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Nous avons remarqué également que la coca facilitait beaucoup l'évacuation des selles et déterminait souvent de la diarrhée, parfois quelques coliques.

On constate l'odeur de la plante dans les urines et dans les matières fécales.

La coca a une

§ 2. Action sur le système nerveux. action incontestable sur le système nerveux. Tous les auteurs le reconnaissent, mais les descriptions qu'ils en ont faites varient suivant chacun d'eux. Nous ne pouvons expliquer les différences et les contradictions qu'elles présentent, qu'en les rapportant à l'emploi de substances différentes dans les expériences instituées dans le but de déterminer les principaux effets de la plante péruvienne. Mantegazza (1) a décrit dans les termes les plus enthousiastes l'action merveilleuse de la coca sur le système nerveux, et le tableau qu'il a tracé des troubles suscités par l'ingestion de cette substance a paru tellement étrange et tellement exagéré, que certains observateurs (2) ont douté de la véracité des faits avancés par le médecin italien. Quelques-uns même, ayant voulu vérifier ses résultats par l'expérimentation physiologique, sont arrivés à des résultats tout différents.

Nous avons lu avec attention les principales descriptions des auteurs concernant les effets de la coca sur le système nerveux. Nous avons essayé de déterminer les points principaux sur lesquels toutes s'accordent, et nous avons présenté dans le tableau suivant les effets les plus constants observés par les expérimentateurs, aussi bien chez l'homme que chez les animaux.

(1) P. Mantegazza, Sulle virtu igieniche e medicinali della coca. Milano, 1859. (Extrait des Ann. univ. di Medicina, mars 1859.)

(2) Wolher, Rossier, Gosse, Demarle, keiss, Lippmann, Moreno y Maïz, etc., etc.

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TABLEAU des principaux résultats de l'observation et de l'expérimentation concernant les effets de la coca sur le système nerveux.

Un simple coup d'œil jeté sur le tableau précédent suffit pour se faire une idée de l'action de la coca sur le système nerveux; elle consiste:

1° Quand la substance est prise à petite dose, dans une excitation vive de l'appareil cérébro-spinal: augmentation de l'activité et de l'énergie des mouvements musculaires et stimulation des facultés intellectuelles;

2o A haute dose, dans le désordre et l'irrégularité de la locomotion, dans la perturbation des fonctions cérébro-spinales, dans un délire calme, heureux et tranquille, et enfin dans une paralysie et une anesthésie plus ou moins complètes.

Tels sont, du reste, les effets que nous avons éprouvés nousmême en nous soumettant à plusieurs reprises, et dans des conditions différentes, à l'influence de la coca. Nous transcrivons ici les résultats d'une expérience faite sur nous-même.

12 juillet 1869. Ingestion de 150 grammes d'une infusion de coca, à jeun et dans l'après-midi. Pas d'effets notables.

Dix minutes après, nouvelle ingestion de 150 grammes de la même infusion: excitation générale du système nerveux, offrant beaucoup d'analogie avec celle que détermine l'absorption d'un mélange de café et d'eau-de-vie. Stimulation des facultés cérébrales, disposition au travail et surtout à la fatigue corporelle, impatience et promptitude dans les mouvements, rapidité dans l'écriture. Je ne puis rester à la même place; je sens le besoin de sortir de mon cabinet, de marcher, de courir.

Dix minutes après, nouvelle ingestion de 100 grammes : excitation violente de l'imagination. Le besoin d'exercice augmente encore. Je m'aperçois que ma main tremble et que j'ai de la peine à écrire. J'éprouve des tremblements dans les jambes, des frissonnements dans le dos, et je ne puis 1ester immobile. Il m'est arrivé plusieurs fois de prendre l'infusion de coca le soir, avant de me coucher, et j'ai toujours remarqué, une fois dans mon lit, un certain malaise produit

par le désir de me mouvoir. Ainsi, je trouve dans mes notes les lignes suivantes : « 15 juillet, onze heures du soir. Je me tourne, je me retourne sans cesse ; je suis mal à l'aise sur le côté gauche comme sur le côté droit... A certains moments, je crains de manquer d'équilibre et je crois être transporté dans l'espace... Je me lève, je marche à grands pas dans ma chambre; il me semble que je pourrais courir pendant longtemps... Je ressens dans toute ma personne une légèreté et une souplesse indéfinissables. »

