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Le genre CYNTHIE (Cynthia) comprend une belle et grande espèce de la Méditerranée que l'on mange, la Cynthia microcosmus. Un petit monde animé habite sa surface, qui prend par là une physionomie particulière, mais d'un aspect assez repoussant. Les gens pauvres achètent seuls cet aliment, qui a un goût acre et amer.

Le genre Phallusia a pour type une petite espèce de couleur rouge, de la grosseur d'une groseille, qui habite communément les Huîtres de certaines localités (P. grossularia). Elle est utile aux naturalistes en ce qu'on peut se la procurer en vie très facilement et la conserver ainsi partout où arrivent des Huîtres.

Une autre espèce, Phallusia ampulloides (fig. 108), se développe souvent en quantité prodigieuse dans les parcs à Huîtres; à Ostende, elle envahit jusqu'aux Homards vivants. On ne la voit qu'en été.

Dans le genre Aplydium se trouve une espèce extraordinairement commune dans la mer du Nord. C'est une masse très irrégulière, à demi cartilagineuse, de couleur verdâtre, attachée au fond des eaux à de grandes profondeurs à côté des Alcyons. A cause de sa forme elle porte le nom d'A. ficus; c'est l'Alcyonium ficus de Linné et l'Alcyonium pulmonis intar lobatum d'Ellis.

Les PYROSOMES (g. Pyrosoma) forment en commun un tube plus ou moins cylindrique, ouvert à sa grosse extrémité et flottant dans la mer. On trouve les Pyrosoma elegans et giganteum dans la Méditerranée; le Pyrosoma atlanticum dans les mers équatoriales. Durant la nuit on distingue ce dernier de très loin à la lumière qu'il répand. On en voit flotter quelquefois des amas considérables à la surface de la mer, où ils varient instantanément de couleur. Leur teinte passe du rouge vif à l'aurore, à l'orange, au verdàtre et au bleu d'azur.

Ordre des Salpes.

Les SALPES diffèrent surtout des précédents parce qu'ils vivent librement et isolés pendant leur état agame, et agrégés au contraire, comme les Pyrosomes, dans leur état sexué. Mais dans ces deux états ils diffèrent à peine les uns des autres; leur forme est régulière et symétrique; leur enveloppe est anguleuse et d'une transparence si grande que l'on peut voir fonctionner tous les organes dans l'intérieur de leur corps à travers la peau.

Ils vivent dans la haute mer et sont divisés en genres sous les noms de Salpa et Doliolum (1).

(1) En 1845 on était encore dans le doute si le Doliolum est un Béroé ou

C'est sur les Salpa que Chamisso, le naturaliste poëte, a fait la belle découverte de générations doubles et alternantes; alternativement, en effet, une génération vit isolée et une autre, qui lui succède, vit agrégée. M. Krohn le premier, et ensuite MM. Eschricht, Huxley, H. Müller, R. Leuckart, Vogt, etc., ont confirmé cette belle découverte.

CLASSE CINQUIÈME.

BRYOZOAIRES.

Ces animaux, dont Trembley avait déjà décrit la structure d'après une des espèces propres à nos eaux douces, ont été longtemps confondus avec les Polypes ordinaires. Ils en sont cependant bien éloignés. MM. de Blainville, Edwards et Ehrenberg ont proposé presque en même temps de les en séparer, et M. Ehrenberg a établi pour eux une classe distincte. Le nom de Bryozoaires, proposé par le savant naturaliste de Berlin, est aujourd'hui généralement accepté (1).

Les auteurs comprennent dans cette division quelques genres qui ne lui appartiennent évidemment pas et que nous en éliminerons, comme par exemple les Vorticelles. Celles-ci sont de vraies Infusoires et elles n'ont rien de commun avec les Bryozoaires.

Les Céphalopodes commencent le type des Mollusques, et ce

un Salpa, mais l'examen chimique le fit rapporter à ces derniers par MM. Kölliker et Loewig (Ann. sc. nat., 1845, vol. V, p. 197). Ils reconnurent, après Schmidt, qu'une partie considérable du corps des Phallusies, des Cynthies, et probablement de tous les Tuniciers, est formée par la cellulose. Plusieurs travaux importants ont été publiés dans ces derniers temps sur ces animaux. Voyez surtout Gegenbaur, Ueber die Entw. von Doliolum, in Zeits. f. Wiss. Zool., t. V, 1853, et Ueber den Entwickelungsc. von Doliolum, nebst Bemerk, ibid., t. VII. 1855. Vogt, Sur les Tuniciers nageants de la mer de Nice. - R. Leuckart, Zur anatomie und Entwickel. der Tunicaten, in Zoologische Untersuch, Giessen, 1853. H. Müller, Actes de la Société physico-médicale de Wurzbourg, t. III; et Zeits. f. Wissench. Zool., t. IV, et Icones Zootomico de Victor Carus, Molluscoidea, tabl. XVIII.

