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exceptionnelle dans la fièvre typhoïde. Généralement on ne trouve de lésions ni dans la rétine ni dans la papille.

Mais, dans certaines formes de fièvres typhoïdes adynamiques, ou ataxiques, malignes, il y a, comme on sait, la prédominance. des symptômes cérébraux, ce qui dépend des inflammations des méninges et de la substance cérébrale, ainsi que Trousseau l'a démontré. C'est dans ces cas, que les deux nerfs optiques peuvent être pris, ce qui amènerait une périnévrite optique semblable sous tous les rapports à la névrite de la méningite tuberculeuse. Cette infiltration se dissipe peu à peu dans la période de convalescence, mais aux dépens de la substance propre du nerf qui subit une dégénérescence atrophique. L'atrophie de la papille qui survient en dernier lieu est stationnaire pendant le reste de la vie; elle n'amène pas la cécité complète, comme nous avons pu nous en convaincre par trois malades, dont l'une nous avait été adressée par notre regretté et éminent confrère, le docteur Duchenne de Boulogne. La malade conserva la vue quinze ans après sa fièvre typhoïde sans aucune altération ultérieure de la vue.

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Affections de la rétine et du nerf optique dans la fièvre palustre.

Les fièvres intermittentes régulières sont ordinairement sans gravité et n'amènent qu'exceptionnellement des accidents oculaires. Il n'en est pas de même des fièvres intermittentes pernicieuses, qui occasionnent souvent, et surtout pendant la période algide, de graves lésions vers la rétine et le nerf optique. Les accidents qui surviennent dans l'une ou l'autre de ces formes, sont proportionnés à la gravité de la diathèse palustre. Dans la forme régulière, nous avons distingué une sorte de rétinite apoplectique et exsudative avec infiltration séreuse péripapillaire, qui céda facilement à un traitement anti-périodique. Voici, du reste, le fait que nous avons observé avec notre éminent maître et ami, le docteur Noël Guéneau de Mussy. Un élève de l'École normale est pris de violents maux de tête et d'une fièvre intense; quelques jours plus tard, il lui survient un trouble de la vue et, à l'examen ophthalmoscopique, nous constatons une névro-rétinite double avec hémorrhagies mul

tiples. Après un vomitif, la maladie prend tous les caractères d'une fièvre tierce, et c'est alors que le sulfate de quinine, administré à la dose de 50 centigrammes pendant plusieurs jours, amène la guérison de la fièvre ainsi que de la névro-rétinite. Les troubles visuels, consécutifs à la fièvre pernicieuse, ne se rencontrent que très-rarement en France et même en Europe; mais ils sont très-fréquents en Algérie, à la Nouvelle-Orléans et dans certaines contrées de l'Amérique du Sud. Lorsque, après le premier ou le deuxième accès de fièvre pernicieuse déJirante, convulsive ou syncopale, on réussit à sauver le malade, on s'aperçoit que ce dernier est presque aveugle et qu'il ne distingue plus que le jour. Puis, peu à peu, avec les progrès de la convalescence, l'acuité visuelle commence à revenir et, quelquefois même, elle reprend son état normal, ainsi que cela a eu lieu chez deux de nos malades. Mais, en général, le rétablissement de la vue n'est pas complet, car le champ visuel concentrique se trouve tellement rétréci, qu'il ne comprend plus qu'une étendue de quelques centimètres. A l'ophthalmoscope on constate une atrophie des papilles, avec une diminution très-notable des vaisseaux centraux; la substance du nerf optique conserve sa transparence normale.

Parmi les faits de ce genre que nous avons eu à observer nous pouvons en signaler trois des plus remarquables:

Un capitaine de l'armée d'Algérie vint me consulter, en 1872, pour une amblyopie tout extraordinaire. A la suite d'une fièvre intermittente grave, accompagnée d'accidents cérébraux, il lui était survenu une atrophie des papilles avec diminution des vaisseaux centraux. Le champ visuel n'était pas entièrement perdu, mais il était affaibli à tel point, que le malade ne distinguait, sur le côté, que la lumière, et qu'il lui était impossible de suivre un objet en mouvement. Le second malade était un des banquiers les plus connus à Paris, que nous avait amené notre ami, le docteur Kohn. Ce malade avait été pris, pendant son séjour à la Nouvelle-Orléans, d'une fièvre pernicieuse à la suite de laquelle sa vue s'était affaiblie d'une manière considérable. A l'examen, nous pûmes constater une atrophie partielle des papilles, un rétrécissement du champ périphérique, et une acuité visuelle normale. Pendant plus de vingt ans, la vision s'est conservée

au même degré. Le troisième fait de même genre se rapporte à une jeune Américaine que nous avons actuellement en traitement et qui présente les symptômes tout à fait semblables.

On ne peut expliquer ces phénomènes, qui surviennent d'une manière si brusque, autrement que par un processus embolique. Peut-être, y a-t-il là une de ces embolies pigmentaires dont Frerichs (1) et d'autres auteurs allemands ont admis l'existence, afin d'expliquer la pathogénie des fièvres pernicieuses en général ?

§ 10. Altérations de la vue dans l'alcoolisme.

