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Appelé à traiter l'importante question de l'action physiologique et thérapeutique de l'alcool, proposée par la Société de médecine de Bordeaux en 1869, l'auteur de ce travail, désireux de déterminer quelle valeur il fallait attribuer à l'opinion qui considérait les boissons alcooliques, même à petites doses, comme produisant un abaissement de température dans l'économie, institua un certain nombre d'expériences destinées à éclairer cet intéressant problème de physiologie thérapeutique (1).

Voici les résultats obtenus dans ces expériences :

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Nous avons expérimenté sur nous-même, en ayant soin de nous placer continuellement dans les mêmes conditions hygiéniques d'alimentation, de repos, d'occupation, etc. Le thermomètre était appliqué dans l'aisselle pendant 20 minutes; au bout de 15 minutes environ après l'ingestion de l'eau-de-vie, l'influence de celle-ci sur notre température se traduisait par une descente de 5 à 8 dixièmes de degré, qui continuait et souvent augmentait pendant plus d'une heure.

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§ 2. L'influence dépressive qu'exerce l'alcool sur la température animale ne fait plus de doute pour personne

(1) Voy. A. Marvaud, De l'action physiologique et thérapeutique de l'alcool, mémoire couronné par la Société de médecine de Bordeaux. (Bulletin de la Société, 1870.)

aujourd'hui; depuis que nos expériences ont été faites il y a quatre ans, de nombreux travaux publiés en Allemagne et en France ont éclairé cette question de physiologie expérimentale avec toute la rigueur désirable pour la solution de cet important problème scientifique.

Nous nous contenterons de mentionner en Allemagne les recherches faites, sous la direction du professeur C. Binz, par Cuny Bouvier et par Mainzer, sur les variations de température qui surviennent chez l'homme et chez les animaux, à la suite de l'ingestion de petites doses d'alcool. Le premier de ces observateurs a publié les résultats de ses expériences qui sont toutes favorables à la démonstration de l'action frigorifique de l'alcool (1), action qui se manifestait même sous l'influence de 10 à 20 centim. cubes d'alcool, par un abaissement de température de 0o,5 à 1o,5, mais qui était surtout considérable chez les animaux fébricitants.

Chez un lapin, sous la peau duquel on avait injecté un peu de sérosité putride et chez lequel on avait ainsi déterminé la production d'une fièvre septicémique artificielle (le thermomètre, placé dans le rectum, s'était élevé de 39o,1 å 40°,9), Cuny Bouvier administra 10 cent. cubes d'alcool à 86° avec la même quantité d'eau, au moyen d'une sonde œsophagienne portée jusque dans l'estomac. Voici les modifications que présenta la température rectale:

15 minutes après l'ingestion de l'alcool......
45..

90.

150

40o,1

39o,2

38°,5

38o,2

Le lendemain, la température, qui, comme on le voit, avait baissé de 2o sous l'influence de l'alcool, était remontée à 39°,7; la fièvre augmenta et se termina par la mort de l'animal.

(1) Voy. Archiv für Physiol., II, 1869, p. 370.

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Mêmes résultats chez un chien de berger, de forte taille, sur lequel furent répétées ces expériences.

On sait que, chez les animaux auxquels on a sectionné la moelle épinière au niveau des 6° ou 7° vertèbres cervicales, il se produit fatalement, comme C. Binz l'a reconnu dans ses expériences, une élévation de température qui continue après la mort, et qui s'élève de 0°,4 à 1°,5 chez les chiens; de 0°,1 à 0°,3 chez les lapins; de 0°,3 à 0°,4 chez les volailles.

Or Cuny Bouvier a constaté que, lorsqu'on a eu soin d'administrer préalablement aux animaux mis en expérience une certaine quantité d'alcool, on ne remarque point d'élévation de température, mais au contraire un certain refroidissement; chez 13 chiens auxquels cet observateur a sectionné la moelle à l'union de la région cervicale avec la région dorsale, le thermomètre indiqua un certain abaissement de température. Et si, au lieu d'employer l'alcool, on administre à ces animaux du sulfate de quinine, même à fortes doses, on remarque que cette substance n'a aucune influence sur l'élévation de la température, indiquée par les animaux auxquels on a fait subir la mutilation mentionnée plus haut.

Mainzer (1) a fait, de son côté, un grand nombre d'expériences sur l'homme sain, en s'entourant de toutes les précautions nécessaires pour éviter toute chance d'erreur. Il expérimenta avec de l'alcool à 98° mélangé avec une quantité égale, double ou triple d'eau, et ingéré aux doses de 15 å 80 cent. cubes.

Il dressa la courbe présentée à l'état normal par la température prise toutes les cinq minutes chez deux hommes au moyen d'un thermomètre placé dans le rectum; ceux-ci restaient immobiles, couchés dans un lit pendant toute la journée, déshabillés et recouverts d'une simple couverture; la température extérieure était notée exactement. L'expéri

(1) Voy. Archiv für Anatomie de Virchow, vol. LIII.

mentation fut continuée pendant plusieurs jours, et l'on put comparer facilement la courbe normale formée par la température de chaque homme dans les circonstances ordinaires, et la courbe recueillie quand l'individu était pendant la journée soumis à l'influence de l'alcool. Cette comparaison indiqua chez les deux sujets soumis à l'expérimentation une diminution sensible dans la température indiquée par la seconde courbe thermique.

§ 3. Comment expliquer maintenant cet abaissement de température que tous les observateurs s'accordent aujourd'hui à signaler comme consécutif à l'ingestion de l'alcool? Nous nous trouvons ici en présence d'un certain nombre d'opinions; mais quelle que soit celle que l'on admette, que l'on attribue ce refroidissement au ralentissement et à l'arrêt des oxydations des humeurs et des tissus, et partant à une diminution des sources de la chaleur animale (Perrin, Mainzer), ou bien à l'accélération de la circulation et de la respiration et à l'évaporation pulmonaire de l'alcool, c'est-àdire à une augmentation de la chaleur perdue (G. Sée), ou bien encore, comme l'auteur de ce travail, à la consommation de chaleur nécessitée par l'excitation du système nerveux et å la dépense de force que présentent les phénomènes d'alcoolisation, il faut, dans tous les cas, rattacher cet abaissement de température à l'influence de l'alcool libre qui circule dans l'économie; car les transformations que subit l'alcool qui disparaît dans le sang, loin de pouvoir y contribuer, ne peuvent être considérées que comme des sources de chaleur pour les éléments organiques.

CHAPITRE IX

ACTION SUR LES URINES.

§ 1.

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L'alcool à petites doses est diurétique, fait qui avait été constaté par Maurice Perrin (1) et par nous-même (2), et qui a été confirmé plus tard par de nouvelles expériences instituées par Rabuteau (3).

La méthode suivie par cet observateur consiste à mesurer toutes les heures le volume des urines éliminées 1° après l'ingestion d'une quantité déterminée d'eau; 2o après l'ingestion d'un même volume d'alcool; et à comparer ensuite les nombres ainsi obtenus. Voici quels ont été les résultats de ses expériences :

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(1) Maurice Perrin, Du rôle des boissons alcooliques à petites doses dans la nutrition, mémoire cité.

(2) A. Marvaud, l'Alcool, son action physiologique, son utilité et ses applications en hygiène et en thérapeutique, p. 69.

(3) Rabuteau, De quelques propriétés nouvelles ou peu connues de l'alcool de vin. (Union médicale, 1870, p. 154.)

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