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débarrassé de son albumine et de sa matière colorante; du lait peut également être totalement privé de sa caséine et de sa matière grasse par le noir animal; il en est ainsi de beaucoup d'autres liquides animaux.

Il faut employer une quantité de charbon eu rapport avec la quantité de matière animale contenue dans le liquide que l'on veut purifier. Si, par exemple, on ajoute au sang la moitié ou les deux tiers de son poids d'eau, il suffit d'y ajouter du charbon de manière à obtenir une bouillie épaisse que l'on jette sur le filtre, et le liquide qui passe est incolore et débarrassé de toutes les matières albuminoïdes. Mais si le sang est pur, il faudra non-seulement faire une pâte très épaisse avec le charbon, mais il faudra en outre la battre dans un mortier et y incorporer encore de nouvelles quantités de charbon, jusqu'à ce que la masse ait, pour ainsi dire, cessé d'être humide et qu'elle soit redevenue pulvérulente. Alors, si l'on ajoute de l'eau à ce charbon, toute la matière sucrée est dissoute et passe dans un liquide parfaitement limpide.

Les matières fixées par le charbon, telles que l'albumine, la matière colorante du sang, la caséine, l'acide urique, etc., paraissaient réellement combinées avec le charbon et l'on ne peut plus les en séparer par le lavage, même à l'eau tiède. Le sucre, au contraire, qui était dans les liquides animaux, quelle que soit son espèce, n'a été aucunement retenu par le charbon, et il coule avec le liquide qui filtre; on peut même, par des lavages successifs, obtenir toute la quantité du sucre dont le charbon était imprégné, sans craindre,

ainsi que nous venons de le dire, d'entraîner des matières étrangères redissoutes.

Je recommande donc le charbon animal comme un moyen très expéditif et indispensable quand on veut essayer quelque liquide animal au réactif cupro-potassique. Quand on voudra, par exemple, dans une clinique faire cet essai, il suffira d'ajouter un peu de noir animal à l'urine, on jettera sur un filtre, et l'on recueillera le liquide limpide qu'on essaiera alors au réactif. Si l'on obtient la réduction caractéristique, on sera beaucoup plus certain d'avoir affaire à du sucre de la deuxième espèce, parce que le charbon a aussi la propriété de retenir l'acide urique, la dextrine, le chloroforme, la cellulose pouvant réduire le réactif cupro-potassique. A l'aide du charbon animal, on peut même extraire le sucre dans des parties animales semi-solides ou réduites à l'état de bouillie, ainsi que nous aurons occasion de vous le montrer dans des expériences physiologiques que nous répéterous devant vous.

Nous aurions encore à nous occuper des caractères de certaines matières très voisines des sucres, telles que l'amidon, la dextrine, la gomme, mais ces substances ne se rencontrent jamais à cet état dans l'organisme; elles pourraient seulement se trouver dans le canal intestinal, comme intermédiaires de la transformation de l'amidon en glucose. Nous aurons, du reste, à exposer ailleurs les phases de ces transformations, et, à ce propos, nous indiquerons à quels caractères ces substances se reconnaissent.

Tels étaient, messieurs, les principaux moyens que je désirais vous indiquer sur la manière de rechercher et de constater le sucre dans les liquides et organes animaux avant d'entrer dans l'examen de la fonction qui produit cette matière dans l'organisme animal, et dont nous commencerons l'histoire dans la séance prochaine. Dans les expériences très nombreuses que nous répéterons devant vous, nous aurons souvent occasion de mettre en pratique les procédés que nous ne vous avons indiqués ici que d'une manière abrégée, nous réservant d'ajouter les détails que nous aurions omis ici à propos du cas même auquel ils s'appliquent.

TROISIÈME LEÇON.

30 DÉCEMBRE 1854.

SOMMAIRE: La production du sucre est un phénomène appartenant aux deux règnes des étres vivants. Les animaux forment de la Le foie est chargé de cette fonction glycogénique,

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matière sucrée. qui jusqu'alors était restée inconnue. Le foie de l'homme et des animaux renferme toujours de fortes proportions de sucre à l'état physiologique. - Observation chez l'homme, expériences sur les animaux dans toute l'échelle zoologique. — Quantité de sucre contenu dans le foie. Nature de ce sucre; son analogie avec le sucre de diabète. — Le sucre qu'on rencontre dans le foie est sécrété dans cet organe ; il ne vient pas de l'alimentation. — Expériences à ce sujet. — Examen comparatif du sang avant et après le foie chez un carnivore. - Le premier sang ne contient pas de traces de matières sucrées, le second en renferme en grande proportion.

MESSIEURS,

J'ai à vous prouver aujourd'hui que la production du sucre est un fait commun au règne animal et au règne végétal. J'ai à vous apprendre ensuite quel est, dans les animaux, l'organe qui accomplit cette fonction glycogénique.

On avait cru, jusque dans ces derniers temps, que le règne végétal était seul capable de produire du sucre, et que les principes immédiats en général qui se rencontrent dans le règne animal étaient formés exclusivement par les végétaux, où les animaux ne faisaient que les puiser pour se les assimiler directement; que les uns produisaient ce que les autres ne faisaient que

détruire. Sans aucun doute il existe entre le règne végétal et le règne animal une sorte de relation nécessaire, mais cependant, comme la vie est plus élevée chez les animaux, comme les phénomènes y sont plus complexes, il est naturel de penser que ce qui se passe dans le végétal peut avoir lieu dans des êtres présentant une vitalité supérieure,

Quoi qu'il en soit, quand on trouvait du sucre dans un animal, on croyait que cette matière était constamment d'origine végétale et avait été introduite par l'alimentation. On admettait que la quantité de sucre qui existait dans un animal devait varier en raison même de la nature de son alimentation; que l'on devait en trouver chez les herbivores, qui prennent en abondance des matières féculentes aisément transformables en sucre, mais qu'on ne pouvait pas s'attendre à en rencontrer chez les carnassiers, nourris seulement de substances azotées ou graisseuses, qui ne peuvent pas, dans l'intestin, se transformer en sucre par les procédés digestifs connus.

L'expérience a démontré qu'il n'en est pas ainsi: le sucre existe normalement dans le sang chez tous les animaux herbivores ou carnivores, et les quantités de sucre qu'on rencontre dans les uns et les autres sont sensiblement égales. Cela tient, messieurs, à ce qu'il y a une fonction qui produit chez tous ces animaux de la matière sucrée, indépendamment de l'espèce de nourriture à laquelle ils sont soumis.

On a lieu de s'étonner qu'une action organique d'une telle importance et si facile à voir, n'ait pas été dé

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