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Mais ces effets sont transitoires et dépendent certainement de la dose d'alcool administrée; car, comme l'ont reconnu Lallemand et Perrin, dans leurs expériences sur les animaux auxquels ils faisaient absorber une certaine quantité de ce liquide, les battements du cœur, primitivement augmentés de fréquence, éprouvent au bout de quelque temps un ralentissement notable. En même temps nous avons reconnu que ce ralentissement du cœur s'accompagne alors de petitesse du pouls et de l'augmentation de la pression artérielle : effets complétement opposés à ceux qui surviennent au début de l'administration des alcooliques, et qui sont surtout sensibles chez certains malades, et particulièrement chez les fébricitants. A ce point de vue, nos observations concordent complétement avec celles publiées antérieurement par Anstie (1).

§ 3. A quoi devons-nous attribuer l'influence de l'alcool sur la circulation? Ici, nous nous trouvons en face des opinions les plus opposées.

Certains physiologistes, s'appuyant sur les expériences de Hering et de Samson, ont cru devoir rapporter cette action. au ralentissement produit dans le cours du sang par le mélange de l'alcool en nature avec le sérum sanguin (2).

(1) Voy. Medical Times and Gazette. Septembre, 1868.

(2) Hering avait remarqué que l'introduction d'une certaine quantité d'alcool dans le sang déterminait un ralentissement notable du torrent circulatoire (a). Ayant introduit du prussiate jaune de potasse dans la veine jugulaire d'un cheval, cet observateur avait vu que, tandis qu'il fallait à cette substance de 25 à 30 secondes pour parcourir tout le trajet circulatoire, elle n'apparaissait qu'au bout de 40 à 45 secondes dans l'extrémité supérieure de la veine, quand on avait injecté auparavant dans le sang une certaine quantité d'alcool. Ces résultats avaient été confirmés par Samson (b), qui, étudiant les effets des anesthésiques sur une patte de grenouille placée sous le microscope, avait constaté que l'alcool, comme l'éther et le chloroforme, produisait, après un accroissement momentané de l'afflux sanguin, le ralentissement de la circulation dans le membre soumis à son examen.

(a) Voy. Cl. Bernard, Leçons sur les effets des substances toxiques et médicamenteuses Paris, 1857.

(b) A. Samson, On the action of anesthesics and on the administration of chloroform Med. Times and Gaz., 1864.)

Anstie admet une influence exercée par l'alcool sur les vaso-moteurs; Parkes l'attribue à une action produite par cette substance sur le nerf vague et directement sur le cœur. Voici l'explication qui nous semble la plus naturelie et que nous soumettons au lecteur :

Nous croyons devoir rapporter l'excitation initiale de la circulation produite par de petites doses d'alcool à l'abaissement de la pression sanguine dans le système circulatoire. Maintenant, comment expliquer cet abaissement? Une expérience de Zimmerberg nous permet de répondre à cette question; l'habile physiologiste a constaté, en effet, que ce phénomène est indépendant de toute influence sur le système nerveux, et ne peut s'expliquer que par une action directe exercée par l'alcool libre dans le sang sur le muscle cardiaque; l'injection d'alcool dans la veine jugulaire d'un animal auquel on a sectionné préalablement les deux nerfs pneumogastriques, suffisant pour déterminer immédiatement, mais momentanément, l'abaissement de la pression sanguine dans le système circulatoire.

Quant au ralentissement et à l'affaiblissement des battements cardiaques, qui s'observent consécutivement aux phénomènes précédents chez les animaux auxquels on fait absorber une certaine quantité d'alcool, ils s'expliquent, contrairement aux premiers, par une influence exercée par ce liquide sur le bulbe rachidien, par l'excitation des extrẻmités centrales des nerfs vagues fait qui a été démontré également par Zimmerberg. On remarque, en effet, que chez les animaux alcoolisés, on peut faire cesser ces phénomènes par la section des pneumogastriques, opération qui ramène alors les pulsations cardiaques à leur état normal.

Ils peuvent dépendre également de l'influence exercée par l'alcool sur le système grand sympathique et de l'excitation par cet agent des nerfs vaso-moteurs, d'après ce principe énoncé par Marey, que le cœur bat d'autant moins vite qu'il

éprouve plus de peine à vider son contenu dans le système artériel.

§ 4. -Nous résumerons donc ainsi l'action exercée par l'alcool sur l'appareil circulatoire :

Primitivement excitation directe du cœur, d'où augmentation du nombre et de l'amplitude des pulsations (effets transitoires).

Secondairement excitation des pneumogastriques et des nerfs vaso-moteurs, d'où ralentissement des battements cardiaques et augmentation de la tension artérielle (effets consécutifs et permanents).

CHAPITRE VII

ACTION SUR LA RESPIRATION.

Sous l'influence de petites doses d'alcool, la respiration augmente de fréquence; les inspirations deviennent plus larges et plus profondes, comme nous l'avons constaté nous-même sur les animaux auxquels nous faisions ingérer une certaine quantité d'eau-de-vie, et comme le démontrent les tracés suivants :

ACTION DE L'ALCOOL SUR LA RESPIRATION D'UN LAPIN.

Tracés recueillis au moyen d'un sphygmographe appliqué sur le sternum de l'animal.

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CHAPITRE VIII

ACTION SUR LA CHALEUR ANIMALE.

§ 1.

Jusque dans ces derniers temps, on a considéré l'alcool, surtout en France, comme déterminant à petites doses dans l'économie animale une augmentation de la température. La conception erronée, qui faisait croire aux physiologistes et aux hygiénistes qu'à toute excitation des fonctions était fatalement associée une élévation de la température animale, expliquait cette opinion unanime, acceptée par le monde savant, que l'ingestion d'alcool augmente la chaleur organique. Pourtant des expériences faites par S. Ringer et W. Richards (1), par Smith (2) en Angleterre, et par Maurice Perrin (3) en France, avaient signalé une légère diminution de la température sous l'influence de doses modérées de boissons alcooliques. D'une autre part, l'application des boissons spiritueuses, de l'autre côté de la Manche, à la thérapeutique des affections fébriles reposait en partie sur le pouvoir antipyrétique que les médecins anglais attribuaient à l'alcool.

(1) Sydney Ringer et W. Richards, The influence of alcohol on the temperatur of non febrile and febrile persons. (The Lancet, 1866.)

(2) E. Smith, The Medico-chirurgical Transactions, 1856 et 1859; Dublin medical Press, 1860, et The Lancet, 1861.

(3) Maurice Perrin, mémoire cité.

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