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(1) Ehrenberg, Symbolæ physicæ. Van Beneden, Recherches sur l'anatomie, la physiologie et l'embryogénie des Bryozoaires qui habitent la côte d'Ostende (Mém. Acad. r. de Bruxelles, t. XVIII. 1844). - Busk, Catalogue of marine polypozoa; in Microscopical Society. 1852.

sont les Bryozoaires qui le terminent. Ces derniers sont jusqu'à un certain point des Céphalopodes en miniature.

Ce qui place surtout ces animaux parmi les Mollusques, c'est qu'ils ont le tube digestif complet, libre et flottant dans une cavité commune ; ils se distinguent d'ailleurs des autres classes de cette catégorie en ce qu'ils ont la bouche entourée d'une couronne d'appendices ciliées non rétractiles.

Ils vivent tous en communauté; leur peau est généralement incrustée de sels calcaires ou bien elle se durcit et devient cornée ou chitineuse. Leur tube digestif a les parois distinctes et il flotte tout entier dans la cavité du corps. Il est formé d'un œsophage, d'un estomac et d'intestins. On voit des cils vibratiles dans son intérieur; ils sont destinés à conduire les aliments, et il y en a à l'extérieur pour mouvoir l'eau qui fait fonction de sang. La respiration se fait par les appendices ciliés qui entourent la bouche et que nous avons appelés pour cette raison branchiules au lieu de tentacules. Il existe un ganglion cérébroïde et quelques filets nerveux comme chez les Tuniciers, mais aucune trace d'organes des sens. Les fibres musculaires rétractiles du corps sont distinctes, séparées les unes des autres et flottantes pendant le repos dans la cavité générale.

Les Bryozoaires ont des organes sexuels évidents, et l'on distingue chez eux des individus mâles, femelles et hermaphrodites; ces trois sortes d'individus se trouvent réunis dans une même colonie. Ces Mollusques ont en outre une reproduction par gemmes.

A la sortie de l'œuf, leur corps est souvent complétement cilié à sa surface, et le jeune Bryozoaire nage librement jusqu'à ce qu'il ait choisi un lieu convenable pour l'établissement de la nouvelle colonie dont il sera l'origine. Cette enveloppe ciliée correspond à l'enveloppe du tétard des Tuniciers et représente le scolex ou la forme agame des Vers.

De cette enveloppe on voit souvent sortir à la fois deux nouveaux individus qui, tout jeunes qu'ils sont, présentent l'aspect des Bryozoaires adultes. Ces derniers deviennent sexués, mais ils donnent dans leur jeune âge des bourgeons qui augmentent la colonie; ainsi ils reproduisent d'abord par gemmes et plus tard par œufs.

Chaque individu s'enveloppant dans un étui solide, calcaire ou corné, peut se mettre à l'abri des attaques de ses ennemis comme le font les Acéphales dans leur coquille. Mais comme les Bryozoaires vivent en communauté, les coquilles de tous les individus d'une même colonie sont agglomérées, et au lieu de coquilles libres

et séparées, ils forment une habitation cellulaire générale qu'on a appelée polypier; dénomination impropre que l'on pourrait remplacer par celle de testier. Chaque loge de Bryozoaire a un péristome tranchant ou un bourrelet dentelé, épineux ou nu, de forme variable et quelquefois couvert et protégé par une plaque calcaire qui fait fonction de bouclier. Nous lui avons donné ce nom parce que, bien qu'elle fasse fonction d'un opercule, elle n'a rien de commun, quant à son origine, avec l'opercule des Gastéropodes. Quelques loges portent en avant un gonflement sous forme de casque, qui se rattache sans doute à quelques différences sexuelles, et l'on voit encore chez plusieurs d'entre eux des appendices articulés mobiles, sous la forme de becs d'oiseaux (ornithoramphes) ou de fouets qui servent évidemment à la défense de la colonie. Nous ne savons si l'on doit regarder ces appendices comme des Bryozoaires à formes dissemblables, ou comme des organes propres à la communauté; en tout cas ils correspondent aux pedicellines des Échinodermes. Les Bryozoaires vivent dans l'eau douce ou dans l'eau de mer, et dans le premier cas ils doivent évidemment être placés en tête du groupe puisque leur forme est moins rayonnée que celle des autres. Ils se fixent sur tous les corps solides qui se trouvent dans l'eau, et quelques espèces marines recouvrent communément les coquilles des Moules comme une fine dentelle que Leeuwenhoek avait prise pour des œufs de cet Acéphale. On en trouve dans toutes les mers, et les genres fluviatiles ont été observés sur une grande partie de l'Europe, depuis le midi de la France jusqu'en Suède et dans les environs de Moscou. Dans ces dernières années, on a retrouvé aux États-Unis d'Amérique la plupart des genres européens.

