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par une émotion morale très-vive, soit par une frayeur, la nature de la femme s'habitue difficilement à cet état anormal, et le sang se porte alors du côté des poumons, du cerveau ou des yeux, et provoque, dans ces organes, des lésions plus ou moins graves. Du côté de l'œil nous avons observé des iritis, des choroïdites atrophiques, des épanchements dans le corps vitré et des névri tes optiques.

I. Choroïdite atrophique sans ou avec iritis. Cette affection apparaît surtout chez les jeunes filles dans les premières années de leurs fonctions menstruelles, lorsque ces dernières tardent à venir ou qu'elles ne se font que d'une manière tout à fait incomplète. La maladie occupe habituellement le segment postérieur du globe, et s'étend tout autour de la papille, mais en laissant le plus souvent et pendant longtemps la macula intacte. Si la choroïdite n'est pas arrêtée à temps et que l'aménorrhée persiste, l'inflammation de la choroïde s'étend au segment antérieur de l'œil et y occasionne des iritis plus ou moins intenses, qui peuvent se terminer par la formation de synéchies postérieures plus ou moins nombreuses et par une.atrésie pupillaire.

La dysmenorrhée et l'aménorrhée des femmes adultes amènent les mêmes accidents du côté de la choroïde, dans un ou les deux yeux. Quelquefois cette affection est suivie d'une iritis séreuse trèsrebelle qui ne cède qu'à la réapparition des règles, comme cela est arrivé chez une malade que nous avons vue en consultation avec nos éminents confrères Cusco, Chéron et Charcot (1).

II. Névrite optique. — La névrite optique peut se développer sous l'influence de la suppression subite et accidentelle des règles, de même qu'elle peut survenir vers l'âge de 45 à 50 ans pendant la période cataméniale.

La névrite optique n'offre pas ici d'autres signes que ceux qu'on rencontre dans les autres névrites, mais elle est habituellement monoculaire. Les vaisseaux rétiniens sont tortueux et recouverts par places d'exsudations blanchâtres. Lorsqu'on comprime le globe de l'œil avec le doigt, on s'aperçoit que quelques-unes des branches artérielles sont oblitérées.

Souvent la névrite optique survient chez les femmes hystéri–

(1) Galezowski, Recueil d'ophth., 1875, janvier, p. 45.

ques, surtout lorsqu'une des crises nerveuses coïncide avec la période menstruelle. On serait tenté alors de rapporter les accidents oculaires à l'hystérie, tandis qu'ils sont dus en réalité à l'irrégularité ou à la suppression complète de la fonction menstruelle, comme nous avons eu l'occasion de nous en assurer chez plusieurs de nos malades.

Lorsque la névrite optique survient à la période cataméniale, elle est aussi monoculaire et ne cède qu'au traitement dérivatif, dirigé surtout sur les parties inférieures du corps.

Quand elle est double, elle est alors occasionnée par une affection des méninges ou du cerveau, souvent par des hémorrhagies méningées survenues près du chiasma. Nous avons eu l'occasion d'observer un fait de ce genre en consultation avec le docteur Peter; la malade perdit la vue par névrite optique. III. Rétinite apoplectique et exsudative. Des épanchements de sang peuvent survenir dans la rétine et amener des troubles plus ou moins marqués. Ces hémorrhagies ne sont que monoculaires, elles sont sans gravité et se dissipent assez facilement.

En général, les affections dysménorrhéïques de l'œil ne présentent aucun signe caractéristique qui en fasse deviner la cause. Mais, si on examine successivement tous les symptômes qui accompagnent le trouble de la vue, et si on cherche à les comparer avec d'autres affections analogues, on arrive, par voie d'exclusion, à reconnaître la nature de la maladie.

§ 7.

Accidents oculaires observés dans la goutte.

La diathèse goutteuse peut se traduire par des lésions plus ou moins prononcées des membranes oculaires, et donner lieu à des troubles visuels d'une certaine gravité.

Les malades atteints de la goutte régulière souffrent rarement de la vue; quelquefois leurs yeux semblent être, d'après Trousseau, couverts de flocons, mais ces symptômes disparaissent aussitôt que la goutte gagne le pied. Ceux qui sont affligés de tophus et de productions calcaires du côté de la peau, peuvent présenter des dépôts analogues jusque dans les paupières, comme cela a déjà été remarqué par Plater.

Mais c'est surtout dans la goutte irrégulière ou larvée, que des

accidents plus ou moins graves peuvent se déclarer du côté des yeux. Parmi ces affections nous devons signaler les suivants :

I. Iritis goutteuse. Elle débute souvent par une sclérite partielle, puis surviennent des accidents inflammatoires du côté de l'iris, suivies de synéchies postérieures.

L'hyphéma est un des symptômes propres à la goutte, qui accompagne tantôt une simple iritis, tantôt les altérations des membranes profondes de l'œil.

II. Cyclite hémorrhagique. Dans la goutte anormale ou irrigulière, on voit la diathèse se traduire quelquefois par des accidents hémorrhagiques du côté des membranes internes de l'œil; ce sont des flocons du corps vitré qui apparaissent dans le segment antérieur sous forme de filaments épais, masquant la papille. D'abord peu nombreux, ces flocons apparaissent subitement; au bout de quelque temps leur nombre augmente, et il se produit, en même temps, dans la région du cercle ciliaire, une congestion qui est accompagnée de poussées inflammatoires très-intenses semblables, sous beaucoup de rapports, aux accès aigus du glaucôme. Des douleurs névralgiques s'étendent à toutes les branches de la cinquième paire; l'œil devient douloureux au toucher, larmoyant et sensible à la lumière sans que sa densité en soit augmentée. L'iris est aussi congestionné, il se dilate facilement avec l'atropine, et après plusieurs crises successives aiguës de la cyclite, on voit apparaître du sang dans la chambre antérieure. A partir de ce moment, la crise est arrêtée, les symptômes inflammatoires cessent et la maladie entre dans la période de résolution, mais en laissant des taches atrophiques plus ou moins nombreuses sur la choroïde.

