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Thouret et Andry 1 assurent que l'on a obtenu quelquefois des heureux effets de l'application des aimans artificiels. En Angleterre, on a essayé l'inspiration d'un mélange de gaz oxigène avec l'air atmosphérique; les succès ont eté plus qu'incertains; ces divers essais méritent bien l'attention des observateurs, j'hésite à en dire autant de l'électricité et du galvanisme.

Donnera-t-on le nom de médicament à ces substances dont l'emploi paraît incroyable à ceux qui ne savent pas jusqu'à quel point de dégradation peut descendre l'homme, lorsqu'il est livré à l'ignorance et aux préjugés. Croira-t-on que des médecins ont prescrit des vers de terre, avalés à jeun, de la poudre de pied d'élan, de talon de lièvre, de l'arrière-faix d'un premier né desséché, de la râclure du crâne humain, des vertèbres, du cerveau desséché de l'homme et du corbeau ? Ils ont prescrit le sang humain chaud, les osselets de l'ouïe d'un veau, l'épine du dos d'un lézard rongé par les fourmis, le cœur, le foie de taupe, de grenouille, et tant d'autres substances plus ou moins dégoûtantes, plus ou moins absurdes? Croira-t-on que de nos jours on ait osé proposer l'insertion d'une améthyste sous la peau du bras ou d'un autre membre, comme un spécifique infaillible? Sans vouloir ranger dans cette révoltante énumération les sels métalliques, je pense qu'ils doivent être proscrits. Leur usage est-il utile? La perturbation qu'ils apportent dans l'organisme et

1 A. Portal, dans son ouvrage (Observations sur la nature et le traitement de l'épilepsie, Paris, 1827, in-8), est entré dans de longs détails sur les divers médicamens proposés contre l'épilepsie.

sur laquelle on fonde l'espoir de la guérison, est trop hasardeuse et souvent trop funeste, surtout s'ils sont employés par des mains téméraires ou inhabiles. Ainsi nous rejetons comme dangereux les sels de cuivre, le nitrate d'argent, quelques miracles qu'on leur ait attribués. On peut en dire autant de la frayeur, conseillée par quelques téméraires; qui peut calculer les effets de la frayeur, et par conséquent, qui oserait en faire usage comme d'un moyen curatif!

C'est essentiellement aux secours de l'hygiène qu'il faut recourir pour combattre l'épilepsie, ils sont d'une application indispensable, pour refaire en quelque sorte le tempérament des malades. Celui-ci se livrera à la culture de la terre, montera à cheval, s'exercera à la gym. nastique, à la danse, à la natation, à l'escrime. Hippocrate veut qu'en change de pays; Van Swieten a vu plusieurs épileptiques qui n'avaient pas d'accès tout le temps qu'ils étaient restés dans les Grandes - Indes. Marin cite l'exemple d'une demoiselle qui prévenait les accès avec la musique. J'ai connu une demoiselle qui avait ses accès pendant le premier sommeil, et qui souvent les a prévenus en se couchant très tard; et en se livrant à des distractions douces et agréables avant de se coucher.

Ces dernières considérations rappellent ce qu'on a dit pour prévenir les accès. Dans l'épilepsie sympathique, on prévient quelquefois les accès en faisant marcher à grands pas les malades, dès que les premiers symptômes se manifestent, en tendant fortement le membre d'où part le premier sentiment de l'accès ou l'aura epilep

tica, en appliquant des ligatures au-dessus de la partie primitivement affectée, en éloignant toutes les causes physiques ou morales qui provoquent le retour des accès. Pinel employait l'inspiration de l'ammoniaque, dès que l'épileptique sentait les préludes des accès.

Il me reste à dire un mot des précautions à prendre pour prévenir les suites de l'épilepsie. L'affaiblissement des forces physiques exige un régime généralement fortifiant; il faut dissiper la fausse honte qui attriste et décourage les épileptiques, et détruire les préjugés qui les font regarder avec une sorte d'effroi. La tristesse habituelle dans laquelle plusieurs vivent, aggrave leur état. On doit surveiller leurs actions et leur conduite très enclins aux plaisirs de l'amour, ils se livrent à des pratiques solitaires, plus nuisibles que le mal luimême.

