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des spiritueux, il faut donc avoir soin de distinguer ceux qui doivent être principalement attribués à l'alcool libre et ceux qui sont dus spécialement aux modifications et aux transformations éprouvées par la partie de ce liquide quidisparaît au sein de l'économie.

C'est pour n'avoir pas tenu compte de cette distinction importante, que la plupart des auteurs qui se sont occupés de l'action physiologique de l'alcool n'ont jamais pu s'entendre sur l'influence que possède cet agent vis-à-vis des grandes fonctions de l'économie et sur le véritable rôle qui doit lui être assigné comme substance alimentaire.

CHAPITRE III

ACTION DE L'ALCOOL SUR LE SANG.

§ 1. L'alcool libre dans le sang y détermine des modifications physiques, chimiques et physiologiques sur lesquelles un certain nombre d'auteurs ont depuis quelques années appelé l'attention.

Dans cette intéressante étude, trois procédés ont été employés :

a. Le premier consiste à soumettre du sang tiré d'une veine à l'action de l'alcool, en mélangeant les deux liquides à l'air libre. C'est ce qu'a fait Schultz (1), qui a constaté que l'alcool versé dans du sang frais amène sa coagulation, après lui avoir communiqué une coloration noirâtre due à ce que la matière colorante des globules se dissout dans le sérum.

De leur côté, Monneret et Fleury (2) ayant mélangé parties égales d'alcool et de sang tiré d'une veine, virent le mélange former un liquide noirâtre, mais ils ne remarquèrent pas de coagulation.

L. Lallemand, Perrin et Duroy ont contrôlé ces expériences, et ont conclu de leurs recherches que les résultats

(1) Schultz, De alimentorum concoctione experimenta nova; accedit oratio de physiologia veterum et recensiorum comparatis, etc., in-4o. Berolini, 1834. (2) Monneret et Fleury, Compendium de médecine pratique, t. V, p. 260.

différents obtenus précédemment dépendent du degré de concentration de l'alcool employé. Tandis que 20 grammes d'alcool à 28°, versés dans 60 grammes de sang au sortir de la veine, déterminent immédiatement la formation d'un coagulum, la même expérience faite avec de l'alcool à 21° ne produit qu'une coagulation légère, et avec de l'alcool à 16° il ne se produit pas de coagulation (1).

Nous avons vérifié nous-même cette action de l'alcool sur le liquide sanguin. Nous avons remarqué, comme les observateurs précédents, que la coagulation est d'autant plus rapide et plus parfaite, que l'alcool employé est plus concentré. Mais quand ce liquide est suffisamment dilué, tel qu'il existe par exemple dans les boissons fermentées, tel qu'il est absorbé quand il est ingéré sous forme de liqueurs distillées, sa présence dans le sang ne s'accompagne pas des modifications mentionnées plus haut.

Un autre fait intéressant et qui résulte des récentes expériences de Danet (2), c'est l'influence qu'exerce l'alcool sur le sérum du sang: grâce à l'affinité considérable que ce corps possède pour l'eau, il se répartit uniformément dans la sérosité sanguine, et se dissémine dans tous les tissus de l'économie, dont il tend à soustraire l'eau qui en fait partie, et à produire la dessiccation.

b. Le second procédé employé par les physiologistes, pour déterminer l'action de l'alcool sur le liquide sanguin consiste à injecter une certaine quantité d'alcool dans un vaisseau, et à examiner le liquide sanguin, après avoir sacrifié l'animal soumis à l'expérience. Les résultats varient encore suivant les observateurs.

Contrairement aux résultats obtenus par Fr. Petit (3) et

(1) Loc. cit., p. 44 et suiv.

(2) Danet, De l'emploi de l'alcool en thérapeutique, manuscrit communiqué par l'auteur.

(3) Fr. Petit, Lettre d'un médecin des hôpitaux du roi, 1710.

par Royer-Collard (1), qui indiquent la coagulation du sang et la mort rapide à la suite d'injection de liquides alcooliques dans la veine jugulaire d'animaux vivants, Magendie ne constate aucun accident après l'injection, dans la veine jugulaire d'un chien, d'eau-de-vic additionnée de son volume d'eau. Il est vrai qu'avant lui Orfila (2) avait reconnu, après une expérience semblable, que le sang, fluide et rougeâtre dans le ventricule gauche, formait plusieurs caillots d'un aspect gélatineux dans les cavités droites du cœur.

Nous savons maintenant à quoi nous devons attribuer ces différences; les expériences de Lallemand, Perrin et Duroy nous ont éclairé à ce sujet. Il en résulte que la mort immédiate ne se produit pas, quand on prend la précaution d'injecter dans les veines de l'alcool assez dilué pour que la propriété qu'il possède de coaguler l'albumine du sang soit annihilée. Dans ce cas, le sang reste limpide et conserve à peu près sa coloration normale.

c. Reste le dernier procédé et qui a été le plus souvent employé, c'est l'examen du sang à la suite de l'ingestion d'alcool dans l'estomac.

L'autopsie des individus morts à l'état d'ivresse avait indiqué depuis longtemps que le sang devient noir et acquiert une fluidité spéciale, caractéristique de tous les genres d'asphyxie. Quelques observateurs, entre autres Magnus Hüss (3), avaient indiqué, comme effet de l'alcool sur le sang, la richesse de ce liquide en globules graisseux. Les expériences de Lallemand, Perrin et Duroy ont confirmé ce dernier fait (4).

Chez un chien alcoolisé, « le sang veineux, disent-ils, avait perdu sa couleur habituelle; sa surface était parsemée d'un

(1) Royer-Collard, Compendium de médecine pratique, t. V. . (2) Orfila, Traité de toxicologie, 4o édit., t. II.

(3) Magnus Hüss, Cronische Alcohols-Krankheit. Stockholm, 1852. (4) Loc. cit., p. 39.

grand nombre de points brillants, ayant l'aspect de parcelles miroitantes de cholestérine. A la loupe et au microscope, on reconnaissait qu'ils étaient constitués par des globules graisseux. >>

Mais ces observateurs ont reconnu que le sang artériel conservait chez les animaux alcoolisés sa couleur vermeille; ce n'était que lorsque la respiration était difficile que ce sang présentait une coloration foncée analogue à celle du sang veineux.

Il est bon de noter que toutes ces modifications dans la constitution du liquide sanguin ne surviennent que lorsque l'alcool ingéré, tout en présentant un degré de concentration suffisant, est absorbé en quantité assez considérable, et que les faits constatés d'abord par Magnus Hüss, puis par Lallemand et Perrin, n'ont eu lieu que sous l'influence de l'administration d'alcool à doses assez élevées. Aussi faut-il, croyonsnous, leur attribuer beaucoup plus de valeur au point de vue toxicologique et médico-légal qu'au point de vue physiologique, en les rapprochant des mêmes altérations du sang qui ont été constatées par un grand nombre d'observateurs à la suite de l'ingestion de substances véritablement toxiques, comme le phosphore, l'arsenic, etc., par exemple.

On a attribué cette production de particules graisseuses dans le sang des animaux alcoolisés, telle qu'elle a été constatée par Magnus Hüss et par Maurice Perrin, à une véritable, décomposition qu'éprouveraient les globules rouges et le plasma du sang sous l'influence de l'alcool (dédoublement de la lecithine en glycérine et en acides oléique, phosphoglycérique, etc.). Malheureusement, cette explication ne repose que sur une hypothèse; avant de l'accepter, il est utile d'attendre que la chimic ait démontré les faits sur lesquels elle s'appuie.

§ 2.

Main'enant, quelle est l'influence de l'alcool sur

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