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Une étude attentive du développement de quelques espèces suffirait pour nous donner l'explication de l'apparente diversité qui préside à la composition ostéologique des animaux vertébrés, et l'embryon humain se prête comme celui des mammifères à cette démonstration.

On sait, en effet, qu'à mesure que l'évolution de l'embryon s'accomplit, sa forme, primitivement aussi simple à beaucoup d'égards que celle des vertébrés inférieurs, se complique dans son ensemble aussi bien que dans les diverses parties dont son corps est constitué. L'axe squelettique ou la corde dorsale, qui avait d'abord apparu, fait bientôt place aux premiers noyaux cartilagineux des centres vertébraux ; les sillons longitudinaux, véritables rentrées de la peau destinées à loger, l'une le système nerveux cérébro-spinal, l'autre les viscères nutritifs et reproducteurs, se ferment peu à peu, et chacun des segments squelettiques, composé de son centre et de ses arcs appendiculaires, tend à prendre l'apparence particulière qu'il doit avoir chez l'adulte.

Ces différences dans la forme des segments sont en rapport avec la nature spéciale des fonctions auxquelles ils doivent concourir; il en résulte, dans le squelette, comme aussi dans les organes membraneux et parenchymateux que celui-ci protége ou auxquels il sert de levier, cette admirable diversité des parties qui a fait comparer, avec raison, les actes physiologiques auxquels tous ces organes concourent chez les animaux supérieurs, à la division du travail telle qu'on l'observe dans les grands

centres industriels. Chaque organe, quelle que soit sa forme première, y a pris un rôle spécial, et c'est du concours varié de tous ces actes que résulte la perfection des phénomènes vitaux.

Mais cette perfectibilité des systèmes organiques n'est propre qu'aux espèces supérieures, et l'uniformité des parties telle qu'on l'observe chez des animaux moins élevés, nous permet d'expliquer la variété, en apparence si grande, qui caractérise le corps humain, car, chez espèces inférieures, les mêmes organes se retrouvent sous une forme plus simple.

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On peut dire, sans cesser d'être exact, que l'organisme des animaux supérieurs, comme aussi celui de l'homme, n'est que la répétition, sous des formes plus ou moins variées, d'un petit nombre de parties élémentaires qu'on retrouve pour la plupart, mais dans des conditions plus simples et avec plus d'uniformité, dans les espèces inférieures du même embranchement.

Comme nous l'avons déjà fait observer, c'est cette aptitude de nos éléments histologiques et de nos parties homologues à la diversité et à la complication des formes, qui rend plus fréquents dans notre espèce les écarts tératologiques. Le défaut de soudure ou la soudure incomplète des arcs supérieurs et celui des arcs inférieurs à l'axe squelettique y produisent les spina-bifida et les autres fissures du rachis, le bec-de-lièvre, la fissure sternale, etc.

La cyclopie, la symélie, et autres vices de conformation dont on trouvera la description dans les ouvrages

des tératologues, y sont au contraire le résultat de soudures anormales. Parmi ces altérations, les plus fréquentes portent sur les arcs osseux du crâne, qui sont d'ailleurs les plus profondément modifiés, ou sur les membres.

L'augmentation ou bien encore la diminution anormale du nombre des segments osseux, sont d'autres conditions tératologiques tout aussi faciles à comprendre, et qui s'éclairent à l'étude du développement normal, en même temps qu'elles font mieux saisir les règles auxquelles celui-ci obéit '. En outre, les altérations du système osseux peuvent réagir sur les autres parties de l'économie, ou réciproquement en subir l'influence, ce qui permet souvent de juger des unes par les autres, comme en anatomie ordinaire nous nous faisons une idée de la disposition des organes mous par celle des parties squelettiques qui sont soumises à notre observation.

1 On cite en tératologie un certain nombre de ces variations de nombre offertes par les segments vertébraux. Nous avons mentionné ailleurs un squelette pourvu de huit vertèbres cervicales, qui faisait partie de la collection de Dubrueil. M. Blanc, chef de clinique à Saint-Éloi, possède un squelette de femme qui porte six vertèbres lombaires et qui a néanmoins le nombre habituel de vertèbres dorsales et de vertèbres sacrées. Sommering, Otto et plusieurs autres anatomistes signalent l'existence dans le coccyx d'une vertèbre surnuméraire, et ils font observer que cette anomalie est plus fréquente chez la femme que chez l'homme.

CHAPITRE III.

DES OSTÉODESMES OU SEGMENTS OSSEUX DONT LA SUCCESSION FORME LE SQUELETTE DU CORPS.

Dans un travail sur l'organisation des mammifères, qu'il a publié en 1818 ', de Blainville prenait pour axe anatomique, dans le corps des animaux vertébrés, le canal intestinal au lieu de la série des centres vertébraux, et, dans sa conception du squelette, il distinguait les pièces osseuses en pièces qui sont supérieures, latérales ou inférieures à ce canal. Conformément à cette manière de voir, les pièces médianes inférieures devenaient les antagonistes des vertèbres, et l'auteur leur appliquait le nom de sternèbres, emprunté aux pièces du sternum qui sont les principales d'entre elles. D'autre part, les pièces latérales ou appendiculaires étaient distinguées en deux catégories : celles qui sont retenues à certaines régions, comme les mâchoires, les cornes hyoïdiennes et les côtes; et celles qui sont libres, telles que les membres antérieurs et les membres postérieurs.

Cette classification a dû être modifiée. Elle suppose,

1 Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle, édité par Deterville, tom. XIX, pag. 84 (article Mammifères.)-Voir aussi l'Ostéographie publiée par de Blainville, fascicule I, pag. 2.

entre les pièces du sternum et les vertèbres, un rapport qui n'existe certainement pas; de plus, la distinction tout à fait secondaire qu'elle établit entre les membres et les appendices costaux paraît insuffisante.

Il semble plus convenable de prendre pour axe du squelette, et par conséquent pour axe de tout le corps, chez les animaux vertébrés du moins, la corde dorsale ou la série des centres vertébraux qui la remplacent dans le plus grand nombre des espèces. C'est ce que nous venons de faire, et c'est ce que la plupart des auteurs qui ont traité cette question ont également admis.

Les données élémentaires de la morphologie végétale sont jusqu'à un certain point applicables à la conception de cette partie du squelette. On peut dire, en effet, que les pièces qui le composent sont, comme celles que nous trouvons chez les plantes phanérogames, susceptibles d'être partagées en deux catégories : les unes formant l'axe ou le système axile; les autres disposées latéralement à l'axe et comparables à celles du système appendiculaire des plantes. Ces dernières, tout en étant réellement homologues entre elles, ne diffèrent pas moins les unes des autres par leurs caractères physiologiques, que ne le font les éléments du système axile des végétaux.

Le système appendiculaire du tronc répond à l'ensemble des arcs affectés aux organes nerveux ou nutritifs, et ceux-ci, en devenant plus ou moins différents entre eux, suivant la nature des fonctions auxquelles ils concourent, sont également susceptibles, à cause de leur position par

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