On évitera les suites des chutes, en choisissant les habitations au rez-de-chaussée, en entourant les épileptiques de personnes qui les retiennent au moment de la chute, qui les étendent sur un lit ou sur le sol, en garantissant la tête des corps durs contre lesquels ils peuvent se heurter dans les convulsions. Dans les divers mouvemens qui les agitent, il faut avoir l'attention de ne pas contraindre les mouvemens, en serrant les membres très fortement. Pour éviter l'amputation de la langue, le brisement des dents; quelques-uns de ces malades ont l'attention de placer un bourrelet de linge entre les dents; j'ai connu une dame qui ne se couchait pas sans prendre cette précaution. Si l'accès a lien pendant la nuit, on peut matelasser le lit, auquel

on donne la forme d'une boîte, pour éviter les chutes. Dans les grandes réunions d'épileptiques, on préviendra beaucoup d'accidens, en plaçant les épileptiques dans des dortoirs au rez-de-chaussée planchéié, et en faisant usage de lits très bas. Ils ne doivent pas habiter pêlemêle avec les aliénés, comme cela se pratique dans presque tous les hospices où l'on reçoit les épileptiques et les aliénés. La vue d'un accès d'épilepsie suffit pour rendre épileptique une personne bien portante. Combien plus grand est le danger pour un aliéné quelquefois si impressionnable! Que penser de l'indifférence avec laquelle on laisse errer ces infortunés qu'on rencontre sur la voic publique, et qui ne manquent jamais d'attirer autour d'eux un grand nombre de curieux, de femmes et d'enfans? Cependant la vue d'un accès d'épilepsie suffit pour rendre épileptique. Ces malheureux, mutilés, souvent couverts de sang, toujours dans l'indigence, excitent la commisération, et obtiennent des secours de toute sorte des assistans; nul doute que des fripons n'aient recours à ce moyen pour surprendre la charité des passans. Il est bon de signaler cet abus, d'autant plus condamnable, qu'il sert de prétexte à la friponnerie, en compromettant la santé des citoyens.

les

J'ai dit en commençant cet article, qu'au début des accès, les épileptiques sont renversés sur le dos ou sur l'abdomen. Dans ce dernier cas, ils se meurtrissent, se blessent la face. On en voit qui sont défigurés par cicatrices des brûlures qu'ils se sont faites en tombant dans le feu. Il arrive bien pis : lorsque les accès ont lieu pendant le sommeil de la nuit, quelques épileptiques se

retournent la face contre le lit. S'ils ne sont pas secourus, lorsque le collapsus a lieu, la face porte sur les traversins ou les oreillers, l'asphyxie termine l'existence de ces malades. On ne saurait trop surveiller les épileptiques qui ont des accès nocturnes, surtout ceux qui, pendant les convulsions, sont renversés sur la face.

L'observation qu'on va lire et par laquelle je finirai ce que j'ai à dire de l'épilepsie, est destinée à donner une idée de l'état épileptique; elle a pour sujet un malade qui a, dans toute l'habitude de son corps, l'empreinte de la maladie à laquelle il est en proie. Cette observation a été recueillie par M. Leuret, médecin de l'hospice de Bicêtre.

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Joseph B..., aujourd'hui épileptique et contracturé, était autrefois tambour dans un régiment de ligne. Comme beaucoup de militaires, il s'enivrait chaque fois qu'il en trouvait l'occasion; alors il avait des querelles, et c'est à la suite d'une querelle survenue pendant l'ivresse qu'il a éprouvé sa première attaque. Il ignore si, dans sa famille, quelqu'un a été atteint de la même maladie ou de quelque autre affection nerveuse. Il est âgé de 47 ans, il en avait 28 quand il a eu sa première attaque, c'est donc 19 ans de maladie. Sans fortune et ne pouvant par son travail ni suffire à ses besoins, ni se faire soigner, il est entré à Bicêtre. Pendant long-temps ses attaques ont été assez faibles et lui ont permis de se rendre atile dans l'hospice; on l'occupait comme vitrier. Il y a 8 ans que, se trouvant à un cinquième étage et travaillant de son état, la corde, qui soutenait l'échafaud sur lequel il était, se rompit, le malheureux

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