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des substances favorables à l'entretien ou au développement des sécrétions adipeuses, en raison de la matière grasse (beurre de cacao) qui leur est propre; enfin ils doivent concourir à l'entretien et à l'accroissement de nos tissus par les substances azotées ou congénères susceptibles de s'y assimiler. >>>

De son côté, Boussingault (1) explique les propriétés nutritives du cacao par l'abondance de l'albumine et de la matière grasse qu'il contient. « C'est sans aucun doute, ditil, un des aliments les plus sains et les plus réparateurs que l'on connaisse. »

Dans les excursions entreprises dans les forêts inhabitées, quand il est d'une impérieuse nécessité de réduire le poids et le volume des rations alimentaires, cet auteur reconnaît que le chocolat présente des avantages réels et incontestables, qu'il a eu plus d'une fois occasion d'apprécier luimême.

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§ 2. Action sur le système nerveux de la décoction de fèves de cacao. Pour déterminer l'action sur le système nerveux et sur les appareils qui en dépendent, des principes actifs (essences aromatiques et théobromine) contenus dans le cacao, il était nécessaire de séparer autant que possible ces principes des substances grasses (beurre de cacao) que renferment les fèves en proportion si considérable.

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C'est dans ce but que nous nous sommes fait préparer une décoction dans l'eau bouillante de poudre de cacao, et c'est avec ce liquide que nous avons fait nos expériences.

En nous soumettant nous-même à l'action d'une décoction fortement chargée de principes aromatiques et préparée au’ moyen de poudre de cacao bien torréfié, nous avons constaté que cette boisson produit une excitation du système nerveux analogue à celle que détermine une forte infusion de café

(1) Boussingault, loc. cit., t. I, p. 170.

noir; comme ces effets sont insignifiants quand on emploie une décoction préparée avec des fèves crues, il est naturel de les attribuer aux essences aromatiques qui se développent dans le cacao sous l'influence de la torréfaction.

§ 3. Action sur la circulation. Une différence encore plus grande se remarque, quand on compare les effets déterminés dans la circulation par la décoction de poudre de cacao torréfié et par la décoction de poudre de cacao cru. Dans le premier cas, le tracé sphygmographique indique, en effet, une excitation de l'appareil circulatoire qui se manifeste par de l'accélération du pouls, une augmentation de l'amplitude des pulsations, une diminution de la tension artérielle.

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Quand, au contraire, on emploie l'infusion de poudre de fèves crues, l'action de la théobromine prédomine et l'on -obtient des effets tout opposés dans les caractères du pouls, comme on peut s'en assurer en examinant les tracés sphygmographiques suivants recueillis sur le même individu :

Homme de 28 ans.
Pouls normal.

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Pouls 5 minutes après l'ingestion de décoction de poudre de fèves torréfiées (action des essences aromatiques'.

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§ 4. Action sur la nutrition. — C'est avec raison qu'on s'accorde généralement pour considérer le chocolat comme étant la plus nourrissante des boissons aromatiques dont nous avons à faire l'étude. Sa richesse en albumine (20 à 25 pour 100) explique suffisamment la valeur plastique de cette préparation alimentaire.

Ses principes aromatiques favorisent la digestion en excitant les sécrétions gastriques et intestinales, et peuvent jouer en même temps un certain rôle comme stimulants des centres nerveux. Mais les corps gras qu'il renferme en proportion assez notable, tout en faisant du cacao une substance éminemment thermogène ou calorifique, rendent quelquefois son absorption difficile et expliquent les indigestions que le chocolat provoque chez les personnes qui n'y sont pas habituées.

Il faut tenir compte en même temps, pour s'expliquer la valeur nutritive du cacao, de la présence dans cette substance d'un alcaloïde spécial, la theobromine, dont les effets physiologiques sont identiques à ceux de la caféine et de la théine, (comme nous l'ont prouvé les nombreuses expériences que nous avons instituées à cet égard) (1), et qui, enrayant de la

(1) Voici les résultats de quelques-unes de nos expériences:

1re expérience. - On injecte sous la peau d'une grenouille de taille moyenne, au moyen de la seringue de Pravaz 09,02 de théobromine (solution au 100c dans l'eau distillée).

