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de l'organisme. C'est en général au bout de huit à dix heures qu'il est convenable de sacrifier les animaux, parce qu'alors le sucre contenu dans leur foie a eu le temps de disparaître pour être remplacé par cette matière que nous ne connaissons pas encore, mais qui subit la transformation glycosique.

Que s'est-il passé dans cette expérience, et comment pouvons-nous comprendre anatomiquement l'influence si différente qu'exerce la section de la moelle épinière sur le foie; car nous avons dit que la section de la moelle au-dessous du renflement brachial produit purement et simplement la disparition du sucre dans le foie, tandis que cette même section au-dessus de ce même renflement a pour effet d'opérer une perversion dans la fonction glycogénique? Dans ce cas, messieurs, il faut voir là une action particulière du renflement brachial de la moelle agissant sur le foie comme un

véritable centre nerveux.

On sait déjà que cette portion de la moelle épinière joue le rôle d'un centre relativement à la portion céphalique du grand sympathique. Si, par exemple, on galvanise cette partie de la moelle, on voit que la pupille se dilate absolument comme quand on opère sur le filet cervical du grand sympathique lui-même, de sorte que cette action qu'on produit sur la pupille émane en réalité de cette portion de la moelle épinière dont les filets sympathiques ne doivent être considérés que comme les conducteurs.

Nous pensons que dans le cas de notre opération le foie reçoit également par des filets du grand sympa

thique provenant de cette région de la moelle une influence spéciale. Quand nous avons enlevé préalablement, dans certains cas, le ganglion cervical inférieur et le premier thoracique, nous n'avons pas alors observé ces effets se produire.

Si l'on voulait analyser le phénomène plus profondément et rechercher comment il peut se faire que sous l'influence de cette action nerveuse, quelle que soit sa source, nous obtenons une perversion et une espèce d'arrêt dans le développement de la matière glycogénique, on arriverait à conclure qu'il se forme là une substance intermédiaire qui se change ensuite sous nos yeux en matière sucrée par un mécanisme analogue à celui des fermentations. Nous avons vu, en effet, que lorsqu'on faisait bouillir le foie, on empêchait cette action de se produire, tandis que lorsqu'on n'avait pas coagulé les matières organiques par l'ébullition, cette matière se développait d'autant plus rapidement que la température était plus élevée en ne dépassant pas toutefois certaines limites.

Peut-on supposer que, par suite de la section de la moelle épinière, l'action nerveuse ait été diminuée au point de permettre seulement une transformation partielle ou incomplète de la matière albuminoïde primitive? Ou bien doit-on penser, et c'est à cette dernière hypothèse que je m'arrêterais volontiers, que l'action nerveuse sur le foie s'exerce toujours, qu'elle y est même exagérée, mais que seulement la température de l'animal s'abaissant, la fermentation de la matière sucrée ne peut plus avoir lieu pour opérer la

formation complète de la matière sucrée? Cette supposition se trouve appuyée par ce fait, que l'apparition du sucre est d'autant plus rapide quand on extrait le foie de l'animal, qu'on l'expose à une température plus élevée; de telle sorte que nous devrions en définitive considérer le système nerveux comme agissant pour préparer une matière autre que le sucre, mais pouvant se transformer en cette substance sous l'influence d'une fermentation pure et simple qui aurait lieu dans le foie.

Nous vous donnerons dans la prochaine séance plus de développement sur l'explication de cette expérience, une des plus intéressantes au point de vue de l'influence que le système nerveux peut exercer sur les actions chimiques.

Nous rapprocherons ces phénomènes d'autres faits que nous avons découverts cette année, et dont nous avons déjà dit quelques mots. Ce sont ces transformations de matières albuminoïdes en matières sucrées, qui s'opèrent chez les foetus dans certains états de la vie embryonnaire et en coïncidence avec le développement des tissus. Plus tard, dans l'état adulte, les tissus cessent d'être le siége de ces phénomènes, et c'est le foie qui, désormais, devient le seul point de l'organisme où se localisent ces productions sucrées, en rapport avec le développement des éléments nécessaires à la rénovation des tissus.

Maintenant, revenons, en terminant, sur l'animal empoisonné par le curare qui est devant vous, et qui ne differe de celui que je vous ai déjà montré dans la

y

séance précédente, qu'en ce qu'il est à jeun, tandis que l'autre était en digestion. Vous voyez que toutes ses fonctions nutritives sont exagérées, et ses sécrétions se produisent en abondance. Nous lui avons placé des tubes dans les conduits de diverses glandes, dans le conduit de la parotide et de la sous-maxillaire. Les liquides qui en coulent sont aussi abondants que si les organes masticateurs fonctionnaient, ou que si l'on avait placé du vinaigre sur la muqueuse buccale; mais il a, en outre, le fait singulier que ces deux glandes ne sont pas également excitées. Vous pouvez voir, en effet, que la glande sous-maxillaire fournit une quantité de liquide bien plus abondante que la parotide, ce qui tient peut-être à ce qu'elle reçoit une plus grande quantité de nerfs ganglionnaires, et qu'elle se trouve liée ainsi d'une manière bien plus intime à l'action du système sympathique. Sa sécrétion est, en effet, trois ou quatre fois plus considérable que la sécrétion parotidienne. Remarquez aussi, en passant, la différence qui existe entre les deux liquides: celui de la parotide est fluide comme de l'eau, celui de la sous-maxillaire est filant et visqueux; il en est de même à l'état normal. Les actions nutritives ne sont nullement interrompues, et c'est encore là un exemple de leur indépendance vis-à-vis du système nerveux de la vie de relation. Quant aux urines que l'on vient recueillir, vous voyez, à l'abondance de la réduction qu'elles déterminent dans le liquide cupro-potassique, qu'elles sont extrêmement sucrées.

VINGTIÈME LEÇON.

6 MARS 1855.

SOMMAIRE: Expériences sur des Lapins auxquels on coupe la moelle épinière au-dessus du renflement brachial. — Phénomènes singuliers produits sur le foie - Hypothèses sur ces phénomènes. — Découverte de la production de la matière sucrée dans les muscles et dans les poumons du foetus. Acide lactique. Moyens d'obtenir ce sucre Procédé pour obtenir l'acide du sucre.

-

du fœtus à une température basse.

lactique. - Tous les tissus de l'embryon ne donnent

pas

Le sucre se forme aux dépens d'une matière albumineuse insoluble.— Preuves physiologiques. Preuves chimiques. Découverte de Lehmann, qui transforme l'hématine en sucre.

MESSIEURS,

Nous allons entrer aujourd'hui dans le mécanisme intime de la formation du sucre dans le foie. Vous vous rappelez que nous avons fait, dans la dernière séance, une expérience fort singulière, et qui doit servir à nous guider dans cette voie. Nous avons coupé la moelle à deux Lapins, à deux hauteurs différentes, et nous avons vu que, quand on opérait la section audessus du renflement brachial, ce qui se fait en plongeant l'instrument entre la sixième et la septième vertebre cervicale, à peu près entre le sommet des deux épaules, on produisait dans le foie une modification toute particulière, une sorte de perversion de la secrétion, ou plutôt un véritable arrêt dans la série des transformations qui s'opèrent dans le foie pour changer en sucre les matières albuminoïdes du sang. Quand on

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