Ils se nourrissent d'infusoires et de plantes microscopiques que le courant, produit par leurs cils vibratiles, apporte à leur bouche. On en voit souvent leur estomac plein et l'on peut en reconnaître encore les caractères dans les bols de fèces qu'ils évacuent. L'activité organique est assez grande chez ces petits animaux, aussi s'affaiblissent-ils rapidement dans une eau pauvre en nourriture et peu aérée.

Nous résumons ainsi les caractères de cette classe : Branchiules disposées en fer à cheval ou en entonnoir, ciliées sur toute leur longueur; tube digestif flottant complet et replié sur lui-même; animaux agrégés; peau chiniteuse ou calcaire; absence de cœur et de vaisseaux.

Nous divisons les Bryozoaires en deux ordres ou sections, dont la première a les branchiules en fer à cheval (Hippocrépiens), et dont la seconde les a en entonnoir (Infundibulés).

Ordre des Hippocrépiens.

La première section ne comprend que des genres fluviatiles (1), que l'on a réunis dans la famille des PLUMATELLIDÉS ou Lophopodidés.

Leurs branchiules sont nombreuses, et, au lieu de se disposer en entonnoir, il y en a une partie qui, ne trouvant pas à s'épanouir, double la rangée externe, comme le ferait un cône en papier à base trop large pour rentrer dans un espace déterminé. Le testier n'est pas calcaire mais plus ou moins corné, et il se compose le plus souvent de nombreux tubes tantôt ramifiés, tantôt réunis sous la forme d'une masse spongieuse: cette famille comprend les genres Alcyonella, Cristatella, Lophopus, Plumatella et Fredericilla. Le genre ALCYONELLE (Alcyonella, Lamk) se montre sous la forme de masses agglomérées et chitineuses.

Alcyonella fungosa. — Le testier qu'elle produit forme une masse spongieuse brune appliquée sur les plantes aquatiques ou sur les corps solides immergés; elle est répandue dans toute l'Europe.

Les CRISTATELLES (g. Cristatella, Cuv.) ont l'enveloppe commune membraneuse et diaphane.

Le Cristatella mucedo est remarquable par la forme de ses œufs. Les LOPHOPES (g. Lophopus, Dumortier) ont pour type l'espèce même que Trembley a décrite, et qui a fourni à ce célèbre obserservateur un des mémoires insérés dans son ouvrage sur les Hydres. Les PLUMATELLES (g. Plumatella, Bosc) ont le testier tuberculeux et rameux. On en distingue plusieurs espèces.

Les FRÉDÉRICILLES (Fredericilla, P. Gerv.) comprennent l'espèce appelée par Blumenbach Tubularia sultana. Le panache formé par leurs branchiules est presque infundibuliforme.

Ordre des Infundibulės.

La seconde section ou le second ordre comprend un assez grand nombre de familles, toutes marines, à peu d'exceptions près. La famille des PÉDICELLIDÉS se distingue par une tige plus ou

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(1) Trembley, Mém. pour servir à l'histoire d'un genre de Polypes d'eau douce à bras en forme de cornes. - Raspail, Mém. sur l'Alcyonelle, publié parmi ceux de la Société d'histoire naturelle de Paris, t. IV. — P. Gervais, Obs. pour servir à l'histoire des Polypes d'eau douce (Ann. d'anat. et de phys., t. III, 1839; e Ann. des sc. nat.).- Dumortier et Van Beneden, Histoire naturelle des Bryozoaires fluviatiles (Mém. de l'Acad. r. de Belgique, t. XVI, et supplément, t. XXI). Allman, A monograph of freshwater Polypozoa. Londres, 1856.

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