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nombre de lésions qui ne sont que passagères. Ce sont notamment des végétations polypiformes, de dimensions plus ou moins grandes, qui s'observent sur la surface des valvules. Ces concrétions gênent pendant quelque temps le jeu des valvules; peu à peu elles se dissolvent sur place, ou bien elles se détachent de leur point d'implantation, et sont lancées dans le torrent circulatoire pour aller oblitérer plus ou moins complétement le calibre d'un vaisseau quelconque du cerveau ou de la rétine, comme cela avait été démontré par Virchow. De là l'embolie. L'oblitération des vaisseaux rétiniens se rencontre dans toutes les formes des maladies du cœur; souvent elle se produit chez des personnes qui présentent à peine un bruit de souffle. Mais il arrive, dans ces cas, que l'embolie rétinienne est provoquée par une frayeur ou une émotion très-vive. La fièvre typhoïde ou érysipélateuse, la chorée et les perturbations menstruelles peuvent prédisposer à ces mêmes accidents emboliques. Dans ces derniers temps, nous avons eu en effet à soigner deux malades dont l'histoire est des plus intéressantes. Le premier fait se rapporte à une personne qui nous fut obligeamment adressée par notre éminent confrère, M. le docteur Bergeron. C'était une dame âgée de 50 ans, qui, pendant la période de ménopause, avait été prise subitement d'une embolie de l'artère centrale de l'œil gauche, et chez laquelle notre éminent confrère n'avait pas trouvé d'autre lésion qu'un léger bruit de souffle au premier temps. L'autre fait concerne une vieille dame âgée de 75 ans, qui a perdu la vue par embolie de l'artère centrale de la rétine pendant un érysipèle de la face. Nous n'avons rien trouvé au cœur, si ce n'est un léger bruit de souffle; la malade n'a jamais été sujette au rhumatisme, ni aux accidents indiquant une affection cardiaque. Mais le bruit de souffle peut être le résultat de ces mêmes végétations polypiformes dont la surface interne du cœur et ses valvules sont recouvertes, et qui produisent aussi les accidents oculaires.

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Il existe bon nombre d'amblyopies et d'amauroses qui n'ont d'autre cause qu'une irritation de l'appareil gastro-intestinal.

Les auteurs anciens, qui étaient des observateurs très-attentifs, avaient déjà remarqué que, dans quelques cas, l'amaurose imparfaite et curable provenait des affections du système digestif. De là les noms d'ophthalmie abdominale ou d'amaurose bilieuse. Richter et Scarpa en ont aussi cité des exemples très-nombreux; mais les opinions de ces pathologistes sont tombées dans l'oubli. Nous avons eu l'occasion de distinguer un certain nombre d'atrophies des papilles avec des signes plus ou moins nombreux d'ataxie locomotrice fausse, et dont nous donnerons quelques détails.

Atrophies des papilles. Dans un travail sur l'atrophie de la papille (1), nous avons établi par un tableau synoptique que, sur 168 cas, 7 fois l'atrophie du nerf optique était occasionnée par des perturbations profondes de l'appareil digestif. Depuis cette époque, j'ai eu maintes fois l'occasion d'observer des faits nouveaux, très-intéressants et assez nombreux, produits par des causes analogues.

Les atrophies de la papille que j'ai rencontrées dans les affections gastriques présentaient des phénomènes des plus caractéristiques, qui se rapportaient non-seulement à l'œil, mais à la santé générale. On trouve, en effet, chez les individus atteints de cette maladie, des symptômes très-marqués de l'affection spinale, ressemblant d'une manière si frappante à l'ataxie locomotrice, que souvent l'on confond la première de ces affections avec la seconde. Cette erreur est d'autant plus facile à commettre qu'il existe, ainsi que le professeur Charcot l'a démontré, un certain nombre d'ataxies locomotrices dans lesquelles les troubles gastriques sont des plus accentués et se traduisent par des vomissements, des douleurs et des crampes épigastriques, des digestions défectueuses, etc.

1° Symptômes de l'ataxie locomotrice fausse. -Les symptômes qui caractérisent cette affection ressemblent beaucoup, disonsnous, à ceux de l'ataxie locomotrice au début. Les malades éprouvent, pendant plusieurs mois, des douleurs lancinantes, qui se propagent au loin, ne durent que quelques minutes, mais reviennent très-fréquemment et par accès. Ces douleurs sont

(1) Galezowski, Journal d'ophthalmologie. Paris, 1872.

passagères, mais il en existe d'autres qui sont plus persistantes et qui durent plusieurs heures sans discontinuer; elles se concentrent tantôt dans le mollet, tantôt au tronc, ou bien encore au creux de l'estomac, au front, aux tempes, ou quelquefois même à la nuque. Ces maux de tête sont par moments très-violents; ils occupent la moitié du crâne, comme dans les migraines, et sont pris pour elles, surtout lorsqu'ils sont accompagnés de vomissements, comme cela a lieu quelquefois.

2° Les troubles digestifs constituent un des phénomènes précurseurs de la maladie; ils apparaissent même souvent avant les crises douloureuses. Les malades éprouvent des douleurs dans le creux de l'estomac, le manger passe difficilement, ils ont des renvois continuels après leurs repas, et, par moments, des vomissements qui surviennent sans aucune cause bien définie. Au toucher, la région stomacale est sensible; souvent on y trouve une distension et un gonflement excessifs.