I. Amblyopie sans lésions. Dans l'intoxication chronique produite par l'alcool, il se déclare bien souvent un trouble visuel tellement grave, que, d'après les symptômes fonctionnels, on pourrait croire à l'existence d'une atrophie des papilles, et pourtant, l'examen ophthalmoscopique ne présente aucune lésion. C'est donc dans les signes fonctionnels qu'on trouvera les caractères principaux de la maladie. L'acuité visuelle diminue graduellement au point que le malade ne peut quelquefois lire que le n° 6 ou 8 de l'échelle typographique. Les deux yeux sont pris en même temps et au même degré. La faculté chromatique étant altérée, tantôt les malades confondent toutes les couleurs entre eiles, au point qu'ils ne distinguent pas l'or d'avec l'argent, tantôt ils accusent [une persistance prolongée des impressions colorées.

L'hallucination étant aussi propre à l'intoxication alcoolique, il arrive que les malades croient voir des mouches, des souris, des rats ou serpents, etc. Les objets leur paraissent doubles, mobiles et, par moment, tremblotants.

Cette affection suit d'abord une marche progressive, puis elle s'arrête pendant quelque temps, pour entrer dans une période d'amélioration.

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II. Atrophie des papilles. Cette maladie est ordinairement consécutive à une amblyopie alcoolique dont la durée aura été plus ou moins longue. Les signes caractéristiques de cette affection ne diffèrent guère de ceux des autres variétés d'atrophies

(1) Frerichs, Traité pratique des maladies du foie, traduit par Dumesnil. 3e édition, Paris, 1876.

progressives, seulement les veines sont plus tortueuses que dans ces dernières (Voyez la figure 2 de la planche XIV), quoique la papille ne présente pas la moindre trace d'infiltration séreuse. Cette atrophie peut rester longtemps stationnaire avant d'amener la cécité.

Dans l'alcoolisme chronique avec hémianesthésie et hémiplégie, M. Magnan (1) a observé des amblyopies monoculaires, avec stase veineuse et de l'infiltration péripapillaire ou périvasculaire.

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Desmarres père et Sichel ont signalé les premiers des amblyopies nicotiniques. Hutchinson, Wordsworth et Apostoli en ont mentionné plusieurs cas.

Pour nous, il existe deux variétés d'amblyopies: l'une est binoculaire sans lésion des membranes internes de l'œil, et ne diffère en rien de l'amblyopie alcoolique; l'autre est monoculaire, et se présente sous la forme d'un scotôme central, qui peut quelquefois s'étendre sur tout le champ visuel et amener la cécité. Mais, dans ce dernier cas, la vue revient d'une manière lente et progressive; sous l'influence d'un régime convenable, la guérison peut être complète.

§ 12.

Altérations de la vue dans l'intoxication saturnine.

L'action toxique du plomb se traduit plus particulièrement par des accidents paralytiques du système musculaire général, mais elle peut aussi affecter les centres nerveux et donner lieu à des attaques d'épilepsie et de délire, à des coliques, etc.

Des phénomènes paralytiques se rencontrent aussi du côté de l'appareil musculaire de l'œil, mais ils sont relativement trèsrares. Dans d'autres cas l'intoxication saturnine frappe les nerfs optiques et entraîne l'amaurose plus ou moins complète.

I. Paralysie saturnine des muscles de l'œil. L'abolition de la contractilité dans les muscles extrinsèques de l'œil est fort

(1) Magnan, De l'alcoolisme, des diverses formes du délire alcoolique. Paris, 1874, p. 222.

GALEZOWSKI.

Ophthalmoscopie.

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rare, et si l'on parcourt les travaux des auteurs qui se sont plus spécialement occupés de ce poison, on voit qu'à part Lancereaux, qui rapporte une paralysie du droit externe, on n'en fait généralement pas mention. Pour notre part, nous avons rencontré deux faits de ce genre qui nous ont paru assez importants pour être signalés ici.

Le premier se rapporte à un malade du service provisoire d'Aran à l'Hôtel-Dieu; cet individu était atteint depuis plusieurs semaines de coliques de plomb, d'une constipation opiniâtre avec vomissements, fièvre et violents maux de tête. Peu de temps après son entrée à l'hôpital, il fut pris d'un trouble de la vue très-marqué. Appelé par l'éminent professeur à donner notre avis au sujet de ces accidents oculaires, nous avons pu facilement reconnaître l'existence d'une paralysie incomplète des muscles droits externes et internes des deux yeux qui, par cela même, paraissaient fixes et immobiles dans leurs orbites; la diplopie devenait tantôt homonyme, tantôt croisée, selon la position de l'objet fixé.

L'autre fait, plus récent, a été observé par nous sur un malade de notre clinique, en septembre 1875. C'était un peintre en bâtiments souffrant de coliques saturnines depuis plusieurs années. Il était, de plus, atteint, depuis un an, d'accidents cérébraux offrant une grande similitude avec le ramollissement du cerveau, et d'un trouble de la vue consécutif à la paralysie des muscles oculaires. En effet, l'un de ses yeux restait complétement immobile, tandis que l'autre oil conservait tous ses mouvements.

Y avait-il là une altération directe des muscles, ou bien le poison avait-il attaqué les nerfs moteurs de l'œil? La question est difficile à juger pour le moment; mais il me semble plus juste d'admettre la localisation de la maladie dans les nerfs de la troisième et de la sixième paire.

II. Névrite optique avec atrophie consécutive. L'affection relativement la plus fréquente est celle du nerf optique; elle se présente sous forme d'une névrite optique, qui se déclare après plusieurs attaques de coliques saturnines, suivies d'accidents cérébraux plus ou moins graves. La névrite optique peut accuser des formes très-variées tantôt elle est accompagnée

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