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et au mécanisme des grandes fonctions organiques, de la respiration et de la circulation. Là encore il se comporte à la façon des anesthésiques, qui n'agissent sur la moelle allongée qu'après que la moelle épinière a perdu tout principe de sensibilité et de mouvement, comme l'ont démontré les belles expériences de Flourens.

Nous sommes encore à nous demander pourquoi les effets de ces agents transportés par la circulation dans toutes les directions se révèlent en dernier lieu dans la moelle allongée, et nous trouvons les mêmes explications que nous avons invoquées pour la moelle épinière; à moins que nous n'admettions avec Parchappe (1) que le bulbe a une plus grande force de résistance que les autres parties du système nerveux contre toutes les chances de destruction, et qu'il possède un degré de vitalité plus considérable que le cerveau et la moelle.

$7. En résumé, l'action de l'alcool sur le système nerveux est tout à fait comparable à celle des principaux anesthésiques (chloroforme, éther, etc.); pour tous ces agents, l'anesthésie ne survient qu'après une période d'excitation plus ou moins longue, mais qui est surtout marquée pour l'alcool. Comme le chloroforme et l'éther, l'alcool agit principalement sur le cerveau, qui anesthésie par influence la moelle épinière et les nerfs qui en dépendent. La paralysie atteint d'abord les nerfs sensitifs, où elle se manifeste constamment à leur extrémité périphérique, bien que l'agent paralysant atteigne en premier lieu l'extrémité centrale; puis elle s'étend aux nerfs moteurs, dont l'influence sur la contraction des muscles est supprimée; en dernier lieu, la moelle perd ses propriétés excito-motrices.

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L'alcool n'agit sur le bulbe qu'après que la moelle épinière a perdu tout pouvoir de sensibilité et de mouvement.

(1) Parchappe, De l'action toxique de l'éther sulfurique. (Annales médicopsychologiques, t. II.)

CHAPITRE VI

ACTION SUR LA CIRCULATION.

§ 1. L'alcool augmente d'abord la force et la rapidité des battements du cœur. Chez un homme bien portant, Parkes (1) a constaté que le brandy élevait la rapidité du pouls dans la proportion de 13 pour 100, en même temps que la force du sujet était accrue; connaissant le chiffre qui représente le travail du cœur dans les circonstances normales, il put déterminer le supplément de travail auquel fut soumis cet organe en 24 heures, sous l'influence des 4,8 onces d'alcool absolu que contenait la boisson administrée; il trouva que ce supplément équivalait à près de 5000 kilogrammètres! Il obtint les mêmes résultats avec du vin. La période de repos du cœur, fut diminuée, et cependant sa nutrition continua à se faire comme à l'état normal.

Nous avons déterminé l'action de l'alcool dilué et à petites doses sur la circulation, au moyen du sphygmographe de Marey, et nous avons expérimenté sur un certain nombre d'hommes bien portants. Après avoir pris le tracé du pouls normal, nous faisions avaler à chaque sujet une certaine quantité d'alcool vinique (30 à 40% d'eau-de-vie de Cognac marquant

(1) Loc. cit., p. 274.

55° à l'aréomètre de Gay-Lussac et de bonne qualité), et, quelques minutes après, sans déranger l'appareil, nous prenions un second, un troisième, un quatrième tracé.

Comparant alors les divers tracés obtenus, nous avons pu étudier les modifications que l'alcool ingéré dans l'estomac détermine dans les caractères du pouls, comme le montrent les tableaux suivants :

N° 1. Homme de 23 ans, bien portant et à jeun.
Pouls normal, 68.

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No 2.

Homme de 23 ans, bien portant et à jeun.
Pouls normal, 60.

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MARVAUD. Aliments d'épargne.

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D'après les travaux remarquables de Marey, nous connaissons aujourd'hui le rôle considérable que joue la tension artérielle dans les caractères du pouls. Nous allons, suivant les préceptes donnés par cet auteur, interpréter la signification des tracés précédents.

Si nous examinons tout d'abord dans chaque groupe les divers tracés se rapportant à un seul sujet, nous trouvons dans quelques-uns des caractères particuliers et dignes d'intérêt.

Les tracés no 1 et n° 2 ont été pris sur des hommes trèsimpressionnables, d'un tempérament nerveux très-accentué, qui n'avaient pas l'habitude de l'eau-de-vie, et qui étaient

très-facilement excités, disaient-ils, sous l'influence des spiritueux et du café.

L'ingestion de 30 grammes d'eau-de-vie a fait monter le nombre des pulsations par minute de 68 à 72 pour le premier, et de 60 à 68 pour le second.

Dans les tracés du n° 3, on voit le pouls, après être monté à 72, descendre à 68, sous l'influence d'une assez forte dose d'eau-de-vie (50 grammes).

Quant au no 4, la fréquence du pouls n'éprouve aucune modification.

Si nous jetons maintenant un coup d'œil général sur l'ensemble des tracés sphygmographiques, nous voyons que l'alcool à faible dose (20, 30 ou 50 grammes d'eau-de-vie ordinaire) offre, quelques minutes après son ingestion, une action manifeste sur les caractères du pouls. Cette action dépend évidemment de l'énergie plus grande et de la fréquence plus considérable des battements du cœur, et se révèle dans chaque pulsation par une ligne ascendante presque verticale, par une ligne descendante plus oblique et plus allongée, souvent en zigzag et formant une ligne brisée plus ou moins irrégulière, enfin par le sommet de la courbe qui devient plus aigu.

§ 2. L'alcool produit certainement de la dilatation des vaisseaux périphériques, comme le démontrent la rougeur et l'injection de la peau qui apparaissent après son ingestion comme l'indiquent les nombreux tracés sphygmographiques, que nous avons recueillis dans nos expériences, et comme le confirme l'abaissement de la pression sanguine qui se produit alors (Zimmerberg) (1).

(1) Au moyen d'un kymographion mis en communication avec la carotide d'un animal, Zimmerberg a reconnu un abaissement assez considérable de la pression sanguine (15 à 19 p. 100), qui se manifestait consécutivement, soit à l'injection d'alcool dans la jugulaire, soit à l'ingestion de ce liquide dans l'estomac. Ces expériences renouvelées plusieurs fois sur des chiens ou sur des chats donnèrent les mêmes résultats. (Voy. Arch.'gén. de médecine, 6o série, t. XVIII, 1873.)

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