3o Ces phénomènes morbides n'inspirent pas ordinairement beaucoup d'inquiétude au malade, jusqu'au moment où la vue commence à s'affaiblir et où l'atrophie de la papille prend nais

sance.

4o Les atrophies de la papille qui se déclarent chez ces individus ne diffèrent en rien de celles qui accompagnent l'ataxie locomotrice. Ainsi, l'atrophie progressive de la papille du nerf optique s'annonce d'une manière très-lente; elle débute d'abord dans un œil, et n'envahit l'autre qu'au bout d'un certain laps de temps.

a. Le champ visuel reste ordinairement intact, mais c'est l'acuité visuelle centrale qui s'affaiblit, ce qui fait que la portée de la vision diminue progressivement, au point qu'à cinq ou six pas les malades ne reconnaissent plus les personnes.

b. Dès le début de la maladie, l'œil cesse de distinguer les couleurs, et il confond le rouge et le vert avec le gris, et le violet avec le bleu.

5° La pupille, habituellement, subit des modifications sensibles elle devient large et immobile, souvent irrégulièrement dilatée, et forme des inégalités dans différentes parties de sa circonférence. Dans l'atrophie ataxique, elle est beaucoup plus souvent à l'état de myosis.

6° L'aspect ophthalmoscopique de la papille ne diffère en rien de la papille chez les ataxiques : elle est blanche, nacrée, par suite de l'absence des vaisseaux capillaires, nourriciers; les vaisseaux centraux restent sans changement.

7° Ces atrophies sont souvent accompagnées de névralgies périorbitaires, qui viennent par crises, tantôt sous forme aiguë, tantôt comme des douleurs sourdes, gravatives.

8° Mais un des points les plus remarquables et les plus intéressants de cette maladie, c'est l'existence des symptômes morbides, analogues sous tous les rapports aux symptômes de l'ataxie locomotrice.

En effet, les malades atteints de cette infirmité éprouvent de la faiblesse dans les jambes et, par conséquent, de l'hésitation dans la démarche, sans que pour cela les muscles soient attaqués dans leur force.

Si l'on réunit tous ces symptômes aux symptômes morbides oculaires, on a un tableau de la maladie qui ressemble à s'y méprendre à l'ataxie locomotrice. Et pourtant nous venons de démontrer qu'il existe une certaine différence entre ces deux affections, et l'atrophie de la papille gastrique pourra être arrêtée dans sa marche par le rétablissement des fonctions physiologiques de l'appareil digestif. Mais quelle corrélation peuton trouver entre l'atrophie du nerf optique et les affections gastriques?

Il est incontestable qu'on ne trouvera pas de rapports directs entre des organes éloignés et dont les rôles physiologiques diffèrent complétement. Lorsqu'on étudie les lois de l'action réflexe dans le système nerveux, lorsqu'on compare les divers phénomènes qui s'observent dans les états pathologiques, on en trouve facilement l'explication. L'action réflexe, qui a été si bien étudiée dans les vivisections par Claude Bernard et Brown-Séquard, et cliniquement par G. Sée, peut nous servir à répondre à cette question. On sait, en effet, que les nerfs de l'estomac proviennent du grand sympathique, et que toute la digestion se fait sous l'influence du plexus solaire et mésentérique. D'autre part, les expériences de Budge et de Claude Bernard ont démontré que, en sectionnant la portion céphalique du grand sympathique, on produit le rétrécissement de la pupille, et que le filet

cervical n'agit que comme un conducteur des impressions nerveuses, dont le point de départ est une portion de la moelle épinière comprise entre la dernière vertèbre cervicale et la sixième vertèbre dorsale, et qui est appelée région cilio-spinale. Et si l'excitation légère, non douloureuse, comme dit Claude Bernard (1), des nerfs de sentiment, suffit à déterminer un mouvement dans les parois auxquelles ces nerfs se répandent; de même, par une action réflexe, l'irritation permanente des organes qui reçoivent l'innervation du grand sympathique peut se traduire par des troubles marqués de l'organe de la vue. Le fait de la dilatation des pupilles, chez les enfants qui ont des vers intestinaux, ne peut s'expliquer autrement que par la même loi de l'action réflexe.

C'est dans le traitement que nous avons trouvé la confirmation de l'opinion émise par nous, que ces atrophies des papilles, de même que les symptômes nerveux généraux qui les accompagnent, sont dues à l'affection de l'appareil digestif.

On sait combien est grave l'atrophie des papilles dite progressive; elle atteint successivement toutes les fibres du nerf optique, et aboutit définitivement à une cécité complète. Cette maladie est cependant guérissable, si l'on s'y prend à temps. L'emploi répété des vomitifs, dans cette forme d'atrophie, m'a donné d'excellents résultats là où tous les autres moyens, tels que l'iodure ou le bromure de potassium à hautes doses et pendant des mois, étaient restés sans effet. C'est par les vomitifs, joints, pour certains malades, aux purgatifs, et pour d'autres aux toniques, que j'ai obtenu ces heureux résultats, alors que plusieurs de mes confrères employaient, sans succès et pendant longtemps, les préparations mercurielles et iodurées, ou bien l'électrisation à courants continus (2).

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Troubles visuels dus aux diarrhées chroniques.

On connaît l'influence désastreuse des diarrhées chroniques, catarrhales, sur la santé générale de l'organisme. Lorsque, en effet, la phlegmasie catarrhale s'est concentrée de préférence

(1) Bernard, Leçons sur le système nerveur. Paris, 1858, t. II, p. 359. (2) Galezowski, Union médicale, 7 mars 1876.

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