Imagens das páginas
PDF
ePub

Sous-Himalayas; ce rayon doit se continuer et se continue, en effet, par le sol primitif jusqu'en Afrique; mais nous n'en connaissons pas encore assez la faune fossile pour en rien dire.

Enfin, un quatrième rayon s'avance toujours de l'Asie centrale vers l'Est, pénètre en Amérique, et pouvait anciennement joindre l'Amérique à l'Afrique, par l'Atlantide qui venait se terminer aux chaînes de l'Atlas et aux chaînes des Pyrénées hispaniques. Dans tout ce vaste trajet, du moins dans ce qui est exondé, c'est-à-dire en Amérique et dans les bassins sous-pyrénéens en Espagne et en France, ce sont les mêmes fossiles à peu près qui dominent, les éléphants mastodontes, tandis que les lamellidontes dominent dans les autres rayons.

Tout converge donc à prouver que la grande mer primitive ou secondaire, comme on voudra l'appeler, s'est retirée successivement de l'Orient à l'Occident d'une part, et du Nord au Sud de l'autre, pour l'Europe, et que la terre a été habitée à mesure qu'elle sortait de dessous les eaux.

Mais combien de temps a demandé cette vaste retraite de la grande mer primitive?

La puissance des terrains seule et le nombre des assises de chaque terrain peuvent, comme l'ont fort bien établi MM. Boué et plusieurs autres géologues, donner une mesure approximative. Or, nous avons prouvé qu'il n'avait pas fallu plus de deux mille ans pour former la succession des terrains les plus compliqués et les plus puissants.

Nous avons, en outre, démontré par le synchronisme que les divers terrains s'étaient formés simultanément sur tous les points du globe où on les rencontre; dès-lors la durée de la formation totale aura été d'autant plus longue que la mer se sera retirée plus tard. Mais, après le retrait des mers, seront demeurés les lacs, dans lesquels les terrains les plus récents se sont déposés; puis vers la fin il ne restait plus de la grande mer que les golfes dans lesquels se sont déposés les terrains tertiaires, pendant que tout le sol secondaire était habité autour de ces golfes. Or, ce sol tertiaire s'est formé d'autant plus rapidement dans le principe, que les grands fleuves avaient à leur disposition toutes les couches de rivages du sol secondaire.

Il ne leur a donc pas fallu un très-long temps pour achever

leurs dépôts, qui se sont ralentis une fois que les grands fleuves ont eu raviné profondément leurs vallées et encaissé leur lit. Dès-lors nous arrivons à la conclusion que la plupart des terrains tertiaires ont pu se former depuis l'époque du déluge mosaïque, et finir vers les premiers temps historiques de chaque pays, et depuis lors il ne se serait plus formé que des terrains alluviens soit libres, soit dans les cavernes; dans ces terrains se retrouvent, en effet, les derniers débris des animaux perdus avec les traces de l'homme, qui les a fait disparaître en grande partie, à mesure qu'il s'est multiplié et qu'il a étendu son empire destructeur sur les grandes forêts et les grands cours d'eau; c'est ce qui nous sera confirmé par la dernière question qu'il nous reste à traiter, les rapports de l'espèce humaine avec les fossiles et les divers terrains.

LEÇON XXIX.

RAPPORTS DE L'HOMME AVEC LES FOSSILES ET LES TERRAINS
DIVERS.

Nous avons démontré largement la possibilité de la formation du sol de remblai dans les temps fixés par la chronologie mosaïque; l'étude de l'espèce humaine dans ses rapports avec les fossiles et avec les terrains divers va, nous l'espérons, faire passer cette possibilité à la réalité, et faire d'une probabilité une certitude.

Nous avons démontré, dans notre quatorzième leçon, qu'il existe un nombre assez considérable de fossiles humains; que ces débris de notre espèce sont associés avec ceux des espèces animales perdues et encore vivantes, et que, par conséquent, l'espèce humaine a habité les pays où l'on trouve ses débris fossiles, en même temps que les espèces animales avec lesquelles ils sont associés. Or, la conclusion positive de toutes les

i

chronologies ne fait pas remonter l'existence de l'humanité à plus de deux ou trois mille ans avant Jésus-Christ. La seule chronologie mosaïque est celle qui remonte un peu plus loin la création de l'homme.

Voyons si la géologie paléontologique peut nous apprendre quelque chose à ce sujet.

La géologie asiatique et africaine n'est connue qu'en gros; elle ne peut rien nous dire sur les fossiles humains; peut-être parlera-t-elle plus nettement quand elle aura été étudiée.

Mais dès que nous sortons de l'Asie pour entrer en Europe, les fossiles humains nous apparaissent avec ceux des animaux perdus et vivants.

Des crânes humains ont été trouvés à diverses hauteurs, dans la vallée du Danube, versant des Balkans et des Karpathes; par conséquent, exactement dans les mêmes circonstances que les animaux que nous avons rencontrés sur cette ligne occidentale d'habitation primitive.

Diverses parties de l'Allemagne, versant des Karpathes et du Hartz, ont aussi offert de pareils fossiles humains.

Des ossements humains ont été trouvés entre Messen et Dresde avec des animaux perdus.

D'autres, avec le coq domestique, animal très - récemment connu, puisqu'Hésiode et Homère n'en ont point parlé, ont été trouvés à la surface au-dessus de la formation gyp

seuse.