La cyclite hémorrhagique est une des formes de la goutte larvée; elle survient d'une manière insidieuse comme l'asthme, la migraine, et comme certaines formes d'eczéma, ou de goutte viscérale. Souvent tous ces phénomènes se suivent à des intervalles plus ou moins longs, et ne disparaissent définitivement que lorsque la goutte se porte à son siége pour ainsi dire physiologique, c'est-à-dire aux articulations du pied.

III. Mydriase. Cette affection est relativement rare dans la diathèse goutteuse, elle accompagne les accidents nerveux, cérébraux, tels que douleurs de tête, vomissements, vertiges, etc.

Le vertige devient quelquefois très-prononcé, et peut faire croire à l'existence d'une affection cérébrale.

IV. Sclérose en plaques sur la rétine, On sait que les scléroses en plaques se rencontrent assez souvent dans la moelle. mais ce qui est moins connu, c'est que certaines portions de la rétine peuvent être altérées d'une manière très-sensible, et donner lieu à des hémorrhagies et à des dégénérescences consécutives.

Jusqu'à présent nous n'en avons rencontré que trois cas, dont l'un se rapporte à une malade de la ville, que nous avons vue en consultation, en 1875, avec notre éminent maître et ami le docteur Noël Guéneau de Mussy.

Cette affection débute généralement par des taches hémorrhagiques plus ou moins nombreuses dans la région de la macula, puis, vient une dégénérescence sclérosique, luisante, accompagnée de dépôts de cholestérine.

Les taches exsudatives sont très-blanches, disposées en cercle, et suivent les branches principales vasculaires qui contournent la macula. La figure 2 de la planche III représente cette altération. Chez l'une de ces malades il y avait, en même temps, une affection des valvules mitrales, tandis que, chez les deux autres, nous ne pûmes retrouver la moindre lésion du cœur.

Les exsudations goutteuses sont indélébiles, elles s'organisent définitivement et occasionnent des scotômes fixes et en forme d'anneaux au pourtour du point de mire. Dans les trois cas, le centre de la macula a été affecté et la vision centrale abolie.

$ 8. Accidents oculaires observés dans la fièvre typhoïde.

Tous les auteurs qui se sont occupés de la fièvre typhoïde, ont signalé des troubles visuels de différentes natures, apparaissant soit pendant la durée de la maladie, soit dans la période de convalescence. Ces accidents ne sont point fréquents; ils se traduisent par des lésions du segment antérieur de l'œil et des muscles extrinsèques; ou bien, par des manifestations du côté du nerf optique et de la rétine.

1. Nécrose de la cornée. — Dans le cours de la fièvre typhoïde, on observe assez souvent l'existence d'une véritable ophthalmie catarrhale; mais, si on examine de plus près, on reconnaît que

c'est surtout la cornée qui est malade; son segment inférieur en effet devient blanc. C'est une nécrose de la cornée qui dépend de l'affection de la cinquième paire; cette membrane perd sa sensibilité à cause de la paralysie des nerfs ciliaires, elle s'altère consécutivement et se détruit complétement si on n'intervient pas à temps soit par une paracentèse, soit par l'application d'un bandage compressif, comme le conseille Trous

seau.

II. Embolies et thromboses des vaisseaux de l'orbite, Ces accidents sont relativement rares, mais ils n'en existent pas moins, après la fièvre typhpoïde, comme on peut en juger par les travaux de Bourgeois (d'Etampes), de Trousseau et de Hayem (1). L'oblitération des vaisseaux par l'embolie peut amener, d'après ces auteurs, une gangrène sèche d'un membre, d'une moitié de la face ou de l'orbite, ou bien une hémiplégie.

Il est très-probable que tous les phlegmons de l'orbite qu'on voit survenir dans le cours et au déclin de la fièvre typhoïde, sont aussi dus au thrombose ou à une embolie. Carron du Villards (2) en a rapporté des cas de ce genre.

III. Embolie des vaisseaux rétiniens. C'est pendant la période de convalescence de la fièvre typhoïde, que les malades s'aperçoivent quelquefois d'un trouble de la vue. Lorsqu'il n'y a qu'un seul œil de pris, il est atteint quelquefois d'une cécité absolue, et à l'examen ophthalmoscopique nous avons pu constater une atrophie de la papille par embolie de l'artère centrale, qui avait dû se produire vers le déclin de la fièvre typhoïde. Ces cas ne sont cependant pas fréquents, et, pour notre part, nous n'en avons rencontré qu'un dans le service du docteur Vigla à l'Hôtel-Dieu. N'y a-t-il pas là une certaine analogie avec les mêmes altérations que nous avons rencontrées chez une malade atteinte d'un érysipèle de la face! Nous n'oserions l'affirmer avant d'en avoir acquis la certitude par l'examen d'autres malades semblables.

IV. Périnévrite optique. Les altérations de la papille du nerf optique ne se rencontrent que d'une manière tout à fait

(1) Hayem, Progrés médical, 1875.

(2) Carron du Villards, Guide pratique pour l'étude et le traitement des maladies des yeux, t. I, p. 468. Paris, 1847.

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