Un quart d'heure après, ces impressions étaient ordinairement remplacées par de la lourdeur de tête, de la somnolence, de la tendance au repos et à l'immobilité. J'ai parfaitement constaté, comme Rossier, que « ce n'est pas alors la faculté de se mouvoir qui fait défaut, mais que c'est le besoin de vouloir qui manque ».

A quoi faut-il attribuer cette action énergique que l'infusion de coca exerce sur le système nerveux? Une grande partie de ces effets doivent être rapportés certainement à la cocaïne; tels sont particulièrement les troubles que cette boisson détermine du côté de l'appareil sensitivo-moteur, comme l'ont démontré les expériences instituées avec cet alcaloïde sur les animaux, par Moreno y Maïz et par Lippmann (1). Mais si l'on rapproche de ces troubles médullaires le tableau des phénomènes qui résultent chez l'homme de l'ingestion d'infusion de coca et dans lequel prédomine

(1) Voici les faits qui résultent de ces expériences et que nous avons constatés également :

A petites doses (0gr,005 à 0gr,015 en injection sous-cutanée), la cocaïne détermine une excitation de la motilité, produit des secousses dans les membres, de véritables convulsions cloniques et un peu d'exagération de la sensibilité.

A doses élevées (0gr,05), elle produit des tremblements convulsifs des mâchoires, de violentes convulsions tétaniques dans les quatre membres; tandis que la motricité persiste, comme on peut s'en assurer en soumettant les muscles de l'animal mis en expérience à l'influence de l'excitation électrique, la sensibilité est abolie. L'anesthésie peut être complète et la mort se produire après un ralentissement considérable des battements du cœur. A ce point de vue, la cocaïne présente une certaine analogie avec la strychnine (Lippmann).

prédomine une excitation plus ou moins violente des fonctions cérébrales et des facultés intellectuelles, on ne peut expliquer ces phénomènes uniquement par l'influence de la cocaïne, qui n'agit point ou très-faiblement sur le cerveau, mais en les rapportant aux principes aromatiques contenus dans l'infusion.

§3. Action sur la circulation, la respiration et la calorification. -Nous avons vu que les descriptions des auteurs contenaient les contradictions les plus étranges concernant. l'action de la coca sur le système nerveux; nous ne nous étonnerons donc pas de retrouver ces mêmes contradictions dans l'étude des effets de la feuille péruvienne sur les principales fonctions qui dépendent de ce système.

En effet, tandis que, d'après Mantegazza, la coca produirait des palpitations de cœur et une accélération du pouls (134 pulsations par minute, le chiffre normal étant de 65), pour Rossier, cette accélération ne serait que temporaire et serait toujours suivie d'un ralentissement appréciable au bout de 5 minutes, d'autres fois au bout de 10 ou 15 minutes; de son côté, Reiss (1) soutient que le pouls reste invariable après la mastication des feuilles.

Pour résoudre ce problème, Demarle a institué des expériences qui confirment l'opinion de Rossier; sur un sujet qui présentait 80 pulsations par minute, le pouls tomba à 72 sous l'influence de la coca, au bout de 40 minutes; à 68 au bout de 1 heure 1/2.

Le pouls de l'auteur présenta les modifications suivantes sous l'influence de 10 grammes de coca, pris en infusion froide dans 200 grammes d'eau :

Pouls normal.
Après 20 minutes.

Après 1 heure.

Durant 2 heures..

Pendant toute la journée..

(1) Reiss, Note sur l'emploi de la coca. (Bulletin de thérapeutique, 1866.)

76

64

60

68

72

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