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La grande multiplicité des organes dont le corps humain se compose et la diversité des formes qu'ils affectent, sont au nombre des différences par lesquelles notre espèce, envisagée dans sa nature matérielle, peut être aisément distinguée du reste des êtres vivants.

Cependant on se tromperait, si l'on considérait ces différences comme absolues, et le naturaliste, aussi bien que le médecin, doit craindre d'en exagérer la valeur.

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Lorsqu'on cherche à se faire une idée juste de l'organisation ainsi que des fonctions de l'homme, on trouve, en effet, plus de rapports que de différences entre sa constitution physique et celle de certains animaux.

Malgré son incontestable supériorité, et quel que soit le caractère exceptionnel des destinées morales qui lui ont été réservées, notre espèce appartient au règne animal par tous les détails de sa composition anatomique. Sa place est marquée parmi les mammifères, en tête desquels elle doit prendre rang.

C'est à ce premier groupe des ètres animés que l'homme emprunte son organisation matérielle; son développement se fait d'après les mêmes règles que le leur; ses fonctions ont un mécanisme analogue, et sa supériorité nous paraît plus facile à interpréter, si nous le comparons aux

animaux

L'anatomie a pour base ces comparaisons que l'on peut établir entre l'homme et les autres êtres organisés, et son but principal est de saisir l'étendue des rapports et les différences que ces comparaisons nous signalent; aussi, Buffon a-t-il fait remarquer, avec beaucoup de sens, que «< s'il n'existait point d'animaux, la nature de l'homme serait encore plus incompréhensible'..»

l'es

Quoique douée d'attributs qui lui sont propres, pèce humaine n'en est pas moins très-voisine de certains animaux par l'ensemble de sa constitution matérielle, et,

1 Discours sur la nature des animaux.

sous ce point de vue, elle mérite un examen tout particulier.

Galien définissait l'homme un animal divin' (cov Ostov). C'est dans le même sens que Pascal a dit : << L'homme n'est ni un ange ni une bête; il tient de tous les deux 2. >> Ce double caractère ne saurait être compris qu'à la condition d'être étudié avec soin et dans un esprit philosophique.

Éloigner l'homme du reste des animaux pour ne voir que ses qualités morales, c'est s'exposer à méconnaître ce qu'il a de plus accessible à nos moyens d'analyse. Aussi comprend-on difficilement les motifs qui ont pu décider quelques naturalistes à faire de l'homme un règne à part au sein de la création, et cela malgré les travaux par lesquels Buffon, G. Cuvier, É. Geoffroy, de Blainville et tant d'autres savants éminents, ont établi les rapports intimes qui rattachent sa composition anatomique à celle des animaux supérieurs.

Pour arriver à une semblable conclusion, il aurait fallu démontrer d'abord qu'il existe entre l'homme et les animaux, même ceux des premières familles, des différences anatomiques de même valeur que celles qui séparent ces animaux d'avec les végétaux, et, comme on le pense bien, cette démonstration eût été impossible. Bien au

1 C'est aussi pour Ovide le sanctius animal, mentisque capacius altæ.

2 Voyez, pour le développement de cette idée: l'abbé Flottes, Du but et de la loi du développement de nos facultés. Montpellier, 1848.

contraire, les progrès de la science tendent à effacer chaque jour les différences qu'on admettait autrefois entre le règne animal et le règne végétal, et elles ont montré que ces deux grandes divisions des corps vivants se confondaient, pour ainsi dire, par leurs espèces les plus. inférieures.

L'homme se distingue cependant des premiers animaux par certains caractères anatomiques; mais ces caractères, il faut bien le reconnaître, ne sont que secondaires, et leur valeur est tout au plus égale à celle des différences dont on se sert ailleurs pour séparer les unes des autres les diverses familles d'un même ordre naturel.

Qu'on cesse donc de chercher, dans l'organisation seule, des moyens de distinction entre l'homme et les autres animaux : c'est par elle qu'il leur ressemble, et plus on établit de comparaisons entre eux et lui sous ce rapport, mieux on comprend ses véritables caractères.

En éloignant l'homme des animaux, on commettrait une erreur grave et l'on justifierait les prétentions des personnes qui nient les ressemblances anatomiques qu'ils ont entre eux, ou qui contestent la légitimité des conclusions que les naturalistes modernes ont tirées de leur examen simultané. On créerait en outre un danger réel pour médecine, car on la forcerait à rejeter d'un même coup toutes les données que l'étude attentive des animaux a fournies à l'anatomie et à la physiologie humaines, aussi bien qu'à la pathologie.

la

Il n'y a pas un seul végétal, et, à plus forte raison, il

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