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la proportion qui existe entre les deux sexes, dans l'état général de la population; 3° que la différence n'est point la même dans tous les pays; 4° qu'en France, la proportion, des femmes est plus forte qu'en Angleterre. Quant aux relevés des autres pays, ils ne portent que sur un trop petit nombre d'individus, et ne s'étendent pas à un assez grand nombre d'années pour que j'en puisse rien conclure ni absolument pour ces pays, ni relativement à la France et à l'Angleterre. Qu'on n'imagine pas que cette question soit indifférente; elle peut faire naître des réflexions graves sur les mœurs publiques, et sur l'influence que les femmes y exercent. Sa solution doit fournir une des données préliminaires à toute construction d'hospice d'aliénés.

Les femmes succombent à des causes de folie qui sont propres à leur sexe : les causes physiques agissent plus souvent chez elles que chez les hommes; elles sont plus souvent aliénées avant l'âge de vingt ans, elles sont plus sujettes à la démence; leur délire est religieux ou érotique. Presque toutes leurs folies se compliquent d'hystérie. Les femmes conservent, pendant leur maladie, un caractère plus caché que les hommes; elles parlent avec plus de répugnance de leur état, tâchent de le dissimuler à elles-mêmes et aux autres. Les hommes sont, au contraire, plus maniaques, plus furieux ; ils sont plus francs, plus confians dans leur délire qui se complique souvent avec l'hypocondrie. Leur traitement n'est pas interrompu; il en guérit proportionnellement da

1 Thomas, Essai sur les femmes.

vantage; ils sont moins sujets aux rechutes que les femmes.

5° Tempérament. -Les tempéramens simples se rencontrent si rarement dans la pratique, qu'il n'est pas facile d'indiquer avec précision celui de tel ou tel individu, à plus forte raison celui de tel ou tel aliéné.

Le tempérament sanguin est une des prédispositions à la manie. Le tempérament nerveux caractérisé par une susceptibilité que tout irrite et exaspère, par un besoin de sentir qui prive de la faculté de raisonner, est favorable à la production de la manie et de la monomanie. Les individus d'un tempérament sec, sur lesquels prédominent les viscères abdominaux, qui sont méticuleux, timides, inquiets, sont prédisposés à la lypémanic. Le tempérament lymphatique peut se rencontrer avec la manie et la monomanie, mais on doit alors redouter la démence. Les imbécilles, les idiots n'offrent point de tempérament dont on puisse assigner le caractère.

Sur deux cent soixante-cinq aliénés, Haslam en a trouvé deux cent cinquante dont les cheveux étaient foncés, et soixante qui avaient les cheveux clairs.

En Pensylvanie, sur soixante-dix aliénés, un seul avait les cheveux clairs; cinquante-six avaient les yeux bleus ou clairs.

Les cheveux et les yeux châtains sont les plus nombreux à la Salpêtrière parce que c'est la couleur générale des cheveux et des yeux dans le nord de la France. Plus d'un dixième des aliénées admises ont les cheveux gris ou blancs, à raison de leur âge avancé. Les yeux bleus sont en bien grand nombre comparativement aux yeux noirs.

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En général ceux qui ont les cheveux noirs, qui sont forts, robustes, d'un tempérament sanguin, sont maniaques et furieux, la marche de leur folie est plus aiguë, les crises sont plus sensibles. Ceux dont les cheveux sont blonds, qui ont les yeux bleus, un tempérament lymphatique, deviennent maniaques, monomaniaques, mais leur folie passe facilement à l'état chronique et dégénère en démence. Ceux qui ont les cheveux et les yeux noirs, qui sont d'un tempérament sec, nerveux, sont plus souvent lypémaniaques. Les individus qui ont les cheveux d'un blond ardent, sont furieux, traîtres et dangereux.

6° Profession, manière de vivre. Les personnes qui se livrent à des études très opiniâtres, qui s'abandonnent à la fougue de leur imagination, qui fatiguent

leur intelligence, soit par une curiosité inquiète, soit par un entraînement pour les théories et les hypothèses; soit par attrait pour leurs idées spéculatives, présentent une condition favorable au développement de l'aliénation mentale. Les unes sont d'une mobilité d'esprit incoërcible, effleurent tout, sont incapables de rien approfondir; d'autres n'ont d'intelligence que pour certains objets, et elles ont une ténacité opiniâtre pour les mêmes méditations, les mêmes conceptions. Ces personnes, placées dans des extrêmes opposés, touchent de près à l'aliénation si elles ne se tiennent pas en garde contre ces dispositions natives.

Dryden a dit que les hommes de génie et les fous se tiennent de très près: si on a voulu dire par là que les hommes qui ont l'imagination très active et très désordonnée, qui ont une grande exaltation et une grande mobilité dans les idées, offrent de grandes analogies avec les fous, on a eu raison; mais si l'on a voulu dire qu'une grande capacité d'intelligence est une pré-disposition à la folie, on s'est trompé. Les plus vastes génies, dans les sciences et dans les arts, les plus grands poètes, les plus habiles peintres ont conservé la raison jusqu'à leur extrême vieillesse. Si l'on a vu des peintres, des poètes, des musiciens, des artistes devenir aliénés, c'est qu'à une imagination très active, ces individus associaient de grands écarts de régime, auxquels leur organisation les exposait plus que les autres hommes. Ce n'est point parce qu'ils exercent leur intelligence qu'ils perdent la raison; ce n'est point la culture des sciences, des arts et des lettres qu'il

faut accuser: les hommes, qui sont doués d'une grande puissance de pensée et d'imagination, ont un grand besoin de sensations: aussi la plupart des peintres, des poètes, des musiciens, pressés par le besoin de sentir, s'abandonnent-ils à de nombreux écarts de régime, et ce sont ces écarts, plus encore que les excès d'étude, qui sont chez eux la vraie cause de la folie.

Dans d'autres cas, l'intelligence prend une direction exclusive, l'homme médite sans cesse sur des sujets métaphysiques spéculatifs; et il se livre à la contemplation avec d'autant plus d'opiniâtreté qu'il ne peut en appeler à ses sens et à sa raison; toutes ses facultés physiques et morales sont absorbées; il néglige les premiers soins de sa conservation; il se condamne à des pratiques qui altèrent sa constitution. Des spasmes épigastriques sont bientôt suivis de l'inertie du système nutritif, les digestions se dérangent, les sécrétions se font mal, la transpiration se supprime; de là l'hypocondrie', la mélancolie si familière aux savans méditatifs qui pâlissent nuit et jour sur leurs livres. Le danger est bien plus grand, bien plus imminent si l'attention se concentre sur les idées religieuses; quand le fanatisme est la cause de tous ces désordres, la lypémanie religieuse éclate avec tous ses travers et tous ses excès; c'est ce qu'on a vu chez les gymnosophistes, c'est ce qu'on voit chez les bramines, les faquirs, chez les méthodistes en Angleterre, les martinistes en Allemagne. J'ai vu plusieurs étudians qui, animés du desir d'atteindre leurs camarades ou de

les surpasser, après des études opiniâtres, sont deve

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