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épaissi, grisâtre dans toute son étendue, recouvert d'un enduit albumineux, jaunâtre. Muqueuse du conduit alimentaire saine, enduite de mucus jaunâtre. Foie mou, facile à déchirer.

15 observation. -- M. J. B., âgée de 28 ans, est née d'une mère qui, à 48 ans, avait eu une attaque d'apoplexie légère.

A 9 ans, B... a la petite-vérole; de 17 à 18 ans, elle est sujette à des retours de céphalalgie violente qui disparaissent après la première apparition des menstrues.

A 28 ans, B... accouche heureusement; elle éprouve beaucoup de contrariétés, son amant l'abandonne. Sixième jour après la couche, le délire éclate.

Neuvième jour, B... est admise à la Salpêtrière; à son arrivée, elle est très agitée, elle à des hallucinations de l'ouïe, elle entend des voix qui lui répètent de faire du mal aux personnes qui l'entourent, elle se croit en société; jamais, dit-elle, elle n'a eu des maux de tête, mais elle ressent de vives douleurs dans les membres; point de lochies.

Large vésicatoire dans le dos, bains tièdes prolongés, boissons rafraîchissantes d'abord, puis laxatives; après quelques jours le délire diminue; les menstrues se rétablissent; la convalescence se prolonge; la malade demande elle-même qu'on entretienne le vésicatoire; bientôt la raison se rétablit, et B... sort de l'hospice après le second retour des menstrues.

VI.

DE L'ÉPILEPSIE.

(1815.)

Les symptômes de l'épilepsie sont tellement extraordinaires, tellement au-dessus de toute explication physiologique; les causes organiques de cette maladie sont tellement inconnues, que les anciens ont cru qu'elle dépendait du courroux des dieux. Quoique Hippocrate ait combattu ce préjugé, il a conservé à l'épilepsie le nom de maladie sacrée. Arétée l'appelle mal d'Hercule. C'est le morbus comitialis de Pline; le morbus sacer et major de Celse; le morbus sonticus d'Aulu-Gelle; le morbus caducus de Paracelse: les auteurs sacrés donnent le nom de lunatiques aux épileptiques. L'épilepsie, confondue avec l'éclampsie par beaucoup de modernes, est désignée en France par les noms de malcaduc, haut-mal, mal de terre, mal de saint Jean, mal des enfans. Dans l'ouest de la France, on appelle les épileptiques tombeurs.

L'épilepsie éclate ordinairement par un cri, le malade tombe, les convulsions se manifestent, mais avec des nuances infinies entre le plus léger mouvement convulsif et les convulsions les plus violentes et les plus

effrayantes; il y a suspension complète de la sensibilité. Les cheveux se hérissent, le front se crispe, les sourcils s'abaissent et se rapprochent, les yeux sont saillans hagards ou louches; les paupières fermées exécutent quelquefois un mouvement d'élévation et d'abaissement très vif et continuel, laissent apercevoir la partie inférieure du globe de l'œil qui est fixe; dans d'autres cas les paupières restent ouvertes; les yeux fortement injectés, s'élancent hors de l'orbite et se meuvent convulsivement. La face se gonfle, devient très rouge, livide, ecchymosée. Les muscles de la face produisent des grimaces hideuses, les lèvres s'allongent, se portent en avant, ou s'élargissent vers les oreilles, et se couvrent d'une salive écumeuse. La mâchoire inférieure est serrée contre la supérieure, ou s'en écarte jusqu'à se luxer. La langue s'allonge, se tuméfie, sort de la bouche, est saisie, meurtrie, déchirée, coupée entre les dents. Le grincement des dents est si fort qu'elles se brisent en éclats. La voix n'est que gémissemens et soupirs, semblable à la voix d'une personne qu'on étrangle quelquefois les épileptiques poussent des hurlemens plus ou moins prolongés, plus ou moins effrayans. Il en est qui disent des mots sans suite, extravagans, bizarres, que des fripons ont fait passer, et que des gens simples ont prises pour des inspirations des démons.

Les vaisseaux de la tête sont tellement gonflés, les carotides battent avec tant de force, qu'ils semblent prêts à se rompre. La tête entière exécute des mouvemens de rotation, ou se porte à droite, à gauche,

d'avant en arrière, quelquefois elle est fixe dans l'une ou l'autre de ces attitudes ou est rejetée en arrière; le cou est raide: cette fixité, cette raideur ne sauraient être surmontées par les plus grands efforts.

Le tronc renversé brusquement, tantôt sur le dos, tantôt sur l'abdomen, se soulève pour retomber encore; il se tord en divers sens, se courbe, se roule sur le sol, ou bien reste dans un véritable état tétanique. Les bras, les mains, les doigts, les cuisses, les jambes, les pieds, les orteils participent à cet état. La flexion du pouce est si fréquente qu'on l'a regardée comme un signe d'épilepsie.

Les muscles de la vie organique ne sont pas étrangers à cette scène de douleur et d'effroi. Le pouls, d'abord petit, se développe, devient fréquent, dur, inégal, quelquefois il s'efface. La respiration est ralentie ou précipitée, convulsive, stertoreuse. Les éructations, les borborygmes, le vomissement; l'émission involontaire de l'urine, du sperme, des feces; la sueur qui inonde le malade; le sang qui coule du nez, des yeux, des oreilles; tout exprime l'état violent de l'organisme. La sensibilité semble éteinte, tant il est impossible de la réveiller, quelque moyen qu'on emploie pour cela.

Mais alors que l'existence de l'épileptique semble succomber par tant de violence, alors que le malade est près de suffoquer, les muscles se relâchent, la respiration devient plus facile, le pouls se ralentit ou se développe, la sensibilité se rétablit, les convulsions diminuent, la physionomie reprend son ton ordinaire, la tête est lourde, yeux appesantis s'ouvrent, le regard est étonné; les

les

membres fatigués, endoloris, ont besoin de repos; quelques épileptiques, après un sommeil plus ou moins prolongé, reprennent leurs forces; d'autres, après un long sommeil comateux, s'éveillent et restent pâles, languissans, faibles pendant quelques heures et même pendant quelques jours; immédiatement après l'accès, avant de recouvrer les sens, les uns et les autres ont de la carphologie. L'exercice de la pensée se rétablit aussitôt chez les uns; chez les autres il ne redevient libre qu'après quelques heures et après quelques jours.

Aucun épileptique ne conserve le souvenir de ce qu'il vient d'éprouver, aucun n'en a eu sans doute le sentiment. Tous, après l'accès, sont tristes, comme honteux et d'une très grande susceptibilité.

Les accès épileptiques ne sont pas toujours aussi épouvantables; les convulsions ne sont pas toujours générales; il est des malades qui n'ont que les avant-coureurs de l'accès; d'autres n'éprouvent que le commencement de l'accès qui cesse brusquement. Quelquefois ce n'est qu'un étourdissement, un frissonnement général, suivis de raideur, ou bien un simple mouvement convulsif d'un membre, de la tête, des lèvres, avec privation instantanée du sentiment. J'ai été consulté pour une jeune dame, dont le père est épileptique, qui est prise de ses accès au milieu d'un cercle, à la promenade, à cheval; elle n'est point renversée, les yeux sont convulsifs, le regard est fixe; l'accès ne dure que peu de secondes, et la malade reprend la conversation, la phrase où elle les a laissées, sans se douter nullement de ce qui vient de lui arriver et à moins qu'elle ne pousse un cri, personne ne s'aper

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