Au bout de 10 minutes, secousses musculaires; au bout de 15 minutes, roideur dans les membres antérieurs, puis postérieurs.

Au bout de 20 minutes, ralentissement considérable des battements du cœur. Au bout de 25 minutes, mort.

23 experience. Une grenouille bien vivace et de forte taille est liée par le milieu du corps par un fil très-serré, de façon à ce que la ligature ne comprenne pas les nerfs lombaires.

Injection dans la cuisse droite de 0,05 de théobromine.

Au bout de 10 minutes, quelques convulsions, puis roideur dans le train postérieur qui reste dans l'extension la plus complète.

Aucun phénomène dans la partie antérieure du corps. La grenouille continua à vivre, et à se traîner sur le ventre au moyen de ses pattes antérieures non paralysées.

même façon que les principes actifs du café et du thé la dénutrition organique, assigne au cacao un rang important parmi les aliments d'épargne ou antidéperditeurs.

§ 5. Conclusions. — En résumé, nous croyons devoir attribuer la valeur du cacao dans l'alimentation :

1o A sa richesse en substance grasse, d'où son pouvoir thermogène;

2o A sa richesse en albumine, d'où son pouvoir plastique; 3o A la présence de la théobromine, d'où son pouvoir antidéperditeur.

On peut expliquer en outre par les principes aromatiques que renferme le cacao la valeur digestive de cet aliment et l'excitation qu'il détermine du côté des centres nerveux.

Action thérapeutique.

Le chocolat n'est guère employé en thérapeutique que pour servir de base à un grand nombre de médicaments dont l'administration devient par ce moyen très-commode.et même agréable (chocolats médicinaux).

Il entre également dans un certain nombre de préparations reconstituantes et analeptiques (1).

II.

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Quant à la théobromine, elle n'a point été employée en médecine, sans doute à cause de son prix élevé, de sa préparation difficile et de son identité presque complète avec la caféine; on ne la trouve dans certains laboratoires qu'à titre de curiosité.

(1) Voy. L. Marchand, art. CACAO. (Nouveau Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, t. VI, p. 5.)

CHAPITRE V

LA COCA.

§ 1. La coca, dont le nom paraît dériver de l'aymara khoka, qui signifie plante par excellence, est la feuille d'un arbuste de la Bolivie et du Pérou, nommé Erythroxylum coca, appartenant à la famille des érythroxylées (Linné).

Elle a joui d'une faveur considérable parmi les Incas, qui lui attribuaient des propriétés miraculeuses et la considéraient comme la représentation de la divinité.

Plus tard, les conquérants du versant oriental des Andes, ayant reconnu dans cette feuille un certain pouvoir nutritif, en firent un très-grand usage; elle est devenue aujourd'hui un aliment journalier au Pérou et en Bolivie, parmi les ouvriers qui travaillent à l'exploitation des mines.

Sa célébrité thérapeutique s'est étendue de l'Amérique du Sud jusqu'en Europe, où, dans ces derniers temps, quelques expérimentateurs ont étudié les propriétés physiologiques de la merveilleuse feuille péruvienne. Plusieurs travaux ont été publiés sur la coca en Amérique, en Italie, en Allemagne et en France, comme l'atteste la bibliographie de l'excellente thèse de Moreno y Maïz (1).

§ 2. Étude botanique et commerciale.

L'Erythroxylum

coca est cultivé principalement au Pérou et en Bolivie, où il est une précieuse ressource pour les populations; on le

(1) Moreno y Maïz, Recherches chimiques et physiologiques sur l'Erythroxylum coca du Pérou et la cocaïne. Thèse de Paris, 1868.

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