Dans les cavernes de Köstritz, des ossements humains avec des espèces perdues ont été trouvés à diverses profondeurs; ils y ont donc été apportés successivement comme ceux des animaux; l'homme habitait donc ce pays en même temps que les animaux perdus.

Dans le pays de Bade, des ossements et des cranes humains ont été trouvés à diverses hauteurs avec des débris d'espèces perdues et d'espèces vivantes.

Les brèches de la Saxe ont fourni des ossements humains accompagnés de rhinocéros et de coquilles d'eau douce.

Divers ouvrages d'art et des débris de vaisseaux ont été trouvés dans des couches de marne et de sable marin, près de Stockholm, en Suède; par conséquent, le pays était habité et

la navigation en usage, quand ces couches se sont formées. Sur les deux rives de la Meuse, sur les bords de la Vesdre, dans toutes les cavernes de Belgique, on a trouvé des ossements humains avec des ours, des rhinocéros, des éléphants et d'autres animaux perdus et vivants.

Quelques cavernes d'Angleterre ont aussi fourni des fossiles humains associés à des ossements d'éléphants, de rhinocéros, etc., et accompagnés de poteries, d'aiguilles en os, de haches et de couteaux en silex; or, ces derniers objets sont les armes bien connues des anciens peuples celtes et gaulois.

Ainsi depuis la pointe orientale des Balkans et des Karpathes, jusqu'aux versants occidentaux du Hartz, des Vosges et des Ardennes, et jusqu'en Angleterre, les fossiles humains se rencontrent dans les mêmes circonstances que les animaux; l'espèce humaine a donc suivi la même ligne d'habitation que ces derniers. Mais comme les ossements d'animaux se montrent depuis les couches supérieures de la craie, dans tous les terrains tertiaires jusque dans les alluvions libres et dans ceux des cavernes, tandis que les fossiles humains ne se montrent que dans les eavernes et les couches les plus superficielles des alluvions libres, il est évident que l'espèce humaine n'est venue qu'à la suite des animaux et plus ou moins longtemps après eux, et que c'est elle qui les a fait disparaître.

Si nous suivons maintenant la ligne des Alpes et des Apennins, nous trouvons des fragments de sculpture, de poterie, des restes de bâtiments, dans les strates marines, à Pouzzoles, près de Naples; ces circonstances tendent à prouver que ces terrains n'ont été déposés que dans les temps où les arts commençaient déjà à fleurir dans la Grande-Grèce.

La ligne des Alpes-Dauphinoises, des Vosges et du Jura méridional et les versants des Cévennes ont également fourni des ossements humains dans les mêmes conditions que les os d'animaux d'espèces perdues et vivantes.

Toutes les cavernes de Bize, près Narbonne, celle de Salle-lèsCabardès, de Miollet, de Poudre, de Sommières, de Sauvignargues, contenaient des ossements humains avec des débris de l'industrie, mêlés à des os d'animaux divers. Dans celle de Miollet on a trouvé une statuette romaine et six bracelets de

46

[ocr errors]

cuivre. On ne peut donc douter que ces cavernes aient été en partie remplies, depuis l'occupation des Gaules par les Romains, par conséquent, il y a environ deux mille ans ; et comme il y a des animaux perdus dans ces cavernes, il faut en conclure qu'ils existaient encore en partie à cette époque ; et si l'on rapproche ce fait de la grande destruction d'animaux de toutes sortes que les jeux et les cirques romains consommèrent dans les premiers siècles de notre ère, il sera difficile de n'y pas voir une des principales causes de la disparition de plusieurs espèces et du commencement de la rareté des autres, puisque en moins de 500 ans près de trente mille animaux périrent dans les jeux romains, et on allait jusque dans la GrandeBretagne chercher les ours de la Calédonie réputés comme plus féroces.

Ainsi le diluvium des cavernes était encore en voie de formation dans les premiers siècles de notre ère, et un grand nombre de faits prouve que la Méditerranée et l'Océan s'avançaient plus loin dans les terres qu'aujourd'hui : tout le monde sait qu'Aigues-Mortes, port où s'embarqua saint Louis, il y a environ 500 ans, est maintenant à près de deux lieues de la mer. Il serait trop long de citer tous les lieux d'où la mer s'est retirée, depuis même le quinzième siècle, sans parler de toutes les retraites que la Méditerranée et l'Océan ont opérées depuis qu'on a songé à les observer. Nous arrivons donc à la conclusion rigoureuse que nos terrains tertiaires, maintenant exondés, ont fini de se déposer depuis le premiers siècles de notre ère. En second lieu, que l'espèce humaine est partie de l'Asie centrale comme les animaux; qu'elle a suivi la même route qu'eux; qu'elle est venue après eux, et comme leurs débris se trouvent dans les couches supérieures de la craie, il est prouvé que les terrains se sont formés depuis la première migration des animaux, et pas un grand nombre de siècles avant l'arrivée de l'homme, et que même leurs dernières couches, aussi bien que le diluvium des cavernes, etc., ne se sont formées qu'après les migrations primitives de notre espèce.

[ocr errors]

Or, les annales des peuples et les traditions historiques concordent avec les faits géologiques; elles nous apprennent, en effet, que c'est par les chaînes du Caucase que l'Europe a été

« AnteriorContinuar »