger la détention, d'inspirer aux coupables une crainte salutaire, et de rendre les récidives moins communes, quelques uns de ces moyens peuvent être proposés, pourquoi ne les examinerait-on pas ? Pourquoi serait-il dé fendu de peser avec impartialité leurs inconvénients et leurs avantages? C'est ici le lieu de parler avec quelques détails du tread-mill ou moulin à marcher, et de voir s'il pourrait s'appliquer, avec quelque avantage, à la correction des prostituées.

S VI. Du TREAD-MILL, ou moulin à marcher, et de son application à la répression des délits de la prosti

tution.

Origine et description du tread-mill.

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- M. de Chabrol, préfet de la Seine, est le premier qui en parle en France. Critique virulente qu'en fait M. Barbé-Marbois. - Réponses à ces critiques. Faits nombreux qui démontrent que le tread-mill est un excellent moyen de répression. Qu'il n'est pas nuisible à la santé des hommes et des animaux. Opinion des médecins du bagne de Toulon, sur l'effet de cet appareil. Autres preuves de son innocuité. - Combien le mouvement et l'exercice sont nécessaires à la santé des détenus. Précautions indispensables dans l'application du tread-mill à la répression des délits dont se rendent coupables les prostituées. Nécessité d'établir une différence entre l'infirmerie et la prison, sous le rapport de la discipline intérieure. Possibilité d'améliorer le régime de l'infirmerie. - Résultats cliniques et statistiques qui le prouvent. Combien il est important pour l'amélioration morale des prisonniers, que les travaux qu'on leur impose soient utiles à quelque chose.

Il y a bientôt vingt-huit ans que les Anglais ont introduit dans leurs prisons des tambours, de dimensions différentes, qui, étant suspendus sur leur axe, sont mis en mouvement par un nombre plus ou moins grand d'individus qui marchent dans leur intérieur et les font tourner sur eux-mêmes; dans cet exercice, les hommes agissent seulement par leur poids, et n'ont d'autres efforts à développer que ceux que nécessite la marche sur un plan in

cliné.

Il paraît que la plupart des prisons d'Angleterre sont munies de cet appareil, et qu'on en compte souvent un grand nombre dans la même prison : en 1824, il en existait vingt dans celle de Brighton.

Les prisonniers qui travaillent dans cette roue doivent y être être appliqués pendant sept heures et vingt minutes; ils font trente pas par minute, et le nombre de tours faits par la roue, représente sur le terrain, un espace de 13,333 pieds anglais, équivalant à 2,052 toises françaises ou 4,000 mètres, ou tout au plus une de nos lieues de poste. Ces détails ont été fournis par M. Chabrol de Volvic à M. BarbéMarbois, qui les a consignés dans le rapport sur l'état des prisons, présenté en 1824 au duc d'Angoulême.

Je dois commencer par avouer que M. BarbéMarbois se montre, dans ce rapport, le plus grand ennemi de la inachine à marcher; il dit qu'elle est préjudiciable à la santé des prisonniers et dangereuse pour les femmes ; qu'elle n'enseigne au détenu aucune industrie qui puisse lui servir quand il sortira; que la roue s'est quelquefois brisée; que des hommes et des femmes, placés sur les marches, ont été renversés sur le dos et précipités d'une assez grande hauteur, et que des fractures ont été la suite de ces chutes.... Il qualifie cette invention de nouvelle méthode pour tourmenter les hommes, que l'on veut convertir en véritables machines; il termine en disant que la roue à marcher est un supplice; que l'introduire dans les prisons de France serait y renouveler la torture, et qu'il est injuste, qu'il est déraisonnable de rendre une peine plus

rude, dans l'espérance qu'elle sera plus courte. L'opinion d'un sage et d'un magistrat tel que M. Barbé-Marbois étant d'un poids immense dans une décision de cette nature, je dois examiner jusqu'à quel point elle est fondée, et mettre dans cet examen une attention extrême; c'est dans le mémoire même de M. Barbé-Marbois et dans les renseignements fournis par M. de Chabrol, renseignements qui forment la majeure partie de ce mémoire, que j'irai puiser les éléments de ma conviction.

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M. Barbé-Marbois commence par exposer les objections faites par quelques personnes, au tread-mill; suivant ces personnes, l'exercice de cette machine est préjudiciable à la santé des ouvriers, soit par le genre de travail, soit par les fractures qu'elle peut occasionner. Elle est surtout dangereuse pour les femmes. Il dit qu'un chirurgien a observé que les femmes qui travaillent à la machine sont plus fréquemment indisposées que les autres, et que le comité de discipline d'une prison, après avoir longtemps insisté sur l'introduction de la machine, a reconnu cependant que les femmes ne peuvent y être employées sans danger, et que, pour elles, il faut avoir recours à une occupation mieux accommodée aux habitudes de leur sexe. Il ajoute : M. John Hippisley, un des magistrats visiteurs les plus distingués, après avoir vu lui-même la maison de correction de Coldbath, a fait un rapport au se

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